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IA : « Il faut d’abord comprendre comment se crée une intelligence collective » (Cécile Dejoux)

News Tank RH - Paris - Actualité n°138629 - Publié le 28/01/2019 à 18:59
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©  Cécile Dejoux
Cécile Dejoux - ©  Cécile Dejoux

« Si l’on veut des gens qui créent encore de la valeur ajoutée en transformant leur métier avec l’IA, il faut d’abord leur apprendre à travailler en mode collaboratif, comprendre comment se crée une intelligence collective pour pouvoir répondre à des problèmes complexes de l’IA », déclare Cécile Dejoux, professeur des universités au Cnam, directrice du Learning Lab Human Change -Julhiet-Sterwen à News Tank, le 28/01/2019.

« Avec Isabelle Galy, directrice des opérations du Learning Lab Human Change, nous sommes allées à San Francisco, Los Angeles, au CES Las Vegas, en Indonésie, en Chine et Singapour pour comprendre ce qu’il se passait avec l’IA. Toutes les start-ups françaises que nous avons rencontrées qui développent de l’IA éprouvent leur concept à l'étranger. Cette Learning Expedition a contribué à la création de contenu pour le Mooc lancé sur FUN début janvier 2019 : “L’intelligence artificielle pour les managers et leur équipe”. » 

« Dans ces 3 continents, nous ne sommes pas du tout sur les mêmes niveaux de maturité et de déploiement. Nous avons de grandes différences culturelles. Il y a un corps de compétences à acquérir pour travailler avec les IA. »

« Tout le monde est au même niveau en matière de RH car les logiciels et solutions viennent des Gafa. »

« La compétition sur l’IA se fait sur
• la guerre des talents au niveau international, 
• sur les volumes des datas
• et les environnements d’application. »


Cécile Dejoux, professeur des universités au Cnam, directrice du Learning Lab Human Change -Julhiet-Sterwen répond à News Tank

Comment avez-vous été amenée à réaliser une Learning Expedition en Asie dédiée à l’intelligence artificielle et au management ?

Pour pouvoir réaliser une création de connaissances autour de sujets sur l’innovation managériale, j’ai lancé en 2015 un Learning Lab, un centre de recherches actions. Des entreprises dont Julhiet Sterwen, participent à son financement. Avec Isabelle Galy, directrice des opérations du Learning Lab Human Change, nous sommes allées à San Francisco, Los Angeles, au CES Las Vegas, en Indonésie, en Chine et Singapour pour comprendre ce qu’il se passait avec l’IA. Toutes les start-ups françaises que nous avons rencontrées qui développent de l'IA éprouvent leur concept à l'étranger. Cette Learning Expedition a contribué à la création de contenu pour le Mooc lancé sur FUN • Le Groupement d’Intérêt Public FUN-MOOC est l’opérateur de la plateforme FUN • Missions : - Accompagner le développement des formations tirant pleinement profit du levier numérique et… début janvier 2019 «  l’intelligence artificielle pour les managers et leur équipe ». 

Que proposez-vous dans ce Mooc ?

On ne peut pas aborder le sujet de l’IA si on ne reste que dans un seul pays. Pour comprendre les enjeux et pratiques, il faut avoir une vision mondiale. Le Mooc se décline en 3 grands axes :

• Les différences de point de vue de l’IA entre les 3 continents

• Beaucoup d’exemples de start-ups qui développent l’iA et transforment ces métiers.

• Nous avons aussi des études de cas, en version mobile : comment l’iA transforme EDF et Malakoff Médéric Humanis. 

Nous expliquons comment les métiers changent, comme celui de comptable, consultant, gestionnaire, manager. Il y aura des tâches qui seront remplacées, des tâches assistées qui se feront avec l’IA et le manager et les tâches augmentées qui ne pourront se faire que grâce à l’IA. 

Quelles sont les spécificités des pays que vous avez explorés, en matière d’IA ?

• À Singapour, l’iA est dans une logique de smart nation. Elle permet de prendre des décisions politiques. Nous sommes ainsi sur des sujets comme la différenciation ethnique.

• En Chine, les données appartiennent à l'État. Nous sommes dans une société qui va tout tester, même le pire. On est dans une dictature de la donnée comme le fait de tester “le 100 % jour” sur un singe. 

• Aux États-Unis, la sécurité est proposée en contrepartie de la donnée. Nous sommes sur de la commercialisation de données pour qu’elles appartiennent de plus en plus aux clients et patients, au niveau médical.

• Et en Europe, nous sommes sur la constitution de chartes, d'éthiques et de valeurs, la protection des données et des personnes. On essaie de jouer avec les grands secteurs d’activités pour avoir une certaine valeur ajoutée dans la maîtrise dont l'éducation.

Nous sommes sur des modèles de sociétés totalement différents qui amènent à des niveaux de développement et solutions qui n’ont rien à voir.  Nous ne sommes pas du tout sur les mêmes niveaux de maturité et de déploiement. Nous avons de grandes différences culturelles. Il y a un corps de compétences à acquérir pour travailler avec les IA.

Quels sont les principaux enseignements tirés en matière de travail collaboratif ?

Ce travail a été surtout mené aux États-Unis et il est indispensable pour pouvoir aider les entreprises à transformer les métiers avec l’IA. Les entreprises font des erreurs en matière d’IA :

• Elles en parlent aux clients de l’IA pour développer des produits mais pas aux collaborateurs alors que l’IA va changer les métiers. Il faut qu’elles en parlent pour que les gens commencent à accepter de lâcher prise et laisser certaines tâches aux machines pour se consacrer à autre chose.
• Elles font passer l’IA après la transformation numérique. On pose comme postulat que tout le monde doit travailler en mode collaboratif sans les former. Les collaborateurs restent sur leur mode de fonctionnement actuel tout en ayant à disposition de nouveaux bureaux ouverts et de nouveaux outils. Si on veut des gens qui créent encore de la valeur ajoutée en transformant leur métier avec l’IA, il faut d’abord leur apprendre à travailler en mode collaboratif, comprendre comment se crée une intelligence collective pour pouvoir répondre à des problèmes complexes de l’IA.

L’Asie vous semble-t-elle plus avancée que nous en matière RH ?

Tout le monde est au même niveau en matière de RH car les logiciels et solutions viennent des Gafa. Là où ils sont bien meilleurs, c’est d’un point de vue médical, comme à Singapour pour le séquençage du génome.

Ils ont la possibilité d’avoir des échantillons ethniques bien différents sur 5 millions de personnes, sur lesquels ils testent de la médecine et des médicaments prédictifs. Au niveau des solutions techniques, il y a une certaine harmonisation. La compétition sur l’IA se fait sur la guerre des talents au niveau international -et non pas sur les algorithmes car tout le monde les partage-, sur les volumes des datas et sur les environnements d’application. Nous sommes bons sur les talents.  

En Chine, ils n’ont pas l’esprit critique suffisant pour être innovant dans les datas. Mais d’ici cinq ans comme ils sont plus nombreux, ils seront excellents. Ce sont les domaines d’applications qui réunissent les algorithmes, les talents, les datas qui expliquent la concurrence.

Cécile Dejoux

Email : dejoux.cecile@gmail.com

Expertise

Spécialités :
MOOC «  Du Manager au Leader  » sur FUN : plus de 150 000 auditeurs en 4 saisons dans 148 pays
Gestion des talents / gestion des carrières
Gestion des compétences
L’impact du digital sur les organisations
Evolution des organisations
Compétences émotionnelles
RH en Asie pour les Multinationales françaises


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Parcours

Cnam
Fondatrice et Directrice de la Chaire « Learning Lab »
Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Professeur des universités au CNAM
ESCP Business School (ESCP)
Professeur des universités (gestion)
Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Maître de conférences, HDR en Sciences de Gestion

Établissement & diplôme

Université Paris 2 - Panthéon-Assas
Habilitation à Diriger des Recherches
Université Nice Sophia Antipolis (membre d’Université Côte d’Azur)
Doctorat en Sciences de Gestion

Fiche n° 27211, créée le 22/11/2017 à 18:21 - MàJ le 02/10/2019 à 15:26


©  Cécile Dejoux
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