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Apprentissage : la rentrée 2020 se joue dès aujourd’hui (Jean-Pierre Willems)

News Tank RH - Paris - Analyse n°181048 - Publié le 20/04/2020 à 15:51
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©  D.R.
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Il ne s’agit pas de la reprise des cours après la fin du confinement, mais des recrutements pour la rentrée de septembre 2020.

Alors que l’on pouvait s’attendre, en 2020, à une nouvelle croissance à deux chiffres du nombre d’apprentis, les plus grandes incertitudes pèsent sur la rentrée de fin d’année qui concentre traditionnellement l’essentiel des recrutements.

Les incertitudes concernent moins la demande des jeunes que les capacités d’embauche d’apprentis par les entreprises dans un contexte économique plus que perturbé.

Après les mesures concernant les contrats en cours, se pose donc de manière urgente celle des mesures préservant l’avenir.

Une analyse de Jean-Pierre Willems Chargé d’enseignement politiques droit et pratiques de formation - master DRH @ Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne • Consultant @ Willems Consultant
pour News Tank.


Les mesures pour les contrats en cours 

Plusieurs mesures ont été adoptées pour permettre de mener à terme, dans les meilleures conditions possibles, les cursus d’apprentissage en cours :

  • Possibilité de suivre les enseignements du CFA Centre de formation d’apprentis à distance pour les apprentis placés en activité partielle ;
  • Possibilité de prolonger les contrats pour terminer, si nécessaire, les cursus ;
  • Possibilité de déroger aux durées légales des contrats mais également aux durées de formation minimales ;
  • Possibilité de validation des diplômes par le contrôle en cours de formation ;
  • Possibilité d’accueillir pendant 6 mois, et non 3 mois, des apprentis en recherche d’employeurs.

Ces mesures ne sont toutefois applicables qu’aux contrats en cours et ne seront d’aucune utilité pour les recrutements à venir. 

Donner de la sécurité et de la liberté

Il n’est pas nécessaire d’attendre la fin de la crise sanitaire pour tirer une conclusion qui tient d’ailleurs moins à cette crise qu’à un contexte plus global : dans un monde VUCA (vulnérable, incertain, complexe et ambiguë, l’acronyme étant anglais), la capacité d’adaptation, souvent traduite par « agilité », est primordiale.

  • On voit bien comment les mesures d’urgence ont tenté le double pari :
    • De sécuriser (maintien des financements, maintien de la formation pendant l’activité partielle) ;
    • De libérer (souplesse sur les durées).

Des mesures de même nature seront inévitablement nécessaires pour les contrats à venir. 

Déscolariser l’apprentissage

Le terme « déscolariser », faut-il le préciser, n’a pas de connotation péjorative. Il traduit simplement ce que la loi du 05/09/2018 a initié : faire entrer l’apprentissage dans le champ de la formation, tant pour son fonctionnement que pour son financement ou sa régulation.

Mais on ne modifie pas près de 50 ans de pratiques (depuis la loi de 1971 sur l’apprentissage) en quelques mois : la majorité des diplômes préparés en apprentissage sont encore des diplômes de l’Éducation nationale et les cursus demeurent très majoritairement organisés sur un rythme scolaire de septembre à juin.

Or, le risque est grand que pour de nombreuses activités, la période de fin d’année ne soit pas propice à des recrutements et que le temps nécessaire pour trouver une entreprise soit plus long qu’habituellement. Ce qui pourrait avoir pour effet soit de décaler les périodes de rentrée, soit de rendre bien courte la période de trois mois pour trouver une entreprise. Or, si l’on veut, autant que possible, préserver la  belle dynamique  qui  s’est  créée pour l’apprentissage, il sera nécessaire de redonner de la liberté et parfois également de la sécurité.

Ainsi, parmi les mesures adoptées pour les contrats en cours, pourraient être utilement  reconduites  pour les contrats à venir :

  • La possibilité de conserver les apprentis pendant au moins six mois avant qu’ils ne trouvent un employeur ;
    À défaut, cela pourrait conduire des jeunes à se détourner de l’apprentissage ou à hésiter à s’engager dans un cursus qu’ils risqueraient d’interrompre au bout de trois mois. Peut-être faudrait-il aller plus loin et considérer que les CFA ont la possibilité (au moins à hauteur de leurs effectifs 2019-2020) d’avoir des jeunes qui suivent entre septembre et juin 2021, l’intégralité de leur cursus sous statut de stagiaire si jamais ils ne trouvent pas une entreprise. Les Conseils régionaux pourraient s’associer à une telle sécurisation.
  • La possibilité de systématiser le contrôle en cours de formation pour tous les diplômes de l’Éducation nationale ;
    À défaut, l’impératif de la date d’examen ou du nombre de sessions organisées rendra illusoire toutes les souplesses d’aménagement des cursus.

Ces deux mesures, si elles étaient adoptées rapidement, donneraient aux CFA et aux jeunes la visibilité dont ils ont besoin dès aujourd’hui, avant que ne se pose éventuellement la question de l’intervention auprès des entreprises pour inciter à poursuivre l’effort en faveur du développement de l’apprentissage.

Jean-Pierre Willems


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Parcours

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Chargé d’enseignement politiques droit et pratiques de formation - master DRH
Willems Consultant
Consultant
IGS Toulouse
Responsable du master RH
Centre de recherche et d’information sur le droit de la formation (UT1)
Partenaire

Établissement & diplôme

Université Toulouse 1 Capitole
DESS Gestion du personnel - Droit (Michel Despax)

Fiche n° 24709, créée le 10/08/2017 à 15:40 - MàJ le 22/04/2024 à 14:17

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