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Management packages : « Une réforme pernicieuse sur le plan social » (Myriam de Gaudusson, avocate)

News Tank RH - Paris - Interview n°393157 - Publié le
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« La loi de finances pour l’année 2025 introduit un seuil inédit pour requalifier fiscalement les gains issus des management packages. Jusqu’ici aucun seuil n’était prévu, et les gains étaient en grande majorité traités comme des plus-values de cession, avec une fiscalité bien plus favorable », déclare Myriam de Gaudusson Avocat associé @ Franklin
, avocate associée en droit social au sein du cabinet Franklin, à News Tank le 28/03/2025.

« Cette réforme pourrait se révéler pernicieuse sur le plan social. Le précédent des BSA Bon de souscription d’actions (bons de souscription d’actions) montre que l’Urssaf et la jurisprudence peuvent requalifier ces gains en rémunération, en s’appuyant sur une notion très extrême de la relation de travail. »

« En pratique, cela pourrait ralentir significativement la dynamique de création d’entreprises innovantes sur le territoire. »


Myriam de Gaudusson, avocate associée en droit social au sein du cabinet Franklin, répond à News Tank

Quelles seront les évolutions induites par l’adoption de la loi de finances 2025 ?

La loi introduit un seuil inédit pour requalifier fiscalement les gains issus des management packages. Jusqu’ici aucun seuil n’était prévu, et les gains étaient en grande majorité traités comme des plus-values de cession, avec une fiscalité bien plus favorable.

Désormais, au-delà de trois fois la valeur de l’investissement, ces gains seraient requalifiés en traitements et salaires, ce qui change profondément la donne, surtout sur le plan fiscal, mais aussi social.



Comment percevez-vous ce projet de loi ?

Ce projet de réforme est largement perçu comme déséquilibré  »

Ce projet de réforme est largement perçu comme déséquilibré car en défaveur des managers qui, dans bien des cas, sont à l’origine de la croissance des entreprises concernées. Les fonds d’investissement ne sont, quant à eux, pas impactés sur le régime de leurs carried interest.

Les managers sont souvent des professionnels très impliqués, souvent issus du monde des start-ups, qui se rémunèrent peu à leurs débuts, mobilisent leur entourage pour développer l’entreprise et prennent des risques importants avant d’ouvrir leur capital à des fonds.

Quel sera l’impact sur le plan social ?

Cette réforme pourrait se révéler pernicieuse sur le plan social. Le précédent des BSA (bons de souscription d’actions) montre que l’Urssaf et la jurisprudence peuvent requalifier ces gains en rémunération, en s’appuyant sur une notion très extrême de la relation de travail.

Cela pose la question de la compétitivité du système français et de sa capacité à retenir les talents »

Cela avait conduit, à l’époque, à des redressements très lourds et à la disparition de ce type de mécanismes. L’article L. 242-1 du Code de la sécurité sociale permet en effet d’assimiler un gain à une rémunération dès lors qu’il existe un lien de travail et un versement associé.

Le projet de loi prévoit une contribution sociale de 10 % sur ces gains requalifiés. Mais il existe une jurisprudence constante de la Cour de cassation qui montre que, si les conditions légales ne sont pas strictement respectées, cette contribution pouvait être remplacée par l’ensemble des cotisations de Sécurité sociale, soit 47 % pour l’employeur et 35 % pour le salarié. Si les management packages devaient subir le même traitement, leur usage en France, serait plus que compromis, du moins dans leur forme actuelle. Les dirigeants concernés cherchent des alternatives.

Cela pose la question de la compétitivité du système français et de sa capacité à retenir les talents. Plusieurs clients m’ont déjà confié leur intention de quitter la France si ce texte entrait en vigueur.

Quelles seront les entreprises concernées par cette mesure ?

Le projet touche toutes les entreprises sans distinction, y compris les petites structures en forte croissance. Il est particulièrement dissuasif pour les jeunes entrepreneurs incubés, qui pourraient choisir de s’implanter ailleurs dès que leur entreprise atteint une taille significative.

En pratique, cela pourrait ralentir significativement la dynamique de création d’entreprises innovantes sur le territoire.

Myriam de Gaudusson


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Franklin
Avocat associé
Scotto & Associés
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Latham & Watkins
Avocate

Fiche n° 38198, créée le 20/01/2020 à 16:55 - MàJ le 28/03/2025 à 17:22

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