« Le manque de temps, 1er frein aux dialogues dans l’entreprise » (C. Cottereau, Lab des Dialogues)
« Le manque de temps est le frein principal aux dialogues, cité par plus d’un dirigeant sur deux (57 %), selon l’enquête menée en collaboration avec l’Ifop
Institut français d’opinion publique
sur l’état des dialogues dans les entreprises françaises, pour le lancement du Lab des Dialogues », indique à Cécile Cottereau
Responsable du Lab des dialogues en entreprise @ Lab des Dialogues
, responsable de ce lab, à News Tank le 20/11/2024. « Ce facteur en dit long sur les contraintes auxquelles sont confrontées les entreprises dans la mise en place de dialogues efficaces, mais derrière cette notion de temps se cachent en réalité des évolutions profondes liées à la transformation des modes de travail. »
« Cette enquête menée en collaboration avec l’Ifop est un point de départ pour le Lab des Dialogues. Elle nous permet de dresser une première vue d’ensemble sur l’état et la diversité des dialogues en entreprise en France en mettant en lumière à la fois les pratiques actuelles et les sources de progression. L’objectif est de dépasser les perceptions subjectives, pour ancrer nos travaux à partir d’un premier état des lieux. Nous souhaitions comprendre comment les entreprises et leurs dirigeants perçoivent les dialogues au sein de leur organisation. »
« Nous avons l’intention de prolonger cette enquête par la création d’un baromètre. Cet outil permettra d’interroger toutes les parties prenantes internes des entreprises qui souhaiteront faire un état des lieux des dialogues dans leur organisation, en recueillant la parole des salariés, des managers et des représentants du personnel. L’objectif sera de capter les tendances et de permettre aux entreprises d’ajuster leurs pratiques pour mieux répondre aux attentes des parties prenantes, améliorer leur relations et mettre le dialogue au service de leur projet. »
Cécile Cottereau, responsable du Lab des dialogues, répond à News Tank
Pourquoi le Lab des Dialogues a-t-il souhaité lancer cette enquête auprès de dirigeants d’entreprises sur leur perception des dialogues, en amont de ses travaux ?
Cette enquête menée en collaboration avec l’Ifop est un point de départ pour le Lab des Dialogues. Elle nous permet de dresser une première vue d’ensemble sur l’état et la diversité des dialogues en entreprise en France en mettant en lumière à la fois les pratiques actuelles et les sources de progression. L’objectif est de dépasser les perceptions subjectives, pour ancrer nos travaux à partir d’un premier état des lieux. Nous souhaitions comprendre comment les entreprises et leurs dirigeants perçoivent les dialogues au sein de leur organisation.
Nous parlons ici notamment :
- du dialogue professionnel qui s’établit principalement autour des enjeux du travail ;
- du dialogue de gouvernance entre les dirigeants, les actionnaires, mais aussi les administrateurs salariés (quand ils existent) ;
- du dialogue social structuré, dans le cadre des instances représentatives du personnel et des négociations sociales.
Nous avons débuté en interrogeant les dirigeants pour avoir une vision précise de leur perception actuelle vis-à-vis de ces dialogues, car ce sont eux qui structurent les dynamiques de dialogues dans l’entreprise. Leurs points de vue permettent de mieux comprendre comment se positionnent les entreprises sur le dialogue, quels sont les freins identifiés, et quels sont les leviers d’amélioration possibles. Cette enquête est donc, pour le Lab des Dialogues, un outil de compréhension des pratiques actuelles et des représentations. C’est un point de départ pour orienter nos futurs travaux et encourager un dialogue plus constructif, ouvert et régulier dans les entreprises.
L’enquête sera-t-elle récurrente ?
Nous avons l’intention de prolonger cette enquête par la création d’un baromètre. Cet outil permettra d’interroger toutes les parties prenantes internes des entreprises qui souhaiteront faire un état des lieux des dialogues dans leur organisation, en recueillant la parole des salariés, des managers et des représentants du personnel. L’objectif sera de capter les tendances et de permettre aux entreprises d’ajuster leurs pratiques pour mieux répondre aux attentes des parties prenantes, améliorer leur relations et mettre le dialogue au service de leur projet.
Quel est le ressenti général des dirigeants sur la qualité des dialogues ?
95 % des entreprises ont développé au moins une forme de dialogue formel »L’enquête montre que les dirigeants sont plutôt positifs. Ils estiment que les dialogues existent au sein des entreprises et qu’ils sont plutôt de qualité. Selon l’enquête, 95 % des entreprises ont développé au moins une forme de dialogue formel, et 48 % estiment que tous les niveaux sont couverts de manière satisfaisante. Toutefois, des marges de progression subsistent : environ 40 % des répondants indiquent qu’il y a des aspects à améliorer, en particulier sur la fluidité et la structuration des échanges.
Le premier obstacle aux dialogues identifié par les dirigeants est le manque de temps. Pourquoi, selon vous ?
Le manque de temps est effectivement cité comme le frein principal par plus d’un dirigeant sur deux (57 %). Ce facteur en dit long sur les contraintes auxquelles sont confrontées les entreprises dans la mise en place de dialogues efficaces. Derrière cette notion de temps se cachent en réalité des évolutions profondes liées à la transformation des modes de travail : le télétravail, la digitalisation et les horaires de travail plus flexibles font que le lieu et le rythme de travail se sont éclatés. L’évolution de l’organisation du travail peut réduire les occasions d’échanges formels et informels, qui sont nécessaires à l’instauration des dialogues. Les nouveaux outils d’échange comme les réseaux sociaux, impactent également les cadres habituels du dialogue dans les entreprises. Les entreprises doivent donc réinventer la manière dont elles organisent leurs temps de dialogues, et peut-être même revoir certains aspects de leur organisation pour s’assurer que les temps d’échanges utiles ne soient pas relégués au second plan.
Les dirigeants souhaitent une meilleure formation des managers. Comment interpréter cette attente ?
49 % des dirigeants considèrent la formation des managers comme une priorité pour renforcer ces dialogues »Les managers jouent un rôle central dans le dialogue en entreprise, car ils sont au croisement des enjeux stratégiques, des exigences économiques et des réalités humaines. Ce sont souvent les premiers interlocuteurs des salariés lorsqu’il s’agit de partager des préoccupations, de formuler des idées ou des demandes. C’est pourquoi leur formation est essentielle pour organiser des échanges productifs et efficients : 49 % des dirigeants considèrent la formation des managers comme une priorité pour renforcer ces dialogues.
L’enjeu est d’aider les managers à mieux comprendre les enjeux du dialogue social et à maîtriser les techniques et les postures qui favorisent un dialogue ouvert et constructif. Ils doivent être en mesure d’accompagner leurs équipes vers la recherche de solutions et faire le lien entre les différents acteurs du dialogue dans l’entreprise. Si nous dotons les managers de ces compétences, nous leur donnons la capacité d’être des facilitateurs, capables de faire remonter les informations, mais aussi de trouver des solutions concrètes aux préoccupations des salariés et aux enjeux de l’entreprise. À ces conditions, le dialogue devient un cercle vertueux, fluide et bénéfique pour l’ensemble de l’organisation.
Quels sont les sujets prioritaires pour ces dialogues ?
Les dirigeants identifient plusieurs thèmes prioritaires qui touchent directement les salariés, notamment le bien-être au travail, les conditions de travail et les rémunérations. C’est un point positif car pour le lab, il y a un enjeu fort à ce que les entreprises fassent du travail un objet central de dialogues dans les entreprises. C’est là que les salariés projettent une partie de la question du sens au travail et c’est là aussi que les entreprises trouvent un des leviers d’adhésion et d’engagement de leurs collaborateurs.
En revanche, d’autres enjeux comme la transition écologique, l’impact du numérique, ou la stratégie à long terme de l’entreprise sont perçus comme secondaires dans le dialogue avec les salariés. C’est un peu surprenant, car ces questions ont un impact fort sur leur travail et sont cruciales pour l’avenir de l’entreprise.
Le Lab des Dialogues envisage-t-il de travailler sur ces décalages dans la hiérarchie des priorités en matière de dialogues ?
Ce décalage est effectivement un point de vigilance pour le Lab. La transition écologique et la poursuite de la transition digitale modifieront profondément l’organisation du travail, les emplois et compétences. Ne pas intégrer ces transformations dans les dialogues en entreprise pourrait être une erreur stratégique. Cela pourrait laisser de côté des enjeux majeurs pour le futur du travail, l’adaptation des organisations et des compétences et l’engagement des équipes.
Il est donc primordial d’en faire un sujet de dialogue, afin que les salariés puissent comprendre les changements à venir et contribuer à co-construire les solutions adaptées à ces défis. Nous espérons encourager les entreprises à se saisir du puissant levier du dialogue pour mener ces transformations.
Quelles seront les prochaines étapes de l’installation du Lab des Dialogues ?
Le 17/12/2024, nous organiserons un événement important à Rennes sur la question des dialogues à l’occasion du 35e anniversaire de Catalys Conseil
• Cabinet de conseil fondé en 1989 au sein d’un centre de formation professionnelle à gestion paritaire, situé à Redon (Ille-et-Vilaine), avec le soutien de la CFDT et du Medef en Bretagne…
. Cette rencontre sera l’occasion de présenter les résultats de l’enquête, mais aussi de débattre avec nos deux co-présidents, Geoffroy Roux de Bézieux
Président @ Mouvement des entreprises de France (Medef) • Vice-président du Conseil de surveillance @ Groupe PSA • Président @ Notus Technologies
et Laurent Berger
Préfigurateur de l’Institut Crédit Mutuel Alliance Fédérale @ Crédit Mutuel Alliance Fédérale • Président @ Confédération européenne des syndicats (CES) • Secrétaire général @ Confédération…
et avec le sociologue Jean Viard, autour des pratiques et des enjeux des dialogues en entreprise. Nous ferons une première publication du lab au début de l’année 2025.
Nous validerons également avec le Lab des Dialogues notre baromètre sur l’état des dialogues en entreprise, afin d’en faire un outil pertinent au service des entreprises. Et nous organiserons des temps d’échange, à Paris et en région, afin de nourrir le débat et de permettre aux entreprises qui le souhaitent d’y apporter leur pierre et de venir y chercher des bonnes pratiques.
Cécile Cottereau
Responsable du Lab des dialogues en entreprise @ Lab des Dialogues
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Parcours
Responsable du Lab des dialogues en entreprise
Déléguée générale
Responsable du secrétariat général
Conseillère politique
Secrétaire confédérale en charge de la sécurisation des parcours professionnels
Établissement & diplôme
Promo 2014
Master II Professionnel, Expertise de l’Action Publique Territoriale / politiques de l’emploi
Master II Recherche, « Acteurs et Espaces Publics en Europe »
Fiche n° 52836, créée le 19/11/2024 à 16:06 - MàJ le 21/11/2024 à 10:26