DRH : des enjeux mondialement partagés (Benoît Serre, ANDRH)
Nous avons célébré, le 21/05/2024, la Journée internationale des ressources humaines. Au-delà du symbole, favoriser la mise en lumière d’une fonction parfois mal connue, critiquée ou redoutée est sans doute utile. Il est tout aussi pertinent de reconnaître la valeur de ce métier, qu’on retrouve dans tous les pays du monde, avec des formes et des rôles toutefois assez différents, même s’il existe évidemment un point commun majeur : l’identification, la valorisation, la reconnaissance et la mise au premier plan du capital humain.
Les enjeux diffèrent selon les industries ou les continents. Le poids de telle ou telle dimension du métier varie, comme celui du dialogue social ou du partage de la valeur. Tout cela est normal, car exercer la fonction RH, c’est d’abord rester connecté à la réalité sociale et sociétale d’un pays. Or, les tendances qui traversent le corps social se retrouvent nécessairement dans les organisations.
Il s’est passé néanmoins quelque chose de très particulier avec la crise sanitaire, qui a touché le monde entier et influencé positivement ou négativement toutes les sociétés au même moment. On a pu observer que la mondialisation, là aussi, jouait son rôle, de même que la facilitation des échanges et des mises en réseau. L’étude « Creating People Advantage », menée par le BCG
Boston Consulting Group
en 2023, est à cet égard très révélatrice, puisqu’elle démontre que la fonction RH dans le monde partage quelques préoccupations communes à tous. Célébrer la journée mondiale des ressources humaines, c’est donc aussi réfléchir aux enjeux communs de celles et ceux qui exercent ce métier.
Une analyse de Benoît Serre
Partner & director HR - People strategy @ Boston Consulting Group (BCG) • Vice-président puis vice-président national délégué @ Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH)
pour News Tank.
Deux sujets majeurs : la compétence et la santé mentale
Il y a deux sujets majeurs qui pourraient, à l’avenir, structurer l’ensemble des politiques RH mondiales, avec les adaptations locales nécessaires : la compétence et la santé mentale.
Dans tous les pays, les DRH mettent ces deux enjeux au sommet de la pyramide pour le futur. Ce constat semble ainsi démontrer que chacun - à sa vitesse et en fonction de ses capacités - mesure que le travail et les relations au travail sont à la veille de bouleversements profonds et durables.
Certes, il y a l’IA Intelligence artificielle , qui bouscule et qui s’étend dans tous les domaines, à tel point qu’on peut s’interroger sur la pertinence de l’isoler comme une donnée, alors même qu’elle recouvre tout, au fur et à mesure. À commencer par l’enjeu des compétences, puisque cette technologie impacte directement les métiers.
C’est sur ces derniers qu’il faut travailler, car le travail constitue le fond du sujet pour les individus quand l’IA, aussi puissante soit elle, ne constitue qu’un moyen exceptionnel, révolutionnaire dans la première acception du terme.
La mondialisation des compétences
La fonction RH se réunit sur un enjeu commun : adapter les compétences d’aujourd’hui et préparer les compétences de demain car, après la mondialisation industrielle et des services, c’est celle de la compétence qui est en marche.
Les questions posées sont nombreuses, puisqu’elles touchent toute la chaîne des savoirs et des connaissances, de l’école à la formation continue. Bien évidemment, l’IA joue un rôle pédagogique comme professionnel. Il y a pourtant d’autres enjeux sur la capacité à implémenter les innovations dans les métiers, à adapter les compétences de l’individu, pour que l’obsolescence programmée de ses compétences ne soit pas aussi celle de son employabilité. Cette guerre des compétences identifiée comme commune par tous les professionnels de la fonction RH dans le monde est de bon augure, puisqu’elle pourrait impliquer une hausse moyenne des niveaux de qualification, de productivité et donc de reconnaissance du capital humain comme vecteur majeur de valorisation d’une organisation.
Mais bien évidemment, ces transformations de métiers et compétences, ne vont pas sans un risque de distorsion avec les aspirations des individus. Ils se retrouvent embarqués, parfois malgré eux, dans un mouvement de remise en question qui peut être source d’anxiété ou d’enthousiasme. Mais qui vient parfois s’opposer, ou à tout le moins se confronter, à ce nouveau rapport au travail qui exige équilibre des temps de vie, prise en compte de l’individu et demande de sens.
La santé mentale des collaborateurs
C’est à ce niveau qu’intervient le second enjeu, commun à tous les RH du monde : la santé mentale des collaborateurs. Ce défi prend de multiples formes, à commencer par celle de la prévention et de la reconnaissance de l’importance d’intégrer la santé mentale dans les politiques RH.
Ce n’est pas un hasard si de grandes entreprises, en France comme ailleurs, mais aussi des entreprises plus petites et moins connues, prennent des engagements forts sur ce sujet depuis quelques mois. La crise Covid a cristallisé des attentes présentes depuis longtemps. Le sujet s’invite au sein des organisations, notamment via une nouvelle génération qui a vu les ravages de la négation de cette réalité sur leurs aînés.
Enjeu de réciprocité
C’est donc un enjeu de réciprocité qui se joue, avec des employeurs conscients et des employés exigeants.
C’est aussi un enjeu de meilleure compréhension de ces bouleversements sociaux qui obligent les entreprises à s’en saisir, au moins autant que les pouvoirs publics. Pour le faire, elles ont de nombreux leviers techniques comme la prévention, la mesure de l’engagement, la vigilance vis-à-vis des signaux faibles. Autre levier majeur : la transformation managériale, pour faire du manager le premier garant de la santé mentale de ses équipes en lui en donnant les moyens, le temps et la confiance.
« C’est enfin la preuve qu’à l’heure de l’IA, de la redéfinition de l’espace de travail, qu’il soit physique ou virtuel, de la nouvelle ère de confrontation entre la machine et « l’Homme », la valeur humaine demeure centrale. C’est pourquoi les RH entendent bien, toutes et tous, se saisir de ces enjeux pour faire de l’Humain le cœur de leur organisation. C’est aussi ambitieux que rassurant ! »
Benoît Serre
Partner & director HR - People strategy @ Boston Consulting Group (BCG)
Vice-président puis vice-président national délégué @ Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH)
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Partner & director HR - People strategy
Vice-président puis vice-président national délégué
Président du Comité Stratégique
DRH France
Partner / Associate Director
Directeur général adjoint - Directeur des Ressources Humaines et de la Communication
Directeur des Ressources Humaines Groupe
DRH en Russie
Directeur Université d’entreprise
CEO
Director
Fiche n° 25040, créée le 29/08/2017 à 12:43 - MàJ le 24/10/2024 à 19:01