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Fédération compagnonnique nationale : « Un tsunami de compétences dans les métiers du compagnonnage »

News Tank RH - Paris - Actualité n°172888 - Publié le 17/01/2020 à 18:49
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©  NTRH
Michel Guisambert, Didier Micalef, Frédéric Guillot, Elie Bouche, Pierre-Jean Morand - ©  NTRH

« C’est un tsunami de nouvelles compétences qui arrive dans nos métiers du compagnonnage et les WorldSkills, olympiades des métiers dont l’édition 2023 sera organisée à Lyon, illustrent cet afflux massif de nouvelles compétences. Des nations comme la Russie, le Brésil ou l’Inde, qui étaient en retard, font du sujet du développement des compétences professionnelles une priorité politique et les résultats sont là. L’enjeu des compétences se joue à deux niveaux :
• celui du maintien et de la transmission de nos savoir-faire dans lequel la France est traditionnellement performante,
• celui de l’acquisition des compétences numériques du futur sur lequel nous avons du retard et qui pourtant est essentiel à la réussite économique de notre pays », déclare Michel Guisembert Président @ Worldskills France
• Titulaire d’un CAP de mécanique générale et d’un CAP de fraiseur, il a travaillé chez Rassant, entreprise d’engins de levage, de 1973 à 1997
, président de Chantiers de France, lors du débat « Patrimoine & compétences » organisé par la Fédération compagnonnique nationale le 17/01/2020.

« Il faut que l’on rende nos métiers plus attractifs. Je suis à la tête d’une entreprise qui emploie des apprentis évoluant dans un cadre favorable. Mais j’ai le sentiment que nous ne les comprenons pas toujours et que nous n’employons pas le bon vocabulaire. Nous appréhendons notre métier comme un dépassement de soi ce qui n’est plus le cas des jeunes générations qui ne me semblent pas prêtes aux mêmes efforts », ajoute Didier Micalef Directeur @ Bourgeois (Groupe Vinci)
Compagnon couvreur de la Fédération compagnonnique, directeur de la société Bourgeois (Groupe Vinci), entreprise spécialisée dans la rénovation de monuments historiques.

Ce débat s’inscrit dans le cadre d’une rencontre nationale intitulée : « Formation & emploi construisons l’avenir », organisée par la Fédération compagnonnique nationale des Compagnons du Tour de France, clôture d’une série de dix étapes, portées en régions par les Fédérations du réseau, sur les conséquences de la loi “Avenir Professionnel”.

Il fait suite à une première table ronde sur le fond de la réforme réunissant Stéphane Rémy Sous-directeur des politiques de formation et du contrôle (DGEFP) @ Ministère du Travail et de l’Emploi
(DGEFP), Hugues de Balathier (France compétences), Claire Khecha Déléguée générale @ Les Acteurs de la Compétence (ex Fédération de la Formation Professionnelle)
(Constructys), Valérie Sort Directrice générale @ Opco AKTO
(Akto), Philippe Debruyne
(Certif’Pro), Patrick Liébus Membre @ Conseil économique, social et environnemental (Cese) • Maître artisan couvreur @ Artisanat • Président fondateur @ Entreprise d’artisan couvreur-zingueur
(Capeb) et Farida Brioua (ISQ/OPQF).


• 15 Fédérations Compagnonniques régionales

• 1 Fédération Compagnonnique nationale

• 1 Institut Européen des compagnons du Tour de France Mouchard (Lycée professionnel)

En 2019 : 

• 4 000 stagiaires en formation professionnelle

• 3 000 alternants

• 500 jeunes itinérants sur Tour de France

La pénurie de compétences dans les métiers du compagnonnage

Le retard de la France sur les compétences numériques (Michel Guisembert)

Selon Michel Guisembert « La loi “avenir professionnel” s’adapte parfaitement aux nouvelles générations qui ont besoin d’être propriétaires de leur avenir. On a compris que les jeunes ont besoin de s’approprier leur parcours professionnel et cette loi leur donne cette possibilité. Le problème de nos métiers est la visibilité. Nos jeunes ne voient pas les adultes travailler. Le chantier de Notre-Dame de Paris donnera un coup de projecteur sur nos besoins de compétences et la nécessité de nos métiers. »

Une perte de savoir-faire dans les métiers de la menuiserie (Pierre-Jean Morand)

La majorité des menuisiers ne fabriquent plus aujourd’hui et 80 % de nos collaborateurs sont désormais des menuisiers « poseurs » »

« Je ne pense pas que nous perdions en qualité dans le travail de nos artisans, mais la communication entre corps de métier fait défaut sur nos chantiers de construction. Nous souffrons également d’une pénurie de savoir-faire dans la menuiserie en ce qui concerne les fabricants » dit Pierre-Jean Morand Directeur d’agence et gérant @ MDB Les Métiers du Bois
compagnon menuisier de la Fédération compagnonnique, directeur d’agence et gérant de l’entreprise “MDB Les métiers du bois”. 

Je fais partie de l’Union des métiers du bois au sein de la FFB Fédération française du bâtiment et nous constatons tous ce phénomène : la majorité des menuisiers ne fabriquent plus aujourd’hui et 80 % de nos collaborateurs sont désormais des menuisiers « poseurs ». Cela implique une perte de savoir-faire dont nos métiers ont grandement besoin.  

Le BIM Building Information Modeling. Obligation pour les différentes professions du BTP de se concerter et de modifier leurs méthodes de travail. et la modélisation numérique : des atouts pour l’attractivité des métiers

Utiliser la machine à commande numérique pour concentrer le travail humain sur des tâches plus intéressantes (Pierre-Jean Morand)

La vision des métiers de la menuiserie, aujourd’hui dégradée, doit être revalorisée car ce sont de magnifiques métiers. Nous peinons à attirer les jeunes générations qui, bien que très douées, mettent sur un pied d’égalité travail et loisir. C’est donc sur cette notion de plaisir au travail que nous devons travailler. 

La machine à commande numérique était jusqu’à il y a peu un nom barbare dont je ne voulais pas entendre parler »

Nous sommes confrontés aux nouvelles technologies dans la fabrication des menuiseries. La machine à commande numérique était jusqu’à il y a peu un nom barbare dont je ne voulais pas entendre parler. Nous nous y sommes mis il y a un an seulement et nous constatons aujourd’hui le temps perdu. Ces nouvelles technologies peuvent nous apporter beaucoup : un certain nombre de tâches moins intéressantes du point de vue technique et gourmandes en temps peuvent très bien être réalisées par des machines. Cela nous permet de concentrer le travail humain sur des aspects plus intéressants. 

Les nouvelles technologies peuvent nous aider à attirer (Didier Micalef)

Nous appréhendons notre métier comme un dépassement de soi ce qui n’est plus le cas des jeunes générations »

« Nous sommes spécialisés sur les travaux de rénovation de monuments historiques. Il faut que l’on rende nos métiers plus attractifs. Je suis à la tête d’une entreprise qui emploie des apprentis évoluant dans un cadre favorable. Mais j’ai le sentiment que nous ne les comprenons pas toujours et que nous n’employons pas le bon vocabulaire » constate Didier Micalef. « Nous appréhendons notre métier comme un dépassement de soi, ce qui n’est plus le cas des jeunes générations qui ne me semblent pas prêtes aux mêmes efforts. Les nouvelles technologies peuvent nous aider à attirer : la modélisation numérique des bâtiments permet de montrer rapidement un résultat final à un jeune dont le regard sur notre travail changera alors totalement ».

« Les jeunes générations sont aujourd’hui les plus à même de comprendre les évolutions de nos métiers et nous devons leur donner les clés sur ce sujets. Les entreprises ne doivent donc pas avoir peur du BIM ou du numérique et au-contraire développer ces technologies pour attirer et fidéliser. »

La nouvelle maquette numérique ne peut pas être l’élément central du travail d’un architecte ou d’un charpentier (Elie Bouche)

J’ai découvert qu’à trop apprendre son métier en autarcie, on ne s’ouvre pas et on a des difficultés à s’inscrire dans des projets multidisciplinaires »

Compagnon charpentier de la Fédération compagnonnique, de devenu également architecte, Elie Bouche insiste sur la nécessité d’intégrer le BIM comme base méthodologique de travail, en intégrant une culture de transversalité. « En devenant architecte, j’ai dû apprendre le vocabulaire du chauffagiste ou celui du couvreur pour pouvoir mener des réunions de chantier. En me cultivant, j’ai découvert qu’à trop apprendre son métier en autarcie, on ne s’ouvre pas et on a des difficultés à s’inscrire dans des projets multidisciplinaires. Cette imprégnation de la culture d’autres métiers nous manque aujourd’hui. »

« Les avancées technologiques et le BIM Building Information Modeling. Obligation pour les différentes professions du BTP de se concerter et de modifier leurs méthodes de travail. nécessitent en amont la maîtrise d’une méthodologie, d’un protocole et des liens forts entre les métiers. Il faut donc pédagogiquement enseigner les bases du métier, à savoir les bons protocoles pour construire des travailleurs capables d’assimiler les bonnes méthodes de travail et les nouvelles technologies. La nouvelle maquette numérique ne peut pas être l’élément central du travail d’un architecte ou d’un charpentier.   »

Les drones : de nouveaux outils ludiques  pour attirer des collaborateurs et gagner en productivité (Frédéric Guillot)

Web2vi propose à ses clients un logiciel connecté de devis, de facturation et de suivi de chantier. Depuis 2017, nous travaillons avec les drones Parrot pour incorporer une offre de maquette 3D des bâtiments à notre logiciel. « C’est ce genre d’outils ludiques qui fait gagner du temps, de l’argent et attire de nouveaux collaborateurs. Mais ça reste un outil d’aide, qui ne remplace pas le geste du charpentier », précise Frédéric Guillot, Compagnon de la Fédération Compagnonnique, couvreur de métier.

« Cette pratique nouvelle implique de nouvelles contraintes légales : il faut par exemple aujourd’hui un brevet de pilote et de multiples autorisations pour utiliser un drone professionnel.  »

• Michel Guisembert, président de Chantiers de France

• Pierre-Jean Morand, directeur de Métiers du Bois

• Didier Micalef, directeur de Vinci-Bourgeois

• Elie Bouche, architecte aux Atelier des Montaines

• Frédéric Guillot, chargé d’affaires chez WEB2VI

La Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment et autres activités, reconnue d’utilité publique, a été fondée en 1952 par le regroupement des anciennes société héritières de la tradition compagnonnique.

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