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LGBT : « Les RH ne veulent pas aborder ce sujet considérant que c’est privé » (C.Tripon/Autre Cercle)

News Tank RH - Paris - Actualité n°125559 - Publié le 24/07/2018 à 10:09
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« Nous ne pouvons plus décider que certains critères sont plus respectables que d’autres. Quand on affirme avoir une politique diversité et inclusive, on doit l’avoir sur tous les critères. Il en existe 24 dans la loi en matière de discrimination. Deux critères ne sont pas pris en compte : l’orientation sexuelle et l’identité de genre » déclare Catherine Tripon Directrice Développement-RSE-Diversité @ Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE)
, porte-parole de l’Autre Cercle, une association de professionnels LGBT. « Les filières RH ne veulent pas aborder ce sujet considérant que cela relève de la vie privée. »

« Je constate encore malheureusement une grande frilosité de nos élites françaises, des dirigeants à la tête de grandes entreprises. Il y a des diversités qui sont politiquement correctes ou qui sont soumises à des pénalités financières, qui obligent les employeurs à agir. C’est de moins en moins acceptable qu’une organisation publique ou privée ne soit pas exemplaire sur le sujet surtout lorsqu’on parle de diversité. »

« La situation est surtout compliquée en France. Je ne m’explique pas comment, aujourd’hui, des groupes français internationaux qui se sont frottés à une culture inclusive dans les pays du Nord ne veulent toujours pas aborder ce sujet dans leurs maisons mères en France. »


Catherine Tripon, porte-parole de l’Autre Cercle répond à News Tank

Que représente pour vous la signature de la charte de l’Autre Cercle par le ministère du travail le 19/07/2018 ?

C’est très symbolique. Le ministère du Travail est un lieu où l’on doit pouvoir travailler et où l’on pousse à lutter contre la discrimination et à favoriser l’inclusion. Nous constatons, au sein du Gouvernement, une démarche volontariste pour accueillir un certain nombre de jeunes qui aujourd’hui sont dans une situation injuste en matière d’accès à l’emploi. Il n’y a pas de demande de quotas ou d’aménagement particulier pour la question de l’identité de genre ou l’orientation sexuelle. Cela demande du respect. Signer la charte signifie que les gays, lesbiennes et transgenres sont des personnes comme les autres et que nous devons les respecter. Ce n’est plus acceptable de rejeter aujourd’hui une catégorie de population.

Quand on affirme avoir une politique diversité et inclusive, on doit l’avoir sur tous les critères »

Nous ne pouvons plus décider que certains critères sont plus respectables que d’autres. Quand on affirme avoir une politique diversité et inclusive, on doit l’avoir sur tous les critères. Il en existe 24 dans la loi en matière de discrimination. Deux critères ne sont pas pris en compte : l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Les filières RH ne veulent pas aborder ce sujet, considérant que cela relève de la vie privée. L’homosexualité dérange car c’est un sujet qui restera toujours clivant. Mais nous sommes rattrapés par l’histoire. La question de la conjugalité : PACS et mariage pour deux personnes d’un même sexe donnent un certain nombre de droits. S’il n’y a pas un signe fort de la direction qui dit d'être friendly vis-vis des LGBT, certains n’oseront pas accéder à leurs droits.

Je ne conçois pas aujourd’hui que les entreprises du CAC 40 et du SBF 120 se targuent de candidater à des grands prix d'éthique et de RSE si elles ne respectent pas les critères liés à l’orientation sexuelle ou l'égalité de genre. Elle est où l'éthique et la RSE quand on tire un trait sur un certain nombre de personnes ? Nous sommes dans un système très normé où l’on parle de sa vie privée, de sa famille. Pourquoi ne pas parler en entreprise de son épouse quand on est une femme ou de son époux quand on est un homme ? 

Qu’en est-il de l’exemplarité au sein des entreprises ? 

Je constate encore malheureusement une grande frilosité de nos élites françaises, des dirigeants à la tête de grandes entreprises.  »

Je constate encore malheureusement une grande frilosité de nos élites françaises, des dirigeants à la tête de grandes entreprises. Il y a des diversités qui sont politiquement correctes ou qui sont soumises à des pénalités financières qui obligent les employeurs à agir et d’autres moins. C’est de moins en moins acceptable qu’une organisation publique ou privée ne soit pas exemplaire sur le sujet surtout lorsqu’on parle de diversité.

On a besoin d’avoir des Noirs, des Maghrébins, des Femmes, des Homos et des Transsexuels dirigeants qui prennent la parole. »

C’est une génération qui n’a pas su se remettre en question et reconnaître que la société avait changé. Nous avons des dirigeants de haut niveau qui ne veulent pas prendre la parole pour ne pas être identifiés vis-à-vis de l’extérieur. C’est une vaste fumisterie alors que sur leur profil Twitter, ils s’affichent. On a besoin d’avoir des Noirs, des Maghrébins, des Femmes, des Homos et des transgenres dirigeants qui prennent la parole. Cela donne une image forte pour les jeunes de cette diversité. On a besoin de ce travail d’acculturation. Mounir Mahjoubi, secrétaire d'État auprès du Premier ministre chargé du Numérique a fait ce geste. J’attends de l’honnêteté intellectuelle comme cet homme politique en exercice.

Est-ce une spécificité française ?

La situation est surtout compliquée en France. Je n’explique pas pourquoi, aujourd’hui, des groupes français internationaux qui se sont frottés à une culture inclusive dans les pays du Nord ne cherchent toujours pas à aborder ce sujet dans leurs maisons mères en France. Des filiales françaises appartenant à de groupes internationaux qui sont parfois sponsors de Gay Pride et qui sont très à l’aise avec des rôles modèles Personne dont l’exemple ou les succès peuvent inspirer d’autres individus à l'étranger dans leur « Top Executive », n’abordent pourtant pas le sujet en France.

• Le sexe

• Le nom de famille

• L’origine

• La grossesse

• La situation de famille

• L’apparence physique

• Le lieu de résidence

• L’état de santé

• Le handicap

• Les caractéristiques génétiques

• Les mœurs

• L’orientation sexuelle

• L’identité de genre

• L’âge

• Les opinions politiques

• Les activités syndicales ou mutualistes

• L’appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie,

• L’appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une prétendue race,

• L’appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une nation,

• Les convictions religieuses

• La perte d’autonomie

• La particulière vulnérabilité de la personne, résultant de sa situation économique apparente ou connue

• La capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français

• La domiciliation bancaire

Catherine Tripon


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Parcours

Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE)
Directrice Développement-RSE-Diversité
L’autre Cercle
Porte-parole

Fiche n° 32035, créée le 19/07/2018 à 22:29 - MàJ le 25/09/2019 à 12:26

L’autre Cercle

• Association nationale de lutte contre les discriminations LGBTI (Lesbienne Gay Bi Trans et Intersexe)
• Création : 1997
• Missions :
- observer et attester de la situation de LGBT dans le monde du travail
- accompagner, fédérer, engager les acteurs du monde du travail et les membres de l’autre cercle
- promouvoir les actions ainsi que les valeurs de l’association et faire évoluer les mentalités
Co-présidente : Sylvie Meisel
Co-président : Florian Baratte
• Contacts : Catherine Tripon, co-responsable du pôle employeurs et porte-parole ; Isabelle Laville, relation médias
• Tél. : 01 40 86 31 53


Catégorie : Associations / Fondations


Adresse du siège

Maison des Associations
38 Boulevard Henri IV
75004 Paris France


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Fiche n° 6146, créée le 13/12/2017 à 03:23 - MàJ le 05/03/2024 à 15:19