Prélèvement à la source : « Plus un enjeu de communication que de climat social » (A. Lopes/Primonial)
« La mise en place du prélèvement à la source est davantage un enjeu de communication que de climat social. Elle nécessite une conduite du changement comme ce fut le cas pour le passage aux 35 heures. C’est pourquoi avec mes équipes RH, nous planifions des actions de pédagogie et d’information », indique à News Tank Adilia Lopes, directrice des ressources humaines chez Primonial, le 13/07/2018.
« Nous prévoyons un plan de communication qui commence mi-juillet 2018 sur les grands principes du prélèvement à la source. Puis, lors de la première quinzaine du mois de septembre 2018, nous allons mettre en place des ateliers d’information car nous voulons privilégier l’échange, et ainsi répondre aux interrogations et expliquer les cas particuliers comme les cas d’arrêts maladie, les CDD courts … »
Signature de la charte de la diversité et d’un accord QVT
qualité de vie au travail
fin 2017, négociation en septembre 2018 d’un accord GPEC
Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences
, mise en place du CSE
Comité social et économique
, projets de loi PACTE
Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises
et « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » : tels sont les sujets abordés par Adilia Lopes.
Adilia Lopes, directrice des ressources humaines chez Primonial, répond à News Tank
Pourquoi avoir signé la charte de la diversité ?
En 2017, en prévision de la renégociation de nos deux accords, contrat de génération et égalité hommes-femmes, nous avons mené des actions de sensibilisation auprès de nos managers avec des ateliers théâtre sur le thème large de la discrimination, à savoir : comment lutter contre les préjugés concernant :
- la maternité,
- les parents au regard des obligations parentales,
- l’arrivée d’une jeune recrue au sein d’une équipe de collaborateurs expérimentés.
Ces ateliers nous ont permis de prendre le pouls en matière de compréhension sur ces sujets. L’ouverture d’esprit démontrée par nos managers nous a conforté dans notre projet d’adhésion à la charte de la diversité. Dans le cadre de notre accord QVT signé en décembre 2017, il nous a semblé naturel de prendre cet engagement afin de traduire les valeurs partagées par nos équipes sur la diversité.
Que contient cet accord QVT ?
Notre accord QVT est articulé autour du bien-être collectif. Nous avons voulu y traduire les thèmes prégnants chez Primonial :
- l’équilibre vie professionnelle et personnelle avec un axe fort sur le télétravail et sur la parentalité ;
- l’égalité hommes- femmes.
Nous avons également formé tous nos managers, environ une centaine, sur les process de recrutement et déployé des actions de sensibilisation via des « serious game » pour l’ensemble des collaborateurs, car parmi nos collaborateurs d’aujourd’hui, certains seront les managers de demain.
Quel bilan faites-vous de la mise en place d’un Comité Innovation ?
Il est un peu tôt pour un bilan, mais ce Comité est une belle réussite. C’est un engagement de l’accord QVT. La première réunion a eu lieu en avril 2018. Elle permet à la fois aux collaborateurs de proposer des idées d’innovation sur les produits, process et marchés et à l’entreprise de tester auprès des collaborateurs des projets nouveaux et innovants.
Quelles sont les principales mesures de votre accord UES Unité économique et sociale sur la QVT ?
L’accord comprend un axe fort sur la parentalité avec les mesures suivantes :
- la mise à disposition de berceaux de crèches,
- l’accès à une plateforme digitale d’aide aux devoirs (15 % des collaborateurs l’utilisent),
- le don de jours de repos entre salariés pour tout profil d’aidant avec un abondement de l’entreprise les cinq premiers jours.
Concernant le télétravail, nous avions un vrai désir de répondre à cette demande de nos salariés et de lever les freins traditionnels pour une entreprise comme la nôtre du fait notamment de la protection des données de nos clients, et ce afin d’améliorer l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle. Le télétravail est une mesure intégrée à notre accord sur la QVT. Six mois après sa mise en place, près de 65 collaborateurs y ont recours, ce qui est une très belle réussite car, sur notre effectif global, près de 250 salariés sont des itinérants. Le télétravail est perçu comme une vraie souplesse pour les fonctions support et middle management. Primonial avait aussi la maturité pour la pratique du télétravail grâce à un environnement digitalisé. Nous avions instauré un droit à la déconnexion lors de la sécurisation des forfaits jours qui a été élargi lors de la mise en place du télétravail.
Comment vous préparez-vous à la mise en œuvre du prélèvement à la source ?
Nous avons la chance de collaborer avec ADP
• Statut : société américaine cotée sur le Nasdaq. Siège social installé à Roseland (New Jersey).• Mission : édition de solutions logicielles de gestion RH, de paie et de gestion du capital humain…
, un éditeur fortement expérimenté qui a travaillé étroitement avec le Gouvernement sur ce sujet. Nous prévoyons un plan de communication qui commence mi-juillet 2018 sur les grands principes du prélèvement à la source. Puis, lors de la première quinzaine du mois de septembre 2018, nous allons mettre en place des ateliers d’information car nous voulons privilégier l’échange, et ainsi répondre aux interrogations et expliquer les cas particuliers comme les cas d’arrêts maladie, les CDD courts…. Nous prévoyons aussi, avec ADP, de mettre à disposition de nos salariés une simulation d’un bulletin de paie à l’automne 2018 pour anticiper l’échéance du 01/01/2019. Il nous semble important de les projeter dans ce nouveau mécanisme afin de lever les inquiétudes et les incompréhensions. Le prélèvement à la source peut générer beaucoup de difficultés de compréhension des collaborateurs, notamment pour ceux qui disposent d’une rémunération variable très fluctuante d’un mois sur l’autre et une confusion sur le rôle des acteurs du prélèvement à la source. Il faudra aussi une vigilance importante des équipes de paie car la moindre erreur pourra prendre un tout autre sens dorénavant.
Ne pensez-vous pas que le prélèvement à la source puisse générer un risque social ?
La mise en place du prélèvement à la source est davantage un enjeu de communication que de climat social. Elle nécessite une conduite du changement comme ce fut le cas pour le passage aux 35 heures. C’est pourquoi avec mes équipes RH, nous planifions des actions de pédagogie et d’information.
Quel est votre autre chantier RH ?
Un accord GPEC pour répondre à des enjeux de croissance du groupe »Nous allons ouvrir des négociations sur un projet d’accord sur la GPEC. Le groupe se développe et nous avons de nombreuses opportunités. Notre objectif avec un tel accord est de permettre aux collaborateurs d’avoir une meilleure visibilité et connaissance des possibilités d’évolution au sein de Primonial. La conclusion d’un accord GPEC chez nous vise à répondre à des enjeux de croissance du groupe. Nos défis seront d’accompagner les salariés vers plus de digitalisation des process et une réglementation accrue. Nous souhaitons aussi identifier les talents en les fidélisant car la moyenne d’âge des collaborateurs est de 40 ans et l’ancienneté de 6 ans. En moyenne, nos collaborateurs sont à une étape cruciale dans leur réflexion sur le parcours professionnel et les envies.
Où en êtes-vous dans la mise en place d’un management responsabilisant ?
Le management responsabillisant est la pierre angulaire de tout projet de GPEC. Au-delà de se sentir responsable de ses actes, il signifie que le manager a conscience de sa responsabilité vis-à-vis de ses collaborateurs et qu’il s’assure de leur bien-être. Pour les accompagner, nous proposerons à 15 d’entre eux, à l’automne 2018, de suivre un cycle de formation qui s’étalera sur 6 mois, alternant présenciel et sessions de coaching, sur les processus RH et l’identification des talents. Plus globalement, pour s’assurer du bien-être des équipes, tous les managers ont été invités, sur la base du volontariat, à suivre des ateliers sur la charge de travail, la transversalité, le soutien managérial, la souffrance au travail. L’objectif est de faire émerger leurs axes d’amélioration, de les aider à mieux définir les points bloquants, les identifier et gérer les situations de souffrance.
Où en êtes-vous sur la mise en place du CSE ?
Garder les sujets de négociation avec les délégués syndicaux et ne pas mettre en place le conseil d’entreprise »Les élections sur la partie UES et sur les autres entités sont prévues en 2019. La mise en place du CSE nous permettra de déployer un seul discours aux collaborateurs. Nous avions constaté une frustration des autres instances qui n’avaient pas la même visibilité sur les projets du groupe soumis aujourd’hui à la consultation du CE. Toutefois, nous souhaitons garder les sujets de négociation avec les délégués syndicaux et ne pas mettre en place le conseil d’entreprise.
Vous avez lancé une campagne publicitaire de l’automne 2017. Est-ce une action marque employeur ?
C’est le souhait du président de Primonial, Stéphane Vidal, qui a un passé professionnel auprès d’une marque forte (ndlr : Le Club Med), de développer la notoriété de Primonial, connu dans le secteur de la Finance, un peu moins auprès du grand public. Concernant le volet RH, nous avons obtenu le label « Happy at Work » après une enquête menée auprès de nos 700 collaborateurs et nous avons été deuxièmes dans notre catégorie (celle des entreprises de 500 à 999 salariés). Nous avons aussi lancé un baromètre social en 2017. Nous communiquons sur toutes nos actions via les réseaux sociaux, y compris celles menées en région, où nous comptons une centaine de collaborateurs.
Quel est votre regard sur le projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » ?
Il s’agit d’une réforme très en profondeur et il y avait longtemps que nous n’avions pas connu un projet de loi sur la formation aussi ambitieux. La conversion des heures de formation du CPF en euros me semble plus lisible pour les collaborateurs. Nous avons eu du mal à les solliciter lors de la mise en place du CPF. Le système était complexe du fait que les formations étaient inscrites sur les listes éligibles très restrictives. Pour ce qui nous concerne, il nous a été difficile d’exploiter ces formations éligibles en dehors des formations en bureautique ou en langue étrangère. Nous espérons une vraie relance du CPF et un nouvel élan à la reconversion professionnelle notamment par la substitution de l’actuel CIF Congé Individuel de Formation . En effet, le CIF arrivait à bout de souffle avec beaucoup de refus de prise en charge, engendrant ainsi une grande déception au sein des salariés qui avaient un projet de reconversion professionnelle. Nous attendons les décrets pour bien appréhender le financement de la formation qui est encore, à notre sens, flou.
Comment se positionne Primonial sur le projet de loi PACTE qui va favoriser la participation ?
Il aura peu d’impact chez nous car notre politique d’épargne salariale est très aboutie. Pour l’UES de plus de 500 salariés, nous proposons la participation, le plan d’épargne groupe avec abondement, le Perco également avec un abondement. Et nous avons mis en place en octobre 2017 un fonds d’actionnariat salarié sur les titres non côtés du Groupe. La grande vertu de ce projet de loi PACTE est l’harmonisation des seuils car nous avons plusieurs entités juridiques avec des effectifs à moins de 10 jusqu’à 200 personnes. En termes de lisibilité pour la paie, c’est une bonne mesure compte tenu de la complexité de l’Urssaf.
Adilia Lopes
Membre du Comex @ Primonial
DRH @ Primonial
Parcours
Membre du Comex
DRH
DRH
Manager de Transition
Responsable du département RH
Responsable ressources humaines
Établissement & diplôme
Titulaire d’un DESS Gestion d’Entreprise
Fiche n° 31903, créée le 13/07/2018 à 16:30 - MàJ le 13/07/2018 à 16:44
Primonial
Catégorie : Entreprises de Taille Intermédiaire
Adresse du siège
15/19 Avenue de Suffren75007 Paris France
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Fiche n° 7407, créée le 13/07/2018 à 04:46 - MàJ le 13/07/2018 à 17:20