En quoi consistent les Rencontres nationales organisées par l’association Ainoa ?

Le principal intérêt de cet événement réside dans sa capacité à rassembler tous les acteurs autour d’une même dynamique. C’est cette approche transversale qui fait la richesse de ce moment.

Il s’agira d’un temps d’échanges, mais aussi de projection : imaginer ce que sera la formation de demain. Même si nul ne peut prédire l’avenir, cette réflexion collective sera essentielle pour anticiper les évolutions à venir.

Ces rencontres auront un caractère à la fois interdisciplinaire et intergénérationnel : juristes, financeurs, organismes de formation, représentants de la Région, de la CCI Chambre(s) de Commerce et d’Industrie et d’autres acteurs échangeront autour de ce sujet commun. C’est de cette diversité que naîtra la richesse de la réflexion collective.

Qu’attendez-vous de ces rencontres ?

Ce moment vise à décloisonner l’écosystème  »

L’objectif est de réunir l’ensemble des acteurs du secteur. Sur les sujets relatifs à la formation professionnelle, il apparaît clairement que nous ne pouvons pas fonctionner de manière verticale. Nous ne pouvons pas avoir, d’un côté, les organismes de formation, de l’autre, les financeurs, et ailleurs, les innovateurs chargés de concevoir des solutions.

Cet événement constitue une étape essentielle, car il réunit l’ensemble des acteurs. Ce moment vise à décloisonner l’écosystème autour de ce sujet essentiel qu’est la formation ouverte à distance, laquelle impacte directement la pédagogie et la manière de concevoir la formation.

Ce point est particulièrement important, notamment au regard du grand débat qui a eu lieu sur le financement de la formation ouverte à distance : s’agit-il d’une pédagogie dégradée ou non ?

Le fait de réunir l’ensemble des acteurs, y compris les chercheurs, permet de progresser vers un socle commun, un cadre partagé d’analyse et de compréhension. C’est sans doute le seul moment où l’ensemble des acteurs est réuni autour d’un thème qui nous semble essentiel, notamment en tant que financeurs de la rencontre.

C’est là, à mon sens, la véritable valeur ajoutée de cette initiative, renforcée par la présentation d’innovations pédagogiques.

Comment cet événement permet-il aux acteurs de se projeter dans l’avenir de la formation professionnelle ?

Il sera notamment l’occasion de revenir sur trente années d’évolution et d’innovation dans ce domaine, tout en se tournant vers l’avenir. L’objectif est de réunir l’ensemble des acteurs afin de réfléchir collectivement à la question suivante : que se passera-t-il demain et comment nous projeter ensemble ?

Nous ne pouvons construire l’avenir qu’en ayant conscience de notre histoire et de notre identité. Ce sont là les fondements essentiels pour définir la direction que nous souhaitons prendre collectivement.

Cette démarche de projection constitue la véritable force de ce moment d’échange : comprendre le chemin parcouru au cours des trente dernières années pour mieux imaginer et construire ensemble l’avenir.

Cette évolution est globale. Elle concerne à la fois l’innovation technologique, l’innovation pédagogique et le cadre juridique.

Le secteur est-il inquiet sur l’avenir de la formation à distance ?

Transformer la formation à distance en un véritable outil pédagogique d’avenir »

Des inquiétudes existent naturellement, comme pour tout secteur en mutation. Cependant, l’enjeu est de dépasser ces préoccupations conjoncturelles pour transformer la formation à distance en un véritable outil pédagogique d’avenir. Les mutations numériques nous y invitent ; il s’agit donc de construire ce futur ensemble. Notre approche n’est pas défensive, mais tournée vers la projection et l’anticipation.

En tant que financeurs, nous observons déjà les effets de ces évolutions sur la pédagogie. Nous devons nous y acculturer et adapter nos méthodes d’évaluation. Nos conseillers, chargés d’examiner les dossiers de financement de reconversion, intègrent désormais des critères liés à la pertinence et à la qualité des parcours, notamment lorsqu’ils comportent une part de formation à distance.

Cette démarche contribue aussi à professionnaliser l’ensemble des acteurs impliqués et à repenser nos pratiques d’évaluation. La carte du monde de la formation évolue, et il nous appartient de l’actualiser en permanence pour l’intégrer dans nos analyses et nos décisions.

Notre rôle de financeur implique également une capacité de recul. Nos évaluations nous permettent déjà d’identifier les modalités qui fonctionnent le mieux. Par exemple, pour les parcours de reconversion intégralement à distance, nous avons constaté l’importance d’inclure des périodes de stage pratique en entreprise : cette combinaison améliore sensiblement la réussite des parcours.

Nous disposons aujourd’hui de premiers retours solides et de données concrètes, qui nous permettent d’identifier ce qui fonctionne et ce qui doit être ajusté. Ces constats sont essentiels pour optimiser les parcours de reconversion, notamment dans les territoires où l’accès à la formation de proximité demeure difficile. Il faut toutefois veiller à éviter toute fracture numérique ou tout dispositif à deux vitesses.

L’association entre formation à distance et immersion professionnelle s’avère donc décisive. C’est en équilibrant ces approches que l’on garantit la qualité des parcours.

Lors des éditions précédentes, le fait de réunir tous ces acteurs a-t-il permis de faire évoluer plus rapidement certains sujets ?

Nous avons présenté notre charte des bonnes pratiques des formations multimodales »

Lors des dernières rencontres, nous avons présenté notre charte des bonnes pratiques des formations multimodales fondées sur des critères communs, ce qui constitue une avancée très intéressante.

Ce chantier, qui réunit la Caisse des Dépôts, les Transitions Pro, France Travail et les Opco Opérateur de compétences , vise à définir une grille de lecture pour l’évaluation des actions de formation ouverte à distance, qu’elles soient synchrones ou asynchrones.

Cette approche permet de disposer d’un outil conçu et élaboré par ceux qui ont pour mission d’évaluer les actions de formation. Il nous a semblé pertinent que cette initiative émane de ces acteurs. Ce travail apporte une réelle valeur ajoutée à l’écosystème et confirme qu’il n’est plus possible aujourd’hui de travailler de manière isolée.

Cette grille de lecture sera présentée lors des Rencontres à Angers aux différents acteurs du secteur. L’objectif est avant tout de disposer d’un outil commun que nous pourrons intégrer à nos propres missions d’évaluation en tant que financeurs.