« Enfin un accord qui s’attaque sérieusement au problème de l’emploi des seniors » (Benoît Serre)
« Le Medef
• Organisation patronale représentative au niveau national et interprofessionnel• Création : le 27/10/1998 (en remplacement du CNPF)• Chiffres clés :- Fédérations adhérentes (2023) : 99- Entreprises…
a évolué sur le contrat de valorisation de l’expérience et les syndicats sur la retraite progressive. Maintenant, le secret reste la mise en œuvre de ces mesures. La bonne nouvelle, c’est qu’on a enfin un accord qui essaie de s’attaquer sérieusement au problème de l’emploi des seniors, qui constitue une spécificité française. On ne peut pas accepter d’avoir un taux d’emploi des seniors qui soit beaucoup plus faible que la plupart des pays d’Europe. Une petite musique disait que la situation démographique résoudrait le problème de l’emploi des seniors de manière mécanique. Signer cet accord, c’est aussi reconnaître que ce n’est malheureusement pas si simple. Mais j’espère que les partenaires sociaux ne considèrent pas que ce travail est fini. Il y a encore beaucoup de choses à faire pour corriger le phénomène », déclare Benoît Serre
Partner & director HR - People strategy @ Boston Consulting Group (BCG) • Vice-président puis vice-président national délégué @ Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH)
, Vice-président délégué de l’ANDRH
Association nationale des directeurs des ressources humaines
, à News Tank le 21/11/2024.
« J’ai imaginé ce CDI senior dans un article pour News Tank, puis j’ai porté cette proposition au nom de l’ANDRH. Deux inquiétudes persistent à propos de l’emploi des seniors. D’un côté, les seniors sans emploi vivent dans l’inquiétude de ne pas atteindre le taux plein et, de l’autre, les entreprises redoutent le manque de prévisibilité quant à la date de départ à la retraite des seniors. Le CDI senior, qui peut s’arrêter au moment où l’employé est à taux plein, au choix de l’entreprise, répond à ces deux objectifs. Ce n’est pas idéal, mais on est confronté à une situation très particulière en France, une sorte de scandale social auquel il faut mettre fin. Utilisons toutes les méthodes pour cela », ajoute le vice-président délégué de l’ANDRH.
« Nous entrons dans une phase de retour d’un chômage de masse relatif en France, puisque l’OCDE
Organisation de coopération et de développement économique
annonce près de 8 % de chômage pour la fin 2025. Si le chômage repart à la hausse, les premières victimes seront les jeunes et les seniors. Dans la configuration économique et sociale dans laquelle nous entrons, il faut un plan “un senior une solution”. »
Benoît Serre répond à News Tank
Les partenaires sociaux se sont arrêtés sur un projet d’accord national interpro sur l’emploi des seniors. Comment réagissez-vous à cet accord ?
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a un accord. Historiquement, le sujet avait échoué la dernière fois. Ce premier accord a été trouvé grâce à une évolution de positions des uns et des autres. Le Medef a évolué sur le contrat de valorisation de l’expérience et les syndicats sur la retraite progressive. Maintenant, le secret reste la mise en œuvre de ces mesures.
J’espère que les partenaires sociaux ne considèrent pas que ce travail est fini »La deuxième bonne nouvelle, c’est qu’on a enfin un accord qui essaie de s’attaquer sérieusement au problème de l’emploi des seniors, qui constitue une spécificité française. On ne peut pas accepter d’avoir un taux d’emploi des seniors qui soit beaucoup plus faible que la plupart des pays d’Europe. Une petite musique disait que la situation démographique résoudrait le problème de l’emploi des seniors de manière mécanique. Signer cet accord, c’est aussi reconnaître que ce n’est malheureusement pas si simple. Mais j’espère que les partenaires sociaux ne considèrent pas que ce travail est fini. Il y a encore beaucoup de choses à faire pour corriger le phénomène.
Et sur le CDI de valorisation de l’expérience ? Constitue-t-il selon vous une avancée pour l’emploi des seniors ?
Utilisons toutes les méthodes pour mettre fin à ce scandale social »J’ai imaginé ce CDI senior dans un article pour News Tank RH, puis j’ai porté cette proposition au nom de l’ANDRH Association nationale des directeurs des ressources humaines . Deux inquiétudes persistent à propos de l’emploi des seniors. D’un côté, les seniors sans emploi vivent dans l’inquiétude de ne pas atteindre le taux plein et, de l’autre, les entreprises redoutent le manque de prévisibilité quant à la date de départ à la retraite des seniors.
Le CDI senior, qui peut s’arrêter au moment où l’employé est à taux plein, au choix de l’entreprise, répond à ces deux objectifs. Ce n’est pas idéal, mais on est confronté à une situation très particulière en France, une sorte de scandale social auquel il faut mettre fin. Utilisons toutes les méthodes pour cela.
Les DRH avec lesquels vous êtes en contact sont-ils demandeurs du dispositif ?
L’ANDRH a mené une enquête qui montre que 77 % des DRH sont en faveur de la création d’un « CDI senior ». Le collectif “Les entreprises s’engagent” œuvre aussi à améliorer le maintien de l’emploi des seniors. Si on travaille ensemble, on contribuera peut-être à augmenter leur taux d’activité.
La CPME Confédération des Petites et Moyennes Entreprises a défendu, tout au long de la négociation, une exonération de charges sur ce contrat. Qu’en pensez-vous sur le principe ?
Le Medef a aussi demandé cette exonération des charges, avant d’y renoncer. Il y a un sujet sur le coût du travail, qui pose un vrai problème et qui coûte très cher aux PME petites et moyennes entreprises . Cette position de la CPME est motivée, non pas uniquement par l’affaire du CDI senior, mais par la question du renchérissement du coût du travail pour l’employeur. Il serait dommage que cette revendication bloque, à elle seule, les avancées. Mais cela ne devrait pas être le cas.
Les branches et les entreprises de plus de 300 salariés ont désormais l’obligation de négocier sur le sujet tous les trois ans. Cela permettra-t-il de changer les mentalités sur l’approche des seniors ?
Les employeurs avaient l’obligation de négocier à propos de l’emploi des seniors tous les quatre ans. Ils doivent désormais le faire tous les trois ans. Je ne pense pas que cela fasse une grande différence. Augmenter le taux d’emploi des seniors, permettre aux entreprises de se rendre compte de la force que représente un senior expérimenté, c’est cela qui changera la culture, les mentalités. Les entreprises ont appris à mieux conserver les seniors à leur poste, avec le temps. Maintenant, il faut aller un cran plus loin et inciter, aider, soutenir l’embauche des seniors. C’est la meilleure manière de répondre aux freins culturels.
Sur la retraite progressive, l’accord ouvre un droit à partir de 60 ans. Est-ce un progrès pour l’aménagement des fins de carrière ? Ce droit doit-il, comme certains syndicats le demandent, devenir opposable ?
Ce droit deviendra peut-être opposable à l’avenir »Les cotisations sociales, notamment de retraites, sont calées sur la rémunération. Puisque les seniors en retraite anticipée ne travaillent pas à temps plein, ils ne nourrissent pas leur retraite de la même manière. Il est prévu, dans cet accord, que les cotisations retraites de ces personnes puissent être maintenues entièrement, pour les entreprises qui le souhaitent. On espère que beaucoup d’entreprises le souhaiteront.
Ce droit deviendra peut-être opposable à l’avenir, comme le souhaitaient les syndicats. C’est plutôt bien qu’ils aient accepté d’y renoncer et de trouver un compromis, car le principal reste que ce point ne soit pas un sujet de blocage.
Au-delà de ce que prévoit l’accord, avez-vous d’autres propositions pour renforcer le taux d’activité des seniors en France ?
Cet accord ouvre des portes mais les pouvoirs publics doivent continuer d’œuvrer sur le sujet. Il faut que l’État mette en place des politiques en faveur de l’emploi des seniors, en matière de préparation à la reconversion professionnelle, d’adaptation des conditions de travail et de reconnaissance des compétences, notamment par l’extension des contrats d’apprentissage à tout âge.
Il faut un plan “un senior une solution” »Il y a deux dimensions importantes concernant l’emploi des seniors : le maintien dans l’emploi, qui passe par l’adaptation des compétences et une vision claire de la fin de carrière, et l’embauche. Le CDI seniors répond en partie à cette seconde problématique. Mais on entre dans une phase de retour d’un chômage de masse relatif en France, puisque l’OCDE Organisation de coopération et de développement économique annonce près de 8 % de chômage pour la fin 2025. Si le chômage repart à la hausse, les premières victimes seront les jeunes et les seniors. Dans la configuration économique et sociale dans laquelle nous entrons, il faut un plan “un senior une solution”.
Benoît Serre
Partner & director HR - People strategy @ Boston Consulting Group (BCG)
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Fiche n° 25040, créée le 29/08/2017 à 12:43 - MàJ le 14/11/2024 à 15:43
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