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Transition écologique : « Une opportunité pour changer de modèle social » (P. Ferracci, Groupe Alpha)

News Tank RH - Paris - Actualité n°264219 - Publié le 16/09/2022 à 17:59
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3ème édition des « Débats d’aujourd’hui, Transformations de demain » - Groupe Alpha - ©  D.R.

« Le changement de modèle économique imposé par la transition écologique ne sera pas sans incidence sur notre industrie et sur nos emplois et nous devons anticiper les transformations profondes à venir. L’industrie automobile est le parfait exemple de ce besoin d’anticipation et de planification, tant ce secteur va mener une transformation structurante. L’avenir est à la formation et aux reconversions professionnelles, à l’économie circulaire, au recyclage des matériaux et au reconditionnement », déclare Agnès Pannier-Runacher Ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques @ Ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques
, ministre de la Transition énergétique, lors de la 3e édition des « Débats d’aujourd’hui, Transformations de demain » consacrée aux enjeux économiques et sociaux de la transition écologique et organisée par le Groupe Alpha • Groupe de conseil et d’expertise• Création : 1983• Missions : - accompagnement des représentants du personnel et des organisations syndicales (SECAFI),- conseil en organisation du travail et QVT… le 15/09/2022.

« Notre transition écologique, pour réussir, doit être juste. Elle ne doit pas aggraver la pauvreté dans le monde et devra plutôt résorber les inégalités sociales. Je rappelle à ce titre que les Gilets jaunes sont descendus dans la rue pour des problèmes de prix de l’énergie. Ils n’en sont pas moins désireux de protéger la planète. Si les politiques ne prennent pas conscience que cette transition doit être juste pour réussir, nous allons au-devant d’une catastrophe. La transition écologique représente une formidable opportunité pour changer de modèle social », indique Pierre Ferracci Président @ Paris FC (PFC) • Président-fondateur @ Groupe Alpha
, président du Groupe Alpha.

« 12 000 personnes seront formées chez Renault d’ici 2025, pour permettre à nos salariés de s’adapter aux changements majeurs que connaîtra notre industrie dans les 10 ans à venir. Je parle ici de formations lourdes pour de véritables changements de métiers. Notre dialogue social sera fondamental pour porter ces évolutions et les faire accepter parmi nos collaborateurs », ajoute Jean-Dominique Senard Président de l’Alliance @ Renault-Nissan-Mitsubishi • Président @ Renault Group • Vice-président @ Institut Montaigne
, président de Renault et de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi .

Participaient également au débat :
• Éva Sas, députée EELV de la 8e circonscription de Paris,
• Philippe Martinez Technicien métallurgiste @ Renault Group
, secrétaire général de la CGT Confédération Générale du Travail .

News Tank relate leurs interventions.


« Décarboner les processus de production dans l’industrie » (Agnès Pannier-Runacher)

Agnès Pannier-Runacher - ©  D.R.
« C’est un profond basculement qui obligera l’industrie automobile à repenser l’intégralité des chaînes d’approvisionnement, de la sous-traitance jusqu’à l’assemblage final. L’avenir est aux petits véhicules non-thermiques, efficaces et économes en ressources. Si nous ne savons pas les produire sur notre sol à un prix que les clients sont prêts à payer, d’autres le feront. Plus nous attendons, plus le réveil sera douloureux.

 Notre stratégie de transition énergétique repose sur 4 piliers :

  • La sobriété énergétique : nous avons lancé un pan de réduction de 10 % de notre consommation d’énergie d’ici 2 ans, la première marche pour atteindre une réduction de 40 % d’ici 2050. L’État et les entreprises sont à la pointe de ce combat. Nous devons collectivement partir à la chasse au gaspi ;
  • L’efficacité énergétique : rénover son logement, changer sa chaudière pour des solutions moins émettrices de gaz à effet de serre. Décarboner les processus de production dans l’industrie, c’est également de l’efficacité énergétique. L’industrie automobile est au cœur de ce combat et l’État sera aux côtés des entreprises pour leur permettre de réaliser ces changements ;
  • L’accélération du déploiement des énergies renouvelables : nous avons un urgent besoin de remplacement des énergies fossiles que le nucléaire ne pourra satisfaire à court terme et je présenterai dans les prochaines semaines un projet de loi pour y parvenir ;
  • La relance de notre filière nucléaire avec l’amélioration de notre performance opérationnelle et de notre productible nucléaire et la production programmée de 6 nouveaux EPR Réacteur nucléaire de 3ème génération . »

« La mobilité professionnelle ne représentera un espoir que si nous accompagnons les salariés » (Pierre Ferracci)

Pierre Ferracci - ©  D.R.
« Je suis assez perplexe face la décision de l’Union européenne d’accélérer le basculement de l’industrie automobile vers l’électrique. Il y a sans doute moyen avec le moteur hybride d’assurer une transition sociale plus douce. Un équilibre doit être trouvé pour les conséquences sociales de la transition soient atténuées. Des dégâts sociaux sont déjà à l’œuvre dans l’automobile : fermetures de fonderies, problématiques de compétences des salariés. Il nous faut donc mobiliser d’importants moyens en termes de reconversion et de formation, ce qui pourra créer chez les constructeurs des problématiques de moindre rentabilité. La transition écologique coûtera très cher ne pourra se faire sans l’adhésion du corps social.

Concernant le virage de l’automobile vers l’électrique, je rappelle que la production d’une voiture électrique est plus coûteuse que celle d’une voiture thermique. C’est pourquoi, comme Carlos Tavares, PDG Président-directeur général / Présidente-directrice générale de Stellantis • Constructeur franco-italo-américain de véhicules • Création : 16/01/2021 (fusion groupes PSA et FCA)• Missions : concevoir une offre de véhicules automobiles globale et offrir des solutions de… , l’a rappelé, le maintien de la viabilité économique des constructeurs nécessitera une augmentation sensible des gains de productivité de l’ordre de 10 % par an.

Cette augmentation de la productivité aura des impacts sensibles en matière d’emploi, d’organisation et de conditions de travail. 

Le dispositif Transco est un échec flagrant »

Sur la question des transitions professionnelles, le dispositif Transco Transitions collectives est un échec flagrant car trop coûteux et peu efficace compte tenu de la multiplicité des acteurs nécessaires à sa mise en place. Il nous faut des systèmes plus simples pour reconvertir les salariés. La mobilité ne représentera un espoir que si nous accompagnons les salariés.

Les décisions doivent se prendre autrement, que ce soit au niveau public ou au niveau des entreprises. Il est par exemple essentiel qu’un dialogue  entre salariés et directions s’instaure dans les entreprises particulièrement concernées par la transition environnementale. C’est nécessaire pour informer chacun sur les changements opérationnels qui interviendront dans les entreprises, les établissements et pour les salariés durant les prochaines années. » 

« La transition écologique pourrait générer entre 300 000 et 500 000 emplois » (Éva Sas)

Éva Sas - ©  D.R.
« La transition écologique est bonne pour l’économie. Elle pourrait créer entre 1,5 et 2 points de PIB à horizon 2030 et pourrait générer entre 300 000 et 500 000 emplois. L’horizon social n’est donc pas si négatif. Les entreprises sont aujourd’hui contraintes au changement, c’est indispensable pour leur compétitivité et  pour leur attractivité auprès des talents. Sur un marché de l’emploi de plus en plus tendu, les organisations ont bien compris qu’elles doivent donner du sens à leurs métiers, faute de quoi les jeunes diplômés n’iront pas travailler chez elles. 

La transition écologique détruira aussi des emplois, c’est une réalité sociale que nous ne devons pas cacher. C’est pourquoi il nous faut reconvertir les entreprises, les salariés mais aussi les territoires trop souvent dépendants d’une seule activité industrielle. Je pense notamment à l’aéronautique dans la région de Toulouse. Le Shift Project prévoit la destruction de 300 000 emplois dans l’industrie automobile. Mais des créations d’emploi se feront parallèlement dans la rénovation thermique des bâtiments et les énergies renouvelables. Les dispositifs de transition sont aujourd’hui insuffisants et devront monter en puissance pour permettre la pérennité des entreprises, des emplois et de l’activité économique des territoires. 

Des opportunités s’ouvriront aux salariés dans le cadre de la transition. Je pense par exemple aux manutentionnaires, aux personnels  au sol de l’industrie aéronautique. Ces salariés sont preneurs de possibilité d’évolution dans des secteurs aux conditions de travail moins difficiles. Il nous faut être en capacité d’assurer ces transitions. »

Le dispositif Transco, qui permet d’identifier des emplois menacés dans une entreprise pour reconvertir les salariés vers des emplois en tension est de ce point de vue intéressant. Il ne rencontre malheureusement pas un grand succès. Il nous faut identifier les freins et massifier ce type de dispositifs pour accompagner les mutations.

« La transition écologique se jouera à 3 niveaux : contenu, rythme et anticipation » (Jean-Dominique Senard)

Jean-Dominique Senard - ©  D.R.
« Les entreprises sont actives sur le sujet de la transition écologique. Les progrès technologiques réalisées depuis plusieurs années vont dans le sens d’un meilleur respect de l’environnement : je pense à l’avènement des pneus verts lancés par Michelin dans les années 1990, un progrès technologique phénoménal. 

La transition juste qu’évoque Pierre Ferracci se jouera à 3 niveaux :

  • Son contenu : Renault oriente sa stratégie vers une concentration plus importante de la création de valeur ajoutée en France. Nous avons pris la décision de lancer la construction de 9 nouveaux modèles de véhicules sur le territoire français, avec une technologie et une recherche françaises. Nous recruterons pour cela 2 500 personnes dans les années qui viennent, dont 2 000 ouvriers pour nos usines. 700 000 véhicules Renault seront produits chaque année en France d’ici 2030.
  • Son rythme : le temps long est important dans notre industrie. Nous investissons pour les 40 ans qui viennent. Renault sera au rendez-vous des nouvelles réglementations environnementales, avec 90 % de véhicules électrifiés d’ici 2030. 
  • Son anticipation : compte tenu des délais très courts de transition vers l’électrique imposés par les nouvelles règlementations, l’anticipation est indispensable pour les chefs d’entreprise, et c’est par la formation que nous pouvons anticiper au mieux le virage vers l’électrique. La responsabilité est collective, et nous aurions depuis 10 ans du investir davantage pour former les personnels vers les métiers d’avenir. Nous avons fait une erreur collective dont nous payons aujourd’hui le prix. »

« Associer les salariés et les citoyens aux décisions concernant la transition » (Philippe Martinez)

Philippe Martinez - ©  D.R.
« Pour avoir une transition juste, il faut convaincre, or les décisions qui sont aujourd’hui prises dans le cadre de la question environnementale se font sans consulter les salariés. C’est la raison pour laquelle un grand nombre d’entre eux ne perçoivent pas la transition comme un facteur de justice. On nous impose des décisions venues d’en haut, c’est-à-dire des directions et du Gouvernement, et on demande ensuite aux syndicats de les faire accepter. C’est une méthode qui n’est pas comprise.

La stratégie de Renault qui consiste à n’envisager la transition écologique que sous l’angle de la rentabilité n’est pas acceptable, et ne pourra pas susciter l’adhésion des salariés. Les décisions doivent donc être partagées et discutées avec toutes les parties prenantes. Le temps long des investissements industriels montre que la stratégie de rentabilité immédiate n’est pas viable économiquement. Nos entreprises doivent le faire comprendre à leurs actionnaires.

L’urgence sociale et l’urgence climatique vont de pair car nous ne pourrons pas sauver la planète en menaçant les emplois des citoyens. Des expériences montrent que l’expertise des salariés est indispensable aux entreprises pour anticiper les changements, pour réaliser les investissements nécessaires, et pour lancer les formations qui permettront d’adapter nos emplois à la transition écologique. » 

Groupe Alpha

• Groupe de conseil et d’expertise
Création : 1983
Missions :
- accompagnement des représentants du personnel et des organisations syndicales (SECAFI),
- conseil en organisation du travail et QVT (SEMAPHORES),
- conseil en management (TH CONSEIL),
- conseil en expertise comptable (GVA),
- accompagnement et études auprès des organismes de formation, des branches professionnelles, des Opco et des entreprises (LAFAYETTE).
• CA : 102 M€ (2023)
• Effectifs : 900 personnes
Président du conseil d’administration : Pierre Ferracci
Directrice générale : Estelle Sauvat
Secrétaire général  : Thierry Hubert
DRH : Frédéric Clinckemaillie
Contact Caroline Olivier, responsable communication, relations presse & réseaux sociaux
• Tél. : 01 53 62 70 00/06 74 29 69 61



Catégorie : Etudes / Conseils


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75013 Paris France


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Fiche n° 5893, créée le 05/10/2017 à 05:27 - MàJ le 25/10/2024 à 16:53

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