« Les CFA ont une attente forte vis-à-vis du plan de relance de l’apprentissage » (R. Hubert, Fnadir)
« Nos adhérents, dirigeants de CFA
Centre de formation d’apprentis
ont une attente forte vis-à-vis du plan de relance de l’apprentissage. Les mesures d’aides aux employeurs et aux apprentis annoncées sont primordiales. Nous espérons qu’elles permettront d’atteindre, à la rentrée de septembre 2020, ceux de la rentrée 2019 », déclare Roselyne Hubert
Directrice Pôle national Alternance (Paris) @ Groupe IGS • Vice-Présidente @ Association régionale des directeurs et directrices de CFA. ARDIR AURA • Présidente @ Fnadir
, présidente de la Fédération nationale des associations régionales des directeurs et directrices de CFA, directrice du Pôle Alternance et Apprentissage du Groupe IGS à Lyon dans un entretien avec News Tank, le 20/07/2020.
« La Fnadir est aussi attentive à l’articulation entre le plan de relance de l’apprentissage et le plan sur l’emploi des jeunes » qui va résulter de la concertation avec les partenaires sociaux qui débute « dès le début de la semaine prochaine », soit à partir du 20/07/2020 selon l’entourage de la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, Élisabeth Borne. Cette concertation fait partie des nombreux chantiers ouverts par le Premier ministre, le 17/07/2020 à l’issue de la Conférence du dialogue social organisée à Matignon avec huit organisations syndicales d’employeurs et de salariés (CPME, Medef, U2P, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO).
Roselyne Hubert, présidente de la Fnadir répond aux questions de News Tank
Avez-vous déjà une idée des secteurs et des employeurs qui pourraient, cette année, ne pas accueillir d’apprentis en raison de la crise provoquée par la Covid-19 ?
Les perspectives d’effectifs apprentis fin 2020 sont en retrait de l’ordre de -12 % sur un an »Grâce à l’enquête flash que la Fnadir a menée le 18/05/2020 sur les effets de la Covid-19 sur la situation financière prévisionnelle 2020 avec le cabinet Orcom (expertise, comptable, audit et conseils) auprès de l’ensemble des CFA Centre de formation d’apprentis qui sont des adhérents du réseau, nous pouvons estimer la baisse des pré-inscriptions pour la rentrée de septembre/octobre 2020 entre -10 % et -30 %. Elle sera partiellement amortie par la hausse des effectifs de 2019 (+4 % vs 2018), mais les perspectives d’effectifs apprentis fin 2020 sont en retrait de l’ordre de -12 % par rapport aux effectifs à fin 2019 qui ont été pris en compte pour le budget prévisionnel 2020 établi avant la crise.
Les entreprises qui ont l’habitude de recourir à l’apprentissage devraient cependant accueillir des apprentis cette année. La plupart des grandes entreprises ont d’ailleurs maintenu leurs campagnes sur l’apprentissage mais rien n’est sûr. Tout dépend des secteurs professionnels qui sont plus ou moins affectés par la crise sanitaire comme l’hôtellerie/restauration et l’événementiel par exemple, deux secteurs extrêmement touchés.
De nombreux employeurs ne se projettent pas sur un contrat d’un, deux ou trois ans »Les TPE/PME qui emploient d’habitude de nombreux apprentis sont aussi celles qui sont le plus affectées économiquement par la Covid-19. L’aide à l’embauche (5 000 euros pour un apprenti mineur et 8 000 euros pour un majeur) va probablement les encourager à recruter mais nous rencontrons de nombreux employeurs qui se posent la question de la pérennité de leur structure dans les trois mois à venir et qui ne se projettent pas sur un contrat d’un, deux ou trois ans.
Cette situation peut-elle avoir un effet sur l’attractivité de l’apprentissage ?
Dans l’immédiat oui. Déjà, en temps normal, beaucoup de jeunes sont attirés par des secteurs qui offrent moins de contrats d’apprentissage qu’il y a de candidats. À l’IGS de Lyon par exemple, environ 400 jeunes veulent entrer chaque année en BTS Communication/Évènementiel et, dans le meilleur des cas, seulement 25 contrats d’apprentissage sont signés, alors que dans nos filières, nous manquons de jeunes pour le BTS Support à l’Action Managériale ou BTS Comptabilité par exemple. Cette année, nous n’allons pas pouvoir accueillir tous les jeunes.
Pour les apprentis « en sas » de 6 mois : une logique visant à compléter des « groupes classes » »Va aussi se poser la question de l’accueil par les CFA, pendant six mois au lieu de trois actuellement, des jeunes qui n’auront pas trouvé d’employeur au début de leur formation. Pour ces profils dits « en sas », beaucoup d’organismes vont adopter une logique visant à compléter des « groupes classes ».
Le fait que l’aide à l’embauche soit limitée aux contrats préparant à un diplôme jusqu’à la licence professionnelle (bac + 3, niveau 6 du RNCP Répertoire national des certifications professionnelles ) risque également d’avoir un effet négatif sur l’attractivité de l’apprentissage.
Où en est la question du taux de règlement des CFA par les Opco ?
En moyenne en janvier dernier, les CFA n’avaient qu’un mois et demi de trésorerie »Dans une déclaration commune du 24/06/2020, les 11 Opco Opérateur de compétences annonçaient un taux de règlement aux CFA de 82,5 %. Or, le précédent ministère du Travail nous avait certifiés qu’en février [2020], nous aurions un taux de 100 %. Certes les Opco doivent eux aussi s’adapter à la réforme de 2018 et cette situation est aussi liée au transfert aux Opco de la base Ariane, la banque de données nationale qui comprend tous les contrats d’apprentissage enregistrés par les chambres consulaires avant le 31/12/2019. La cinquième vague vient juste d’être injectée. La situation est cependant très différente d’un Opco à l’autre.
Tout le monde est impacté par la réforme du financement de l’apprentissage et plusieurs CFA ont envoyé avec retard les documents requis aux Opco parce qu’ils avaient notamment du mal à obtenir des entreprises les conventions de formation signées (nouvelle procédure instaurée par la réforme).
Cette situation limite les marges de manœuvre des CFA qui, en moyenne en janvier dernier n’avaient qu’un mois et demi de trésorerie. Cela sera encore plus difficile si les effectifs d’apprentis sont en dessous de ceux de la rentrée 2019. Les impacts en trésorerie se feront ressentir fin 2020 et encore plus en 2021 comme l’indique l’enquête réalisée avec l’Orcom.
Dès à présent, nous avons comme ligne d’horizon la re-fixation des coûts contrats par les branches qui va intervenir en 2021, c’est-à-dire très vite. Nous souhaitons que certains frais comme la facturation soient cette fois-ci pris en compte. Cela représente en moyenne pour un CFA deux heures de travail par apprenti.
La Fnadir elle-même est directement impactée pa la réforme du financement de l’apprentissage. Pouvez-vous préciser ?
Nous passons d’un schéma où les Régions étaient nos interlocuteurs à un système de coûts contrats élaborés par les branches professionnelles au niveau national. L’association a donc décidé de recourir à une consultante pour se professionnaliser à cet échelon national. Ce travail est en cours et sera présenté lors de notre prochaine assemblée générale extraordinaire.
Nous allons également recruter en septembre un apprenti qui interviendra en appui du bureau de la Fnadir, auprès du trésorier et sur nos actions de communication. Il devra aussi réaliser des études et des analyses pour nos pairs.
Roselyne Hubert
Directrice Pôle national Alternance (Paris) @ Groupe IGS
Vice-Présidente @ Association régionale des directeurs et directrices de CFA. ARDIR AURA
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Fiche n° 34798, créée le 01/04/2019 à 11:33 - MàJ le 24/01/2023 à 15:55