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Think 2018 : « Demain des mouvements du type Gilets Jaunes dans les entreprises ? » (J. Peyrelevade)

News Tank RH - Paris - Actualité n°134452 - Publié le 03/12/2018 à 17:21
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Jean Peyrelevade - ©  D.R.

« Maintenant que les gens ont trouvé les techniques qui permettent de remettre en cause l’exercice excessif du pouvoir par une petite caste, vous aurez un jour ou l’autre le même type d’action à l’intérieur des entreprises sauf dans celles où le partage du pouvoir aura progressé », déclare Jean Peyrelevade, ancien président du Crédit lyonnais, en conclusion de la première édition de Think RH, organisée à ESCP Europe, à Paris, le 29/11/2018.

« Les Gilets Jaunes sont une conséquence nécessaire et presque automatique des excès de la verticalité du pouvoir, du refus de le partager et de sa captation au sommet de la pyramide. »

« L’Allemagne et les pays d’Europe du Nord ont de meilleurs résultats économiques sur tous les plans en raison d’un seul facteur : une co-décision systématique entre les deux (collèges de) partenaires sociaux.( …) Le fait qu’il existe une solution à nos problèmes de dialogue social de l’autre côté de la frontière n’intéresse personne en France. »

« En connaissant les contraintes du métier de DRH en tant qu’ancien dirigeant, je peux vous dire “osez et soyez subversifs”. »


« Le patronat français fasciné par l’usage du capitalisme anglo-saxon »

  • « Les organisations syndicales sont atteintes malheureusement du même mal que les hiérarchies politiques, avec un risque de disparition élevée. » 
  • « Les mesures utiles de la loi PACTE Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises et des ordonnances ne font plaisir qu’au patronat. J’en ai fait partie donc j’apprécie… Nous aimons mieux décaler les seuils, ne pas être soumis à l’arbitraire du juge en matière de séparation., etc. »
  • « Le patronat français est fasciné par l’usage du capitalisme anglo-saxon où le patron et les actionnaires ont tout le pouvoir. L’entreprise est là pour enrichir les actionnaires et les syndicats sont à peu près inexistants. Ce modèle fascine aussi les syndicats en France car il permet de réaffirmer la lutte des classes. Comme cette situation est confortable à la fois pour le patronat et les syndicats, nous restons dans l’immobilisme. »

« Une co-décision systématique entre les deux partenaires sociaux  »

  • « L’Allemagne et les pays d’Europe du Nord ont de meilleurs résultats économiques sur tous les plans en raison d’un seul facteur : une co-décision systématique entre les deux partenaires sociaux.
  • La co-décision a démarré au Danemark à la fin du 19e siècle. Il y a eu une grève générale pendant plusieurs mois. Puis, est arrivée une journée de réconciliation nationale. La grève s’est arrêtée ; les principes de la co-décision ont été affirmés ; les partenaires sociaux se sont emparés de la responsabilité des entreprises et l’État est sorti du jeu. 
  • L’autre exemple historique date de 1982. Les Pays-Bas vivaient une grave situation économique. Les partenaires sociaux se sont réunis et sont sortis avec une recommandation commune : l’arrêt des mécanismes d’inflation salariale ; la modération voire la réduction de certains salaires au-dessus d’un certain niveau ; la réduction de la durée du travail. Là aussi, l’État est sorti du jeu. Le même phénomène s’est déroulé en Suède au début des années 90.
  • Les principes de la co-décision varient d’un pays à l’autre mais sont fondamentalement identiques : aucune décision n’est prise sans l’accord des deux parties (la direction générale de l’entreprise et les représentants des salariés). 
  • La notion de “patron jupitérien” n’existe pas. Le DG de l’entreprise est comme le capitaine d’une équipe de football. Pour que cela fonctionne, chaque joueur doit jouer la même partie. Le conflit est proscrit. Le droit de grève n’existe que pendant les périodes de renégociation des accords salariaux, soit environ 15 jours tous les 2 à 3 ans. En dehors de ces périodes, le droit de grève est interdit. En cas de conflit sur la base d’accords existants, ce n’est pas l’État l’arbitre mais un juge qui répond. Une chambre spécialisée existe aux Pays-Bas pour régler ce types de conflits. Ce qui règne, ce n’est pas la lutte des classes mais la coopération dans l’intérêt de l’entreprise.
  • En Allemagne, l’intermédiation n’a pas disparu. Aujourd’hui, le patronat allemand est heureux avec le système d’économie sociale de marché qui fonctionne avec une abstention volontaire de l’État. »

« Le CE est présidé par un salarié élu aux Pays-Bas »

  • « Chez KLM (compagnie aérienne des Pays-Bas), dont je suis administrateur, le CE est présidé par un salarié élu aux Pays-Bas. En France, il est présidé par le chef d’entreprise, qui envoie souvent son DRH. 
  • Toutes les propositions sont présentées au comité d’entreprise (CE) par le PDG et celui-ci ne peut avancer que s’il a un accord. Tant qu’il n’a pas d’accord, il ne peut pas prendre de décision. 
  • La loi impose aux administrateurs de prendre leurs décisions en fonction des intérêts de l’entreprise. »

Jean Peyrelevade


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Parcours

Banque Degroof Petercam France
Président directeur général
JP et associés
Gérant
Leonardo France
Président directeur général
Toulouse et Associés
Associé gérant
Crédit Lyonnais
Président directeur général
École polytechnique (X)
Maître de conférences puis Professeur d’Économie
Banque Stern
Président directeur général
UAP
Président directeur général
Compagnie financière de Suez et Banque Indosuez
Président directeur général

Établissement & diplôme

Paris V
DES Sciences économiques
Ecole de droit - Sciences Po
Diplômé - Section Économique

Fiche n° 31407, créée le 20/06/2018 à 11:41 - MàJ le 28/11/2018 à 10:25

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Jean Peyrelevade - ©  D.R.