Demandez votre abonnement gratuit d'un mois !

L’abonnement à News Tank RH est payant, merci de respecter la propriété intellectuelle et de ne pas transférer cet article sans autorisation préalable de News Tank RH.

CPF : « Décréter que le salarié devra être complètement autonome nous inquiète » (N. Gauthier/ IGS)

News Tank RH - Paris - Interview n°130351 - Publié le 12/10/2018 à 16:27
- +
©  D.R.
Nathalie Gauthier et Caroline End - ©  D.R.

« Nous nous posons de nombreuses questions sur les Opca qui vont devenir Opco Opérateur de compétences fin 2018. Nous nous demandons si tous les circuits de financement seront raccordés dès le début 2019. Le hors quota pour les écoles va diminuer. Or, il représente 10 % de notre budget. Même si nous avons une belle proximité avec les entreprises pour monter des partenariats, être soutenus, nos ressources risquent de diminuer alors que nous sommes en plein déploiement d’opérations de formation », déclare Nathalie Gauthier Déléguée régionale  @ Groupe IGS Auvergne Rhône-Alpes
, déléguée régionale du Groupe IGS pour la région Auvergne Rhône-Alpes, le 11/10/2018.

« Décréter que demain, le salarié devra être complètement autonome (via le CPF, Ndlr) nous inquiète. Comment va-t-il s’y retrouver dans l’ensemble du paysage de la formation ? Je ne suis pas sûre que l’application CPF avec les milliers d’offres de formation à disposition pourra répondre à ses attentes. » 

« La réforme de la formation continue tend à responsabiliser les personnes et à leur faire adopter une posture d’acteur de leur parcours professionnel. La monétisation du CPF peut être un atout pour certains, mais nous pouvons craindre une attitude de consommation à court terme, au détriment de la construction d’un vrai projet professionnel sur le long terme, avec tout l’accompagnement que nous pouvons assurer à ce jour », ajoute Caroline End Directrice de l’école IGS-RH à Lyon et de la Formation Continue @ Groupe Igensia Education
, directrice de l’IGS-RH à Lyon.  

« Pour financier le projet de formation d’un salarié nous avons été amenés à mobiliser plus de 7 sources de financements différents dernièrement. Nous étions sur une à 2 sources il y a 5 ans ! Nous assistons à une complexification du financement qui peut être décourageante pour la personne qui souhaite monter en compétences. »

L’école Pédagogia pour leurs formateurs salariés et indépendants, la politique de formation à destination des personnes en situation de handicap, le lancement d’un programme « pilote » à Lyon post-bac en septembre 2018 pour répondre aux besoins des entreprises dans la région AURA concernant le poste de chargé d’administration des RH : tels sont les autres sujets abordés par Nathalie Gauthier et Caroline End du Groupe IGS à Lyon.


Nathalie Gauthier, déléguée régionale du Groupe IGS pour la région Auvergne Rhône-Alpes et Caroline End, directrice de l’IGS-RH à Lyon

Nathalie Gauthier, vous avez été nommée déléguée régionale de la région AURA en janvier 2018, quelle est votre stratégie pour le Groupe IGS Lyon ?

Nous avons pour ambition collective de continuer notre développement et notre croissance malgré une concurrence qui continue à se développer. Nous sommes un ensemble d’écoles et de centres de formation indépendants. Nous développons nos activités grâce à nos champs d’interventions multiples :  la formation initiale, la formation continue inter et intra/sur mesure, l’alternance et l’apprentissage sur 8 filières de compétences : RH, Management/Finance, Communication/Journalisme, Commerce, Immobilier, Informatique, Santé et International.

D’autre part, nous souhaitons continuer à développer une pédagogie active, une pédagogie de l’encouragement qui correspond à notre ADN d’accompagnateur et de fournisseur de compétences aux entreprises.

Autres sujets importants pour nous :

• La digitalisation de l’ensemble de nos titres, pour les rendre plus accessibles, en distanciel ou en blended. Nous avons commencé par nos titres en Management et Développement des RH.  

• L’international : dans chacune des écoles, nous avons des étudiants internationaux. Nous constatons avec l’ESAM que les programmes en management et surtout en finance, intéressent de plus en plus les profils internationaux. Nous voulons développer l’accueil d’étudiants étrangers, mais aussi l’expatriation de nos étudiants. Beaucoup de nos formations, dès la première année s’effectue à l’international. Cela apporte de la maturité et prépare les étudiants autant pour leur vie professionnelle que pour leur vie personnelle.

• Notre école des formateurs lancée en 2017 et appelée Pédagogia pour nos formateurs salariés et indépendants. À Paris, Lyon et Toulouse, nous formons nos formateurs sur différentes facettes de la pédagogie. À Lyon, par exemple, nous avons un prochain atelier, le 05/11/2018, sur l’approche par les compétences ;  nous allons aussi travailler sur l’ingénierie pédagogique, sur les business games et sur toutes les modalités pédagogiques actives. Nous projetons de faire certifier 4 titres du niveau III au niveau I. 

Allez-vous être impactés par la loi du 05/09/2018 ?

Nathalie Gauthier :

Pour le moment, nous avons plus d’interrogations que de réponses sur la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage. »

Nous allons être impactés à plusieurs niveaux. Nous nous posons de nombreuses questions sur les Opca qui vont devenir Opco Opérateur de compétences fin 2018. Nous nous demandons si tous les circuits de financement seront raccordés début 2019. Ne risque-t-on pas le trou d’air avant que tout se mette en place ? 

Sur l’apprentissage, nous allons avoir un financement au contrat. Cela signifie que nous allons déployer les contrats d’apprentissage de la même manière que les contrats de professionnalisation. Mais comment sera évalué ce tarif ? Ce seront les branches qui travailleront sur cette dimension-là. Cela signifie-t-il que dans une même promotion, en fonction de l’entreprise dans laquelle sera l’apprenti, il y aura des tarifs  différents ?

Je trouve ce dispositif assez complexe et je suis inquiète sur la façon dont seront calculés ces tarifs, car nous n’avons pas les mêmes coûts que d’autres confrères. Nous sommes en absorption de l’ensemble de nos charges (locaux, personnel, etc), sans subvention.

Pour le moment, nous avons plus d’interrogations que de réponses sur la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage.

Comment évaluez-vous les effets de la réforme de la taxe d’apprentissage ?

Nathalie Gauthier : Le hors quota pour les écoles va diminuer. Or, il représente 10 % de notre budget. Même si nous avons une belle proximité avec les entreprises pour monter des partenariats, être soutenus, pour des opérations de formation que nous déployons. Nos ressources risquent de diminuer.

Je ne suis pas sûre que l’application CPF avec les milliers offres de formation à disposition pourra répondre à leurs attentes »

D’autre part, le fait de responsabiliser les salariés par rapport à leur choix de formation est une bonne chose. Mais décréter que demain, le salarié devra être complètement autonome (via le CPF, Ndlr) nous inquiète. Comment va-t-il s’y retrouver dans l’ensemble du paysage de la formation ? Je ne suis pas sûre que l’application CPF, avec les milliers d’offres de formations à disposition, pourra répondre à leurs attentes, même si nous savons discuter, accompagner et orienter les personnes qui ont des projets de formation. On nous avait présenté une réforme qui devait simplifier le dispositif. Je ne suis pas certaine que ce soit le cas !

Caroline End : La réforme de la formation continue tend à responsabiliser les personnes et à leur faire adopter une posture d’acteur de leur parcours professionnel. La monétisation du CPF peut être un atout pour certains, mais nous pouvons craindre une attitude de consommation à court terme au détriment de la construction d’un vrai projet professionnel sur le long terme, avec tout l’accompagnement que nous pouvons assurer à ce jour.  

Quelles solutions avez-vous donc trouvées au sein du Groupe IGS ?

Un certificat de maîtrise des compétences et de modularisation des titres.  »

Caroline End : Avant d’avancer sur la digitalisation de nos titres pour les rendre accessibles à un coût plus réduit et pouvoir rentrer dans le processus de monétisation du CPF, nous avons lancé, en 2014, une offre de certificat de maîtrise des compétences et de modularisation de nos titres.

Nous pouvons accéder à nos titres complets grâce à un système de capitalisation de certificats de maîtrise de compétences avec encore une fois un vrai projet professionnel identifié en amont et des certifications qui peuvent s’obtenir pendant une durée de 5 ans. C’est la durée de vie de nos titres avant qu’ils ne soient redéposés auprès de la CNCP Commission nationale de la certification professionnelle pour être renouvelés.

Pour financier le projet de formation d’un salarié nous avons été amenés à mobiliser plus de 7 sources de financements différents dernièrement. Nous étions sur une à 2 sources il y a 5 ans ! Nous assistons à une complexification du financement qui peut être décourageante pour la personne qui souhaite monter en compétences.

Quelles sont les sources de financement ?

Caroline End : Il y a des sources variées : l’autofinancement, les reliquats des DIF/CPF qui doivent s’écouler d’ici 2020, des financements et abondements des OPCA, des financements entreprise… Cette complexité du financement et cette lourdeur administrative affectent aussi nos équipes.

Nathalie Gauthier : Ce qui fait la spécificité du Groupe IGS et ce qui nous a toujours permis de rebondir et d’absorber les contraintes externes, c’est la diversité des dispositifs : nous proposons des programmes en formation initiale, en formation continue, par l’apprentissage, l’alternance et les dispositifs d’insertion. Avoir plusieurs activités permet de mieux gérer les impacts. Pour les petits organismes de formation, la réforme va être encore plus compliquée. C’est dommage, car c’est aussi chez « les petits » qu’il y a beaucoup d’innovation.

Caroline End : Certains de nos petits prestataires de formation sont déjà partis suite à la mise en place de Datadock. Ils restent travailleurs indépendants et intervenants externes. Ils ont jeté l’éponge face à la complexité administrative, les normes qualité. En même temps, cette réforme va permettre d’assainir un marché devenu pléthorique. Elle va nous permettre de mettre en avant une qualité que nous pratiquions sans l’afficher comme gage fort de professionnalisme, d’ajuster nos process, de la formaliser et de la démontrer.  

Quelle est votre politique en matière de diversité dont le handicap ?

Notre CFA lyonnais est labellisé H+ . »

Nathalie Gauthier : Depuis 2008, nous avons une mission Handicap, Hand’IGS à Paris avec des relais à Lyon. Proportionnellement à nos effectifs, nous sommes le centre de formation et écoles qui accueillent le plus de personnes en situation de handicap. Nous avons la capacité de les recruter grâce à nos partenaires, mais aussi à les accueillir et à les accompagner. Notre CFA lyonnais est labellisé H+ et nous travaillons cette dimension sur l’ensemble de nos programmes.

En formation continue, nous proposons aussi des formations dédiées à des personnes en situation de handicap en lien avec des besoins d’entreprise précis. Les recrutements de ces profils sont encore souvent compliqués malgré le soutien des différents acteurs et partenaires. Nous constatons parfois un manque de confiance de ces candidats qui ne viennent pas spontanément. Nous devons communiquer, promouvoir notre offre et organiser régulièrement des speed datings. Nous croyons à l’inclusion, à la diversité, mais aussi à des groupes dédiés : des entreprises travaillent régulièrement avec nous pour répondre à des besoins spécifiques.    

Caroline End : Le 08/10/2018, nous avons intégré 15 personnes en situation en handicap à la demande d’un certain nombre d’entreprises en partenariat avec le Medef pour une formation de gestionnaire de paie. Ces personnes sont en contrat de professionnalisation avec la volonté des entreprises de les intégrer à l’issue de leur formation. En 2017, nous avions mis en place le même dispositif et nous avions eu 98 % d’intégration au poste à la fin du contrat de professionnalisation. Nous allons aussi ouvrir fin décembre 2018, pour une population adulte, le même dispositif pour les réinsérer dans l’emploi avec un titre de vendeur-conseil en magasin. Le Groupe IGS accompagne à tout moment de la vie professionnelle. 

Vous avez accueilli le 17/09/2018 votre première promotion de Bachelor professionnel RH international post-bac. De quoi s’agit-il ?

Caroline End : La formation répond à une demande des jeunes et des entreprises de la région AURA. Nous sommes « pilote » à Lyon sur ce Bachelor. Il sera accessible sur le Campus de Paris en 2019, puis à Toulouse. Notre objectif est de former des gens opérationnels. 14 jeunes ont fait leur rentrée en septembre 2018. Et ils partent dès janvier 2019 pour un semestre à Dublin avec des cours en anglais. La dernière année, ils passent un semestre au Canada avec une partie de cours en français, l’autre partie en anglais, suivie d’un stage en entreprise.

À l’issue des trois années de formation, nous délivrons le titre de chargé d’administration des RH. Les jeunes diplômés peuvent entrer dans le monde du travail pour y occuper une fonction opérationnelle. S’ils souhaitent exercer une mission d’encadrement RH, ils peuvent poursuivre sur un cycle Mastère professionnel totalement en alternance, à la suite d’un processus de sélection pour s’assurer que les diplômés du Bachelor sont en capacité d’exercer des missions de responsabilité ou de direction en RH. 

Pourquoi ne pas avoir proposé ce Bachelor international en alternance ?

Nous avons battu des records avec 22 offres de stages par étudiant à l’IGS-RH de Lyon. »

Caroline End : Les jeunes bacheliers ne connaissent pas ou peu le monde de l’entreprise et encore moins l’opérationnalité de la fonction RH. Nous nous devons de les accompagner avant de leur donner accès à l’alternance. De plus, les entreprises sont confrontées à une pénurie très forte de stagiaires opérationnels. Elle est telle qu’en 2018, nous avons battu des records avec 22 offres de stages par étudiant à l’IGS-RH de Lyon sur les cycles de mastères 1 et 2. En moyenne, nous sommes à 5 ou 6 offres de stages par apprenant. La majorité des offres de formation RH est en alternance à ce jour. Or, des TPE/PME partenaires du Groupe ISG et de l’IGS RH recherchent en priorité des stagiaires opérationnels. 

Nathalie Gauthier : Dans chacune des écoles du Groupe IGS, il est possible d’effectuer un cycle Mastère professionnel en alternance sur la base de certains prérequis et en passant par le filtre d’une sélection. Le plus important est de valider avec les étudiants leur projet professionnel. Car notre vocation, c’est l’employabilité durable. Cet accompagnement pour nous est primordial. 

Nathalie Gauthier


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Parcours

Groupe IGS Auvergne Rhône-Alpes
Déléguée régionale 
Groupe IGS Lyon
Directrice régionale adjointe
Groupe IGS Lyon
Directrice adjointe en charge du développement

Fiche n° 32924, créée le 05/10/2018 à 10:49 - MàJ le 11/10/2018 à 10:06

Caroline End


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Parcours

Groupe Igensia Education
Directrice de l’école IGS-RH à Lyon et de la Formation Continue
The Adecco Group
Responsable de l’Université d’entreprise
The Adecco Group
Responsable Projets Ressources Humaines
The Adecco Group
Responsable Marketing
The Adecco Group
Responsable Gestion et Administration Commerciales
The Adecco Group
Responsable Gestion Commerciale & Financière
The Adecco Group
Responsable Développement Grands Comptes
The Adecco Group
Chef de Projet & Responsable du Contrôle de Gestion
ArcelorMittal
Contrôleur de Gestion
Sorema NA - filiale de Groupama Insurance Company
Contrôleur de Gestion

Établissement & diplôme

Groupe IGS Formation Continue
Executive MBA en Ressources Humaines Internationales
Ecole Supérieure de Gestion de Paris (ESG Paris)
Diplômée en Option Finance

Fiche n° 32969, créée le 11/10/2018 à 10:56 - MàJ le 11/10/2018 à 11:13
 

Groupe Igensia Education

Fédération d’associations indépendantes à but non lucratif (loi 1901) du secteur de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle
• Création  : 1975. Le Groupe IGS est devenu le Groupe Igensia Education en mai 2024
Missions : formation initiale et continue, alternance, apprentissage et insertion professionnelle dans huit filières de compétences et d’expertise métiers
• Organisation  : cinq pôles d’activité
- Pôle Écoles
- Pôle Alternance
- Pôle Formation continue
- Pôle Insertion
- Pôle Orientation
• Implantation : Le Groupe Igensia Education regroupe 10 écoles. Trois campus en France (Paris, Lyon, Toulouse) avec plus de 110 nationalités, et un réseau européen et international
Chiffres clés : plus de 200 programmes de bac à bac+6 ; 15 000 personnes formées chaque année dont 9 300 apprentis et titulaires de contrat de professionnalisation. 80 000 alumni (dont 20 000 dans la fonction RH) et 10 000 entreprises partenaires
Le groupe possède quatre laboratoires de recherche, trois incubateurs et un tiers lieu pédagogique incluant Learning Lab et fab lab
Directeur général exécutif : Stéphane de Miollis
DGA en charge des partenariats entreprise, alternance et insertion  : Nizarr Bourchada
Contact  : Anne-Sophie Van Eslande, responsable relation presse
Tél.  : 06 45 50 88 35



Catégorie : Enseignement Supérieur


Adresse du siège

1, rue Jacques Bingen
75017 Paris France


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Fiche n° 5530, créée le 30/08/2017 à 11:50 - MàJ le 01/10/2024 à 15:02



© News Tank RH - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »

©  D.R.
Nathalie Gauthier et Caroline End - ©  D.R.