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« Cadres : nous proposons la création d’un droit à l'éthique professionnelle » (L.Mahieu/CFDT Cadres)

News Tank RH - Paris - Actualité n°123458 - Publié le 26/06/2018 à 14:54
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© Vincent Colin
© Vincent Colin

• Les compétences transverses (management, la coopération, le leadership)
• l’autonomie (prise de décision, choix des méthodes, organisation)
• la responsabilité de ses décisions et de ses conséquences.

Tels sont les critères cumulatifs proposés par la CFDT, pour caractériser le statut de cadre. « Ces trois critères nous semblent primordiaux pour faire la différence entre un cadre et un non-cadre », estime Laurent Mahieu Secrétaire général @ CFDT Cadres • Chargé d'études RH @ RATP
, secrétaire fédéral de la CFDT, dans un entretien à News Tank le 22/06/2018.

La CFDT propose la création d’un droit à l'éthique professionnelle qui serait précisé dans un accord ou une charte de déontologie au niveau de l’entreprise. « Confronté à un ordre contraire à son éthique personnelle, un cadre doit pouvoir bénéficier d’une prise d’acte prononcée par un juge ». 

Nouveau patron de la CFDT Cadres depuis mai 2018, Laurent Mahieu n’a pas assisté au démarrage de la négociation interprofessionnelle, le 21/12/2017. Avec Patricia Blancard, négociatrice pour la CFDT Cadres depuis le début, il souhaite que cette négociation soit l’occasion de décrire les domaines de contraintes liés à la profession de cadre : les conditions d’exercice, la charge mentale et émotionnelle, la charge de travail. Objectif : développer la négociation en entreprise sur le sujet. 

Une deuxième réunion de négociation sur l’encadrement a suivi le 13/03/2018. Les rendez-vous prévus en avril et en mai 2018 ont été annulés. Tous les protagonistes assurent que les réunions reprendront en septembre, lorsque le nouveau président du Medef aura constitué ses équipes et « clarifié la position de son organisation sur le sujet ».


Laurent Mahieu répond aux questions de News

Cette négociation sur le statut de cadre a-t-elle des chances de reprendre ?

Il y a une volonté commune d’aboutir »

Il y a une volonté commune d’aboutir, mais jusqu'à présent le Medef s’est montré uniquement intéressé par le devenir du 1,5 %, c’est-à-dire des cotisations des entreprises pour la prévoyance spécifique des cadres. C’est un message négatif pour les cadres dont le statut ne semble pas intéresser les employeurs. Nous ne pouvons l’accepter. Nous sommes bien conscients que cette négociation est compliquée. Il est plus simple de parler tuyauterie que de définir le métier de cadre. Mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire.

Sur quels critères peut-on construire la définition d’un cadre ?

Trois critères nous semblent primordiaux : les compétences, le degré d’autonomie et les responsabilités. Un cadre a un certain niveau de connaissances techniques, juridiques, commerciales, financières, etc - acquis par l’expérience professionnelle et/ou une formation supérieure. À son expertise s’ajoutent des compétences transverses comme le management, la coopération avec des parties prenantes, etc. Il est capable de mener un projet ou une mission en déterminant les méthodes appropriées, en faisant preuve de créativité et de capacité à prendre des décisions pour parvenir à organiser son temps et les moyens à mettre en place afin d’atteindre l’objectif assigné. Enfin il est responsable de ses décisions et de leurs conséquences, y compris devant la loi.  

Faut-il un niveau de diplôme minimum ?

Nous souhaitons qu'à partir d’un certain niveau, les jeunes diplômés du supérieur obtiennent une reconnaissance cadre après une période en emploi de 24 mois maximum »

Il faut avoir l’ambition d’une certification des compétences de tous les cadres en cours de carrière en complément des diplômes obtenus en formation initiale. Nous pouvons nous appuyer sur le cadre européen des certifications du supérieur qui comporte huit niveaux, contre cinq à celui utilisé en France. Ce qui permettrait une plus grande précision.

Nous souhaitons qu'à partir d’un certain niveau, les jeunes diplômés du supérieur obtiennent une reconnaissance cadre après une période en emploi de 24 mois maximum, périodes d’alternance comprises. Sur ce point, les masters de l’université devraient bénéficier de la même reconnaissance que les diplômes décernés par les écoles d’ingénieur. À charge, pour les branches de décider des détails pour chaque niveau de diplôme.

Allez-vous jusqu'à demander un revenu minimum ?

Nous sommes pour l'établissement d’un revenu minimum “cadre” après quelques années en poste. De même pour les techniciens supérieurs et les agents de maîtrise. Nous le situons autour du plafond annuel de la Sécurité sociale, soit 3311 euros bruts par mois au 01/01/2018. Les situations sont très variées selon les secteurs d’activité aujourd’hui, mais 33 % des cadres sont payés en dessous de ce niveau. Nous estimons que le cadre doit disposer d’une rémunération adaptée aux compétences qu’ils mettent en œuvre. D’autant plus que si l’on accepte des rémunérations trop basses pour les cadres, c’est toute l'échelle des salaires qui est compressée derrière.

Allez-vous aborder la qualité de vie au travail ?

Il s’agit d’une de nos propositions : cette négociation doit être une opportunité pour développer la négociation dans les entreprises sur la qualité de vie au travail et l'égalité professionnelle. Nous souhaitons décrire les domaines de contraintes liés à la profession de cadre : les conditions d’exercice, la charge mentale et émotionnelle, la charge de travail. Sur ce dernier point, nous souhaitons que les entretiens annuels soient l’occasion de mesurer et d’encadrer la charge de travail des cadres en forfaits jours. Nous nous appuierons sur l’accord du 02/07/2008 sur le stress pour réclamer des mesures contre la mise sous pression par l'établissement d’objectifs disproportionnés et sur l’accord QVT-Égalité professionnelle de 2014.

Concrètement, comment faire pour éviter les mises sous pression ?

Nous pensons que les cadres, comme les autres salariés, ont besoin d’un espace de dialogue avec des pairs sur les risques professionnels qu’ils perçoivent. Comme par exemple, ceux liés à la charge mentale et émotionnelle, à l’impossibilité de se déconnecter dans certaines entreprises ou encore aux délégations de pouvoir trop larges. Ceci viendrait en plus de l’entretien annuel en face à face avec le manager.

Y a-t-il un autre point de négociation auquel vous tenez ?

Les cadres sont plus sujets que d’autres salariés à se poser des questions sur l'éthique des décisions à prendre »

Oui, nous proposons la création d’un droit à l'éthique professionnelle qui serait précisé dans un accord ou une charte de déontologie au niveau de l’entreprise. Les cadres sont plus sujets que d’autres salariés à se poser des questions sur l'éthique des décisions à prendre, car ils ont accès à plus d’informations sensibles et ont souvent des responsabilités professionnelles étendues. Si un cadre est amené à prendre une décision contraire à son éthique personnelle, il doit pouvoir se référer à un texte pour bénéficier d’une prise d’acte - prononcée par un juge -  et, en cas de séparation, il doit avoir accès à une indemnité et au droit au chômage, comme s’il avait été licencié.

Laurent Mahieu


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Parcours

CFDT Cadres
Secrétaire général
RATP
Chargé d'études RH
CESI
Président
Commission des titres d’ingénieur
Président
Commission des titres d’ingénieur
Vice-président
CFDT Cadres
Secrétaire général adjoint
CFDT Cadres
Secrétaire général adjoint
CFDT Cadres
Secrétaire national

Établissement & diplôme

Ecole centrale de Lille (Institut Industriel du Nord)
Diplomé

Fiche n° 31539, créée le 26/06/2018 à 14:13 - MàJ le 15/04/2020 à 14:56

Confédération française démocratique du travail (CFDT)

La CFDT (Confédération française démocratique du travail) est l’un des cinq syndicats historiques reconnus représentatifs au niveau national et interprofessionnel. Il est le premier syndicat en matière d’audience électorale en agrégeant les résultats aux élections professionnelles dans la fonction publique et dans le secteur privé.
Création  : 1919
Adhérents déclarés  : 612.205 au 31/12/2022
Effectifs  : 185 collaborateurs permanents et 148 collaborateurs administratifs au 31/12/2021
Secrétaire générale  : Marylise Léon
Secrétaire général adjoint : Yvan Ricordeau
Contact : Dominique Primault, attaché de presse
• Tél.  : 01 42 03 80 00



Catégorie : Syndicats de Salariés


Adresse du siège

4, boulevard de la Villette
75955 Paris Cedex 19 France


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Fiche n° 5019, créée le 11/05/2017 à 01:47 - MàJ le 18/04/2024 à 12:24

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