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« La culture managériale en France est marquée par une forme de défiance » (Olivier Mériaux, Anact)

News Tank RH - Paris - Entretien n°102475 - Publié le 29/09/2017 à 14:19
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©  D.R.
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« La culture managériale dans notre pays est très empreinte de taylorisme, d’une forme de défiance dans les relations de travail, ce qui restreint l’autonomie des personnes », déclare Olivier Mériaux, directeur adjoint de l’Anact Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail , à News Tank le 29/09/2017. Du 09 au 13/10/2017 aura lieu la Semaine pour la qualité de vie au travail organisée chaque année par l’Anact et le réseau des Aract Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail . « Un management de qualité, ça s’apprend ? » est le thème retenu cette année pour les débats qui se tiendront sur l’ensemble du territoire.

Olivier Mériaux répond par l’affirmative sur la base d'études européennes et de bonnes pratiques que recense le Livre blanc mis en ligne par l’Anact à l’occasion de la Semaine de la QVT. Il souligne cependant le retard de la France par rapport à ses homologues européens. « En forçant un peu le trait, on peut dire que nous formons à tout, sauf au management des hommes. (…) Les jeunes générations de managers plus sensibles que leurs aînés à l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle et aux marges d’initiatives qu’on leur laisse feront probablement bouger les organisations. Les dirigeants français doivent prendre conscience des enjeux d’un management de qualité. C’est le prix à payer pour éviter la fuite des talents. »


Olivier Mériaux, directeur adjoint de l’Anact

Pourquoi avoir choisi cette année le thème de l’apprentissage du « management de qualité » pour la semaine de la qualité de vie au travail  ?

Les différents travaux de l'Anact Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail , et en particulier le Livre blanc : « Apprendre à manager le travail » que nous avons mis en ligne le 26/09/2017, mettent en évidence certaines carences dans le domaine du management des hommes dans les cursus de formation initiale. On apprend aux étudiants à manager à peu près tout : les projets, l’innovation, la transition numérique, mais pas les hommes !

D’autre part, c’est un thème important pour les partenaires sociaux. L'ANI Accord national interprofessionnel du 19/06/2013 en faveur d’une politique d’amélioration de la qualité de vie au travail et de l'égalité professionnelle encourage la mise en place, dans les entreprises, de démarches de sensibilisation et de formation des managers en matière de gestion d’équipe et de comportements managériaux de nature à favoriser la qualité de vie au travail. Cette question était fortement présente dans le Contrat d’objectif et de performance 2014-2017 conclu par l’Anact avec l’État. Le Livre Blanc vient clore un cycle de travail, et on l’espère, en ouvrir un autre, plus tourné vers la transformation des enseignements.

Qu’entend-on par « management de qualité » ?

Nous nous référons aux indicateurs utilisés notamment dans l’ « Enquête européenne sur les conditions de travail » qui définissent cette notion de manière assez précise : un management de qualité doit permettre d’aider les collaborateurs à faire face aux aléas du travail au quotidien, à développer leurs compétences, à stimuler et reconnaître leur engagement, à comprendre le sens de ce qu’ils réalisent. C’est moins la dimension hiérarchique qui importe que la capacité du collectif de travail à soutenir les collaborateurs. Dans ce domaine, la France est très en retard. Elle occupe généralement le bas des classements européens. La difficulté à construire un management basé sur la confiance est même typiquement française. 

Trop souvent, les managers sont pris entre le marteau et l’enclume »

La culture managériale dans notre pays est très empreinte de taylorisme, d’une forme de défiance dans les relations de travail, ce qui restreint l’autonomie des personnes. Mais attention à ne pas se focaliser sur les pratiques individuelles dans une logique de recherche de responsabilité. Trop souvent, les managers sont « entre le marteau et l’enclume », car les organisations les placent dans des situations difficiles en les soumettant à des injonctions contradictoires ou à une avalanche de tâches de reporting et de contrôle qui les empêchent de mettre en œuvre un management de qualité.

Quelles sont les grandes lignes du Livre blanc ?

Repenser la formation initiale et continue et la manière dont elles regardent le travail est une priorité. Nous mettons l’accent sur l’enseignement au sein des grandes écoles qui forment le « top management » car cibler le management intermédiaire n’est pas suffisant. Les décideurs doivent prendre conscience de la nécessité de mettre en place un management de qualité dans leurs organisations afin d'éviter les risques psychosociaux, la démotivation, le turn over, la désorganisation et au final, un risque certain pour la bonne marche de l’entreprise et sa compétitivité.

Un management de qualité permet de prévenir les risques psychosociaux, la démotivation, la fuite des talents…  »

Nous avons mis en évidence certaines initiatives prises par des écoles et des entreprises qui alimenteront, nous l’espérons, les débats des tables-rondes et des ateliers qui seront organisés au cours de la semaine de la QVT, du 09 au 13/10/2017. Les jeunes managers constituent un levier majeur pour améliorer la qualité du management dans les organisation. Ils mettent en avant la qualité de vie au travail, l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Si les entreprises veulent attirer des talents et les fidéliser, elles doivent prendre en compte les aspirations des jeunes générations et ne pas brider leur autonomie. 

Olivier Mériaux


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Parcours

Cabinet Plein Sens
Directeur des études
Groupe Amnyos
Consultant senior (conduite et évaluation des politiques publiques, transformation des organisations) puis directeur associé

Établissement & diplôme

Sciences Po Grenoble (IEP Grenoble)
Doctorat en sciences politiques

Fiche n° 25795, créée le 20/09/2017 à 17:26 - MàJ le 24/01/2022 à 15:07

Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact)

• Établissement public administratif, sous tutelle du ministère du Travail, administré par des représentants de l’État, des salariés et des employeurs, il s’appuie sur un réseau de 16 agences régionales (ex-Aract)
• Création : 1973
• Mission : améliorer les conditions de travail, en agissant notamment sur l’organisation du travail et les relations professionnelles
Présidente : Sylvie Peretti
Directrice générale  : Caroline Gadou
• Contact : Catherine Guibbert, service de presse
• Tél. : 04 72 56 13 38


Catégorie : Etat


Adresse du siège

192, avenue Thiers
CS 800 31
69457 Lyon Cedex 06 France


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Fiche n° 5045, créée le 18/05/2017 à 12:02 - MàJ le 09/02/2024 à 19:06

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