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Centre Inffo : « Faire en sorte que l’opérateur ait encore 50 ans d’avenir devant lui » (Gwénaël Frontin)

News Tank RH - Paris - Interview n°417450 - Publié le
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©  D.R.
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« Anne de Blignières-Légeraud, la présidente élue en juin 2025, et moi-même, sommes là pour réussir la transformation de Centre Inffo • Association loi 1901• Création : 1976• Missions : - Contribuer au développement de la formation sur l’ensemble du territoire national,- Accompagner la dématérialisation du secteur de la… , pas pour accompagner sa disparition », déclare Gwénaël Frontin Directeur général @ Centre Inffo
, directeur général de l’association, à News Tank le 03/11/2025.

« Nous avons choisi de nous placer en procédure de sauvegarde de manière très anticipée et prudente, justement pour maximiser nos chances de réussite. Nous sommes, je le rappelle, très loin d’une situation de cessation de paiements. Notre objectif, avec des équipes pleinement impliquées à mes côtés, c’est de relever ce défi et de faire en sorte que Centre Inffo ait encore 50 ans d’avenir devant lui. »


Le PLF 2026 acte l’arrêt de la subvention du ministère du Travail à Centre Inffo. Qu’est-ce que cela signifie concrètement en termes de pertes chiffrées ?

L’arrêt de la subvention n’est pas une surprise, cela avait été annoncé en juin dernier. À titre de comparaison, la subvention s’établissait à 3,8 M€ en 2025. Cela fragilise le modèle de Centre Inffo, historiquement fondé sur sa mission de service public : informer, vulgariser et rendre accessibles les politiques, dispositifs et modes de financement de la formation professionnelle. Il est donc nécessaire de repenser l’ensemble pour retrouver un équilibre entre modèle économique et mission sociale.

Vous avez été nommé directeur général en septembre 2025, dans ce contexte « incertain ». Quelle est votre stratégie ? Et comment comptez-vous faire face aux défis financiers ?

Effectivement, la situation est délicate, avec une perte financière importante. Mais Centre Inffo dispose de nombreux atouts. D’abord, des actifs solides : une capacité reconnue à informer, former et accompagner, une notoriété forte avec des publications de référence, et surtout des équipes très compétentes, véritables piliers de la structure.

En parallèle, certaines de nos activités relevant du service public ne bénéficient plus de financements dédiés. Il faut donc repenser notre modèle et relancer notre dynamique commerciale. Nous disposons de produits de qualité et d’un potentiel important, notamment face à la croissance du nombre d’organismes de formation, de CFA Centre de formation d’apprentis ou encore des achats de formation en entreprise.

Il faut repenser notre modèle et relancer notre dynamique commerciale. »

Nous allons rééditer en 2026 l’ouvrage Le droit de la formation en fiches pratiques, probablement pour la dernière fois en version papier, avant un passage progressif au 100 % numérique. Dans les prochains jours, nous publierons également notre catalogue de formation 2026.

Enfin, une transformation sociale sera nécessaire pour adapter nos effectifs à ce nouveau modèle. Les équipes, pleinement mobilisées, travaillent déjà sur cette évolution et sur la préparation de l’avenir au-delà de 2026.

Cette transformation passe-t-elle par un modèle tout numérique ?

Oui. Les réflexions que je mène actuellement avec les équipes vont clairement dans ce sens. Les fiches pratiques, comme l’activité presse, constituent une source de connaissances et de références assez unique sur le marché.

Nous savons que notre clientèle historique reste attachée au support papier. Pour autant, la question se pose : ce format mixte papier/numérique est-il encore justifié ? Aujourd’hui, je n’en suis pas certain. Notre trajectoire me semble plutôt orientée vers une digitalisation complète de nos contenus.

Cette transformation est-elle déjà engagée ou en êtes-vous encore au stade de la réflexion stratégique ? Quand se mettra-t-elle réellement en place ?

Elle se mettra en place de façon graduelle. Pour ce type de changement, on ne peut pas décréter une date précise. Certaines évolutions sont déjà en cours. Le catalogue de formation 2026 en est un premier exemple. La commercialisation et la refonte numérique des fiches pratiques constituent un autre axe déjà engagé.

Nous travaillons également sur une refonte du site internet, avec l’intégration d’outils d’intelligence artificielle pour proposer des services complémentaires. C’est un développement qui demande un peu de temps ; les changements interviendront de manière progressive.

Renforcer notre présence sur la partie information événementielle. »

Par ailleurs, nous souhaitons renforcer notre présence sur la partie information événementielle - masterclass, grandes journées, conférences. C’est une programmation que nous sommes en train de construire et qui sera finalisée dans les semaines à venir, en cherchant à proposer des contenus au plus près des besoins de nos clients.

C’est aussi un changement de culture : Centre Inffo raisonnait jusqu’ici comme un opérateur de l’État, avec une logique d’usagers. Désormais, nous devons adopter une véritable approche client. Et l’un des axes importants de cette transformation, c’est précisément l’amélioration de cette relation client.

Centre Inffo est un opérateur singulier en France. C’est cette singularité que vous souhaitez valoriser ?

Oui, cette dimension est essentielle. Ma compréhension, en découvrant Centre Inffo et en approfondissant ma connaissance de l’écosystème, c’est que l’État fait aujourd’hui le choix de supprimer un opérateur qui jouait un rôle de médiation entre les politiques publiques de la formation professionnelle et leurs utilisateurs. C’est un choix que l’État assume, et il en a parfaitement le droit.

Mais ce que je constate, c’est que le paysage, loin de se simplifier, se complexifie à chaque nouveau texte, à chaque évolution des règles de financement. Ce besoin d’un médiateur, lui, ne disparaît pas : il reste même fondamental.

Je suis convaincu que Centre Inffo occupe une place unique pour continuer à jouer ce rôle. La différence, c’est que là où nous proposions auparavant des services gratuits ou faiblement tarifés, nous devrons désormais en développer davantage sous forme payante pour remplir la même mission. Mais le besoin, lui, demeure pleinement.

Le besoin d’un médiateur ne disparaît pas : il reste même fondamental. »

Centre Inffo compte 72 salariés temps plein. Des postes pourraient-ils être menacés ?

La transformation à venir aura nécessairement des impacts, mais il est encore trop tôt pour préciser lesquels. D’abord parce que la réflexion n’est pas totalement aboutie, ensuite parce qu’elle devra passer par la concertation avec le CSE et le conseil d’administration.

Ce qui est positif, c’est que nous disposons d’un peu de temps devant nous : nous sommes très loin d’une situation de cessation de paiements. Cela nous permet de construire un projet solide et durable. Pour le reste, il est encore un peu prématuré d’en dire davantage.

Peut-on envisager, à terme, une disparition de Centre Inffo ?

Je ne le crois pas. Ni Anne de Blignières-Légeraud, la présidente de l’association, élue en juin, ni moi, ne sommes venus pour cela. Nous sommes là pour réussir la transformation de Centre Inffo, pas pour accompagner sa disparition.

Nous avons choisi de nous placer en procédure de sauvegarde de manière très anticipée et prudente, justement pour maximiser nos chances de réussite. Nous sommes, je le rappelle, très loin d’une situation de cessation de paiements. Cette procédure nous permet au contraire de préparer sereinement la suite et de mener cette transformation dans de bonnes conditions.

Évidemment, ce type de processus comporte toujours une part de risque. Mais notre objectif, avec des équipes pleinement impliquées à mes côtés, c’est de relever ce défi et de faire en sorte que Centre Inffo ait encore 50 ans d’avenir devant lui.

Gwénaël Frontin


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Parcours

Centre Inffo
Directeur général
Matignon - Services du Premier ministre
Conseiller auprès de la Première ministre, chargé des relations sociales
Ministère du Travail et des Solidarités
Directeur adjoint du cabinet de la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion
Ministère de l’Emploi, du Travail et de l’Insertion
Conseiller sur le droit du travail au Cabinet de la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion (Gvt Castex)
Direccte
Directeur

Fiche n° 40024, créée le 20/07/2020 à 12:46 - MàJ le 30/10/2025 à 12:44

Centre Inffo

• Association loi 1901
Création  : 1976
Missions  :
- Contribuer au développement de la formation sur l’ensemble du territoire national,
- Accompagner la dématérialisation du secteur de la formation,
- Participer à l’information et au soutien des personnes bénéficiaires finales de la formation et du développement des compétences,
- Renforcer la professionnalisation et l’information des acteurs des ressources humaines, de l’orientation et la formation.
Présidente  : Anne de Blignieres-Légeraud, depuis le 25/06/2025
Directeur général  : Gwénaël Frontin, depuis le 29/09/2025
Tél.  : 01 55 93 91 68 / 01 55 93 91 91


Catégorie : Associations / Fondations


Adresse du siège

4 avenue du Stade de France
93218 La plaine saint denis Cedex France


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Fiche n° 7520, créée le 23/08/2018 à 03:40 - MàJ le 30/10/2025 à 12:45


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