
Coopération internationale : « Un levier pour contribuer à notre rayonnement » (Kassim Bouhou, Afpa)
« Nous répondons à une demande de l’action de la France à l’international, qui possède des accords de coopération, des intérêts économiques en divers points de la planète. Compte tenu de ses expertises et de ses compétences, l’Afpa
Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes
doit donc apporter de la formation à des personnes éloignées de l’emploi, accompagner la création de nouvelles normes, lutter contre l’économie informelle, mettre en place ou faire des diagnostics sur des besoins d’apprentissage et d’employabilité de la jeunesse », déclare Kassim Bouhou
Head of international cooperation @ Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa)
, directeur de la coopération internationale de l’Afpa
• L’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes est un Epic (Établissement public industriel) depuis le 01/01/2017, membre du service public de l’emploi • Création …
, à News Tank le 29/09/2025.
« L’Afpa est une agence très particulière, car elle s’adresse aux adultes et dépend du ministère du Travail. Beaucoup de pays ont plutôt un modèle sous tutelle de l’Éducation nationale. Nous, nous formons les personnes pour avoir un emploi, pour travailler sur le geste métier, nous les mettons en situation métier. C’est donc très spécifique. Et c’est aussi pour cette raison que l’Afpa est très recherchée, notamment pour des pays qui ont besoin de former rapidement dans divers secteurs, compte tenu de l’investissement ou des situations de crise. »
« Nous accueillons Michaël Ohier
Directeur général @ Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa)
, notre nouveau directeur général. Sans préjuger de l’avenir, la coopération internationale offre un levier qui contribue à donner un rayonnement, une image et un supplément de possibilités à l’Afpa. Cela ouvre d’autres horizons et fait valoir nos expériences et nos expertises. Nous avons 126 centres, avec à peu près 6 500 collaborateurs, et plus d’une centaine d’expertises. C’est énorme. Et il n’y en a pas une seule qui ne soit pas intéressante à l’international. »
Depuis quand l’Afpa Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes se tourne-t-elle vers l’international ?
Depuis sa création en 1949, l’Afpa a vocation à avoir une activité européenne et internationale. Dans le cadre de sa reconstruction, mais également dans le cadre des accords de main-d’œuvre, au moment où la France a eu besoin d’une migration importante pour se reconstruire, pour l’industrialisation ou pour les métiers des services.
La coopération internationale a d’abord eu un champ assez restreint, qui est grosso modo celui des anciennes colonies et de l’Outre-mer, avant de progressivement s’élargir. Cela s’est accentué avec ce qu’on appelle les nouvelles géographies, et le déploiement d’autres expertises que simplement celle de « former ».
Pourquoi une telle coopération internationale est-elle importante ?
Nous répondons à une demande de l’action de la France à l’international, qui possède des accords de coopération, des intérêts économiques en divers points de la planète, qu’elle accompagne.
Nous intervenons sur le champ de la question de l’égalité ou de l’inclusivité »Compte tenu de ses expertises et de ses compétences, l’Afpa doit donc apporter de la formation à des personnes éloignées de l’emploi, accompagner la création de nouvelles normes, lutter contre l’économie informelle, mettre en place ou faire des diagnostics sur des besoins d’apprentissage et d’employabilité de la jeunesse. Nous intervenons également sur le champ de la question de l’égalité ou de l’inclusivité sur le marché travail.
Ces thèmes sont des sujets de stabilisation économique et de croissance pour de nombreux pays. Des sujets de sécurité aussi. Comme garantir que les personnes puissent trouver un travail et en vivre dignement. Cela peut être également des questions de stabilisation après un conflit. Comme réintégrer des anciens combattants, des déplacés ou des personnes qui n’ont jamais travaillé dans un secteur devenu prioritaire. C’est ce qui est en train de se passer en Ukraine aujourd’hui, où il faudra mettre en place des dispositifs de formation accélérés.
Existe-t-il des équivalents de l’Afpa dans les autres pays ?
Dans la formation professionnelle comme dans l’emploi (et comme dans beaucoup d’autres secteurs), de nombreux pays se sont inspirés des modèles de leurs anciennes puissances coloniales. Mais c’est de moins en moins le cas. Les pays créent leurs propres modèles, qui répondent à leurs besoins.
L’Afpa est une agence très particulière, car elle s’adresse aux adultes et dépend du ministère du Travail. Beaucoup de pays ont plutôt un modèle sous tutelle de l’Éducation nationale. Nous, nous formons les personnes pour avoir un emploi, pour travailler sur le geste métier, nous les mettons en situation métier. C’est donc très spécifique. Et c’est aussi pour cette raison que l’Afpa est très recherchée, notamment pour des pays qui ont besoin de former rapidement dans divers secteurs, compte tenu de l’investissement ou des situations de crise.
Quelles coopérations internationales ont par exemple été mises en place ?
Je parlerais d’abord du projet de formation des inspecteurs du travail en Albanie. Étant donné que ce pays est candidat à l’Union européenne, il doit répondre à un certain nombre de critères européens de bonne gouvernance et de droit. Nous avons donc accompagné les inspecteurs à évaluer et à mesurer l’égalité de genre au travail sur divers secteurs, que ce soit privé ou public.
Je pourrais également donner l’exemple du Rwanda. Ce pays a choisi un modèle touristique très particulier, non pas de masse, mais sélectif et durable, en vue d’observer une faune et une flore très recherchée. Nous formons donc les opérateurs à Kigali, pour la mise en place de parcours touristiques durables. Cela va du pricing à la qualité de l’hôtellerie, des standards d’accueil à la sélection des opérateurs de transport.
Autre projet qui nous tient beaucoup à cœur : l’Ukraine, dans le cadre de la reconstruction d’un pays en guerre. À Tchernihiv, nous formons des personnes au métier du bâtiment, et notamment à l’isolation et à l’efficacité énergétique. Cela passe par l’inclusion de personnes éloignées de l’emploi ou des publics spécifiques. Ce pays est également candidat à l’UE Union européenne et doit donc répondre à certaines normes sur la construction. Il y a donc un enjeu économique, écologique, politique, et d’inclusion sociale et sociétale.
Comment l’Afpa surmonte-t-elle les difficultés liées aux équivalences de compétences ou à la différence de pédagogie ?
En matière de coopération internationale, on se heurte à la question de l’interculturalité »En matière de coopération internationale, on se heurte effectivement à la question de l’interculturalité. On se retrouve dans un monde que l’on ne connaît pas, qui a ses propres codes, sa propre histoire et son propre fonctionnement. Et c’est tout l’enjeu, l’intérêt et la beauté du travail de l’Afpa. Nous arrivons avec nos certitudes, nos modèles éprouvés en France, designés pour la France, vécus par des Françaises et des Françaises. Et il faut donc tailler dans notre pierre, afin qu’elle puisse convenir au pays.
En pédagogie, sur les normes, c’est nécessairement inspirationnel. Il y a un travail très important d’adaptabilité au contexte dans lequel on se déploie. C’est la clé de la réussite de nos projets. Nous avons une pédagogie très réflexive, basée sur le geste, le travail collectif et la correction des erreurs en groupe. Mais d’autres pays auront une pédagogie différente, basée sur la répétition et l’évitement de l’erreur. C’est cela qu’il faut réussir à mettre en place et à valoriser auprès de nos partenaires. Cela fonctionne parfois. Parfois, non. Il faut donc s’adapter. Il faut voir en quoi, par rapport au partenaire, nous apportons une plus-value. Parfois, les pays rencontrent juste des difficultés dans l’ordonnancement de la pédagogie.
Dans 95 % de nos formations ou de nos projets, nous ne formons pas l’utilisateur final. Nous intervenons beaucoup plus en amont, sur la norme, les référentiels et la formation du formateur. Ensuite, le formateur est libre d’utiliser la pédagogie car ce lien est essentiellement vernaculaire : il ne peut pas venir de l’extérieur. Pendant de très nombreuses années, nous avons accueilli dans des centres des personnes qui venaient d’ailleurs pour les former. C’est de moins en moins le cas.
Avez-vous des illustrations ?
La Chine est un cas intéressant. C’est un pays au vieillissement accéléré. Près d’un tiers de la population aura plus de 60 ans d’ici 2030. Il y a donc chez eux un vrai sujet autour de la prise en charge des personnes âgées à domicile (et non en institutions). Cela entraîne des questions autour du rapport à l’intimité du foyer, de l’utilisation de la médecine traditionnelle chinoise ou du rapport au corps qui est différent de ce que l’on observe en Occident. Il faut donc adapter nos propositions. C’est d’ailleurs très intéressant pour nos propres référentiels et pratiques.
Le contexte géopolitique mondial actuel peut-il impacter cette coopération internationale, aujourd’hui comme dans les années à venir ? Avez-vous des inquiétudes à ce sujet ?
Il y a évidemment des remises en cause importantes de ce qui était acquis depuis 80 ans. Nous sommes face à une crise du multilatéralisme, ainsi que de la solidarité. L’Afpa a donc organisé le 30/09/2025, avec le ministère du Travail, une rencontre autour de ces questions. Quelles seront les modalités de la coopération dans un monde qui évolue, avec moins de moyens et avec des alliances et des régions qui changent ?
La formation professionnelle n’est pas un sujet « conflictuel », mais consensuel »L’Occident, les pays qu’il compose, les valeurs qu’il protège et sa manière d’agir, seront totalement modifiés. Nous devons l’intégrer en coopération. Comme évoqué auparavant, avoir des partenaires sur place deviendra indispensable pour déployer des projets. Ce ne sera pas nécessairement des homologues de l’Afpa, mais des partenaires faisant partie de l’écosystème, tels que des services publics de l’emploi, des opérateurs de formation professionnelle, des associations ou des entreprises. Sans compter qu’aujourd’hui, l’immense majorité des appels d’offres exigent d’avoir un partenaire sur place. La géopolitique a donc bien sûr un impact.
À noter également que la formation professionnelle n’est pas un sujet « conflictuel », mais consensuel en soi et qui adresse des choses très concrètes. C’est donc un levier pour nous projeter sans être vus avec méfiance. On apporte une autre manière de voir les choses, sans vouloir influencer ou vendre je ne sais quoi. C’est une force dans un monde incertain.
Ces derniers mois, on parle de projet de restructuration de l’Afpa. Cela pourrait-il avoir un impact sur la coopération internationale ?
Nous accueillons Michaël Ohier, notre nouveau directeur général. Sans préjuger de l’avenir, la coopération internationale offre un levier qui contribue à donner un rayonnement, une image et un supplément de possibilités à l’Afpa. Cela ouvre d’autres horizons et fait valoir nos expériences et nos expertises. Nous avons 126 centres, avec à peu près 6 500 collaborateurs, et plus d’une centaine d’expertises. C’est énorme. Et il n’y en a pas une seule qui ne soit pas intéressante à l’international.
On sait assez peu que nous savons travailler dans des domaines extrêmement recherchés, comme l’aide de vie aux familles, le nucléaire, l’utilisation des nouvelles technologies immersives dans la formation ou les métiers de la mer. Nous sommes sollicités pour intervenir dans des séminaires de très haut niveau sur l’utilisation de l’IA Intelligence artificielle . Notre statut de bureau d’études du ministère du Travail nous permet de promouvoir de nombreuses expertises à l’international. Tout comme le fait d’être certificateur.
Kassim Bouhou
Head of international cooperation @ Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa)
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Parcours
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Head of strategic projects
Head of global affairs
Expert for the security council
Head of strategic partnerships - Middle East
Head of partnerships - Gulf region - based in Abu Dhabi
Advisor and project manager - Middle East and North Africa
Intern - North America bureau - Strategic affairs delegation
Établissement & diplôme
Doctor of philosophy - Phd international relations - Thesis : United States foreign policy in North Africa after the Cold War
4th battalion, Special course for officers : Leadership - Crisis management - Cohesion - Commando training
Master 2, International relations - Impact of war in Iraq on French economic interests
Business development & commercial negotiation certificate
Master of arts - MA, United States civilization and litterature - Major in american politics and institutions
Fiche n° 54939, créée le 25/09/2025 à 16:29 - MàJ le 25/09/2025 à 16:46
Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa)
• L'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes est un Epic (Établissement public industriel) depuis le 01/01/2017, membre du service public de l’emploi
• Création : 1949
• Missions : formation et apprentissage, accompagnement vers l’emploi, reconversion. L'Afpa propose sur l’ensemble du territoire des solutions globales de sécurisation des trajectoires professionnelles, en accueillant notamment tous les publics dans son programme « Village des solutions »
• Effectif : 7 200 collaborateurs dont 5 500 CDI (2023)
• Publics : en 2023, l’Afpa a formé et accompagné plus de 160 000 personnes (4 500 apprentis formés chaque année). Elle est le partenaire formation et conseil de plus de 6 500 entreprises
• Président du CA : Jean-Marie Marx
• Directeur général : Michaël Ohier
• DRH : Jean-Marc Ducept
• Contact : Charlotte Engelstein
• Tél. : 06 75 14 37 32
Catégorie : Organismes de Formation
Adresse du siège
CSP Compta MONTREUILCompta FRN AFPA EPIC CRT24 SIRET DESTINATAIRE CHORUS_82422814200017
AFPA CITYSCOPE
3, rue Franklin
93100 Montreuil France
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Fiche n° 5481, créée le 29/08/2017 à 10:23 - MàJ le 29/09/2025 à 17:31
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