Apprentissage : des ruptures pour 36 % des jeunes au cours de la première année et demie (Dares)
36 % des apprentis commençant à la rentrée 2018 une formation de niveau CAP à bac+2 rompent un contrat au cours de la première année et demie de leur apprentissage, d’après une étude publiée par la Dares le 31/10/2024.
La fréquence des ruptures diminue à mesure que le niveau de formation s’accroît (de 42 % au niveau CAP à 27 % à bac+2) et que la taille de la structure employeuse augmente (43 % au sein d’entreprises de moins de cinq salariés, 19 % à partir de 250 salariés).
Les personnes toujours en apprentissage à la fin de leur première année scolaire ou universitaire risquent davantage de rompre un contrat par la suite si elles jugent leurs conditions de travail insatisfaisantes.
Dans un cas sur quatre, les jeunes ne sont plus en contrat d’apprentissage un an et demi après avoir commencé. Cela ne traduit pas toujours un renoncement à leur expérience acquise pendant l’apprentissage : 27 % d’entre eux sont soit restés chez leur employeur, soit en emploi ou en recherche d’emploi dans le métier auquel ils se préparaient, selon l’étude.
Un taux de rupture qui décroît quand le niveau de formation augmente
- 36 % des primo-entrants en apprentissage en 2018, engagés dans un cycle de formation de niveau CAP à bac+2 pour deux ou trois ans, rompent au moins un contrat d’apprentissage (un contrat pour 32 % d’entre eux, deux contrats ou plus pour 4 %) entre le début de leur apprentissage et le 01/03/2020, soit dans la première année et demie de leur parcours.
- Une rupture n’implique pas systématiquement un abandon de l’apprentissage, car un autre contrat peut être signé avec un autre employeur dans les mois qui suivent. Au 01/03/2020, 11 %des jeunes sont ainsi de nouveau en contrat d’apprentissage après avoir expérimenté (au moins) une rupture. En revanche, 25 % ne sont plus en contrat d’apprentissage.
- Le taux de rupture pendant la première année et demie de l’apprentissage décroît sensiblement quand le niveau de formation préparée s’élève : de 42 % au niveau CAP, il passe à 32 % au niveau baccalauréat et à 27 % à bac+2.
- Au niveau CAP, les apprentis plus âgés rompent plus fréquemment leur contrat : cela concerne près de la moitié (47 %) de ceux ayant 17 ans ou plus fin 2018, contre à peine plus d’un tiers de ceux ayant 15 ans ou moins (34 %, soit un écart de 13 points). À caractéristiques données, ces apprentis, généralement en réorientation ou accusant un retard scolaire, connaissent un risque de rupture plus élevé.
Plus de ruptures dans les petites entreprises et l’hébergement-restauration
- La fréquence des ruptures varie en fonction des caractéristiques de l’employeur. C’est dans l’hébergement-restauration (55 %), les industries agroalimentaires (44 %) et les activités de coiffure et de soins de beauté (44 %) que les taux de rupture au cours de la première année et demie d’apprentissage sont les plus élevés.
- Le taux de rupture décroît lorsque la taille de la structure de l’employeur augmente : de 43 % dans les entreprises de moins de cinq salariés, il passe à 19 % dans celles de 250 salariés ou plus. Le risque de rupture reste, à autres caractéristiques données, plus important dans les petites entreprises que dans les grandes.
« Cela pourrait pour partie tenir aux conditions de travail spécifiques à certains secteurs (pénibilité, horaires atypiques, par exemple) et aux petites entreprises (non-compensation des heures supplémentaires, notamment) », indique la Dares.
- Par rapport aux autres jeunes avec des caractéristiques similaires, les apprentis ayant jugé la recherche du premier employeur difficile ont 45 % plus de risques de rompre un contrat pour poursuivre l’apprentissage chez un autre employeur que de ne pas rompre de contrat entre le début de leur apprentissage et le 01/03/2020.
« Quand la recherche du premier contrat est difficile, il est possible qu’un aspirant à l’apprentissage se tourne vers un employeur par défaut, qui ne correspond pas complètement à ses attentes (métier, tâches proposées), ce qui pourrait compromettre le déroulement de son parcours. »
Des ruptures plus fréquentes en cas de conditions de travail jugées insatisfaisantes
- À la fin de la première année scolaire ou universitaire, plus de quatre primo-entrants sur cinq sont toujours en contrat d’apprentissage chez le même employeur qu’à la rentrée 2018 (79,3 %) ou un autre s’ils ont rompu leur premier contrat (4,5 %). Parmi ces jeunes encore en apprentissage, environ un sur cinq fait l’expérience d’une rupture.
- 65 % des apprentis ayant rompu un contrat au milieu de leur apprentissage imputent au moins partiellement cette rupture à un problème avec l’employeur ou le poste occupé. Cela peut inclure une mésentente avec les encadrants ou les collègues, ainsi que des missions jugées inadaptées, des conditions de travail insatisfaisantes, etc. Il s’agit du motif le plus évoqué par les apprentis qui trouvent un nouveau contrat d’apprentissage à la suite d’une rupture (81 %) et, dans une moindre mesure, par ceux qui ne sont plus en apprentissage (56 %).
- À caractéristiques équivalentes, le risque de rompre un contrat au milieu de l’apprentissage est plus élevé quand l’apprenti est confronté à des conditions insatisfaisantes chez son employeur : mauvaise ambiance, mésentente avec le maître d’apprentissage, manque de suivi, fait de ne rien apprendre de nouveau au travail ou de se voir confier des missions inadaptées au diplôme préparé.
- Réaliser des heures supplémentaires non compensées favoriserait les ruptures suivies d’un changement d’employeur, mais pas l’abandon de l’apprentissage. Au contraire, l’insatisfaction liée au nombre d’heures de travail effectuées encouragerait les ruptures suivies d’un abandon.
« Ceci s’explique probablement pour partie par le fait que, pour un métier donné, le nombre d’heures de travail varie peu d’un employeur à un autre : un simple changement d’entreprise ne suffirait pas à améliorer la satisfaction de l’apprenti. »
- Les apprentis expérimentant une rupture au milieu de leur apprentissage peuvent également en attribuer la cause à un désintérêt pour le métier (25 %), au souhait d’accéder à un meilleur contrat ou à une meilleure rémunération (9 %), voire à des problèmes avec le centre de formation (6 %).
Source des données
• Les données présentées dans l’étude sont issues de l’enquête Oripa, réalisée conjointement par la Dares, la Depp et le Sies, services statistiques des ministères respectivement chargés de l’emploi, de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur.
• Cette enquête a interrogé les jeunes commençant un apprentissage pour la première fois (ou primo-entrants) qui s’engagent dans une formation de niveau CAP à BTS à la rentrée 2018. La collecte des données a été réalisée en deux vagues :
- La première a lieu mi-2019, soit approximativement à la fin de la première année scolaire ou universitaire du cursus préparé, entre avril et juillet (40 % des réponses entrant dans le champ de cette étude sont collectées en avril, 50 % en mai, 4 % en juin et 6 % en juillet 2019).
- La seconde vague a lieu environ un an plus tard, entre mai et juillet. Elle renseigne en particulier sur la situation des jeunes au 01/03/2020, leurs conditions de travail et de vie s’ils sont en apprentissage à cette date, les raisons des éventuelles ruptures de contrat.
Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares)
• Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail
• Création : 1993
• Missions : Éclairer le débat public en publiant des données ou des analyses accessibles à toutes et tous ; Accompagner le ministère en charge du Travail et plus largement les pouvoirs publics lorsqu’une réforme se prépare
• Effectif : 170 collaborateurs
• Directeur : Michel Houdebine
• Contact : Joris Aubrespin-Marsal
• Tél. : 01 44 38 22 51
Catégorie : Etat
Adresse du siège
39-43 quai André Citroën75015 Paris France
Fiche n° 5511, créée le 29/08/2017 à 04:47 - MàJ le 29/11/2024 à 11:59
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