Ingénieurs : « Repenser les formations en réponse aux grands défis sociétaux » (J-M. Durepaire, Estaca)
« Les écoles d’ingénieurs doivent dépasser les paradigmes centrés sur l’enseignement technique pur. Il est nécessaire de repenser de fond en comble le métier d’ingénieur et les formations d’ingénieurs pour répondre aux grands défis qui muent la société. Le monde de demain exigera des ingénieurs des transports d’être plus créatifs et plus visionnaires dans l’approche de leur métier. Donnons encore plus de sens au métier d’ingénieur. »
C’est ce qu’écrit Jean-Michel Durepaire, directeur général de l’Estaca, dans une tribune transmise à News Tank, le 23/05/2022.
Il appelle à accompagner ce mouvement par :
• de nouvelles méthodes de formation : « Favorisons le management responsable auprès de nos étudiants et intégrons de nouveaux enseignements (…) : maîtrise des méthodes et outils de gestion de projet, de l’animation d’équipe en prenant en compte les diversités culturelles de ses membres, la connaissance des contraintes réglementaires et environnementales, des enjeux globaux géopolitiques, économiques et sociaux. »
• « Associer la recherche aux formations et entretenir des partenariats avec les entreprises (…)
• »Faire de l’open innovation un mot d’ordre avec tous les acteurs de la transition écologique et numérique : organisations non gouvernementales, entreprises, laboratoires de recherche, etc."
Les consciences évoluent, le métier d’ingénieur aussi
Le monde est secoué par des crises qui bouleversent les modèles de fonctionnement de notre société et notre relation aux transports. Alors que le réchauffement climatique nécessite d’accélérer la transition écologique, la crise sanitaire provoque des pertes d’approvisionnement et des pénuries à travers le globe et ralentit ces efforts. Les transports connectés, voire autonomes, transforment également le regard sur les mobilités dans la société. Face à cette nouvelle donne, quelles évolutions pour les transports et comment former les ingénieurs qui les conçoivent ?
Les écoles d’ingénieurs doivent dépasser les paradigmes centrés sur l’enseignement technique pur. Il est nécessaire de repenser de fond en comble le métier d’ingénieur et les formations d’ingénieurs pour répondre aux grands défis qui muent la société. Le monde de demain exigera des ingénieurs des transports d’être plus créatifs et plus visionnaires dans l’approche de leur métier. Donnons encore plus de sens au métier d’ingénieur.
L’usage des transports dans les villes se métamorphose : alors que la voiture disparaît de certains centre-villes, les nouveaux modes de transports se multiplient. Les trottinettes et vélos électriques, ou encore les bus propres sont de plus en plus plébiscités par les usagers soucieux de réduire leur empreinte carbone.
Hors des villes, des disruptions profondes ont lieu dans les transports et vont jusqu’à remettre en cause le modèle de fonctionnement de toute une filière, souvent au profit du développement durable. Dans le secteur spatial, l’innovation a permis à SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, d’inventer les premiers lanceurs de satellites réutilisables. Cette innovation présente un formidable bond en avant pour la transition écologique dans le secteur du newspace où jusque-là, un lanceur était à usage unique et irrécupérable. Elle permet aussi de dépasser la simple réduction des émissions de gaz à effets de serre pour introduire la réutilisation des matériaux et des ressources, un point clé dans la démarche du développement durable.
Faire évoluer les méthodes de formation
Responsables de la qualification des ingénieurs et de leur ouverture d’esprit, les écoles qui les forment ont un vrai rôle à jouer dans la transition écologique. De la banalisation des vélos électriques à l’invention des fusées spatiales réutilisables en passant par la recherche sur les moteurs de transports à hydrogène, toutes ces évolutions présentent une réelle opportunité pour les écoles d’ingénieurs : développer de nouvelles compétences pour préparer à de nouveaux métiers.
La sensibilisation au développement durable et aux nouvelles technologies dans les écoles d’ingénieurs doit être accompagnée de nouvelles méthodes de formation. Favorisons le management responsable auprès de nos étudiants et intégrons de nouveaux enseignements.
L’acquisition de compétences en sciences et technologies doit s’accompagner de la maîtrise des méthodes et outils de gestion de projet, de l’animation d’équipe en prenant en compte les diversités culturelles de ses membres, la connaissance des contraintes réglementaires et environnementales, des enjeux globaux géopolitiques, économiques et sociaux. L’objectif est plus que jamais de permettre aux futurs ingénieurs de mieux comprendre l’impact de leurs conceptions sur la société.
Favorisons l’open innovation
Associer la recherche aux formations et entretenir des partenariats avec les entreprises doivent devenir une norme dans les écoles d’ingénieurs. Les ingénieurs de demain devront être capable de maîtriser davantage ces nouvelles technologies et d’en développer de futures afin d’intégrer le développement durable dans l’intégralité de la conception des transports : du sourcing des matériaux à l’impact direct qu’ils ont sur les usagers.
Devant l’urgence écologique, faisons de l’open innovation un mot d’ordre avec tous les acteurs de la transition écologique et numérique : organisations non gouvernementales, entreprises, laboratoires de recherche, etc.
Avec le choix du gouvernement d’accompagner le développement de l’hydrogène en France depuis 2018, constructeurs, laboratoires, écoles et autres acteurs mutualisent leurs recherches et connaissances afin d’intégrer au mieux et rapidement cette nouvelle technologie à l’usage des transports. Pour baisser significativement l’empreinte carbone de toutes les filières des transports, les enjeux du développement durable doivent passer en premier et la concurrence en second.
Les écoles d’ingénieurs sont responsables de la capacité des ingénieurs de demain à répondre aux défis technologiques et sociétaux posés par le réchauffement climatique et la numérisation croissante. Nous devons absolument repenser nos formations et donner plus de sens au métier d’ingénieur afin de jouer pleinement notre rôle dans la transition écologique.
© News Tank RH - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »