« L’Afest est une modalité de mise en œuvre d’une formation et pas un dispositif » (Centre Inffo)
Les Afest ne sont pas encore fréquemment mises en œuvre par les entreprises. Pour expliquer ce constat, Jean-Philippe Cépède
Directeur Juridique, Direction du droit de la formation @ Centre Inffo
, directeur juridique de Centre Inffo
• Association loi 1901• Création : 1976• Missions : - Contribuer au développement de la formation sur l’ensemble du territoire national,- Accompagner la dématérialisation du secteur de la…
rappelle que « l’Afest est une modalité de mise en œuvre d’une action de formation et non pas un dispositif de formation », dans un entretien croisé avec Sarah de La Morandière
Coach @ Coach Académie • Consultante senior @ Centre Inffo
, consultante/formatrice en ingénierie de formation au département Observatoire de Centre Inffo donné à News Tank, le 10/05/2022.
Il ajoute : « Comme il s’agit d’une modalité de mise en œuvre d’une action de formation, pour comprendre son faible usage, il faut certainement la comparer à la FOAD qui, elle aussi, a mis du temps à se développer. Nous sommes encore dans un temps d’information et d’appropriation. » Engagé dans un travail pédagogique sur l’Afest auprès des entreprises et tout l’écosystème de la formation professionnelle (Opco, organismes de formation…), Centre Inffo a organisé en février et en mars 2022 un webinaire et une Master Class sur le sujet.
À la suite d’une enquête de terrain menée en octobre 2021 auprès des financeurs de l’Afest, Centre Inffo a publié en mars 2022 un « premier état des lieux » du financement de l’Afest, coordonné par Sarah de la Morandière. « Nous avons eu le retour de 11 Régions métropolitaines, des 11 Opco et de Pôle emploi », indique-t-elle. Ces premiers retours ont permis d’identifier « nombre de programmes et de financements destinés aux entreprises qui s’engagent dans l’Afest, également l’existence de financements possibles dans tous les territoires et pour tous les secteurs d’activité. L’Afest est explorée par la majorité des acteurs et des financeurs, c’est la tendance générale. Les financeurs testent des solutions de financement (par forfait, pack complet…). En ce sens, ce premier état des lieux est très riche. »
Sarah de La Morandière et Jean-Philippe Cépède répondent aux questions de News Tank
Pourquoi l’Afest est-elle encore peu utilisée par les entreprises ?
Jean-Philippe Cépède. Bien qu’il n’y ait pas beaucoup d’études sur le déploiement des Afest dans les entreprises, il y a en effet peu de doute sur le fait que les Afest ne sont pas encore fréquemment mises en œuvre par les entreprises. Pour expliquer ce constat, il faut tout d’abord rappeler que l’Afest est une modalité de mise en œuvre d’une action de formation et pas un dispositif de formation.
Comme il s’agit d’une modalité de mise en œuvre d’une action de formation, pour comprendre son faible usage, il faut certainement la comparer à la FOAD qui, elle aussi, a mis du temps à se développer. Nous sommes encore dans un temps d’information, de pédagogie et d’appropriation. Il faut laisser encore un peu de temps aux entreprises pour s’en saisir, comme ce fut le cas pour la FOAD.
Sarah de La Morandière. L’Afest ne s’est pas développée davantage car elle exige une maîtrise de l’ingénierie pédagogique et de l’analyse du travail. Il faut insister sur deux fondamentaux :
- L’Afest doit démarrer par l’analyse du travail réel. C’est incontournable et indispensable pour permettre la construction du parcours de formation qui va comporter la modalité Afest. Or l’analyse du travail réel, ce n’est pas une étape que l’on rencontre dans les formations classiques et pas non plus dans les Fest.
- L’Afest vient vraiment répondre à des besoins particuliers d’entreprise, à des situations spécifiques. C’est utile pour les entreprises exposées à une concurrence féroce et dans celles qui s’appuient sur une compétence rare, voire unique et pour laquelle il n’y a pas, dans l’écosystème, une formation existante pour acquérir cette compétence. C’est le cas, par exemple, dans la maroquinerie de luxe en Bourgogne-Franche-Comté.
À partir du moment où l’Afest démarre par l’analyse du travail, les différents acteurs de l’entreprise sont directement concernés. On va identifier quelles sont les compétences nécessaires pour réaliser le travail réel. L’entreprise toute seule n’est pas forcément habituée à s’intéresser au travail prescrit et au travail réel, et à l’analyse de ce travail réel. C’est la raison pour laquelle, sur cette étape-là déjà, elle peut avoir besoin d’une aide externe. C’est pour cette raison que les organismes de conseil et de formation se sont emparés du sujet de l’Afest.
Article L6313-1
- Les actions concourant au développement des compétences qui entrent dans le champ d’application des dispositions relatives à la formation professionnelle sont :
- 1° Les actions de formation ;
- 2° Les bilans de compétences ;
- 3° Les actions permettant de faire valider les acquis de l’expérience (VAE), dans les conditions prévues au livre IV de la présente partie ;
- 4° Les actions de formation par apprentissage, au sens de l’article L. 6211-2.
Article L6313-2
- L’action de formation mentionnée au 1° de l’article L. 6313-1 se définit comme un parcours pédagogique permettant d’atteindre un objectif professionnel.
- Elle peut être réalisée en tout ou partie à distance (FOAD).
- Elle peut également être réalisée en situation de travail (Afest).
Les modalités d’application des deuxième et troisième alinéas du présent article sont déterminées par décret.
Diriez-vous, comme l’a affirmé Jean-Pierre Willems
Chargé d’enseignement politiques droit et pratiques de formation - master DRH @ Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne • Consultant @ Willems Consultant
dans une tribune publiée par News Tank que la « difficulté d’appropriation par les entreprises trouve en partie son origine dans le fait que c’est avant tout le marché de la formation qui s’est emparé le plus avidement de l’Afest » ?
Ce n’est pas parce que l’Afest est un sujet de formation interne que l’écosystème de la formation n’a pas à s’en occuper »
Philippe Cépède. Je ne partage pas ce diagnostic. C’est faire un faux procès aux organismes de formation. Ce n’est pas parce que l’Afest est indéniablement un sujet de formation interne, avant d’être un objet de formation externe, que l’écosystème de la formation n’a pas à s’en occuper.
Il existe d’autres mesures de formation interne, comme le tutorat ou l’entretien professionnel, pour lesquelles les entreprises ont besoin de prestataires pour réussir leur mise en œuvre. Au contraire, les entreprises ont besoin de l’offre de formation pour être initiées, accompagnées, conseillées pour s’approprier cette modalité de formation dans laquelle un certain nombre d’entreprises confirment sa pertinence.
L’ambition de l’Afest n’est pas d’encadrer la formation sur les lieux de production. L’enjeu, c’est de dire à l’entreprise qu’il y a une autre façon de concevoir la formation à partir du travail réel. L’Afest peut laisser croire qu’elle a à voir avec l’alternance, avec les stages en entreprise mais c’est autre chose.
Quels sont les critères réglementaires qui définissent une Afest ?
Quatre critères définis par le décret n° 2018-1341 du 28/12/2018 précisent les conditions de la mise en œuvre d’une action de formation en situation de travail :
- Analyse de l’activité de travail pour, le cas échéant, l’adapter à des fins pédagogiques,
- Désignation préalable d’un formateur pouvant exercer une fonction tutorale,
- Mise en place de phases réflexives distinctes des mises en situation de travail,
- Évaluations spécifiques des acquis de la formation qui jalonnent ou concluent l’action.
Une Afest est un « parcours visant un objectif professionnel alternant phases de travail et de réflexion, accompagné, évalué et traçable ».
Les réticences des entreprises à s’emparer de l’Afest ne viennent-elles pas de leur crainte de placer un stagiaire en situation de produire ?
Jean-Philippe Cépède. Les Afest ne posent pas tant la question de produire durant la formation que celle de définir la compétence adaptée à une situation de travail réel.
Il est tout à fait possible de produire pendant une formation »La question de produire durant la formation a été arbitrée depuis longtemps par d’anciennes circulaires de la DGEFP et en particulier la circulaire DGEFP n° 2006-35 du 14/11/2006
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relative à l’action de formation et aux prestations entrant dans le champ de la formation professionnelle continue. Il est tout à fait possible de produire pendant une formation. Pour illustrer la situation, il est souvent cité le cas du thanatopracteur qui ne pourrait pas se former en situation de travail dans son entreprise de pompes funèbres sans « produire » d’une certaine manière. Mais c’est la même situation dans l’industrie ou les métiers de bouche. Certains métiers ne s’apprennent pas uniquement dans les livres, et tout ce qui est produit en formation ne va pas forcément au rebut ou à la casse.
Le sujet de l’Afest est de construire un parcours de formation à partir de l’analyse du travail réel. C’est pour cette raison que lors de la Master Class sur l’Afest, nous avons absolument souhaité le témoignage de l’Anact, spécialiste de l’analyse du travail.
Dans certains secteurs, des entreprises ont déjà compris l’intérêt et les enjeux de l’Afest. Dans le secteur du numérique, par exemple, les entreprises recourent significativement aux formations en situation de travail à partir du moment où il y a l’idée d’accroître leur compétitivité (lire le Bref Céreq n° 421
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).
Cette idée de la compétitivité, nous l’avons retrouvée dans le témoignage de Matthieu Charnelet gérant de « La main de Jeanne » (un service d’aide et d’accompagnement à domicile situé dans l’Hérault). Il a bien expliqué, lors de la Master Class, que dans son métier d’aide à la personne, certains gestes sont très spécifiques et s’il ne les faisait pas découvrir dans un processus Afest, il n’obtiendrait pas une bonne appropriation de ces gestes par ses collaborateurs. Les entreprises se servent de l’Afest pour couvrir des besoins de compétences particuliers parce qu’il n’y a pas de meilleure alternative à cette modalité de formation.
Pour vous, l’Afest n’a donc pas vocation à prendre énormément d’ampleur ?
Jean-Philippe Cépède. Le législateur n’a pas cherché à offrir une déclinaison supplémentaire à l’offre de formation. Il a osé quelque chose d’inédit : une brique juridique qui concerne surtout la formation interne des entreprises en élargissant la construction du parcours de formation à partir d’une situation de travail réelle. Le développement de l’Afest est conditionné aux vertus que les entreprises lui donneront.
L’Afest a un énorme potentiel, si les entreprises souhaitent adapter les parcours de formation qu’elles mettent en œuvre à la situation de travail réel. Mais, le souhaitent-elles vraiment ? Est-ce que dans la plupart des cas, le retour sur le poste n’est pas considéré comme suffisant ?
Sarah de La Morandière. L’Afest se développe peu car elle part des besoins spécifiques de l’entreprise. D’autre part, les Opco qui sont les premiers interlocuteurs de l’entreprise pour la mettre en œuvre se sont développés entre 2018 et 2020. Et en 2020, la crise sanitaire, le confinement et le télétravail ont empêché l’Afest de se développer. Il faut lui laisser encore un peu de temps pour prendre son essor.
Les premières expérimentations de l’Afest datent de 2015. N’a-t-on pas un recul suffisant pour décliner l’Afest à une plus large échelle ?
Sarah de La Morandière. Les premières expérimentations datent en effet de 2015. Il y a eu des premiers retours à partir de fin 2018 et des restitutions lors de différents évènements en 2019 (la DGEFP, Mafest, les Aract et l’Anact). Il y a encore énormément d’expérimentations qui se poursuivent d’ailleurs. Et les freins que nous avons évoqués viennent aussi de là : beaucoup d’organismes de formation, de conseil et d’accompagnement tels que les Aract et l’Anact et d’organismes financeurs (les Opco) expérimentent encore l’Afest.
Peut-on dire qu’avec l’Afest un nouveau marché s’est créé comme avec le bilan de compétences en son temps ?
Jean-Philippe Cépède. Pas vraiment, car le bilan de compétences suppose un prestataire extérieur à l’entreprise. Cependant, lorsque la mise en œuvre d’Afest nécessite le recours à un prestataire extérieur, ce qui n’est, ni obligatoire, ni toujours nécessaire, les entreprises apprécient de pouvoir s’appuyer sur des prestataires compétents. Il existe d’ailleurs des initiatives de certifications de conseiller Afest (CCI France • Création : 2012 (succède à l’APCCI - Assemblée permanente des CCI - créée en 1964 et à l’ACFCI - Assemblée des Chambres françaises de commerce et d’industrie)• Activités : - Porte-parole des CCI… ) ou d’accompagnateur Afest (Éducation nationale) inscrites au Répertoire spécifique. C’est trop tôt pour en connaître les résultats.
Pôle emploi a lancé en mars 2022 un marché Afest pour sélectionner des organismes de formation »Certains organismes de formation ont profité de ces initiatives pour professionnaliser leurs équipes sur l’Afest.
Cela peut intéresser des entreprises mais également des financeurs comme Pôle emploi ou des Régions.
Pôle emploi a lancé en mars 2022 un marché pour sélectionner des organismes de formation capables de développer une solution Afest intégrée pour des entreprises dans certains secteurs, s’engageant dans une AFPR ou une POEI.
Ce marché va permettre d’observer si des entreprises retiennent l’Afest pour garantir la réussite d’un parcours de formation en amont d’un recrutement.
Quelle différence doit-on faire entre l’Afest et la Fest ?
Jean-Philippe Cépède. Quand on utilise l’acronyme Fest, on peut s’interroger sur le respect des critères de l’Afest. La Fest peut recouvrir des pratiques qui se déroulent sur le lieu de production mais ne pas répondre forcément aux critères du décret n° 2018-1341 du 28/12/2018. C’est pour cette raison qu’avant la Master Class, nous avons organisé le 17/02/2022 un webinaire sur le sujet, afin que la DGEFP précise le sens des textes législatifs et réglementaires. Laurent Duclos et Stéphane Rémy
Sous-directeur des politiques de formation et du contrôle (DGEFP) @ Ministère du Travail et de l’Emploi
ont pu rappeler que la réforme de 2018 a donné une définition légale de l’action de formation et indiquer que le seul acronyme valable est « Afest ».
Il est important d’insister sur ce point : le législateur de 2018 n’a donné qu’une seule définition de l’action de formation comportant des modalités de mise en œuvre différentes en présentiel, en tout ou partie à distance et en situation de travail, avec la possibilité de mixer toutes ces possibilités. Laisser penser qu’il existe trois catégories d’action de formation avec chacune sa définition ne permettrait pas de pouvoir les combiner.
Les critères qui caractérisent une Afest doivent s’intégrer dans les fondamentaux de la définition légale de l’action de formation.
Qu’est-ce qui pourrait faire décoller l’Afest ?
Jean-Philippe Cépède. Il n’est pas facile de répondre à cette question. Cela a été dit, il faudra encore de l’information, des expérimentations et de la pédagogie. Les entreprises qui ont le moins de chemin à faire pour parvenir à mettre en place l’Afest sont celles qui savent s’appuyer sur les collaborateurs qui maîtrisent la question de la compétence et de l’observation de la compétence à travers l’entretien professionnel, le tutorat ou le maître d’apprentissage. Les entreprises qui ont cette culture RH/formation ou RH/compétences s’approprieront plus facilement l’Afest.
Lord de notre webinaire sur l’Afest, nous avons posé la question d’une Afest « light », pas trop coûteuse mais cela reste quand même un investissement pour les entreprises. S’il n’y a a pas un minimum d’investissement de l’entreprise, l’Afest ne peut pas se déployer.
L’Afest doit donc être un projet d’entreprise porté par le dirigeant ?
Sarah de La Morandière. En effet, ce doit être un projet d’entreprise porté par la direction et le management pour la raison suivante : en situation de travail, il faut que l’apprenant puisse aller à son rythme, tâtonner, se tromper. La chaîne de production de l’entreprise doit intégrer cela. L’Afest a des répercussions sur l’organisation du travail de plusieurs personnes. Il faut que cela soit supportable pour les entreprises. C’est aussi pour cette raison que nombre d’entre elles n’adoptent pas cette modalité de formation.
L’Afest conduit le collectif à s’intéresser au travail réel et aux compétences dans l’entreprise »Mais le point positif c’est que l’Afest conduit la direction, le management et le collectif à s’intéresser au travail réel et aux compétences dans l’entreprise. Une fois que cet investissement est fait, le regard porté sur le travail réalisé change dans l’entreprise. Le collectif se professionnalise et pas seulement l’apprenant Afest et le formateur/tuteur.
On assiste vraiment à la naissance d’une entreprise apprenante. La première Afest est un investissement lourd pour les entreprises mais c’est d’autant plus facile pour les suivantes que le collectif est embarqué, qu’une organisation a été trouvée.
Comment l’Afest est-elle financée ?
Son dispositif support de prédilection est le PDC des entreprises »Jean-Philippe Cépède. L’Afest n’étant pas un dispositif, il faut la rattacher à un dispositif existant. Les Afest répondant à des besoins de formation de l’entreprise, son dispositif support de prédilection est donc le PDC des entreprises. Comme depuis la loi de 2018, le PDC des entreprises de 50 et plus n’est plus financé par les Opco, c’est sur le budget de formation interne de ces entreprises que les Afest sont financées. Ce qui soulève la question de la visibilité de cette dépense de formation par ces entreprises puisque ce budget ne fait plus l’objet de déclaration fiscale.
Concernant les entreprises de moins de 50 salariés, les Opco peuvent intervenir sur l’enveloppe PDC de ces entreprises. Cependant, comme il n’est pas prévu de fléchage financier particulier sur les Afest, ce n’est pas parce que les Opco sont chargés de les promouvoir qu’ils sont tenus d’affecter des fonds de cette enveloppe pour les financer.
Le financement des Afest est possible aussi dans le cadre des expérimentations du contrat de professionnalisation mais pas envisageable dans le cadre de l’apprentissage qui relève de la formation initiale.
Des Afest peuvent être aussi financées dans le cadre de financement public : le FNE-formation, le PIC (Programme d’investissement dans les compétences) décliné par Pôle emploi ou par les Régions dans le cadre des programmes régionaux d’investissement dans les compétences.
Constatant sur le terrain le développement d’initiatives de la part des financeurs, Centre Inffo a décidé de lancer une enquête et de leur demander comment ils appréhendaient l’Afest et s’ils lui voyaient un avenir dans leurs appels d’offres. Une première cartographie a été réalisée à la suite de cette enquête que Sarah a coordonnée.
Sarah de La Morandière. L’enquête auprès des financeurs a démarré en octobre 2021. Nous nous sommes adressés à toutes les Régions, à tous les Opco, à Pôle emploi et à l’Agefiph. Nous avons poursuivi l’enquête car au cours de la période comprise entre octobre 2021 et mars 2022, Centre Inffo a organisé le webinaire de février, nous avons communiqué, échangé à plusieurs reprises avec les financeurs. Les derniers retours de l’enquête ont été recueillis début mars, très peu de temps avant la Master Class du 22/03/2022 par le biais de questionnaires et d’entretiens individuels.
Quels ont été les résultats de l’enquête du Centre Inffo auprès des financeurs ?
Sarah de La Morandière. Nous avons eu le retour de 11 Régions métropolitaines, des 11 Opco et de Pôle emploi. Les quelques régions et l’Agefiph, qui n’ont pas répondu, nous ont expliqué qu’ils s’intéressaient à l’Afest mais qu’ils attendaient de voir ce que faisaient les autres en termes de financement. Certains avaient d’autres priorités que l’Afest. Ces retours dans le cadre de cette première édition de l’enquête ont permis d’identifier nombre de programmes et de financements destinés aux entreprises qui s’engagent dans l’Afest, également l’existence de financements possibles dans tous les territoires et pour tous les secteurs d’activité.
Il y a aussi des mises en œuvre d’Afest dans de nombreux dispositifs. Les expérimentations fleurissent partout avec parfois une incertitude des financeurs qui préfèrent dire que ce qu’ils financent est expérimental et pas encore mis sous l’étiquette « Afest » mais plutôt « Fest », avec d’autres mesures complémentaires.
L’Afest est explorée par la majorité des acteurs et des financeurs, c’est la tendance générale. Les financeurs testent des solutions de financement (par forfait, pack complet…). En ce sens, ce premier état des lieux est très riche.
Qu’est-ce qui est financé exactement ?
Sarah de La Morandière. Du côté des Régions :
- Les 11 ayant répondu disent qu’elles financent directement l’organisme de formation.
- 92 % des Régions disent financer tout ou partie de la formation construite « autour de la modalité Afest ».
- Les trois quarts (73 %) des Régions disent financer spécifiquement les projets d’Afest.
- Plus d’un quart (27 %) des Régions disent financer l’accompagnement du projet Afest par un tiers externe à l’entreprise.
Du côté des Opco, ce qui est intéressant c’est que tous se sont lancés dans le financement de dispositifs comportant la modalité Afest. Tous ont recours à l’enveloppe du PDC pour les entreprises de moins de 50 salariés avec des priorités différentes selon les Opco. Le financement de la formation se fait dans le cadre d’un montant horaire avec un plafond. Sur les 11 Opco, six mentionnent un forfait pour l’ensemble du parcours.
Tous les Opco disent financer l’accompagnement externe de l’entreprise et la formation de l’apprenant en Afest (en heures de formation réalisées dans l’entreprise ou au forfait par projet de l’entreprise). Et tous les Opco disent réaliser avec l’entreprise ou accompagner l’entreprise dans la réalisation des diagnostics d’opportunité et de faisabilité pour vérifier que l’Afest est la bonne modalité pour ladite entreprise et qu’elle est bien réalisable. Il faut que le collectif de l’entreprise, aussi petite soit-elle puisse être mobilisé et il faut aussi pouvoir libérer du temps pour analyser le travail réel, dédier du temps pour la professionnalisation du formateur/tuteur, donner du temps pour adapter/ralentir la production. Il faut être en mesure de dédier énormément de temps à cet investissement.
Je reste optimiste sur le développement de l’Afest mais à condition que les entreprises s’intéressent au développement des compétences et à la formation interne.
Jean-Philippe Cépède
Directeur Juridique, Direction du droit de la formation @ Centre Inffo
Parcours
Directeur Juridique, Direction du droit de la formation
Directeur, Direction Juridique-Observatoire
Responsable du département juridique, droits et démarches, rédacteur en chef des « Fiches pratiques de la formation professionnelle »
Responsable adjoint du Département juridique
Chargé d’études au département juridique
Établissement & diplôme
DEA de Droit social
Fiche n° 36358, créée le 12/09/2019 à 17:40 - MàJ le 10/05/2022 à 19:21
Sarah de La Morandière
Coach @ Coach Académie
Consultante senior @ Centre Inffo
Parcours
Coach
Consultante senior
Secrétaire générale
Consultante formation
Administratrice (membre du FFFOD depuis 2016)
Pilote pôle FOAD et ingénierie des parcours individualisés / CFC
Trésorière
CFC pilote App La Défense
Chargée de communication
Professeur des Ecoles, académie de Versailles
Fiche n° 46009, créée le 10/05/2022 à 19:22 - MàJ le 17/06/2024 à 14:12
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