Emploi cadre : 292 600 embauches en 2025, en baisse de 4 % par rapport à 2024 (prévision Apec)

« Le retournement de conjoncture amorcé en 2024 se confirme en 2025 » (Gilles Gateau, directeur général de l’Apec)

« Nous assistons à un vrai retournement de l’emploi cadre. Après 10 ans de hausse quasi continue, la tendance s’est inversée en 2024 avec 303 400 embauches de cadres, un chiffre en recul de 8 % par rapport à 2023. Tous les secteurs ont été impactés, notamment celui des services à haute valeur ajoutée (-10 %) qui constitue le plus grand vivier pour l’emploi cadre. Seule la construction s’en sort un peu mieux, avec une baisse des embauches de 2 % en 2024.

Si l’on se penche sur les métiers, on observe un fort recul des recrutements dans l’informatique (18 % en 2024), secteur pourtant très dynamique depuis 2020. Ce chiffre traduit une remise en adéquation entre ressources et besoins sur le métier, après trois années de hausse considérable des embauches de cadres informatiques.

La baisse du recrutement de cadres devrait se poursuivre en 2025, avec 292 600 embauches (-4 %). Les entreprises sont plus attentistes, en lien avec une perte de confiance et de visibilité sur leurs carnets de commandes. Ce retournement du marché pourrait inciter les cadres à rester davantage dans leur entreprise, compte tenu de la baisse des opportunités. Ils restent pourtant nombreux à envisager une mobilité : 37 % des cadres interrogés en décembre 2024 envisageaient de changer d’employeur dans les six mois, une proportion en hausse de 3 points par rapport à décembre 2023.

La poursuite de la baisse des embauches a un impact direct sur le rapport de force entre entreprises et candidats. Les entreprises qui souhaitent embaucher un cadre sont ainsi moins disposées à faire des concessions, notamment sur le niveau de rémunération. »

Gilles Gateau, directeur général de l’Apec

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Les principales tendances de l’emploi cadre

Les services à forte valeur ajoutée et l’industrie encore en baisse

• Après la forte baisse des recrutements de cadres 2024 (-10 %), les services à forte valeur ajoutée, secteur clef pour l’emploi cadre, pourraient de nouveau réduire la voilure mais d’une façon moins brutale. Les entreprises de ce grand secteur prévoient de recruter 159 500 cadres en 2025, soit une baisse de 3 %. Si le recul pourrait être limité dans les activités informatiques et l’ingénierie-R&D (respectivement -2 % et -1 %), il serait plus prononcé dans la banque-assurance (-5 %), les activités juridiques, comptables, et de conseil (-4 %) et la communication-médias (-3 %).

• 56 200 recrutements pourraient être enregistrés dans les autres services, soit un nouveau retrait de 5 %, comme en 2024. Les services divers aux entreprises, dépendants de ses clients industriels, seraient particulièrement touchés (-10 %), tout comme les activités des organisations associatives (-10 %), impactées par les baisses de financements publics. L’immobilier serait également en retrait pour la 4^e année consécutive. Seul l’ensemble hôtellerie-restauration-loisirs tirerait son épingle du jeu (+2 %).

• Les prévisions de recrutements de cadres sont orientées à la baisse dans l’industrie (40 570, soit -3 %). Les difficultés sont prégnantes dans l’automobile, l’aéronautique et autres matériels de transports (-5 %), la mécanique-métallurgie (-5 %) ou encore la chimie et l’industrie pharmaceutique (-4 %). Si l’industrie des équipements électriques et électroniques se stabilise (+1 %), l’ensemble énergie-eau-gestion des déchets fait preuve d’optimisme (+4 %), grâce notamment à des énergéticiens portés par la relance et le développement de la filière nucléaire.

• Les recrutements de cadres pourraient reculer de 5 % dans le commerce. Les grandes enseignes de la distribution généraliste sont confrontées à d’importantes restructurations alors que de nombreux segments commerciaux de la distribution spécialisée (ameublement, habillement, articles de sport…) arrivent difficilement à faire face à la fois à une concurrence internationale agressive et à de profondes remises en question de leur modèle économique (e-commerce, marché de la seconde main…).

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Des recrutements concentrés dans les métiers informatiques, commerciaux et de R&D

• Le retournement de tendance du marché de l’emploi cadre n’a pas remis en cause la hiérarchie des métiers cadres recrutés. L’informatique, le commercial marketing et les métiers des études et de la R&D concentrent comme chaque année plus de la moitié des embauches de cadres (54 % pour 2025).

• Si avec 55 600 recrutements prévus, les cadres informaticiens demeureraient les profils les plus recherchés par les entreprises, la nouvelle séquence qui s’est ouverte en 2024 et qui devrait se poursuivre en 2025 avec un nouveau recul des recrutements attendu marque une césure. C’est la première fois depuis 2009 (hors crise sanitaire) que cette fonction cadre subit une telle contraction.

« L’attentisme lié aux aléas politiques et budgétaires et la chute de l’investissement qui a suivi ont particulièrement impacté les activités informatiques qui représentent, peu ou prou, 80 % des recrutements de la fonction. Pour autant, les nombreux défis liés à la transformation numérique, la cybersécurité ou la montée en puissance de l’intelligence artificielle pourraient redonner du souffle à cette fonction clef », indique l’Apec.

• Présents dans tous les secteurs d’activité, les cadres commerciaux représenteraient, quant à eux, 18 % des recrutements en 2025 (52 700 embauches prévues). Les cadres en études-R&D seraient également ciblés par les entreprises, particulièrement celles de l’ingénierie, mais aussi des équipements électriques et électroniques et de l’automobile, aéronautique et autres matériels de transport.

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Les cadres débutants subissent fortement la contraction du marché

• En 2025, les entreprises du secteur privé privilégieraient les cadres de 1 à 10 ans d’expérience professionnelle. Ils représenteraient à eux seuls 60 % des embauches attendues (175 600 recrutements, soit une hausse de 3 % par rapport à 2024 si la prévision venait à se réaliser). Les cadres plus expérimentés (plus de 10 ans d’expérience) représenteraient quant à eux 26 % de l’ensemble des recrutements en 2025 (76 100 embauches, -11 %). Ils seraient particulièrement recherchés par les entreprises de la mécanique-métallurgie (39 % des recrutements prévus), du caoutchouc-plastiques (36 %) et de la chimie-industrie pharmaceutique (33 %).

• Les cadres débutants, déjà impactés par la contraction des recrutements en 2024 (-19 % par rapport à 2023), devraient à nouveau subir les effets du ralentissement du marché en 2025. Les entreprises prévoient d’embaucher 41 000 cadres débutants cette année, soit une nouvelle baisse de 16 % en un an.

« Cette diminution s’explique en grande partie par la mauvaise orientation des services à forte valeur ajoutée, notamment les activités informatiques, l’ingénierie-R&D, ainsi que les services juridiques, comptables et de conseil, qui constituent traditionnellement des viviers d’opportunités pour les jeunes diplômés. Par ailleurs, dans un contexte de retournement du marché, les cadres débutants sont les premiers touchés : les entreprises privilégient les profils disposant déjà de quelques années d’expérience, jugés plus immédiatement opérationnels », selon l’Apec.