
Femmes cadres dans le numérique : « Des inégalités persistantes aux multiples origines » (Apec)
« Le secteur du numérique reste marqué par une forte sous-représentation des femmes, une culture d’entreprise souvent discriminante et un accès difficile aux postes de direction. Toutefois, des initiatives émergent pour améliorer la mixité et soutenir les parcours professionnels féminisés », indique l’Apec
• Association pour l’emploi des cadres• Création : 1966• Missions : - accompagner et conseiller les cadres tout au long de leur parcours professionnel ainsi que les jeunes issus de l’enseignement…
dans une étude publiée le 27/02/2025.
Parmi les principaux enseignements de l’étude :
• 24 % des emplois du numérique sont occupés par des femmes ;
• 46 % des femmes dans le numérique déclarent avoir subi des comportements sexistes (contre 38 % dans d’autres secteurs) ;
• 22 % des postes de direction dans le numérique sont occupés par des femmes ;
• Une femme sur deux quitte le secteur du numérique en milieu de carrière, un taux deux fois supérieur à celui des hommes.
« De nombreuses entreprises de la Tech mettent en place des programmes de formation et de sensibilisation pour favoriser l’inclusion des femmes : mentorat, recrutement ciblé, formation des managers sur la diversité. L’enjeu est double pour le secteur : attirer plus de femmes et éviter leur départ prématuré », selon l’Apec.
Une faible orientation des filles vers le secteur du numérique
- « La faible représentation des femmes dans le secteur du numérique est d’abord liée à des différences fortes d’orientations entre les filles et les garçons dès le plus jeune âge. Comme les matières et filières scientifiques en général, les formations en informatique sont moins choisies par les filles que par les garçons. Ainsi, en 2022, les femmes représentaient 44 % des diplômés en masters scientifiques, contre 71 % des diplômés en masters lettres, langues et sciences humaines. Au sein même des masters spécialisés en informatique, la part des femmes parmi les diplômés chute même à 23 %.
- Cette orientation différentielle relève de nombreux facteurs, notamment de l’image projetée par ces filières et domaines d’activité. Par exemple, 62 % des lycéennes pensent qu’il est difficile d’être une fille dans les écoles d’informatique ou d’ingénieur parce qu’il y a trop de comportements sexistes à l’égard des filles. Une très large majorité d’entre elles considèrent que les femmes diplômées de ces écoles sont désavantagées et moins reconnues par rapport aux hommes. Le lycée en lui-même produit des inégalités de genre, notamment dans l’orientation. »
Des cultures parfois virilistes, sources de discriminations
- La représentation minoritaire des femmes dans le numérique favorise l’installation d’une sous-culture masculine qui entrave encore leur accès dans cet univers. Ainsi, la « culture Bro » (un terme qui provient du néologisme « Brogrammer » désignant un stéréotype de programmeur masculin) s’articule autour de références masculines, en partie issues du jeu vidéo ou de la science-fiction, qui cimentent les équipes et définissent les formes de sociabilité. Elle promeut un esprit viriliste de camaraderie et de compétition, un entre-soi masculin qui peut s’accompagner d’une mentalité et de comportements misogynes (blagues sexistes, partage d’images salaces, ambiance hypersexualisée…).
- D’après l’enquête Gender Scan, les femmes dans le secteur du numérique déclarent plus souvent avoir été victimes de comportements sexistes (propos discriminants, humiliants, menaçants ou violents liés à leur genre) : 46 % versus 38 % dans les autres secteurs. 26 % des femmes dans la Tech affirment aussi avoir été victimes de harcèlement moral et 8 % de harcèlement sexuel (versus respectivement 25 % et 6 % dans les autres secteurs).
« Cette ambiance sexiste dans un certain nombre d’entreprises se traduit dans le quotidien professionnel par un manque de considération, de reconnaissance et de légitimité. Elles doivent parfois faire face à une certaine condescendance et à la contestation de leurs avis ou décisions qui viennent se superposer aux différentes situations discriminatoires. Elles ont aussi souvent l’impression de devoir se surpasser, se former, montrer un surcroît de motivation et de toujours avoir à prouver plus pour être écoutées et faire partie de la bande », indique l’Apec.
Des reconversions et réorientations précoces
- « Découragées lorsqu’elles sont confrontées à ces ambiances de travail et qu’elles ne se sentent pas considérées et reconnues pour leurs compétences, de nombreuses femmes délaissent le secteur du numérique de façon précoce. Ainsi, près d’une femme sur deux quitterait la Tech en milieu de carrière, un taux deux fois supérieur à celui des hommes.
- Ainsi, l’enjeu d’attirer davantage de talents féminins dans l’univers du numérique se double d’un véritable défi pour les retenir. D’autant que ces métiers créent souvent une forte tension pour l’équilibre vie personnelle - vie professionnelle, par l’importance accordée à la veille technique pour rester à jour et aux projets personnels réalisés en dehors du temps de travail. Des facteurs qui peuvent contribuer à l’épuisement professionnel des femmes, sur qui la charge domestique repose encore largement. »
Les entreprises développent des initiatives pour augmenter la présence des femmes dans le numérique
- « Les entreprises du numérique ont conscience de la nécessité d’améliorer l’inclusion et les carrières des femmes dans le numérique. Elles sont nombreuses à agir, notamment en soutenant des associations ou différents programmes de formation qui œuvrent pour augmenter la présence des femmes dans le numérique.
- Leur engagement s’inscrit plus largement dans une politique d’attractivité face à la pénurie réelle de talents et dans une stratégie plus globale de responsabilité sociale en faveur de l’inclusion (formations, sensibilisation, chartes d’entreprise, signature du pacte parité).
- La volonté d’agir des entreprises se traduit aussi par la mise en place de leurs propres programmes d’accompagnement. Parfois axés sur la formation et la sensibilisation, ces programmes sont également souvent constitués de différentes mesures favorables à la place des femmes dans l’entreprise. Outre des mesures générales qui favorisent l’équité femmes-hommes ou l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle (règles concernant les horaires de réunion, blocage des mails après une certaine heure, télétravail, congé parental plus long…), certaines mesures spécifiques sont prises.
- Les pratiques que les entreprises numériques peuvent mettre en place pour renforcer la place des femmes :
- l’identification de profils féminins pour les recrutements,
- la formation des managers sur les enjeux de la diversité,
- la création de réseaux internes ou externes de femmes,
- la prise en charge totale de certaines formations,
- l’accès privilégié à un mentorat,
- une plus grande ouverture aux profils en reconversion. »
Méthode de l’étude
Ces analyses s’appuient sur une étude documentaire (articles universitaires, articles de presse, ouvrages, études…) menée en 2024 par l’Apec. La recherche documentaire portait sur les aspects suivants :
• État des lieux de la présence des femmes dans le numérique (place des femmes, facteurs culturels et sociaux).
• Enjeux et défis des femmes dans le numérique (vécu et réalité : discrimination, genre, stéréotypes…).
• Parcours de femmes managers dans le numérique (trajectoires, obstacles, moyens mis en œuvre…).
• Initiatives, solutions, bonnes pratiques pour promouvoir les femmes dans le numérique
Association pour l’emploi des cadres (Apec)
• Association pour l’emploi des cadres
• Création : 1966
• Missions :
- accompagner et conseiller les cadres tout au long de leur parcours professionnel ainsi que les jeunes issus de l’enseignement supérieur.
- accompagner les entreprises dans leurs recrutements et la gestion de leurs compétences internes
• Effectif : 1 100 collaborateurs (2024)
• Président : Pierre Damiani (CFE-CGC)
• Vice-présidente : Marie-Laure Collet (Medef)
• Directeur général : Gilles Gateau
• Directrice des ressources humaines et de la RSE : Vanessa Robert
• Contact : Mendrika Lozat, responsable relations médias
• Tél. : 06 74 94 76 24
Catégorie : Associations / Fondations
Adresse du siège
51, boulevard Brune75689 Paris Cedex 14 France
Fiche n° 5621, créée le 01/09/2017 à 11:27 - MàJ le 11/03/2025 à 14:04
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