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Réforme de l’apprentissage : « un tournant stratégique pour les CFA et les OPCO » (Nicolas Rivier)

News Tank RH - Paris - Article n°404919 - Publié le
©  Atlas
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Depuis le 1er juillet 2025, la réforme de l’apprentissage rebat les cartes pour les CFA et les OPCO. Nouvel échéancier de financement, participation obligatoire des employeurs pour les formations de niveau licence et au-delà, calcul des financements à la journée plutôt qu’au mois… 
Les règles changent en profondeur. Un solde de 10 % sera désormais versé en fin de contrat pour sécuriser les paiements, tandis que les CFA nouvellement créés devront attendre jusqu’à trois mois avant de toucher la première échéance. 

Autre virage : les formations à distance sur plus de 80 % de leur durée verront leur prise en charge réduite de 20 %. L’objectif de ces mesures gouvernementales ? Maîtriser les dépenses, encadrer les pratiques et renforcer la qualité. De quoi imposer une vraie montée en puissance administrative et stratégique pour tous les acteurs du secteur.

« L’ensemble de ces mesures va nécessairement entraîner une réorganisation des modalités de gestion, tant pour les CFA que pour les OPCO. Cela suppose une coordination renforcée et une plus grande rigueur administrative, dans un contexte où la maîtrise des flux financiers devient plus stratégique que jamais ».
Nicolas Rivier, directeur du développement chez Atlas, répond à nos questions.


• Participation obligatoire des employeurs pour les contrats de niveau 6 et 7 (licence et master), déduite du financement versé par l’OPCO.

• Proratisation des financements à la journée (et non plus au mois) pour ajuster les montants versés en cas de rupture.

• Versement différé d’un solde de 10 % : en fin de contrat et en fin d’année pour les contrats pluriannuels.

• Échéancier différé pour les nouveaux CFA : premier versement possible au bout de 3 mois, après vérification de l’effectivité de la formation.

• Réduction de 20 % du financement pour les formations effectuées au moins à 80 % à distance.

Comment ces nouvelles règles redéfinissent-elles les rôles et l’organisation d’Atlas ?

Ces changements ont un impact immédiat sur le fonctionnement d’Atlas. D’un point de vue technique, nous avons dû adapter en urgence nos systèmes d’information pour intégrer les nouvelles règles, avec un calendrier particulièrement serré. La mobilisation de nos équipes a été intense, en lien étroit avec les autres acteurs. Réunions hebdomadaires, arbitrages rapides, ajustements constants… il a fallu tout mettre en œuvre pour être prêts à temps. Et nous avons pu appliquer les nouvelles règles dès le 1er juillet. D’ailleurs la mobilisation ne s’arrête pas là, car les prochaines semaines seront consacrées au suivi de ces nouvelles mesures.

les nouvelles règles (…) suscitent beaucoup de questions »

Mais l’enjeu dépasse la seule mise en conformité. Les délais très courts entre la définition des règles et leur application sont une contrainte forte qui met en tension tout le système. L’accompagnement des entreprises et des CFA devient central : les nouvelles règles, notamment la participation financière obligatoire sur certains niveaux de formation, suscitent beaucoup de questions. Il nous revient d’expliquer, de rassurer, et parfois de corriger des malentendus. En parallèle, notre charge de travail augmente fortement — plus de factures, plus de suivi, et des budgets contraints. Cela nous oblige à repenser notre organisation, à gagner en agilité et à rester pleinement mobilisés pour assurer un service de qualité, malgré un cadre plus exigeant.

Quel impact sur les relations administratives et contractuelles entre Atlas et les CFA ?

Ces nouvelles règles modifient en profondeur la dynamique entre Atlas et les CFA, en particulier sur les volets contractuel et administratif. Le premier enjeu est de parvenir à une lecture commune des textes et à une application cohérente des nouvelles modalités. Cela implique un travail d’alignement étroit, notamment entre nos systèmes d’information, pour garantir un traitement fluide et sécurisé des données, contrats et factures. La charge administrative s’alourdit des deux côtés, ce qui rend la coordination encore plus cruciale pour éviter les blocages.

Plus que jamais, la relation de travail entre Atlas et les CFA doit s’appuyer sur une coopération continue »

Sur le plan financier, la baisse des niveaux de prise en charge vient fragiliser certains modèles économiques côté CFA, tout en obligeant Atlas à ajuster la gestion de ses propres enveloppes. Cela nous pousse à revoir certaines pratiques, à gagner en souplesse, et surtout à renforcer le dialogue. Plus que jamais, la relation de travail entre Atlas et les CFA doit s’appuyer sur une coopération continue, pour garantir une mise en œuvre fluide des règles et préserver la qualité du service rendu aux apprentis comme aux employeurs.

Selon vous, quels sont les impacts majeurs pour les CFA dans la gestion quotidienne de leurs contrats d’apprentissage depuis le 1er juillet ?

Depuis le 1er juillet, les CFA doivent faire preuve d’une capacité d’adaptation rapide face au nouveau cadre de gestion des contrats d’apprentissage. Le changement le plus marquant concerne le financement des formations de niveau licence et au-delà, avec l’introduction d’une participation obligatoire des employeurs. Cela modifie la structure des recettes des CFA, et pour certains c’est la découverte de la facturation aux entreprises d’un reste à charge. Surtout cela soulève de nouvelles questions, de la part des entreprises. À cela s’ajoute la proratisation journalière des financements, ainsi que le versement différé d’un solde de 10 % en fin de contrat : autant de mesures qui complexifient la gestion administrative au quotidien.

Ces évolutions entraînent une hausse nette de la charge de travail : les factures seront plus nombreuses, plus éclatées dans le temps, et nécessiteront des outils et des équipes mieux calibrés.

c’est une montée en rigueur qui s’impose »

Les CFA devront également jouer un rôle renforcé d’accompagnement auprès des employeurs, pour clarifier des règles parfois perçues comme techniques ou floues.

Et surtout, ces nouvelles mesures peuvent questionner les entreprises, compte tenu du coût supplémentaire. Là encore les CFA sont en première ligne, mais Atlas est présent pour les aider à identifier la plus-value de ces recrutements en alternance et leur en faciliter la réalisation.

Quelles sont les actions déployées par Atlas pour accompagner les CFA dans la compréhension et l’application de ces nouveautés ?

Face à l’ampleur des changements, Atlas s’est mobilisé en amont. En lien étroit avec la DGEFP et les autres OPCO, nous avons travaillé à sécuriser la mise en œuvre des nouvelles règles, notamment sur le plan technique. Cela a nécessité de nombreux échanges, des points d’étape réguliers et un travail collaboratif sur les systèmes d’information pour garantir une transition sans rupture.

Mais l’accompagnement ne s’arrête pas là. Nous avons renforcé notre présence aux côtés des CFA et des employeurs pour leur fournir des repères clairs sur les nouvelles obligations, comme la participation financière des entreprises. Des supports pédagogiques, des sessions d’information et une écoute terrain sont au cœur de notre démarche. Nous avons ainsi organisé le 11 juillet un webinaire national qui a rassemblé plus de 800 participants - et dont le replay est disponible sur ce lien  - pour éclairer les nouvelles modalités de financement. Par ailleurs, nous collaborons activement avec les éditeurs de logiciels, dans un cadre inter-opco, pour assurer que les outils soient bien alignés avec la réglementation. L’objectif est simple : rendre la transition la plus fluide possible et permettre à chacun de s’approprier sereinement ce nouveau cadre.

Comment Atlas envisage-t-il de renforcer la coopération avec les CFA dans ce nouveau contexte ?

La réussite de la réforme repose sur une coordination étroite »

Dans ce nouveau contexte, renforcer la coopération avec les CFA est une priorité pour Atlas. La réussite de la réforme repose sur une coordination étroite et une compréhension partagée des règles. C’est pourquoi nous avons intensifié nos échanges avec les éditeurs de logiciels utilisés par les CFA, afin de garantir que les évolutions techniques suivent le rythme réglementaire et que les flux d’information restent clairs, fiables et synchronisés.

Nous construisons également un cadre de référence commun à l’ensemble des Opco pour harmoniser les pratiques et éviter les interprétations divergentes, notamment sur des points sensibles comme la participation obligatoire des employeurs. Pour cela nous pouvons nous appuyer sur le support publié par la DGEFP  qui formalise les points de cadrage réalisés en amont de la publication des décrets. En parallèle, nos propres outils évoluent — en particulier sur le volet facturation — pour absorber la hausse de la charge administrative et faciliter les échanges. Et nous accompagnons nos équipes internes pour qu’elles puissent répondre au mieux aux interrogations des CFA et des entreprises.

Enfin nous mobilisons nos ressources pour continuer à diminuer les délais de traitement et automatiser au maximum la gestion administrative, afin de réduire l’impact opérationnel de ces nouvelles mesures.

L’objectif est clair : poser les bases d’un partenariat renforcé, plus fluide et plus réactif, pour accompagner ensemble cette transition avec efficacité et sérénité.

Quels conseils donneriez-vous aux CFA pour maintenir une relation de travail fluide et proactive avec Atlas après l’entrée en vigueur de la réforme ?

La réussite de cette nouvelle étape repose sur une relation de confiance »

Dans cette phase de transition, la clé d’une relation fluide entre les CFA et Atlas, c’est la collaboration. Un dialogue régulier et constructif permet de résoudre rapidement les difficultés et d’anticiper les points de blocage. Remonter les alertes, partager les bonnes pratiques, échanger en continu : c’est ce qui nous permettra de progresser ensemble. Il est aussi essentiel de veiller à l’alignement des systèmes d’information — un bon paramétrage et une coordination étroite avec les éditeurs garantissent la fiabilité des flux et le respect des nouvelles règles. Nos chargés de mission alternance et promotion des métiers sont ainsi pleinement mobilisés dans chaque région pour accompagner nos partenaires CFA.

Plus que jamais, la réussite de cette nouvelle étape repose sur une relation de confiance, fondée sur la transparence, l’agilité et un objectif commun : sécuriser les parcours des apprentis dans un cadre de gestion solide et partagé.

• Hausse du nombre de factures à traiter pour les CFA et les OPCO, entraînant un surcroît de gestion administrative.

• Risques de tensions financières pour les CFA, notamment sur la trésorerie, en raison du décalage des versements et du recouvrement des participations obligatoires des entreprises.

• Renforcement du dialogue entre OPCO et CFA, indispensable pour réussir cette transition dans un contexte budgétaire plus contraint.


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