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Formation professionnelle : l’ESR face aux enjeux de qualité et de modularisation ; perspectives à 2030

News Tank RH - Paris - Actualité n°398988 - Publié le
©  IC / News Tank
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« L’ESR public a toute sa place sur le marché de la formation professionnelle. Il y a néanmoins un travail à faire pour une meilleure exposition de l’offre de formation continue et professionnelle des universités », déclare Laure Vagner-Shaw, cheffe du service de la stratégie des formations et de la vie étudiante à la Dgesip Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle , le 15/05/2025.

Elle s’exprime lors d’une matinée organisée par Univpro (anciennement réseau FCU) sur l’avenir de la formation professionnelle à l’université. « Pour mieux répondre aux besoins des apprenants, il faut mieux connaître le public en formation professionnelle à l’université. Nous avons des progrès à faire sur le partage de données avec le ministère du Travail », indique-t-elle.

Laurent Gatineau, président de CY Cergy Paris Université, évoque l’enjeu de l’accompagnement des étudiants et apprenants en réorientation. « Chaque année, il y a un nombre très important de candidats à la réorientation sur Parcoursup. Est-on capable de gérer le droit à l’erreur ? Peut-on offrir un parcours, idéalement à la carte, pour un jeune qui s’est trompé de voie ? Il faut des passerelles dans tous les sens entre les formations. Le sujet de la modularisation est central pour permettre aux étudiants de valider des briques, même s’ils ne terminent pas leur année d’études. »

Interrogée sur l’avenir de la FTLV à horizon 2030, Laure Vagner-Show déclare : « La frontière entre formation initiale et formation continue sera plus ténue. La modularisation est essentielle pour permettre des adaptations en cours de vie, voire en cours de formation. »


Adaptation de l’offre aux besoins, financements… les défis de la formation continue à l’université

Malgré un contexte marqué par l’incertitude, quelques tendances se dégagent sur l’évolution de la formation professionnelle et continue, d’après Laure Vagner-Shaw.

« La démographie étudiante continue de monter un petit peu et ne descendra pas avant 2034. Nous souhaitons mettre l’accent de plus en plus sur la formation professionnelle et l’adaptation aux besoins des étudiants, dont une bonne partie attend des formations professionnalisantes. Cela soulève la question territoriale. Ces étudiants sont mobiles, mais n’ont pas tous les mêmes moyens. Il est essentiel que l’État maintienne un l’équilibre de l’offre de formation au niveau territorial. »

L’enjeu de la qualité

Laurent Gatineau cite l’enjeu de la qualité et la charte pour un accompagnement responsable et de qualité des apprentis des établissements d’enseignement supérieur, portée par la Dgesip.

« S’assurer de la qualité des formateurs, des compétences que l’on certifie et de la valeur ajoutée que nous apportons est une démarche centrale. Tout le monde est sur la défensive sur ce sujet. Accompagner le pays en formation initiale et continue est notre mission de service public. »

« Le contrôle du privé fera bouger les choses. C’est une bonne nouvelle. Le contrôle est indispensable. Il faut être qualitatif, innovant, à l’écoute des besoins des entreprises et de la société », indique-t-il.

Un contexte budgétaire contraint

Évoquant la situation des finances publiques, Laure Vagner-Shaw indique : « Le contrôle est souvent perçu comme très lourd et peu efficace. Nous sommes préoccupés au niveau du ministère, tant par la question budgétaire que celle du contrôle. On ne peut s’en sortir qu’en simplifiant, en s’engageant dans une meilleure proportionnalité et équité du contrôle. »

Stéphane Rémy, sous-directeur des politiques de formation et du contrôle auprès de la DGEFP, déclare : « Dans le cadre budgétaire et contraint dans lequel nous sommes, comment peut-on faire mieux et ensemble ? Par exemple sur le CPF, comment articuler le droit attaché à l’individu et les intérêts de l’entreprise ? »

Au-delà des perspectives à 2030 pour la formation continue, les intervenants de la table ronde ont tous rappelé le chemin parcouru par les universités. « Les universités ont fini par comprendre que la formation professionnelle n’était pas une sous-formation. Aujourd’hui, un diplôme fait en alternance a la même valeur qu’un diplôme classique », indique Laurent Gatineau.

« L’objectif pour les universités est de ne plus être uniquement un opérateur de formation initiale mais aussi un opérateur majeur de la FTLV qui réponde à l’obsolescence des compétences. Les universités sont outillées pour cela, leur offre est aussi beaucoup plus adaptée qu’avant aux besoins des entreprises avec des formations digitalisées », déclare le président de CY Cergy Université.

Les perspectives pour la FTLV à horizon 2030

Sur l’avenir de la formation professionnelle d’ici 2030, Stéphane Rémy indique : « Il y a une demande forte de stabilité et de lisibilité des acteurs. L’apprentissage reste un des vecteurs de développement et de soutien à l’emploi, nous continuerons à soutenir la politique en faveur de l’emploi des jeunes et de l’apprentissage. Mais peut-être en sortant des chiffres : l’enjeu porte moins sur la volumétrie que sur le qualitatif. »

« Les universités ont été une formidable locomotive pour le développement des formations en apprentissage. Mais pour être pertinent et crédible, faut-il encore que la pédagogie de l’alternance soit là. Le renforcement de la démarche qualité de Qualiopi traduit notre volonté d’avancer sur ce point. »

Le sous-directeur des politiques de formation et du contrôle de la DGEFP pose un autre enjeu : « Articuler les fonds privés et publics, surtout en période de contraintes budgétaires ».

La frontière entre formation initiale et formation continue

« La frontière entre initiale et FTLV se gommera dans les années à venir. A-t-on forcément besoin de rester cinq à six ans à l’université pour se lancer sur le marché de l’emploi ? Ce n’est pas certain. Nous avons une massification de l’ESR, une hétérogénéité accrue des publics. Il faut y répondre en créant des parcours différents. Certains jeunes mettront plus de temps à acquérir des compétences et les acquérir autrement », déclare Laurent Gatineau.

« Il peut y avoir plusieurs voies pour faire des études longues : une formation initiale suffisante qui apporte des compétences socles, puis des modules complémentaires au démarrage de l’insertion professionnelle avec des certifications, comme cela se fait historiquement pour les professions médicales. »

L’articulation entre diplômes, certification, microcertification

Concernant l’avenir du diplôme à l’horizon 2030 avec le développement des microcertifications, Laurent Gatineau déclare : « Le diplôme reste sociologiquement en France toujours associé à la progression sociale et, en cela, il n’est pas près de disparaître. »

Laure Vagner-Shaw indique : « La microcertification est plus portée au niveau international et européen qu’en France. Quand on a du mal à se mettre d’accord, on commence à s’entendre sur des microcailloux. La microcertification permet d’avoir une lame de fond avec des données qui seraient comparables. Mais cela reste peu normé et régulé. »

« Le diplôme aura toujours de la valeur pour des questions de cohérence. Il n’est pas seulement une somme de compétences, le diplôme propose une démarche, un parcours qui permet d’avancer. Il ne faudrait pas trop opposer la question de la certification et du diplôme, ce sont deux objets complémentaires pour adapter l’offre aux besoins des étudiants et de la société. »


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