AAP 2023 : « En route vers la formation 4.0 grâce à la création de 2 hubs » (FDME)

News Tank RH - Paris - Article n°392115 - Publié le
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Chaque année, Atlas lance un appel à projets «  Inventer les CFA de demain  » et invite ainsi les CFA et OFA à repenser leurs pratiques pour construire la formation de demain.

Lauréat de l’appel à projets 2023, le projet de création de deux Hubs, porté par la Faculté des Métiers de l’Essonne, s’inscrit dans une initiative plus large intitulée «  En route vers la formation 4.0  ». Les Hubs 209 et 212 visent à équiper le CFA de deux espaces pédagogiques multimodaux facilitant l’articulation entre formations présentielles et distancielles, tout en renforçant les liens avec les entreprises partenaires.

Laure Bonnaventure, attachée de direction de la Faculté des Métiers en charge des projets pédagogiques et transversaux, et Pascal Duloisy, responsable du site de Massy, présentent ce projet pédagogique cofinancé par Atlas.


Pouvez-vous présenter la Faculté des Métiers de l’Essonne ?

La Faculté des Métiers de l’Essonne est le plus grand CFA « dans les murs » d’Île-de-France, avec près de 3 000 apprentis répartis sur trois sites : Évry, Bondoufle et Massy. Elle propose également des formations professionnelles continues, destinées aussi bien aux salariés qu’aux demandeurs d’emploi.

Nous couvrons de nombreux secteurs, du tertiaire à l’industrie, en passant par les métiers de bouche ou de l’esthétique. Le site de Massy, notamment, forme environ 400 jeunes aux métiers du tertiaire (comptabilité, gestion, informatique, RH, immobilier, commerce).

En quoi consiste votre projet de création de Hub, lauréat CFA 2023 d’Atlas ?

Laure Bonnaventure : Le projet Hub 209 et 212 est un projet d’aménagement «  physique  » pour notre site de Massy, visant à créer deux « learning labs ». Le site de Massy, qui ne disposait jusqu’à présent que d’un centre de ressources traditionnel, manquait d’équipements à la hauteur des enjeux pédagogiques actuels. Les deux nouveaux espaces Hub 209 et 212 permettent désormais d’expérimenter des formes pédagogiques plus interactives, flexibles et centrées sur les apprentissages actifs.

Pascal Duloisy : L’idée est en effet née en grande partie de l’expérience du travail à distance lors du confinement, qui a agi comme un révélateur. Pendant cette période, nous avons découvert que certaines formations, notamment en comptabilité, s’adaptaient très bien au distanciel. Des cours pouvaient être assurés à distance tout en respectant parfaitement les référentiels. En parallèle, nous avons observé que les entreprises aussi cherchaient à limiter les déplacements et privilégiaient les échanges numériques. Cela a constitué un double déclencheur : d’un côté, une adaptation pédagogique devenue nécessaire, de l’autre, une attente très claire de la part des employeurs partenaires. Le projet Atlas s’est donc construit autour de cette volonté d’intégrer durablement des outils numériques à la fois dans les contenus, les modes d’interaction, et les espaces physiques.

Quels sont les principaux aménagements réalisés dans le cadre du projet ?

Laure Bonnaventure : Nous avons conçu deux espaces distincts :

  • Un hub interactif, équipé de grands écrans tactiles et d’un dispositif de visioconférence pour faciliter les échanges entre apprentis, entreprises et formateurs ;
  • Un espace acoustique, avec l’intégration d’une alcôve acoustique qui favorise les oraux professionnels en petit comité.

Pour ces espaces, nous avons mis en place un mobilier modulable, qui encourage le travail en îlots et une pédagogie active. Nous avons aussi intégré des alcôves acoustiques, qui offrent un cadre feutré propice aux entretiens individuels, aux oraux professionnels ou aux exercices de langue. Ce sont des espaces particulièrement adaptés aux jeunes qui ont du mal à prendre la parole devant un groupe. On a constaté que ces dispositifs contribuent à instaurer un climat de confiance. Cela bénéficie aussi aux jeunes en situation de handicap cognitif ou avec des troubles du spectre autistique, qui peuvent travailler de manière plus isolée et sereine.

Pascal Duloisy : Nous avons également installé le dispositif RapidMOOC, qui permet aux apprenants de s’entraîner à la prise de parole en se filmant. Ils peuvent ainsi préparer leurs soutenances et se préparer à l’ensemble des épreuves orales, notamment en langue étrangère. Nos jeunes ne sont pas toujours à l’aise dans la communication, le dispositif leur permet d’améliorer fortement leur capacité d’échange à l’oral.
Il permet aussi aux formateurs de réaliser des capsules vidéo, intégrables sur notre LMS (Learning Management System), en vue d’enrichir les contenus de formation et de développer les apprentissages en autonomie et à distance.

Un autre point clé est l’introduction de tableaux numériques interactifs, qui remplacent les vidéoprojecteurs classiques. Ils facilitent l’interaction et rendent l’apprentissage plus dynamique.

Quels ont été les bénéfices de ces aménagements pour vos alternants ?

Pascal Duloisy : Les retours ont été très positifs dès la découverte des nouveaux espaces. Les jeunes ont tout de suite apprécié le cadre, à la fois moderne, calme et rassurant. L’atmosphère feutrée qui y règne favorise la concentration. C’est un peu comme dans une bibliothèque : les comportements changent naturellement, le niveau sonore baisse, et cela contribue à créer un environnement de travail plus serein.

Laure Bonnaventure : Les aménagements rendent les apprentis plus actifs. Grâce au travail en petits groupes, à la modularité des espaces et aux outils numériques, ils s’impliquent davantage. Face à un exercice concret, sur écran ou en équipe, leur engagement est bien plus fort que dans un cours magistral, ce qui permet aussi de mieux répondre aux difficultés de concentration que l’on observe aujourd’hui.

Le projet a-t-il eu des effets positifs dans la relation avec vos entreprises partenaires ?

Pascal Duloisy : Un des effets très concrets du projet, c’est l’augmentation du taux de participation des maîtres d’apprentissage à nos bilans pédagogiques. Avant, il était proche de zéro, car peu de professionnels prenaient le temps de se déplacer. Grâce à l’équipement en visioconférence, nous atteignons aujourd’hui entre 25 % et 30 % de participation selon les formations. Cela change la nature du lien entre le CFA et les entreprises : on peut projeter les bulletins, échanger en direct, répondre aux questions.

Laure Bonnaventure : Cela contribue aussi à une meilleure implication des entreprises dans le suivi des alternants. Et au-delà des bilans, ces outils nous permettent d’envisager des formats hybrides pour certaines séquences de formation. En Île-de-France, les temps de transport sont souvent un frein. Le fait de pouvoir proposer des contenus accessibles à distance, en complément du présentiel, permet de toucher des publics plus larges et de s’adapter à des contraintes de mobilité. C’est un levier d’inclusion et d’ouverture.

Quelles ont été les grandes étapes de mise en œuvre ?

Laure Bonnaventure : Après avoir répondu à l’appel à projets lancé par Atlas, nous avons démarré les procédures de marché public nécessaires à l’acquisition du matériel et à la réalisation des travaux. Il a fallu réaménager complètement les deux salles : refaire les peintures, intégrer les nouveaux câblages, commander les équipements, etc. Ce sont des phases assez longues. Une fois les installations en place, nous avons organisé la formation des équipes pédagogiques, en particulier sur l’outil RapidMOOC, afin que chacun puisse se l’approprier.

Pascal Duloisy : Le projet s’est déroulé de manière progressive, entre 2023 et début 2024. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase d’utilisation pleine, avec des retours très encourageants. Une enquête de satisfaction est en cours, mais au quotidien, nous voyons bien que les formateurs comme les apprentis se sont emparés de ces nouveaux outils.

Quel rôle a joué l’Opco Atlas dans la concrétisation de ce projet ?

Laure Bonnaventure : Sans l’appel à projets 2023 d’Atlas, nous n’aurions jamais pu financer un tel niveau d’équipement. Il ne s’agit pas seulement de mobilier ou de matériel, mais aussi de ressources humaines, de temps de formation, de développement de contenus. Ce financement nous a permis de franchir un cap, de professionnaliser notre approche du numérique éducatif, et de proposer à nos jeunes comme à nos partenaires entreprises un environnement d’apprentissage du XXIe siècle.

Pascal Duloisy : Ce projet a aussi agi comme un déclencheur pour d’autres initiatives. Il a permis d’installer une culture du numérique pédagogique dans nos équipes, de faire évoluer les pratiques. Aujourd’hui, nous voyons déjà émerger de nouvelles idées : élargir l’usage des hubs à d’autres filières, développer encore les contenus hybrides, renforcer la place des outils vidéo dans la formation.



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