« Valoriser le télétravail au sein de l’organisation collective du travail » (D. Mahé, Syntec Conseil)

News Tank RH - Paris - Interview n°345296 - Publié le 21/11/2024 à 09:00
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« Je ne préconise pas la suppression du télétravail, mais sa valorisation au sein de l’organisation collective du travail », déclare David Mahé Président (réélu en juillet 2024 pour trois ans) @ Syntec Conseil • Président-fondateur @ Human & Work
, président de Syntec Conseil • Syndicat professionnel représentatif des sociétés de conseil en France (20 Md€ de CA). Membre de la Fédération Syntec, elle-même membre du Medef• Création : 2019• Mission : Faire la promotion et… et président fondateur du cabinet Human & Work, cabinet spécialisé dans l’accompagnement des DRH, à News Tank le 12/11/2024.

« Au cours de ces dernières années, le télétravail s’est développé en France en dehors d’une réflexion sur l’organisation collective du travail. Dans les accords d’entreprise, il est ainsi question des jours de télétravail accordés et d’une organisation individuelle du télétravail, au point que certains y voit un droit individuel au télétravail et parfois un acquis social. »

« Il est temps de se poser les bonnes questions : cette vision individualiste du télétravail ne menace-t-elle pas la productivité collective, la créativité des équipes comme l’affirme Ubisoft [l’éditeur français de jeux vidéo souhaite que ses employés reviennent au bureau trois jours par semaine au minimum], l’intégration des nouveaux collaborateurs en particulier les jeunes, même si ceux-ci sont à la recherche d’autonomie ? »


David Mahé répond aux questions de News Tank

L’annonce d’Amazon d’un retour intégral de ses équipes administratives au bureau en 2025 pourrait-elle inspirer les entreprises françaises ?

Le cas d’Amazon comme celui d’autres entreprises est propre à la situation des États-Unis où la pratique du télétravail est ancienne et bien antérieure à l’épidémie de Covid qui n’a fait que la renforcer. Depuis la France, ce mouvement de balancier peut sembler violent, mais il ne s’agit que d’un retour à la normalité pour ces entreprises.

Le télétravail est devenu une vraie question »

Pour le moment, il n’est pas question pour les entreprises françaises de faire revenir sur site tous les collaborateurs, mais le télétravail est devenu une vraie question. Aujourd’hui, on est à la croisée des chemins après plusieurs années de pratiques du télétravail basées sur des chartes ou des accords d’entreprise. Des habitudes se sont créées. Tout le monde convient que c’est un facteur d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle que les salariés ne veulent pas abandonner, et aussi un levier d’attractivité sur un marché du travail tendu. Désormais, l’enjeu est de bâtir une organisation du travail fondée sur un équilibre entre la performance collective et la flexibilité qui permet à chacun de s’épanouir et de rester productif.

Comment trouver cet équilibre entre la performance collective et les aspirations des salariés ?

Au cours de ces dernières années, le télétravail s’est développé en France en dehors d’une réflexion sur l’organisation collective du travail. Dans les accords d’entreprise, il est ainsi question des jours de télétravail accordés et d’une organisation individuelle du télétravail, au point que certains y voit un droit individuel au télétravail et parfois un acquis social.

Vision individualiste du télétravail »

Il est temps de se poser les bonnes questions : cette vision individualiste du télétravail ne menace-t-elle pas la productivité collective, la créativité des équipes comme l’affirme Ubisoft [l’éditeur français de jeux vidéo souhaite que ses employés reviennent au bureau trois jours par semaine au minimum], l’intégration des nouveaux collaborateurs en particulier les jeunes, même si ceux-ci sont à la recherche d’autonomie ? Aucune étude probante n’apporte de réponse sur une éventuelle meilleure productivité des collaborateurs sur site qu’en télétravail ou l’inverse. Mais il faut se fier à l’intuition de certaines entreprises qui rencontrent des difficultés depuis l’essor du télétravail.

Je ne préconise pas la suppression du télétravail mais sa valorisation au sein de l’organisation collective du travail.

Que recommandez-vous pour maintenir ou reconstruire le collectif de travail ?

Au cours de ces dernières années, on a constaté des dérives dans les entreprises liées au télétravail : pas ou peu de moments partagés par l’ensemble des collaborateurs, une absence de coordination des plannings, des locaux vides les mercredis et vendredis par exemple et surchargés les autres jours de la semaine, etc. Il faut donner les moyens aux managers de fixer des règles saines et efficaces d’organisation, adopter des rituels et proposer des rendez-vous partagés où l’ensemble de l’équipe est présent.

Pour faire revenir leurs salariés, certaines entreprises ouvrent des salles de sports et de bien-être, des lieux de restauration, etc. Est-ce suffisant ?

Ces initiatives qui font partie de la qualité de vie au travail peuvent inciter les salariés à venir davantage dans les locaux de l’entreprise. Proposer des espaces propices au travail, à la collaboration et aux interactions sociales, c’est important. Mais ce qui l’est davantage, c’est de convier tous les collaborateurs à imaginer le futur de leur entreprise. Ils doivent se sentir fiers de participer à un projet commun. Il faut leur donner le sentiment que c’est dans ses locaux que cela se passe et qu’il s’y déroule des moments de qualité essentiels à ne pas rater. Une première solution consiste à supprimer les événements mixtes (en présentiel et à distance).

La semaine « de » ou « en » quatre jours se développe-t-elle à côté du télétravail ?

Certains salariés comme les ouvriers en usine n’ont pas accès au télétravail, ce qui est injuste. C’est souvent pour cette raison que des entreprises se lancent dans l’expérimentation de la semaine de quatre jours, mais cette pratique est encore peu répandue.

Syntec Conseil

• Syndicat professionnel représentatif des sociétés de conseil en France (20 Md€ de CA). Membre de la Fédération Syntec, elle-même membre du Medef
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Fiche n° 8488, créée le 04/04/2019 à 03:37 - MàJ le 28/11/2024 à 12:45

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