Assurance : « L’alternance, une voie privilégiée d’entrée dans le secteur » (Norbert Girard, OEMA)
« L’alternance est aujourd’hui un axe majeur, voire privilégié d’entrée dans le secteur de l’assurance. Elle constitue une voie d’excellence pour débuter dans la vie active », indique Norbert Girard
Secrétaire général @ Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance (OEMA)
, secrétaire général de l’OEMA
• Association paritaire régie par la loi de 1901 créée sous l’égide de la Fédération française des sociétés d’assurances et du Groupement des entreprises mutuelles d’assurances, devenus France…
(Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance
• Association paritaire régie par la loi de 1901 créée sous l’égide de la Fédération française des sociétés d’assurances et du Groupement des entreprises mutuelles d’assurances, devenus France…
, le 04/11/2024 à News Tank.
« C’est aussi un axe privilégié de renouvellement générationnel : avec 7 360 alternants en poste en 2023, leur part dans les effectifs totaux de l’assurance s’établit à 4,7 %, soit son plus haut niveau historique (+0,3 point par rapport à 2022), selon le Roma 2024, le 28e rapport annuel de l’Observatoire, rendu public le 24/10/2024. Les employeurs de l’assurance plébiscitent l’apprentissage, et je serais très surpris qu’ils abandonnent cette voie si l’aide au recrutement venait à disparaître ou était réduite », ajoute-t-il.
Norbert Girard revient sur les principaux enseignements du Roma 2024 et sur les différents travaux en cours de l’Observatoire : l’IA
Intelligence artificielle
, les certifications et le suivi des accords de branche signés.
Norbert Girard répond aux questions de News Tank
Quels sont les grands enseignements du rapport 2024 de l’Observatoire sur les métiers et les formations des salariés de l’assurance ?
La bonne tenue de l’emploi dans l’assurance est le premier sujet de satisfaction, qui était loin d’être une évidence. Avec 157 000 salariés au 31/12/2023, la profession a enregistré une croissance de ses effectifs de 1,6 % (+2 400 personnes). Et en dix ans, pas moins de 10 000 emplois ont été créés. Cette bonne santé de l’emploi est une tendance de fond, qui s’est accentuée depuis la fin de la période Covid en 2021.
En 2023, les recrutements augmentent et s’établissent à 20 600. Ils permettent de compenser un niveau de turnover encore élevé (12,3 %), mais qui n’augmente pas autant qu’au cours des trois dernières années, et d’assurer le renouvellement des générations (l’âge moyen des collaborateurs est de 42,5 ans). Les sociétés d’assurance ont besoin de jeunes. Pas seulement pour remplacer les départs à la retraite. Elles souhaitent aussi rajeunir leurs effectifs.
La progression de l’emploi selon les métiers
• Métiers de l’indemnisation (gestion des sinistres : accident, incendie, vol…) : +570 salariés (soit +1 000 depuis 2021) ;
• Métiers de l’informatique (+470 salariés) ;
• Les forces commerciales retrouvent leur volume antérieur (+2 430 vs -870 salariés) ;
• La relation client, après avoir crû de 990 personnes en 2022, diminue de 660 personnes en 2023 ;
• Le pilotage économique, comptable et financier (-280 personnes) se situe toujours en 5e place, avec des effectifs relativement fluctuant au fil des ans : 8 780 salariés en 2021, 8 990 en 2022 et 8 710 en 2023 ;
• Le domaine environnement de travail et appui aux équipes, structurellement en négatif, finit l’année avec 7 530 salariés (-170), à comparer aux 8 500 recensés fin 2020.
L’alternance a-t-elle encore progressé en 2023 ?
L’année 2023 n’a pas démenti la tendance des années précédentes : l’alternance atteint un nouveau record avec 4 850 alternants recrutés (4 200 apprentis et 650 titulaires de contrats de professionnalisation), soit 200 de plus qu’en 2022, 450 de plus qu’en 2021 et 1 110 de plus qu’en 2020. La part croissante d’apprentis compense la diminution régulière, depuis déjà plusieurs années, des contrats de professionnalisation.
Un axe privilégié de renouvellement générationnel »Au fur et à mesure que l’offre de formation dans les métiers de l’assurance s’est ouverte à l’alternance, les représentations des étudiants et des sociétés d’assurance sur ce dispositif se sont transformées. C’est aujourd’hui un axe majeur, voire privilégié d’entrée dans le secteur de l’assurance. Elle constitue une voie d’excellence pour débuter dans la vie active. C’est aussi un axe privilégié de renouvellement générationnel : avec 7 360 alternants en poste en 2023, leur part dans les effectifs totaux de l’assurance s’établit à 4,7 %, soit son plus haut niveau historique (+0,3 point par rapport à 2022).
Les employeurs de l’assurance plébiscitent l’apprentissage, et je serais très surpris qu’ils abandonnent cette voie si l’aide au recrutement venait à disparaître ou était réduite. Cette aide a déjà été abaissée à 6 000 euros à compter du 01/01/2023 et cela n’a eu aucune incidence sur l’essor de l’apprentissage dans notre secteur.
Les métiers-cœurs de l’assurance attirent trois alternants sur cinq (60,3 %)
• Distribution et développement commercial : 31,7 %
• Indemnisation, prestations et solutions d’accompagnement : 12,5 %
• Relation client et opérations d’assurance : 7,8 %
• Conception et adaptation de l’offre : 6,7 %
• Gestion des actifs : 1,6 %
Le secteur de l’assurance confirme-t-il sa forte culture de la formation professionnelle continue ?
Neuf salariés sur dix accèdent à la formation »C’est une autre tendance forte du ROMA 2024. L’année 2023 ne déroge pas à la tradition, puisque le taux d’accès à la formation se révèle toujours aussi fort : 90,6 %, soit neuf salariés sur dix et plus du double du taux d’accès interprofessionnel (43 % en 2021).
La durée de la formation se maintient sur la même valeur moyenne que l’an passé, c’est-à-dire 33,7 heures. Les métiers positionnés au cœur de la relation client (indemnisation, opérations d’assurance et commerciaux) sont ceux qui cumulent les plus longues durées moyennes de formation. Les commerciaux, qui constituent également le premier domaine de métiers dans l’assurance (36,3 % des effectifs), vont même jusqu’à se former sur une durée une fois et demie supérieure à la moyenne de branche (47,9 heures).
Il faut préciser que moins d’un tiers des formations mises en œuvre (31,3 %) correspondent à des actions obligatoires et 68,7 %, à des formations non obligatoires. La loi est d’ailleurs bien faite, car la plupart des sociétés d’assurance disent qu’elles auraient délivré les formations obligatoires même si elles n’y avaient pas été contraintes. La branche consacre environ 5 % de la MSB à la formation, et certains grands groupes vont jusqu’à 6,7 %. Cela s’explique par le fait que, dans le tertiaire, tout repose sur les collaborateurs qui doivent être parfaitement formés. La formation est un vrai investissement.
Comment évolue le télétravail ?
Près de trois salariés sur quatre télétravaillent en 2023 »Ce n’est pas le Covid qui a installé le télétravail dans les assurances, il l’a seulement accéléré. Dès 2017, le secteur a senti que cette organisation prenait de l’importance et il s’est mis à le quantifier. C’est ce qui nous permet d’avoir des indicateurs sur l’expansion du télétravail depuis 2017.
En 2019, première année de l’épidémie, le taux de télétravail était de 23,5 %. Il n’a pas cessé de grimper depuis : 53,1 % en 2020, 60,9 % en 2021, 67,1 % en 2022 et 69,5 % en 2023, ce qui représente près de trois salariés sur quatre.
S’agissant de la durée moyenne du télétravail, elle a fortement augmenté à partir de 2019 (42 jours cette année-là, 75 jours en 2020 et 89,6 jours en 2021). Mais on observe un décrochage en 2022, avec une durée moyenne du télétravail de 69,5 jours. Nous étions dans l’expectative pour 2023 et, finalement, le nombre de jours moyens télétravaillé est reparti à la hausse avec 77,5 jours.
Actuellement, les salariés qui ont le plus recours au télétravail sont les femmes, les cadres et, de manière générale, les plus diplômés. Ce qui a dominé dans la généralisation du télétravail, c’est la volonté de mieux articuler la vie professionnelle avec la vie personnelle, mais des difficultés sont apparues au sein du management et chez les salariés eux-mêmes (surinvestissement jusqu’au burn-out ou désengagement, perte de sens du métier…), et certaines entreprises réfléchissent aujourd’hui à d’autres solutions comme la semaine en quatre jours.
Où en sont les travaux de l’Observatoire sur l’impact de l’IA sur les métiers de l’assurance ?
Le baromètre prospectif que nous avons publié en juillet 2024 examinait également l’impact de l’intelligence artificielle dans l’assurance. Depuis l’émergence de technologies comme ChatGPT, l’IA générative s’est rapidement imposée comme un sujet central de réflexion stratégique pour les entreprises d’assurance. Des expérimentations sont d’ailleurs en cours dans les entreprises du secteur.
Le rapport « les métiers de l’assurance au seuil de l’IA » publié le 16/12/2024 »L’observatoire a mené une étude auprès des professionnels de dix grands domaines d’activités pour explorer l’impact de l’IA sur les pratiques professionnelles et les évolutions des métiers. Le rapport intitulé « les métiers de l’assurance au seuil de l’IA » sera publié le 16/12/2024.
L’IA génère beaucoup de fantasmes et de craintes sur la transformation des métiers. Les principales questions qu’il faut se poser portent sur le chevauchement éventuel de l’IA avec son métier, d’une part, et sur le rapport de substitution entre l’homme et la machine, d’autre part. Dans l’assurance, si les chevauchements ne sont pas rares, l’IA devrait surtout permettre aux salariés d’aller plus loin dans leurs tâches. Et, pour une majorité d’entre eux, elle leur permettra de se recentrer sur leur cœur de métier, là où se situe leur valeur ajoutée « humaine ».
De quelle manière l’OEMA intervient-il dans la politique de certification de la branche ?
Dans la révision d’une certification comme le BTS Assurance, par exemple, qui est le diplôme phare de la profession, le rôle de l’Observatoire est d’identifier les métiers auxquels ce diplôme conduit. On regarde comment ces métiers se transforment et quelles sont les compétences qu’il faut également faire évoluer. Le BTS Assurance conduit principalement aux métiers de l’indemnisation et aux métiers commerciaux et, pour ces derniers, on note que l’importance accordée à la relation avec les clients est plus importante que par le passé, surtout avec la vague de l’intelligence artificielle qui se profile.
Ce travail vaut aussi pour le CQP (certificat de qualification professionnelle) « Chargé de relation clientèle assurance », qui est lui aussi en pleine refonte.
Les multiples inondations provoquées par le réchauffement climatique font-elles évoluer le métier d’assureur ?
Au niveau stratégique, cette question a bien été identifiée. Elle trouvera une déclinaison opérationnelle dans les mois qui viennent. Il y aura sûrement des réflexions sur des évolutions possibles de certaines certifications, mais rien n’est de tel n’est prévu pour le moment.
Quel est le plan de travail de l’Observatoire ?
Il sera arrêté par son conseil d’administration le 28/11/2024. En plus de l’étude sur l’IA qui sera présentée en décembre prochain, l’Observatoire poursuit ses travaux de suivi des accords signés au niveau de la branche : commerciaux, mixité/diversité, intégration des jeunes, seniors, handicap, parité femmes/hommes… Nous produirons plusieurs rapports en fin d’année et tout au long de 2025.
Norbert Girard
Secrétaire général @ Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance (OEMA)
Parcours
Secrétaire général
Établissement & diplôme
Master, Sociologie de l’entreprise et stratégie de changement
Ecole nationale d’assurance
Fiche n° 44630, créée le 26/10/2021 à 12:04 - MàJ le 04/11/2024 à 15:32
Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance (OEMA)
• Association paritaire régie par la loi de 1901 créée sous l’égide de la Fédération française des sociétés d’assurances et du Groupement des entreprises mutuelles d’assurances, devenus France Assureurs
• Création : 1996
• Missions :
- contribuer à la modernisation du dispositif professionnel d’appui à la gestion des ressources humaines prévu par la convention collective des sociétés d’assurances du 27/05/1992
- informer la profession sur les facteurs susceptibles de faire évoluer les contenus d’activité et les métiers. Ses travaux doivent permettre aux acteurs concernés d’en tirer les conséquences en termes de qualifications et de besoins de formation. Par ses éclairages, il participe à Gpec
- concevoir et mettre en œuvre des outils (indicateurs, enquêtes, groupes de travail…) permettant de suivre et d’anticiper les conséquences des évolutions économiques, organisationnelles, technologiques, sociétales, démographiques, etc., sur les métiers dans l’assurance
• Composition : l’observatoire est administré par un CA composé de 16 membres titulaires, répartis en deux collèges :
- 8 membres désignés par France assureurs,
- 8 membres désignés par les organisations syndicales de salariés représentatives au niveau professionnel
• Président : Thierry Tisserand (CFDT)
• Secrétaire général : Norbert Girard jusqu’au 01/12/2024 ; Émilie Amisse à compter de cette date
• Contact : Célia Lourenco, assistante
• Tél. : 01 53 21 51 20
Catégorie : Associations / Fondations
Adresse du siège
1, rue Jules Lefebvre75431 Paris Cedex 09 France
Fiche n° 6175, créée le 20/12/2017 à 11:37 - MàJ le 04/11/2024 à 15:12