Observatoires : « Leur rôle est fondamental » (Mikael Charbit, conseiller de la ministre du Travail)

News Tank RH - Paris - Actualité n°342318 - Publié le 24/10/2024 à 10:00
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Mikael Charbit (à droite), conseiller de la ministre du Travail, à la journée des OPMQ le 16/10/2024 - ©  D.R.

« Le rôle des OPMQ (observatoires prospectifs des métiers et des qualifications) est fondamental, parce que leurs travaux irriguent de nombreux volets de la politique publique. Leur rôle est essentiel pour permettre aux branches et aux entreprises de s’adapter aux évolutions du marché du travail », indique Mikael Charbit Conseiller apprentissage, certification et qualité @ Haut commissariat à l’enseignement et à la formation professionnels
, conseiller apprentissage, certification et qualité de la formation d’Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l’Emploi, le 16/10/2024, en ouverture de la journée annuelle des OPMQ.

« Le sujet de l’adaptation à l’évolution des compétences et aux organisations de travail est au cœur de la stratégie de la ministre, parce que, de son point de vue, la politique de formation est à la fois une politique sociale, car elle permet l’insertion et la promotion sociale, la professionnalisation et le maintien dans l’emploi. Mais c’est aussi un facteur de compétitivité, de développement de notre économie nationale. Les travaux des OPMQ irriguent ces éléments-là d’autant mieux qu’ils sont connus et partagés », dit-il.

« À date, les arbitrages budgétaires sont complexes, mais l’État continuera à soutenir, en lien avec les partenaires sociaux, la politique d’Edec, la PCRH (prestation de conseil en RH) en appui direct des entreprises, pour accompagner les transformations des compétences en lien avec les transitions environnementale et numérique et d’autres transformations à l’échelle des métiers ou de certaines filières. »

France compétences • Établissement public administratif créé par la loi du 05/09/2018, placé sous la tutelle du ministre chargé de la formation professionnelle. Mise en route le 01/01/2019 • Gouvernance quadripartite… a un rôle d’animation du réseau des OPMQ, de consolidation et de mise en visibilité de leurs travaux. Pour ce faire, il organise, chaque année, une rencontre nationale afin de mettre ces travaux en lumière pour tous les acteurs de l’emploi et de la formation.


Des études sur les pratiques d’alternance

"Intégration des nouveaux entrants, apprentissage… Comment décrypter les enjeux et élaborer des solutions d’appui ? » -

Assurance

« En 2021, l’OEMA (Observatoire de l’évolution des métiers des assurances) et l’Opco Atlas ont fait le même constat paritaire de la difficulté de recrutement en période post-Covid et de la méconnaissance qu’ont les jeunes de la réalité des métiers de l’assurance. C’est à partir de là qu’une feuille de route a été définie comportant des études pour analyser ces difficultés et proposer des solutions », indique Cathy Riffaud-Chesnel, sous-directrice du département emploi, formation et diversité à la direction Social et diversité de la fédération France Assureurs, lors d’une 2e table ronde : « Intégration des nouveaux entrants, apprentissage… : comment décrypter les enjeux et élaborer des solutions d’appui ? »

Le déficit d’image est une difficulté largement partagée par de nombreux secteurs »

« Le déficit d’image est une difficulté largement partagée par de nombreux secteurs professionnels », déclare, de son côté, Thierry Tisserand, ex-secrétaire général CFDT de la Fédération banque et assurance, vice-président de l’OEMA. « Nous avons tous conscience que l’alternance est une richesse et une façon très positive d’intégrer le monde de l’assurance. Une étude publiée en 2022 par l’OEMA montre que la satisfaction des alternants dans notre secteur est très importante. L’alternance est aussi un levier d’insertion pour les jeunes des quartiers en difficulté : 20 % des alternants interrogés dans le cadre de cette enquête viennent en effet des QPV. »

Pour Norbert Girard, secrétaire général de l’OEMA, « l’alternance est la voie royale d’entrée dans les métiers de l’assurance. Elle représente un quart du total des recrutements, et fait partie de nos politiques de recrutement depuis longtemps. Qu’il y ait ou non une aide à l’embauche et quel que soit le montant de cette aide, cela ne change rien aux habitudes des entreprises de la branche. »

BTP

« Le BTP est un des premiers employeurs d’apprentis. Étant engagés dans cette filière depuis longtemps grâce, notamment, au CCCA-BTP, nous avons lancé des études pour évaluer l’insertion professionnelle des apprentis et mieux connaître les causes de rupture (une étude menée avec l’Opco Constructys) », déclare Marie Ferhat, présidente de l’Observatoire des métiers du BTP (collège salariés).

« L’étude sur l’insertion des apprentis montre que l’entrée dans le BTP par l’apprentissage est un choix raisonné pour 80 % des jeunes. D’après le Céreq, de très nombreux apprentis formés dans le BTP partent dans d’autres secteurs. Nous avons voulu analyser cette évaporation. En réalité, ce sont les jeunes de la voie scolaire qui nous quittent, et moins les apprentis », selon Hervé Dagand, responsable de l’équipe technique de l’Observatoire des métiers du BTP.

• « Les études de l’observatoire nourrissent nos débats paritaires de façon très régulière. L’étude sur les difficultés de recrutement alimentera nos futurs échanges sur la GEPP. Les travaux de l’OEMA nourriront également la négociation sur l’emploi des seniors qui s’ouvre dans la branche. »

Thierry Tisserand, ex-secrétaire général CFDT de la fédération banque et assurance, vice-président de l’OEMA

• « Ces travaux alimentent également les politiques de certification de la branche. Nous avons ainsi entamé la refonte du CQP (certificat de qualification professionnelle) “Chargé de relation clientèle assurance”. Les études de l’observatoire nous permettent d’identifier les nouvelles compétences attendues. D’autre part, nous allons travailler à la révision du BTS Assurance, ce qui suppose la production d’une note d’opportunité. »

Cathy Riffaud-Chesnel, sous-directrice du département emploi, formation & diversité à la direction social & diversité de France Assureurs

Recrutement et fidélisation, « des problématiques majeures » pour les branches

"Tensions de recrutement, attractivité, fidélisation… : comment passer des études à l’outillage des branches et des entreprises ?" -

Des enjeux variés en matière de recrutement…

« Nous avons un besoin absolu des OPMQ, surtout dans une branche comme la nôtre composée de professions réglementées », déclare Roger Halegouet (représentant CFE-CGC à la CPNE Pharmacie d’officine), lors d’une première table ronde sur le thème : « Tensions de recrutement, attractivité, fidélisation… : comment passer des études à l’outillage des branches et des entreprises ? »

« Nous explorons activement des solutions pour améliorer la rétention de nos employés. Les questions salariales sont, bien entendu, importantes au moment du recrutement, mais elles ne constituent qu’une partie du problème de l’attractivité et de la fidélisation des talents. Les salariés aspirent avant tout à une qualité de vie et à une reconnaissance dans l’exercice de leur métier.

Les pistes de réflexion ouvertes par une étude menée par l’OMPL (Observatoire des métiers dans les professions libérales) mettent en lumière plusieurs enjeux complexes pour la profession de pharmacien, confrontée aux contraintes réglementaires qui freinent l’évolution de carrière. Nous avons ainsi en projet une certification de logisticien en officine (en back office), un nouveau métier qui est une compilation de différentes tâches réalisées par plusieurs professionnels (rangement des médicaments, tâches administratives, etc.). La reconnaissance de ce nouveau métier permettrait de libérer les spécialistes au comptoir et d’optimiser leur expertise dans la relation directe avec les patients. »

…et de renouvellement des effectifs

« La branche de l’import-export et du commerce international se distingue par des enjeux spécifiques liés à une moyenne d’âge élevée (55 ans) et une ancienneté sectorielle importante, car le turnover est faible », indique Gil Boucher, délégué syndical CFDT, vice-président de la C2PNI Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation de l’import-export et du commerce international.

Dans une petite entreprise, les salariés sont parfois multitâches »

« Ces facteurs posent des questions sur le renouvellement des effectifs qui partent ou vont partir à la retraite, ce qui nécessite des réflexions approfondies. En outre, bien que de nombreuses entreprises du secteur bénéficient d’une grande notoriété à l’international, le tissu entrepreneurial en France est principalement composé de PME, ce qui ajoute une dimension particulière à la gestion des talents et à la pérennisation des compétences au sein de ces structures. Dans une petite entreprise, les salariés sont parfois multitâches : il faut à la fois être un expert des assurances et avoir une sensibilité juridique par exemple. Ce qui conduit les employeurs à recruter des salariés ayant à la fois un niveau d’étude élevé, mais également une vraie souplesse professionnelle et une connaissance du terrain. »

Niveau d’étude, mobilité, soft skills

« Pour attirer et retenir les talents dans les assurances, l’enjeu n’est pas tant celui du salaire (les rémunérations sont élevées dans notre branche, qui compte 60 % de cadres) et de l’autonomie (80 % des salariés des entreprises de plus de 250 sont au forfait jours) que celui de la polyvalence », selon Virginie Arnoult, secrétaire générale de la Ficime (un groupement de syndicats d’importateurs de produits électroniques et mécaniques en B2B Business to business ), présidente de la C2PNI de la branche de l’import-export et du commerce international.

« L’itinérance, la mobilité internationale et la maîtrise des langues étrangères constituent d’autres défis majeurs pour les salariés, car ils doivent souvent gérer des situations complexes, parfois à un niveau international. La maîtrise de certaines soft skills est aussi cruciale. En effet, les entreprises recherchent des salariés de niveaux 6 ou 7 qui sont également adaptables et font preuve de leadership. Or, nous faisons face à une difficulté autour de l’intelligence de situation, particulièrement dans un environnement international », ajoute Virginie Arnoult.

La génération Z au cœur des débats

« Plusieurs études de l’Observatoire alimentent les travaux et les réflexions de la branche. Nous avons récemment réalisé une étude sur la génération Z, qui représentera bientôt un quart de la masse salariale de nos entreprises, dit Virginie Arnoult. Cette étude montre que ces jeunes travailleurs privilégient les rencontres physiques [destinées au recrutement], des plus traditionnelles (jobdatings) aux plus originales (matchs de football), dans un cadre flexible et agile. Cela nous pousse à innover dans la manière dont nous structurons ces interactions. Contrairement à certaines idées reçues, ils accordent aussi une importance significative aux sites internet des entreprises, et pas seulement aux réseaux sociaux. Les notations sur des plateformes comme Glassdoor [site de notation des entreprises par leurs salariés] jouent également un rôle clé dans leur perception d’une entreprise.

Cette étude a également mis en lumière le fait que nous devons adapter notre communication en fonction du niveau d’études des jeunes. Il ne s’agit pas de s’adresser de la même manière à tous, mais de différencier notre approche selon le parcours académique et professionnel des jeunes visés. »

• La Grande Bibliothèque est le lieu numérique unique, animé par France compétences, qui facilite la recherche et la consultation des travaux des OPMQ. Aujourd’hui, ce sont environ 150 sites internet indexés chaque semaine et plus de 8 500 contenus répertoriés.

• En 2023, 22 % des contenus (80 % sont des études) de la Grande Bibliothèque sont liés aux tensions de recrutement.

• En 2018, 17 % des observatoires étaient concernés par les problématiques des tensions de recrutement et de l’attractivité. Aujourd’hui, ils sont 48 %. Principaux secteurs concernés : santé, transports routiers, services de l’automobile, métallurgie.

Source : France compétences

« Tensions de recrutement, attractivité, fidélisation… Comment passer des études à l’outillage des branches et des entreprises ? »
• Virginie Arnoult, secrétaire générale de la Ficime, présidente de la C2PNI de la branche de l’import-export et du commerce international ;
• Gil Boucher, délégué syndical CFDT, vice-président de la C2PNI de l’import-export et du commerce international ;
• Florence Mange, responsable du pôle Veille Observation Anticipation, direction des Branches et de l’Observatoire, l’Opcommerce ;
• Roger Halegouet, membre CFC-CGC à la CPNE Pharmacie d’officine.

« Intégration des nouveaux entrants, apprentissage… Comment décrypter les enjeux et élaborer des solutions d’appui ? »
• Norbert Girard, secrétaire général de l’OEMA (Observatoire de l’évolution des métiers des assurances) ;
• Cathy Riffaud-Chesnel, sous-directrice du département emploi, formation et diversité à la direction Social et diversité de France Assureurs ;
• Thierry Tisserand, ex-secrétaire général CFDT de la fédération banque et assurance, vice-président de l’OEMA ;
• Hervé Dagand, responsable de l’équipe technique de l’Observatoire des métiers du BTP ;
• Marie Ferhat, présidente de l’Observatoire des métiers du BTP, collège salariés.

France compétences

• Établissement public administratif créé par la loi du 05/09/2018, placé sous la tutelle du ministre chargé de la formation professionnelle. Mise en route le 01/01/2019
• Gouvernance quadripartite (État, Régions, organisations d’employeurs : CPME, Medef, U2P, syndicats de salariés : CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO). France compétences compte aussi un collège de deux personnalités qualifiées dont le président est issu. 15 administrateurs nommés pour trois ans par arrêté
• Missions :
- Répartition des financements (à la Caisse des Dépôts, aux Opco, aux associations Transitions Pro)
- Régulation de la qualité (France compétences est le point national de référence qualité pour la France auprès de l’Union européenne)
- Veille sur les coûts et les règles de prise en charge de la formation professionnelle et de l’alternance
- Actualisation d
es deux répertoires nationaux (Répertoire national des certifications professionnelles - RNCP et Répertoire spécifique - RS)
- Animation du réseau des OPMQ, consolidation et mise en visibilité de leurs travaux
• Président du Conseil d’administration : Pierre Deheunynck
• Directeur général  : Stéphane Lardy
Président de la commission de la certification professionnelle : Joël Ruiz
• Contact  : Emilia Moldovan, directrice de la communication
• Tél. : 01 81 69 01 52 / 07 87 78 46 92


Catégorie : Etat


Adresse du siège

6, rue du Général Audran
92400 Courbevoie France


Fiche n° 8223, créée le 13/02/2019 à 09:35 - MàJ le 29/11/2024 à 10:42

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Mikael Charbit (à droite), conseiller de la ministre du Travail, à la journée des OPMQ le 16/10/2024 - ©  D.R.