« L’aide à l’embauche explique en partie la massification de l’apprentissage » (France compétences)

News Tank RH - Paris - Actualité n°342136 - Publié le 23/10/2024 à 18:58
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Les aides à l’embauche, l’accroissement de l’offre de certification accessible et la hausse du nombre de CFA/OFA expliquent « la massification de l’apprentissage dans le supérieur et dans les TPME Très petites, petites et moyennes entreprises  », d’après France compétences • Établissement public administratif créé par la loi du 05/09/2018, placé sous la tutelle du ministre chargé de la formation professionnelle. Mise en route le 01/01/2019 • Gouvernance quadripartite… qui publie, le 23/10/2024, une note sur les enseignements des travaux évaluatifs portant sur la réforme de 2018.

Cette note restitue les principaux enseignements d’un séminaire organisé le 17/05/2024 par France compétences et ses partenaires (Dares, Céreq, France stratégie, Sies/ministère de l’Enseignement et de la Recherche, DEPP/ministère de l’Éducation nationale notamment). Ce séminaire a permis de croiser les résultats d’études et l’analyse politique des partenaires sociaux, des conseils régionaux et de l’État.


Une forte hausse du nombre d'OFA Organisme de formation par l’apprentissage

Le poids de l’apprentissage augmente dans toutes les filières, fortement aux niveaux BTS, licence professionnelle et dans les écoles de commerce et de gestion, plus modérément aux niveaux CAP et bac pro.

Hausse de la part des apprentis dans le supérieur - ©  DEP, SIES

La moitié de la hausse de l’apprentissage due aux aides à l’embauche

L’évaluation, pilotée par France Stratégie (janvier 2024), de l’aide reçue par les entreprises pour l’embauche d’un apprenti estime que 56 % de l’augmentation des embauches d’apprentis entre 2019 et 2020 seraient imputables à l’aide exceptionnelle, « laquelle a majoritairement profité aux apprentis du supérieur et aux plus petites entreprises ».

Mais cette aide ne fait pas tout : l’exploitation du module annuel 2021 de l’enquête formation-employeur (EFE) indique que 79 % des entreprises (d’un salarié et plus) n’ont pas accueilli d’alternant en 2021, car elles ne le souhaitaient pas (absence ou insuffisance de tâches à proposer ou situation économique ne le permettant pas).

« Effet d’aubaine minoritaire »

« Si l’on s’intéresse aux entreprises qui ont accueilli des apprentis, certains résultats de l’EFE montrent un effet d’aubaine minoritaire », indique France compétences :

  • Plus de six entreprises sur dix déclarent avoir accueilli un alternant pour pouvoir embaucher quelqu’un de formé à l’issue de la formation. Il s’agit de la principale raison invoquée par les entreprises, notamment celles de grande taille.

  • Pour les entreprises ayant davantage recouru à l’apprentissage en 2021 qu’en 2018, les nouvelles aides au financement de l’alternance (unique ou exceptionnelle) ont été « un motif de recours certes significatif, mais un motif parmi d’autres » (hausse des tâches à proposer, accroissement des moyens propres à l’entreprise, élargissement des formations ou des métiers éligibles à l’alternance, ouverture de l’apprentissage aux 26-29 ans).

Toutefois, « ces résultats ne signifient pas que les aides à l’embauche d’apprentis n’ont généré aucun comportement opportuniste chez les entreprises cherchant à profiter d’une main-d’œuvre peu onéreuse ». Ainsi, « pour un quart des entreprises employeuses d’alternants, ce recrutement s’est fait au détriment de l’embauche d’autres profils (salariés, intérimaires, stagiaires). En particulier, 15 % des employeurs ayant accueilli un alternant indiquent que ce recrutement s’est substitué à celui d’un salarié ».

Le taux de marge moyen des OFA est de 11 % en 2021

L’exploitation quantitative des comptabilités analytiques remontées par les OFA à France compétences montre que, fin 2022, six OFA sur dix présentaient un résultat excédentaire, et 24 %, un résultat déficitaire. « Il convient néanmoins d’être prudent dans l’interprétation, car les OFA pour qui l’apprentissage est une activité secondaire ou résiduelle peuvent être déficitaires sur ce segment, mais pas à l’échelle de la structure. »

Par ailleurs, « le taux de marge moyen des OFA est de 11 % en 2021, inférieur de près de trois points à celui des entreprises marchandes du secteur de l’enseignement, alors qu’il lui était supérieur en 2020. Ce constat remet en cause l’idée d’un supposé développement généralisé de surmarges à la suite de la libéralisation ».

« Cela étant dit, au-delà de ce taux moyen, il s’agira à l’avenir de caractériser la grande hétérogénéité des situations, dont certains facteurs discriminants sont d’ores et déjà repérables. Une meilleure rentabilité s’observe ainsi pour les OFA qui développent d’autres activités à côté de l’apprentissage », indique France compétences.

Sources de financement des investissements des OFA

Concernant la question des investissements, les sources de financement sont de quatre ordres :

  • Les fonds propres de l’OFA ;
  • Les subventions des Régions, qui co-financent de grands investissements ;
  • Les subventions des Opco ; mobilisées principalement sur des « petits et moyens investissements » ;
  • Certains OFA contractent des prêts bancaires, « obtenus sans grande difficulté compte tenu de la crédibilité du secteur, mais qui restent une option nécessairement ponctuelle en raison du taux d’endettement ».

« Les OFA interrogés appréhendent la baisse éventuelle des ressources publiques. Certains affirment qu’ils se retrouveront en difficulté pour rentabiliser les investissements lourds déjà réalisés, d’autres qu’ils seront conduits à fermer des sessions de niche non rentables répondant néanmoins à une demande sociale. »

Diversité des pratiques de l’alternance

France compétences observe une diversité des pratiques susceptibles d’être déployées pour favoriser une coordination entre les apprentissages réalisés en centre et dans l’entreprise. Elles sont regroupées en trois catégories :

  • Des espaces dits « intermédiaires » (ateliers de production, simulation, situations de travail, séances d’analyse des retours d’expérience) installés par les OFA pour aider les alternants à relier les connaissances théoriques et les savoirs de l’action.
    • Les organismes interrogés déclarent, dans leur majorité, mettre en place au moins un de ces espaces, mais selon des intensités et modalités variables avec des contrastes marqués entre des secteurs historiquement très utilisateurs de la pédagogie de l’alternance, comme la santé, et ceux qui y sont venus plus récemment.

  • La deuxième catégorie renvoie à la sollicitation de professionnels extérieurs pour assurer certains enseignements.
    • Bien qu’une proportion importante d’organismes soit concernée (77 %), ce recours peut cohabiter avec le maintien d’une logique très scolaire et ne conduit pas mécaniquement à injecter, dans les enseignements, des cas pratiques inspirés de réalités professionnelles.

  • La dernière catégorie correspond à des collaborations avec les entreprises, que 76 % des organismes déclarent nouer sur des objets variés, comme la participation de l’entreprise à l’évaluation ou à la conception d’espaces intermédiaires dans le centre, et le suivi des apprenants pendant les périodes travaillées.

Des taux de rupture en augmentation

21 % des contrats commencés en 2022 ont été rompus au cours de leurs neuf premiers mois d’exécution. « Ce taux est plus important que ceux constatés pendant et avant la crise sanitaire. L’arrivée dans l‘apprentissage de nouveaux acteurs (OFA et employeurs) dotés d’une expérience moindre dans l’accompagnement des jeunes participe à expliquer cette augmentation. »

Dans les formations du supérieur, le taux de rupture progresse de huit points entre 2017 et 2022 pour atteindre 1 % quand, dans le secondaire, il n’augmente que de deux points pour se situer à 26 % en 2022. « Ainsi, le taux de rupture à bac+2 dépasse désormais celui des formations de niveau baccalauréat. En outre, l’élévation des taux de rupture dans le supérieur n’est pas compensée par une diminution des ruptures nettes. Ces dernières ont, au contraire, augmenté dans le supérieur, alors qu’elles restent stables dans le secondaire entre 2017 et 2021. »

Pour France compétences, la question des ruptures doit être appréhendée conjointement avec la formation limitée dont bénéficient, en France, les maîtres d’apprentissage.

France compétences

• Établissement public administratif créé par la loi du 05/09/2018, placé sous la tutelle du ministre chargé de la formation professionnelle. Mise en route le 01/01/2019
• Gouvernance quadripartite (État, Régions, organisations d’employeurs : CPME, Medef, U2P, syndicats de salariés : CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO). France compétences compte aussi un collège de deux personnalités qualifiées dont le président est issu. 15 administrateurs nommés pour trois ans par arrêté
• Missions :
- Répartition des financements (à la Caisse des Dépôts, aux Opco, aux associations Transitions Pro)
- Régulation de la qualité (France compétences est le point national de référence qualité pour la France auprès de l’Union européenne)
- Veille sur les coûts et les règles de prise en charge de la formation professionnelle et de l’alternance
- Actualisation d
es deux répertoires nationaux (Répertoire national des certifications professionnelles - RNCP et Répertoire spécifique - RS)
- Animation du réseau des OPMQ, consolidation et mise en visibilité de leurs travaux
• Président du Conseil d’administration : Pierre Deheunynck
• Directeur général  : Stéphane Lardy
Président de la commission de la certification professionnelle : Joël Ruiz
• Contact  : Emilia Moldovan, directrice de la communication
• Tél. : 01 81 69 01 52 / 07 87 78 46 92


Catégorie : Etat


Adresse du siège

6, rue du Général Audran
92400 Courbevoie France


Fiche n° 8223, créée le 13/02/2019 à 09:35 - MàJ le 29/11/2024 à 10:42

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