De la valeur ajoutée de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur (Jean-Pierre Willems)

News Tank RH - Paris - Analyse n°338590 - Publié le 30/09/2024 à 12:44
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Dans les larges débats que le développement sans précédent de l’apprentissage a suscité figure la question de la valeur ajoutée de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur.

Trop souvent abordé à travers le seul prisme du coût du dispositif et des économies à réaliser, le débat mériterait d’être élargi à celui des indicateurs qui doivent permettre d’évaluer les résultats d’une politique d’apprentissage. Lesquels ne peuvent se résumer au taux de réussite, au diplôme et au taux d’insertion, ce qui revient à banaliser l’apprentissage au regard de la formation initiale sous statut d’étudiant.

Une analyse de Jean-Pierre Willems Chargé d’enseignement politiques droit et pratiques de formation - master DRH @ Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne • Consultant @ Willems Consultant
pour News Tank.


Une absence de valeur ajoutée à relativiser sur les indicateurs classiques

La critique de la valeur ajoutée de l’apprentissage dans le supérieur n’est pas nouvelle. Elle est même antérieure à la réforme puisque, dès 2015, soit avant la grande transformation de 2018, Pierre Cahuc Professeur d’économie @ Science Po • Directeur @ Chaire sécurisation des parcours professionnels
et Marc Ferracci Ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, chargé de l’Industrie @ Gouvernement de Michel Barnier • Député des Français de l’étranger (Suisse, Liechtenstein… , dans leur ouvrage «  Apprentissage  : donner la priorité aux moins qualifiés  », pointaient le moindre impact de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur que dans le secondaire, appelant à cibler les efforts sur les premiers niveaux d’étude. La réforme n’a guère fait évoluer le diagnostic de ces auteurs puisque Pierre Cahuc écrivait dans Les Échos, en 2023 : « L’apprentissage améliore les perspectives d’emploi pour les jeunes peu qualifiés, jusqu’au niveau du bac professionnel, mais n’a pas d’impact significatif au-delà. En d’autres termes, 400 000 étudiants sont devenus des “apprentis” sans aucun effet avéré sur leur devenir professionnel.  »

La conclusion est un peu hâtive et mérite d’être confrontée aux éléments chiffrés, certes parfois disparates, dont nous disposons. Pour ce qui concerne le taux de réussite au diplôme, les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ) montrent que si, au niveau bac+2, les résultats des apprentis et des étudiants sont totalement comparables, sur les niveaux supérieurs, les apprentis ont un taux de réussite parfois significativement plus élevé.

Taux d’obtention du diplôme des étudiants en dernière année de formation en 2019-2020, par diplôme

Note : Lecture : 91 % des étudiants inscrits en 2e année en IUT et effectuant leur année en apprentissage ont obtenu leur diplôme en 2019-2020. Cette part est de 91,3 % pour les étudiants inscrits sous statut scolaire
Source(s) : MESR

L’écart de réussite est particulièrement important pour les masters et diplômes d’écoles de commerce au bénéfice des apprentis. Dans une étude consacrée aux jeunes issus des quartiers prioritaire, le Céreq effectue le même constat : l’apprentissage améliore dans le secondaire et dans le supérieur le taux de réussite aux diplômes. Le gain est même plus important dans le supérieur.

Taux de réussite aux diplômes des jeunes issus des QPV
Source(s) : enquête Génération 2017, interrogation 2020, Céreq

Faute de travaux d’ensemble couvrant l’intégralité des étudiants et apprentis engagés dans des formations relevant de l’enseignement supérieur, public ou privé, nous pouvons procéder à deux zooms.

  • Au niveau du BTS, le ministère de l’Éducation nationale annonce, pour des sortants de BTS par la voie scolaire, un taux d’emploi de 62 % à six mois. Ce taux est de 70 % pour les apprentis au même niveau de sortie.

  • Si l’on porte la focale sur les masters, selon le MESR, le taux d’insertion des titulaires d’un master obtenu sous statut étudiant est de 85 % à 18 mois, et de 92 % à 30 mois. Pour les apprentis, ces taux sont respectivement de 90 % et 95 %.

Taux d’insertion des diplômés de master selon le cursus et le régime d’inscription

Note : Lecture : parmi les diplômés 2019 de master (hors enseignement), 93 % de ceux qui ont intégré le marché du travail sont en emploi au 01/12/2021
Source(s) : MESR

On pourrait juger que l’écart, qui demeure positif, est faible. C’est d’ailleurs une des critiques faites au système actuel  : dépenser beaucoup pour un gain marginal. On pourrait toutefois approfondir un peu le diagnostic et constater que l’emploi occupé par les apprentis est plus durable et mieux rémunéré.

Ainsi, les apprentis ne s’insèrent pas simplement plus vite, ils s’insèrent plus durablement et mieux.

Conditions d’emploi des diplômés de master (hors enseignement) selon le domaine disciplinaire (en %, à 30 mois)
Source(s) : MESR

Cette meilleure qualité d’insertion se retrouve au niveau des salaires, en moyenne supérieurs de 15 % pour les anciens apprentis, qui accèdent également plus rapidement au statut cadre.

Salaire net mensuel médian à 30 mois des diplômés de master (hors enseignement)
Source(s) : MESR

Un coût moindre de formation

Plusieurs chiffres circulent en matière de coût de l’apprentissage, et une distinction s’impose pour pouvoir effectuer des comparaisons sérieuses. Il faut, en effet, distinguer le coût de la formation elle-même (coûts de production des cursus) et le coût du dispositif.

Si l’on s’en tient aux coûts de formation, l’apprentissage est le système de formation le moins onéreux sur tous les niveaux d’enseignement.

Dépenses d'éducation par élève ou étudiant - ©  Insee

En 2022, les coûts de formation d’un élève du second degré est donc de 10 000 euros environ et ceux d’un étudiant du supérieur de 12 000 euros. Le coût moyen au contrat versé aux CFA en 2022 s’établit, lui, à 7 645 euros en moyenne (Source France compétences).

Le coût du financement des contrats (huit milliards d’euros environ) ne représente toutefois que 40 % du coût de l’apprentissage pour l’État. S’ajoutent à cette dépense les primes aux entreprises, les exonérations de charge, les exonérations d’impôt, les fonds versés aux Régions, etc.

Si l’on veut réaliser des économies sur l’apprentissage, c’est l’ensemble de ces dépenses qu’il faut donc questionner, et admettre que les coûts de formation sont déjà maîtrisés. Par ailleurs, la question de la substitution peut se poser  : si un étudiant représente un coût de formation inférieur dans l’apprentissage, il y a des gains de transfert à réaliser dès lors que des cursus générant de meilleurs résultats peuvent être suivis dans un cadre financier plus favorable pour les finances publiques.

Comme on peut le constater, même en retenant les critères traditionnels de taux de réussite, de taux d’insertion et de coût des cursus, la valeur ajoutée de l’apprentissage dans le supérieur n’est pas nulle. Est-elle suffisante pour justifier l’effort financier spécifique à ce dispositif ? Pour répondre à cette question, il nous semble nécessaire, et même indispensable, d’élargir le diagnostic et d’identifier les multiples sources de valeur ajoutée de l’apprentissage souvent passées sous silence.

Un diagnostic à élargir et à projeter dans le temps

S’en tenir à une comparaison de résultats et de coûts entre l’apprentissage et la voie scolaire ou étudiante, c’est considérer que toutes choses sont égales par ailleurs. Or, et cette évidence n’est pas suffisamment affirmée, l’apprentissage ce n’est pas la formation. Le système d’apprentissage est de nature à avoir des impacts économiques et sociaux spécifiques qui, au-delà des résultats, peuvent justifier de soutenir cette voie d’éducation dans l’enseignement supérieur.

Nous proposons d’avoir une approche économique, sociale, éducative, d’emploi et sociétale.

La valeur ajoutée économique

Quelques travaux ont été réalisés pour avoir une approche plus complète du coût de l’apprentissage considéré comme un investissement. On pourra se référer à l’étude  menée par Goodwill-management pour l’association Walt La voix de l’alternance ou à celle  conduite par le cabinet Asterès.

Au-delà de leurs conclusions, qui se traduisent par un gain net pour l’État de l’investissement dans l’apprentissage, ces études questionnent surtout nos approches traditionnelles des dispositifs de formation. Elles soulignent la difficulté d’évaluer, par la seule dépense budgétaire, le coût d’un dispositif qui, par définition, produit des effets à différents niveaux (rémunération, statut, trajectoire professionnelle, gains sociaux, dépenses évitées, etc.) et s’amortit dans le temps.

La seule approche budgétaire annuelle peine à prendre en compte ces éléments, si tant est qu’elle ne les occulte pas totalement. En ces temps de recherche d’économies budgétaires, il serait bon de différencier les dépenses d’investissement profitables sur le moyen terme et les dépenses aux seuls effets immédiats, voire sans effets spécifiques.

Si le temps politique, on le sait, est un temps de plus en plus court, les questions d’éducation, d’emploi et, au final, de pacte social ne peuvent s’inscrire que dans un temps long. Apprécier la valeur ajoutée économique de l’apprentissage suppose donc d’en apprécier toutes les dimensions (rémunération de l’apprenti, coût zéro des études, statut de salarié, droits sociaux, forte intégration par le contrat et le travail, accès renforcé au diplôme, meilleur niveau de salaire à venir, dépenses de chômage ou d’aides à l’insertion évitées, sans parler de l’intérêt d’élévation du niveau de compétence pour l’économie, d’une manière plus générale). L’approche purement budgétaire est donc soit un défaut d’analyse, soit un prétexte pour stopper un dispositif à succès, pour des raisons moins avouables.

La valeur sociale

Il est parfois reproché à l’apprentissage dans le supérieur de n’être qu’un transfert pur et simple  : des étudiants qui, de toute façon, l’auraient été, mais ont basculé dans l’apprentissage. Qui aurait été étudiant ou ne l’aurait pas été  ? Pas si simple de répondre à la question, mais deux analyses statistiques apportent un premier éclairage sur la valeur sociale potentielle de l’apprentissage.

En premier lieu, les filières de formation suivies avant l’apprentissage. Il apparaît que, de manière spectaculaire pour les formations d’ingénieur et de manière importante pour les écoles de commerce, l’apprentissage offre une voie d’accès très différente de la voie traditionnelle et permet de toucher des jeunes qui n’auraient sans doute pas accédé au cursus par la seule voie scolaire. L’apprentissage permet donc de favoriser l’accès à ces écoles pour nombre d’étudiants.

Répartition des étudiants en apprentissage et en formation scolaire selon le dernier diplôme obtenu par filière de formation - ©  MESR

L’analyse des origines socioprofessionnelles des apprentis nous montre également que, plus le niveau de diplôme est élevé, plus l’apprentissage permet l’accès à ces diplômes à des jeunes dont les parents ne relèvent pas des CSP+.

L’apprentissage joue donc un rôle en matière de cohésion sociale, qui mériterait d’ailleurs d’être renforcé.

Une statistique manque, qui témoigne d’ailleurs de l’absence d’intérêt pour cette dimension pourtant primordiale de l’apprentissage : c’est le nombre d’apprentis qui ont pu poursuivre des études et accéder à l’enseignement supérieur dans le cadre de l’apprentissage. Avant la réforme de 2018, seuls 20 % des apprentis du supérieur avaient déjà conclu un contrat d’apprentissage avant leur accès à l’enseignement supérieur.

Si l’on veut que l’apprentissage soit un véritable ascenseur social, il faut considérer, comme le fait le Code du travail, qu’il s’agit d’une voie éducative à part entière permettant la poursuite d’études, et pas seulement d’un outil d’insertion.

Renvoyer l’apprentissage au seul rôle de dispositif permettant l’accès à une première qualification pour une insertion directe par la suite, c’est revenir à l’apprentissage d’avant 1986 (lorsque Philippe Seguin a fait voter la possibilité de suivre des formations de l’enseignement supérieur par apprentissage) et à sa trop traditionnelle conception - que la réforme de 2018 à fait voler en éclat - de voie de relégation. C’est par ailleurs contraire à la déclaration de principe posée par le Code du travail, selon laquelle l’apprentissage est une voie d’éducation, ce qui se décline opérationnellement dans le fait qu’un apprenti n’est pas limité dans le nombre de contrats d’apprentissage qu’il peut conclure successivement. Le cadre légal intègre bien la possibilité, pour un jeune, de réaliser toutes ses études en apprentissage.

Répartition des étudiants en apprentissage selon l’origine sociale, par filière de formation
Source(s) : MESR

La valeur éducative

Il faut le répéter et ne pas y voir qu’une punchline ou un slogan  : l’apprentissage, ce n’est pas de la formation. Ce n’est pas un hasard si le Code du travail, encore lui, pose pour les CFA 14 missions distinctes de l’acte pédagogique. Ces 14 missions constituent la déclinaison d’un processus d’apprentissage en alternance (« on acquiert des compétences au CFA et en entreprise » - et surtout pas « on apprend au CFA et on applique en entreprise »), dans le cadre d’une formation initiale qui suppose un accompagnement socioprofessionnel, et avec des objectifs de diversité et d’inclusion.

Si l’on veut faire gagner l’apprentissage en qualité, il faut sans doute rappeler cette évidence  : il n’y a aucune raison de financer au titre de l’apprentissage des établissements qui ne font que de la formation. Par contre, il y a toutes les raisons de soutenir les CFA qui ne font pas seulement de la formation, mais véritablement de l’apprentissage.

Dans la différence entre les deux, un point est essentiel  : celui de la coopération entre le CFA et les entreprises, du lien entre le monde éducatif et le monde du travail, de la réduction des frontières entre deux mondes qui, certes, ont construit de belles coopérations, mais qui malgré tout s’ignorent encore assez largement.

L’enjeu de l’apprentissage, c’est aussi de faire évoluer nos structures de formation et d’éducation, tout autant que de faire avancer les entreprises sur le chemin des organisations apprenantes. Sans faire de procès d’intention, et donc en présumant la bonne foi, on peut tout de même constater que des universitaires opposés au développement de l’apprentissage n’envisagent jamais la valeur ajoutée que ce dispositif pourrait apporter aux pratiques d’éducation et de recherche à des établissements qui pourraient y trouver le moyen de rompre un certain entre soi.

La valeur ajoutée de l’emploi

Contrairement aux représentations les plus courantes, ce n’est pas en deuxième partie de carrière que l’on se reconvertit le plus, mais entre 16 et 30 ans. Soit exactement le cadre de l’apprentissage aujourd’hui.

Ici, également, les outils statistiques font défaut pour analyser les parcours (et souhaitons que la masse des datas détenues aujourd’hui par les Opco ou récupérées par InserJeunes  puissent être traitées sous différents angles). Mais, à l’évidence, l’apprentissage est un fabuleux outil de reconversion, de réorientation et de mobilité professionnelle.

En permettant de se former sous statut salarié, il rend possibles des parcours qui l’auraient été beaucoup plus difficilement sous statut d’étudiant, au prix de la précarité et d’un plus grand risque d’échec, ou de demandeur d’emploi (avec les dépenses sociales associées).

À cet outil de reconversion, il faut ajouter un des grands effets de la réforme  : la diversification des diplômes accessibles par apprentissage. Alors qu’avant 2018, plus de 85 % des diplômes préparés en apprentissage étaient des diplômes de l’Éducation nationale, aujourd’hui, ils ne sont plus que 60 %. Et c’est majoritairement l’enseignement supérieur qui a contribué à cette diversification, puisque la diversité des diplômes est quasi strictement proportionnelle à leur niveau. Cela signifie que les filières de formation sont plus diversifiées, que les possibilités d’accès à l’emploi le sont également et qu’au final, ce sont des opportunités supplémentaires pour les jeunes, mais également pour les entreprises, dont beaucoup ont recours à l’apprentissage davantage dans une stratégie de recrutement que de formation.

Enfin, pour ceux qui se désespèrent de l’inadéquation entre les choix éducatifs et les besoins des entreprises, soulignons, si nécessaire, qu’en associant un recrutement et un diplôme, l’apprentissage par définition réunit les deux.

La valeur ajoutée sociétale

Elle pourrait résulter du rapprochement, déjà souligné pour sa valeur éducative, de l’éducation et de l’entreprise, indispensable pour en finir avec la logique séparatiste et les oppositions stériles de l’enseignement qui préparerait mal à l’entreprise, et des entreprises qui traiteraient mal des jeunes diplômés.

Elle pourrait également se trouver dans la valorisation de la formation par le travail et de la réduction de l’écart entre la formation, noble par nature, et le travail, vil par essence. Plutôt que d’opposer, il serait nécessaire d’articuler, et c’est précisément ce que se propose de faire l’apprentissage, dès lors qu’il est mis en œuvre tel qu’il le devrait.

Enfin, et plus important peut être, la réforme de 2018 a opéré une inversion  : d’un dispositif qui était majoritairement perçu par les jeunes et les familles comme une voie de relégation («  d’orientation  » au sens négatif du terme), il est devenu un dispositif désirable, synonyme de possibilité de réaliser des études et de s’ouvrir à de nouvelles perspectives.

Dans ce cadre, le fait que l’apprentissage soit possible à tous les niveaux a une valeur inestimable. Jean-Marie Luttringer, éminent spécialiste de la formation en France, mais également en Allemagne, utilise une formule pour expliquer la performance du système allemand d’apprentissage  : articulé aux pratiques de promotion interne des entreprises allemandes, il offre un «  ratio d’espoir  » supérieur au nôtre.

La réforme de 2018 a fortement augmenté le «  ratio d’espoir  » de notre système, veillons à ne pas le réduire au nom de considérations strictement conjoncturelles - c’est l’avenir qui est en jeu -, ou, pire, d’une conception datée de l’apprentissage.

Jean-Pierre Willems

Parcours

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Chargé d’enseignement politiques droit et pratiques de formation - master DRH
Willems Consultant
Consultant
IGS Toulouse
Responsable du master RH
Centre de recherche et d’information sur le droit de la formation (UT1)
Partenaire

Établissement & diplôme

Université Toulouse 1 Capitole
DESS Gestion du personnel - Droit (Michel Despax)

Fiche n° 24709, créée le 10/08/2017 à 15:40 - MàJ le 04/12/2024 à 07:40

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