Certifications : « Alléger et fluidifier les enregistrements et renouvellements » (A. Domenech, Walt)

Agnès Domenech répond aux questions de News Tank

Pourquoi l’association Walt s’est-elle saisie de la question des certifications professionnelles ?

S’il est nécessaire de soutenir le développement quantitatif de l’apprentissage, il faut aussi accompagner cette croissance de changements qualitatifs, notamment d’ordre pédagogique, pour aller vers une société centrée sur les compétences. Une meilleure lisibilité des certifications professionnelles est cruciale pour assurer une orientation réussie des apprentis et des stagiaires, et convaincre les entreprises que l’apprentissage est aussi un outil à leur main pour développer les compétences.

Proposer des axes d’amélioration »

Nous constatons de réelles avancées depuis la réforme de la formation professionnelle de 2018, mais il faut encore clarifier les procédures d’enregistrement et de renouvellement des certifications mises en œuvre par France compétences, afin d’assurer un accès équitable et régulé à ces certifications et renforcer l’efficacité et la qualité de l’apprentissage.

C’est pour cette raison que notre commission « certification » (créée en 2021) s’est auto-saisie de cette thématique. Elle a adopté une série de propositions avant l’été, qui ont été validées par le CA et que nous avons adressées au haut-commissaire à l’enseignement et à la formation professionnels, Geoffroy de Vitry. Ces propositions s’inscrivent dans le prolongement des huit pistes d’amélioration de l’enregistrement des certifications, que nous avons rendues publiques en mai 2023.

La commission a examiné la situation un an après et a souhaité proposer des axes d’amélioration de la procédure d’enregistrement au regard de difficultés qui persistent.

Quels sont les grands axes de ces propositions ?

• Le premier concerne les procédures d’enregistrement des certifications, la relation avec France compétences.
  • Par exemple, comment pourrait-on co-construire les process d’enregistrement pour les alléger et les fluidifier, et échanger en amont de l’enregistrement pour éviter les blocages administratifs avec des dossiers qui vont et viennent et sont enregistrés trop tard par rapport à la rentrée des CFA ?
  • Nous souhaitons aussi que les renouvellements pour cinq ans soient systématisés pour les dossiers conformes, de manière à désengorger le système.
    
    
• Le deuxième axe concerne les « parcours spécifiques » de l’enregistrement des certifications.

  • Ajouter des compétences complémentaires au fur et à mesure de la vie de la certification »

    Aujourd’hui, les compétences sont en évolution, il y a de nombreux nouveaux métiers. Comment peut-on faire évoluer ces parcours spécifiques pour ajouter des compétences complémentaires au fur et à mesure de la vie de la certification, afin de s’adapter aux besoins du marché et du territoire, ainsi qu’aux évolutions technologiques comme l'IA Intelligence artificielle , par exemple ? Actuellement, ces ajustements sont possibles, mais s’ils sont importants, la certification doit repasser devant la la commission de la certification de France compétences.
    
    

• Le troisième axe porte sur le partage des données. Aujourd’hui, elles proviennent de France compétences et de la plateforme DÉCA (Dépôt des contrats d’alternance), gérée par le ministère du Travail, qui enregistre les entrées dans les certifications et les sorties positives (montée en qualification, insertion).
  • L’association Walt souhaiterait que les CFA aient accès aux données DÉCA, notamment celles relatives à l’insertion des apprentis, pour que les CFA sachent ce que font les autres centres et qu’ils participent tous ensemble à la qualité de l’apprentissage, et en particulier à la qualité des enseignements dispensés.
  • Aujourd’hui, chaque CFA fait remonter ses propres données à la plateforme sans qu’elles soient partagées avec les autres prestataires. Ainsi, les CFA ne seraient plus considérés seulement comme la partie qui « preste », mais comme celle qui contribue à la qualité de l’apprentissage. Les données devraient aussi prendre en compte toutes les sorties positives.

La commission va-t-elle poursuivre ses travaux ?

De vraies crispations dans les CFA »

Oui, car la posture de l’association est d’être dans l’amélioration continue. L’idée est de montrer la réelle volonté de Walt de co-construire et de participer aux décisions. Notre contribution consiste à examiner ce qui fonctionne mal et ce qui pourrait être amélioré, en utilisant les ressources de ceux qui sont sur le terrain.

La gestion des certifications professionnelles et leur renouvellement constituent une charge importante pour les CFA et provoque de vraies crispations au sein des équipes dédiées, qui sont soucieuses d’obtenir un renouvellement à temps pour la rentrée suivante, par exemple.