« Une vision comptable de la carte des formations professionnelles » (Régions de France)

News Tank RH - Paris - Actualité n°335958 - Publié le 02/09/2024 à 11:12
Le financement des CFA fait partie des préoccupations de Régions de France pour la rentrée 2024. -

Sept sujets occupent la rentrée 2024 de Régions de France, indique François Bonneau, président de la commission « éducation, orientation, formation et emploi » de l’association, et président de la Région Centre-Val de Loire, le 28/08/2024. Il s’agit du pouvoir d’achat et de l’égalité des chances, de la carte des formations, de la transition environnementale et de la restauration scolaire en ce qui concerne les lycées. Côté formation professionnelle, les actions se concentreront sur le pacte Parcours d’accès aux carrières de la fonction publique , le financement de l’apprentissage et la VAE.

François Bonneau souligne « le contexte inédit » dans lequel les collectivités se trouvent, alors que le nom du futur Premier ministre n’est, pour l’heure, pas connu. « Cela a des effets sur des domaines de service public à responsabilité partagée tels que l’éducation et la formation professionnelle. Les régions prennent leurs responsabilités pour que les rentrées puissent se dérouler », indique-t-il

Sur la carte des formations, Régions de France demande des compétences supplémentaires. « Cela nous permettrait de mutualiser des plateaux techniques et ainsi de faire des économies. Ou encore de faire des liens entre l’apprentissage et les lycées professionnels », déclare-t-il.

Sur le programme Avenir(s) coordonné par l’Onisep, il vise à améliorer l’accompagnement à l’orientation des jeunes, de leur permettre de développer leurs compétences et la construction de leur projet d’avenir , François Bonneau annonce que le programme aurait été mis en pause par Nicole Belloubet, ministre démissionnaire de l’Éducation nationale. Les élus de Régions de France devaient la rencontrer en juin sur ce sujet. Du fait de la dissolution de l’Assemblée nationale, cette rencontre n’a pas eu lieu.

Concernant les transports scolaires, les régions n’ont pas eu cette année de signalements quant au manque de chauffeurs.


Plus de marges de manœuvre sur la carte des formations et l’orientation

François Bonneau et Kamel Chibli, président délégué de la commission « éducation, orientation, formation et emploi » de l’association et VP de la Région Occitanie, regrettent une « vision comptable de la carte des formations professionnelles ». Pour Kamel Chibli : « Quand nous voulons ouvrir une formation, on nous demande d’en fermer une autre ailleurs. Le rectorat ne peut pas avoir une vision comptable. Nous souhaitons pouvoir apprécier qualitativement les situations. »

Les deux élus régionaux mettent en avant la connaissance, par leurs institutions, des besoins socio-économiques des territoires et une certaine réactivité. « Il y a eu, par exemple, une ouverture excessive de formations dans le tertiaire. La réactivité de l’éducation nationale pour réduire cette tendance a été faible », déclare François Bonneau.

Sur l’évolution des référentiels de diplômes, il note une avancée. « Mais nous sommes encore loin du compte. Quand nous mettons cinq ans à changer un référentiel, nous sommes déjà en retard par rapport à la réalité des métiers. »

Les élus demandent également plus de compétences sur l’orientation (sujet sur lequel les régions possèdent la compétence, de l’information à l’orientation). Selon Kamel Chibli : « Nous avons gagné sur l’orientation, mais ce n’est pas abouti. Cette demande n’est pas simplement pour avoir plus de pouvoir, mais pour gagner en efficacité. »

Les représentants de Régions de France souhaiteraient notamment avoir un lien plus fort avec les professeurs principaux. Cela leur permettrait, entre autres, de les informer sur les actions mises en place par les régions sur l’orientation. « Aujourd’hui notre seul lien avec eux se fait via le rectorat », dit-il

Régions de France avait demandé la suspension de la plateforme Avenir(s) développée par l’Onisep le 08/03/2024, dans un courrier envoyé aux ministres de l’éducation nationale, de l’ESR et du travail.

« Cette mise en suspens permettrait de revoir le projet dans le respect des responsabilités de l’État et des régions, dont la préparation pourrait être confiée à l’IGSÉR Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche . La nouvelle feuille de route, arrêtée conjointement et en conformité avec les compétences respectives, devra permettre de déboucher sur une meilleure articulation entre les régions et l’éducation nationale », indique le courrier.

« Des informations dont nous disposons, la plateforme Avenir(s) fait, à bien des égards, doublon avec les ressources produites par les régions, ce qui pose des difficultés de compétence, de méthode, autant que de gestion des finances publiques. »

Dans son rapport sur l’Onisep, approuvé le 14/12/2023 et publié le 21/03/2024, la Cour des comptes demande un audit complet du programme pour 2026, « afin d’en confirmer les premiers résultats ou, si besoin, de le réorienter ou le stopper ».

Elle évoque notamment « une programmation budgétaire aux contours flous », ainsi que le risque encouru par la plateforme face « à la forte augmentation de l’offre des régions, d’associations et d’entreprises privées qui peuvent être en partie concurrentes ».

Des inquiétudes autour de la formation professionnelle

Le financement des CFA et la formation professionnelle

Alors que Régions de France avait annoncé la suspension de sa participation à France compétences le 06/06/2024, François Bonneau signale qu’ils n’ont pas siégé, depuis, dans les instances de l’institution.

« La réforme de la formation professionnelle a fait accroître fortement le nombre de CFA, notamment ceux créés par de grands groupes et entreprises. Ce système a créé de la concurrence — notamment défavorable aux CFA les plus anciens — et des déficits très importants. Nous ne pouvons pas continuer comme cela. Il ne faut pas casser le système de formation. »

L’élu mentionne la nécessité d’un pilotage public sur la formation professionnelle.

La réforme de la VAE, ainsi que la baisse des dotations de l’État envers le Pacte Parcours d’accès aux carrières de la fonction publique (Parcours d’accès aux carrières de la fonction publique territoriale, hospitalière et de l’État pour les jeunes de 16 à 25 ans sans qualification) feront également partie des dossiers traités par l’association cette année.

Régions de France annonce lancer un partenariat avec le journal Charlie Hebdo, dix ans après l’attentat qui a eu lieu dans les locaux du journal. « Dans un contexte marqué par la remise en cause des valeurs de la laïcité et du vivre ensemble, les régions entendent agir concrètement, en proposant aux lycéens un parcours éducatif qui prendra la forme d’une exposition de dessins intitulée “L’humour de Charlie”, destinée à tourner dans les lycées durant cette année scolaire 2024-2025 », déclare Kamel Chibli.

Cinq régions (Centre-Val de Loire, Grand Est, Île-de-France, Occitanie et Pays de la Loire) vont, quant à elle,s proposer à leurs lycées des appels à projets pédagogiques en partenariat avec Charlie Hebdo et son association “Dessinez, Créez, Liberté”.

Le financement des CFA fait partie des préoccupations de Régions de France pour la rentrée 2024. -