19e UHFP : “L’époque où l’on dépendait uniquement des financements publics est révolue” (F. Gérard)

News Tank RH - Paris - Interview n°348068 - Publié le
©  Philippe Chagnon / Cocktail Sant
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« Nous nous préparons à une édition prometteuse, malgré un contexte politique et économique assez imprévisible. D’habitude, l’UHFP permet de débattre avec des décideurs sur des orientations gouvernementales déjà établies », déclare à News Tank Françoise Gérard Directrice générale adjointe @ Centre Inffo (#4373)
, directrice générale adjointe de Centre Inffo • Association loi 1901• Création : 1976• Missions : - Contribuer au développement de la formation sur l’ensemble du territoire national,- Accompagner la dématérialisation du secteur de la… , en charge de la programmation de la 19e UHFP à Cannes du 22 au 24/01/2025, dont News Tank est partenaire. « La nomination d’un nouveau gouvernement juste avant l’événement permettrait d’avancer sur certaines priorités. Mais l’incertitude pourrait aussi amener à des discussions plus prospectives et créatives, en dehors de l’analyse des cadres réglementaires. »

« Nous devons apprendre à fonctionner dans un contexte structurellement incertain. Cela implique une plus grande autonomie des acteurs de la formation, qui doivent être capables de trouver des financements alternatifs, d’innover dans leurs méthodes et de maintenir l’engagement des apprenants. L’époque où l’on dépendait uniquement des financements publics est révolue. »

« Les entreprises doivent elles-mêmes investir dans la formation continue de leurs collaborateurs, non pas parce qu’il s’agit d’une obligation réglementaire, mais parce c’est une nécessité pour répondre aux transformations de la période. »

« 'La formation, levier d’émancipation’ est le thème de cette 19e édition. Il est né de notre conviction que la formation doit permettre aux individus de mieux comprendre le monde qui les entoure, de développer leur esprit critique et de prendre en main leur parcours professionnel et personnel. Il s’agit de dépasser la simple acquisition de compétences techniques pour développer une capacité d’adaptation face aux mutations constantes. Cela implique aussi une réflexion sur l’accès à l’information, la lutte contre l’infobésité et l’éducation aux médias. L’émancipation, c’est aussi reconnaître que les entreprises doivent jouer un rôle sociétal en développant des environnements inclusifs et respectueux des différences, en valorisant la diversité et en promouvant la RSE. »


Françoise Gérard répond à News Tank

Comment abordez-vous cette 19e édition de l’UHFP dans le contexte politique incertain que nous traversons ?

Nous nous préparons à une édition prometteuse, malgré un contexte politique et économique assez imprévisible, c’est un fait. Cette situation change radicalement le cadre des discussions. D’habitude, l’UHFP permet de débattre avec des décideurs sur des orientations gouvernementales déjà établies. Pour cette 19e édition, nous n’avons pas à l’heure actuelle de priorités gouvernementales définies et nous percevons une certaine frilosité économique. L’UHFP est traditionnellement un lieu où les acteurs peuvent dialoguer avec les décideurs. La nomination d’un nouveau gouvernement juste avant l’événement permettrait d’avancer sur certaines priorités. Mais l’incertitude pourrait aussi amener à des discussions plus prospectives et créatives, en dehors de l’analyse des cadres réglementaires.

Malgré cela, nous ressentons une forte envie des acteurs de se retrouver et d’échanger pour continuer à avancer. L’UHFP reste un rendez-vous incontournable de l’écosystème de la formation au cours duquel nous réunirons plus de 1 500 professionnels du monde de la formation et des ressources humaines, ainsi que des acteurs politiques de nos territoires.

Quels ajustements sont nécessaires dans l’écosystème de la formation face à ces défis multiples ?

Nous devons apprendre à fonctionner dans un contexte structurellement incertain »

Nous devons apprendre à fonctionner dans un contexte structurellement incertain. Cela implique une plus grande autonomie des acteurs de la formation, qui doivent être capables de trouver des financements alternatifs, d’innover dans leurs méthodes et de maintenir l’engagement des apprenants. L’époque où l’on dépendait uniquement des financements publics est révolue. Les entreprises doivent elles-mêmes investir dans la formation continue de leurs collaborateurs, non pas parce qu’il s’agit d’une obligation réglementaire, mais parce que la formation est une nécessité pour répondre aux transformations de la période. C’est aussi l’occasion de redéfinir la formation comme un acte collectif, porté par des acteurs engagés et responsables, dans un cadre collaboratif et participatif. L’entreprise doit veiller à embarquer l’ensemble de ses collaborateurs dans cette dynamique.

Pour cette 19e édition, vous avez choisi comme thème « La formation, levier d’émancipation ». Pourquoi ce choix ?

Ce thème est né de notre conviction que la formation doit permettre aux individus de mieux comprendre le monde qui les entoure, de développer leur esprit critique et de prendre en main leur parcours professionnel et personnel.

L’émancipation, c’est aussi reconnaître que les entreprises doivent jouer un rôle sociétal »

Il s’agit de dépasser la simple acquisition de compétences techniques, pour développer une capacité d’adaptation face aux mutations constantes. Cela implique aussi une réflexion sur l’accès à l’information, la lutte contre l’infobésité et l’éducation aux médias.

L’émancipation, c’est aussi reconnaître que les entreprises doivent jouer un rôle sociétal en développant des environnements inclusifs et respectueux des différences, en valorisant la diversité et en promouvant la RSE.

Doit-on en conclure que les enjeux liés à la montée en puissance de l’IA Intelligence artificielle et à la transition climatique ne sont plus des priorités pour le monde de la formation ?

Au contraire, l’IA est déjà une réalité. Elle est largement intégrée dans de nombreux aspects de la formation. Elle est utilisée pour concevoir des parcours personnalisés, évaluer les compétences et adapter les référentiels de certification. Par exemple, l’analyse massive des données sur les parcours des apprenants permet d’affiner l’offre de formation en fonction des besoins du marché. Au-delà de la pédagogie, l’IA joue un rôle clé dans la gestion des ressources humaines, notamment pour l’anticipation des besoins en compétences et le recrutement. Cependant, il reste des défis importants, notamment la formation des formateurs eux-mêmes à l’utilisation de ces technologies et la lutte contre le risque d’exclusion numérique.

Et qu’en est-il pour la transition écologique ?

La transition écologique transforme en profondeur les métiers et les compétences attendues »

La transition écologique transforme en profondeur les métiers et les compétences attendues. Les entreprises doivent adapter leurs pratiques, ce qui implique une mise à jour régulière des référentiels métiers et certifications. Des compétences émergent dans des domaines tels que la gestion environnementale, la décarbonation ou encore la transition énergétique.

Cependant, cette transition ne peut être imposée uniquement par les politiques publiques. Elle doit être portée par les entreprises elles-mêmes, en ajustant continuellement leurs besoins en compétences et en formant leurs collaborateurs.

La multiplication des annonces de restructuration conduit à replacer au coeur des débats la question des transitions professionnelles. Quelle sera la place accordée à ce sujet ?

Nous proposons chaque année des thématiques adaptées aux besoins émergents et aux nouveaux enjeux portés par l’actualité. Les transitions professionnelles font partie de ces enjeux.

Sur le fond, nous faisons face à deux types de transitions : celles choisies, comme les reconversions professionnelles volontaires, et celles imposées, comme les restructurations industrielles. Ces dernières imposent un accompagnement intensif pour éviter des situations socialement dramatiques. Le rôle de la formation est de rendre ces transitions moins anxiogènes, en ouvrant des perspectives réalistes et en proposant des dispositifs adaptés. Les dispositifs comme le CEP (Conseil en évolution professionnelle) ou les mécanismes de VAE (Validation des acquis de l’expérience) sont essentiels pour sécuriser les parcours professionnels et maintenir l’employabilité.

Centre Inffo
Du 22 janvier 2025 au 24 janvier 2025
Palais des Festivals et des Congrès de Cannes

Françoise Gérard

Parcours

Centre Inffo (#4373)
Directrice générale adjointe
Centre Inffo
Directrice Production & Partenariats

Établissement & diplôme

Université Nancy 2 et Université de Nanterre
DEA Sociologie et démographie sociale, Lettres et sociologie

Fiche n° 53056, créée le 19/12/2024 à 09:08 - MàJ le 20/12/2024 à 12:31

Centre Inffo

• Association loi 1901
Création  : 1976
Missions  :
- Contribuer au développement de la formation sur l’ensemble du territoire national,
- Accompagner la dématérialisation du secteur de la formation,
- Participer à l’information et au soutien des personnes bénéficiaires finales de la formation et du développement des compétences,
- Renforcer la professionnalisation et l’information des acteurs des ressources humaines, de l’orientation et la formation.
Président  : Louis-Charles Viossat
Directrice générale  : Pascale Romenteau
Contact  : Françoise Gérard, directrice générale adjointe
Tél.  : 01 55 93 91 68 / 01 55 93 91 91


Catégorie : Entreprises de Taille Intermédiaire


Adresse du siège

4 avenue du Stade de France
93218 La plaine saint denis Cedex France


Fiche n° 7520, créée le 23/08/2018 à 03:40 - MàJ le 22/01/2025 à 15:12

©  Philippe Chagnon / Cocktail Sant
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