AAP 2023 : Un passeport de compétences pour ancrer l’apprentissage dans la réalité professionnelle
Chaque année, Atlas lance un appel à projets (AAP) « Inventer les CFA de demain » et invite ainsi les CFA et OFA à repenser leurs pratiques pour construire la formation de demain.
Lauréat de l’AAP 2023, IGENSIA Alternance met en place un processus rigoureux de validation impliquant enseignants et employeurs. Cette initiative, intitulée « Passeport de compétences - CV augmenté », s’inscrit dans une volonté de donner aux apprentis les moyens de présenter leurs compétences par le biais d’une pédagogie ancrée dans l’expérience.
Romain Zerbib, enseignant-chercheur en stratégie à l’ICD Business School et responsable de l’innovation pédagogique, présente cette initiative cofinancée par Atlas.
Pouvez-vous nous présenter le projet « Passeport de compétences - CV augmenté » ainsi que ses principaux objectifs ?
Ce projet est né d’une volonté claire : mieux reconnaître les compétences réelles des apprentis, au-delà des savoirs académiques. Le passeport de compétences devient un outil central pour valoriser les savoir-faire acquis en cours, en entreprise ou ailleurs, grâce à un processus rigoureux de validation impliquant enseignants, employeurs et parfois les pairs. Cette approche permet de mettre en lumière des compétences techniques, comportementales et transversales, à travers un dispositif crédible et structuré.
Elle s’inscrit dans une transformation plus large des pratiques pédagogiques, passant d’une logique de transmission à une pédagogie ancrée dans l’expérience. L’application développée soutient cette dynamique en permettant aux apprenants de construire un CV augmenté fondé sur des preuves concrètes et validées. L’objectif est double : rendre le parcours des apprentis plus lisible et attractif, tout en alignant la formation avec les attentes du marché. C’est aussi un levier d’implication des entreprises et d’adaptation continue de notre offre éducative.
Quelles sont les principales fonctionnalités du passeport de compétences développé par l’ICD Business School ?
Le passeport de compétences que nous avons développé repose sur une idée forte : permettre à chaque apprenant de valoriser l’ensemble de ses acquis, qu’ils aient été développés dans le cadre académique ou en dehors. Il reconnaît aussi bien les compétences techniques que les soft skills, en leur donnant une forme officielle à travers des badges numériques. Ces derniers sont intégrés dans un CV enrichi, construit via une plateforme dédiée, permettant aux apprentis de présenter un profil plus complet, précis et crédible, appuyé par des preuves concrètes de leurs compétences.
Ce dispositif se distingue par un système de validation rigoureux, fondé sur une logique de triangulation impliquant enseignants, tuteurs en entreprise, voire collègues. En parallèle, la plateforme offre à l’institution une vision globale de la progression des apprentis, facilitant l’ajustement des contenus pédagogiques selon les besoins du marché. C’est un outil doublement stratégique : au service de l’employabilité des apprenants et de l’évolution continue de nos pratiques éducatives.
Comment le projet de CV augmenté a-t-il impacté les pratiques pédagogiques des enseignants au sein du CFA ?
Ce projet a marqué un véritable tournant en obligeant les enseignants à adopter une posture différente : d’une transmission classique des savoirs, on est passé à une logique centrée sur les compétences. Il ne s’agit plus seulement de « faire cours », mais de garantir que chaque compétence soit réellement acquise et démontrable. Cela a entraîné une réflexion en profondeur sur les modalités d’évaluation, incluant des mises en situation concrètes, des preuves tangibles et des retours structurés.
Ce changement a aussi dynamisé la relation avec les apprentis, désormais plus engagés et proactifs dans leur apprentissage. Beaucoup se sont approprié l’outil et sollicitent des retours ciblés, ce qui pousse les enseignants à affiner leur accompagnement. Par ailleurs, le lien avec les entreprises s’est renforcé pour mieux définir les compétences clés, et les enseignants ont dû se former à de nouvelles pratiques. Le CV augmenté a ainsi initié un mouvement de fond, transformant à la fois la pédagogie et l’organisation du travail des formateurs.
Quelles ont été les principales étapes du développement du projet ?
Le projet a débuté par un changement de perspective fort : sortir d’une logique purement académique pour adopter une approche centrée sur le développement des compétences en situation réelle. Cela a demandé un travail en amont pour identifier les compétences clés à valoriser chez les apprentis. En parallèle, un outil simple et intuitif a été conçu pour permettre aux apprentis de suivre, certifier et valoriser leurs compétences de manière autonome.
Mais au-delà de la technologie, la réussite du projet repose sur l’implication de toutes les parties prenantes : apprentis, équipes pédagogiques et administratives. Des actions de formation, de sensibilisation et d’accompagnement ont été menées pour favoriser l’adhésion. Le dispositif, vivant et évolutif, fait l’objet d’un suivi régulier et s’enrichit en continu grâce aux retours du terrain et aux échanges avec les entreprises et les utilisateurs.
Quels ont été les défis rencontrés lors de la mise en œuvre de l’initiative, et comment ont-ils été surmontés ?
La transition vers une logique centrée sur les compétences a représenté un véritable défi, tant sur le plan pédagogique qu’organisationnel. Le changement de posture demandé aux enseignants a été particulièrement structurant : il ne s’agissait pas simplement d’adopter de nouveaux outils, mais de repenser profondément les pratiques d’enseignement, d’évaluation et de relation avec les apprenants. Cette transformation a nécessité l’implication de tous les acteurs (formateurs, personnels administratifs, directions) autour d’une vision partagée, en lien avec les enjeux d’employabilité et d’adéquation au marché du travail.
L’adhésion à ce projet s’est construite progressivement grâce à un accompagnement soutenu, des temps de formation, d’échanges, et la mise en valeur des bénéfices concrets pour chacun. Pour rendre cette nouvelle approche opérationnelle, il était essentiel de s’appuyer sur des outils clairs et accessibles. Le passeport de compétences et le CV augmenté ont ainsi joué un rôle clé pour formaliser et valoriser les acquis. Enfin, le soutien institutionnel, notamment via le partenariat avec Atlas, a été déterminant pour sécuriser et renforcer la mise en œuvre de cette transformation.
Comment l’appel à projets 2023 lancé par Atlas a-t-il contribué au développement de cette initiative ?
L’appel à projets d’Atlas a été un levier décisif pour passer de l’idée à la mise en œuvre concrète. Le soutien financier a permis de développer les outils, structurer les équipes et donner une véritable consistance au projet. Mais plus encore, ce partenariat a apporté une légitimité précieuse, renforçant l’adhésion des équipes internes, des directions et des partenaires extérieurs.
Grâce à ce soutien, le projet a pu fédérer autour d’une vision commune et affirmer le virage vers une pédagogie centrée sur les compétences. Il a aussi ouvert un espace de réflexion post-crise sanitaire, propice à l’évolution des pratiques et référentiels. Atlas a ainsi permis d’ancrer une véritable culture de la compétence, tant chez les formateurs que chez les apprenants, en donnant au projet l’ampleur et la reconnaissance nécessaires à son impact.
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À propos de l’ICD Business School
Le Groupe IGENSIA Alternance (anciennement Groupe IGS) est un acteur incontournable de la formation en France, fort de 50 ans d’existence et de plus de 40 ans d’expertise dans l’apprentissage.
Le CFA accueille chaque année près de 15 000 apprenants, dont 9 000 en alternance, sur ses campus de Paris, Nanterre, Lyon, Blagnac et Casablanca. Leurs formations couvrent un large éventail de domaines : commerce marketing services, management finance droit, RH, communication, journalisme, production, informatique et numérique, management international Immobilier, Métiers du lien, Tourisme événementiel.
Pionnier en innovation pédagogique, IGENSIA Éducation développe également des outils comme un portail numérique unique facilitant les échanges entre apprentis, entreprises et formateurs, avec le soutien de partenaires comme Atlas.