« Les faiblesses en orthographe sont stigmatisantes dans le monde du travail » (Projet Voltaire)

News Tank RH - Paris - Interview n°323582 - Publié le 02/05/2024 à 12:30
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Mélanie Viénot - © DR.

« Nous avons certifié plus de 500 000 personnes depuis la création du Certificat Voltaire. Ce chiffre peut paraître important, mais nous sommes encore loin des 250 000 personnes certifiées Toeic chaque année. Je retiens ce chiffre comme objectif, car si la maîtrise de la langue anglaise est importante, dans de nombreux métiers, la maîtrise de leur langue maternelle est essentielle pour les salariés », déclare Mélanie Viénot Vice-présidente @ EdTech Lyon • Directrice générale @ Le Projet Voltaire (Woonoz)
, présidente du Projet Voltaire.

« Les faiblesses en orthographe sont particulièrement stigmatisantes dans le monde du travail. Or, faire de l’orthographe un réflexe permet de libérer du temps de cerveau et de travailler davantage le sens du message. Par ailleurs, avec le développement des outils numériques, la non-maîtrise de la langue, quel que soit l’âge de la personne, devient davantage visible. »

Le reste à charge de 100 euros sur le CPF « n’est pas une bonne nouvelle pour une partie du public auquel nous nous adressons. Je regrette que ce système ne distingue pas les formations qui permettent de développer des compétences transverses et essentielles pour l’ensemble de la vie professionnelle, et les formations plus accessoires. Si l’on met en parallèle le financement du permis moto avec le financement de formations à la langue française, je trouve ce choix surprenant, alors que l’on constate un grand nombre de personnes en situation d’illettrisme. »

Le Projet Voltaire poursuit son développement avec l’acquisition de Be my media, dont les outils permettent de développer l’esprit critique pour lutter contre la désinformation. « Il ne faut pas oublier que nous portons le nom de Voltaire, pour lequel : “Plus les hommes seront éclairés, plus ils seront libres”. »


Mélanie Viénot répond aux questions de News Tank

Le Projet Voltaire est aujourd’hui l’activité la plus connue du groupe Voltaire, à l’origine un éditeur de solutions de formation. Comment ce projet a-t-il été développé ?

À l’origine du groupe Voltaire, la marque Woonoz • Entreprise privée• Mission : Acteur spécialisé dans l’édition de solutions de formation de remise à niveau en expression et en orthographe. Le Projet Voltaire repose sur le moteur d’Ancrage… a créé un logiciel : le moteur d’ancrage mémoriel, fondé sur les neurosciences et conçu par trois informaticiens. L’enjeu était d’ancrer durablement des savoirs en développant des réflexes grâce à la répétition, de façon plus efficace que dans le cadre de formations présentielles. Nous utilisons donc des modules courts, car le cerveau ne sait pas effectuer plusieurs tâches simultanément. Woonoz a fourni cette solution à de grandes entreprises, qui ont utilisé cette ingénierie pédagogique pour former à leurs propres contenus.

Or, ces entreprises ont soulevé un problème auquel elles étaient toutes confrontées : les carences de leurs équipes dans la maîtrise de l’orthographe. C’est à partir de ce besoin que le Projet Voltaire a été développé il y a bientôt 15 ans. Pour le construire, nous nous sommes entourés d’experts, parmi lesquels figure le champion du monde d’orthographe. Notre comité d’experts poursuit régulièrement ses travaux, car la langue française évolue, et nous veillons à suivre et intégrer ces évolutions dans nos outils. Nous n’avons pas vocation à édicter les règles de la langue, mais notre rôle est d’essayer d’expliquer celles-ci à ses utilisateurs.

Quels sont les volumes d’activité du groupe et du Projet Voltaire ?

Libérer du temps de cerveau et travailler davantage le sens du message »

Le groupe Voltaire compte 164 collaborateurs. Nous avons réalisé 16 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice 2022-2023 sur l’ensemble de nos solutions. Les établissements d’enseignement sont nos premiers clients, suivis de près par les entreprises. Nous avons certifié plus de 500 000 personnes depuis la création du Certificat Voltaire. Ce chiffre peut paraître important mais nous sommes encore loin des 250 000 personnes certifiées Toeic chaque année. Je retiens ce chiffre comme objectif, car si la maîtrise de la langue anglaise est importante, dans de nombreux métiers, la maîtrise de leur langue maternelle est essentielle pour les salariés. Les faiblesses en orthographe sont particulièrement stigmatisantes dans le monde du travail. Or, faire de l’orthographe un réflexe permet de libérer du temps de cerveau et de travailler davantage le sens du message. Une bonne maîtrise de la langue permet de transmettre ses idées, de convaincre et d’embarquer les équipes. Nous sommes donc allés au-delà de la seule maîtrise de l’orthographe pour travailler sur la maîtrise de l’ensemble de ces compétences linguistiques.

La baisse du niveau de maîtrise de la langue par les jeunes est régulièrement pointée du doigt. Partagez-vous ce constat ?

Socrate parlait déjà d’une baisse du niveau des élèves, il y a 2 500 ans »

Socrate parlait déjà d’une baisse du niveau des élèves il y a 2 500 ans. Le constat actuel doit donc être relativisé. Par ailleurs, si l’on parle du nombre de fautes dans les dictées, qui constituent l’exercice principal utilisé à l’école depuis les années 1950, nous retenons alors comme critère principal l’orthographe lexicale. Ce ne sont pas les compétences sur lesquelles travaille, en priorité, le Projet Voltaire. Nous sommes plutôt sur l’orthographe grammaticale, par exemple sur la différence entre un conditionnel et un futur, qui aura un impact direct sur le sens de l’expression écrite. Nous ne sommes donc pas en mesure d’évaluer l’évolution du niveau de maîtrise de la langue par les jeunes.

En revanche, avec le développement des outils numériques, la non-maîtrise de la langue, quel que soit l’âge de la personne, devient davantage visible. Prenez, par exemple, un technicien de maintenance en situation d’illettrisme : auparavant, il pouvait avoir mis en place des stratégies de contournement de ses difficultés. Aujourd’hui, l’usage qui veut qu’un relevé d’intervention soit rédigé via son smartphone ou un ordinateur peut le mettre sérieusement en difficulté.

Le Projet Voltaire devient une marque connue du grand public. Que représente votre activité auprès des particuliers ?

Les volumes de personnes formées sont conséquents, mais cela représente assez peu en termes de chiffre d’affaires - moins de 10 % du total -, parce que nous veillons à conserver des tarifs accessibles au plus grand nombre. Nous avons d’ailleurs une petite partie de ces clients qui se forment grâce au CPF, car le Certificat Voltaire est enregistré au RS. La note obtenue devient un facteur d’employabilité pour beaucoup de salariés. Pour une simple remise à niveau avant de passer le certificat, l’ensemble de la formation se déroule en ligne. Pour des besoins plus importants, l’accompagnement comprend du coaching en ligne.

Comment réagissez-vous au reste à charge de 100 euros sur les formations au titre du CPF ?

Reste à charge CPF : ce n’est pas une bonne nouvelle pour une partie du public auquel nous nous adressons »

Ce n’est pas une bonne nouvelle pour une partie du public auquel nous nous adressons. Je regrette que ce système de reste à charge ne distingue pas les formations qui permettent de développer des compétences transverses et essentielles pour l’ensemble de la vie professionnelle, et les formations plus accessoires. Si l’on met en parallèle le financement du permis moto avec le celui de formations à la langue française, je trouve ce choix surprenant, alors que l’on constate un grand nombre de personnes en situation d’illettrisme.

Pensez-vous développer d’autres outils de formation sur des compétences non linguistiques ?

Nous avons conservé l’activité initiale de création de solutions de formation pour les entreprises. Nous travaillons pour de grands groupes dont l’Oréal, Adecco ou encore le groupe Rocher, par exemple, auxquels nous fournissons des petits modules de formation, comme : « Comment organiser et conduire des réunions efficaces ». Au-delà de l’orthographe, puis des formations linguistiques, nous avons fait l’acquisition, il y a un an, de Be my media, un outil de formation destiné à la lutte contre la désinformation.

Quel est le sens de cette acquisition pour le groupe Voltaire ?

Après la maîtrise de l’orthographe, nous tirons le fil en travaillant au développement de l’esprit critique  »

Nous avons commencé en développant la maîtrise de l’orthographe chez le grand public. Depuis, nous tirons le fil en travaillant d’autres compétences essentielles, de la maîtrise de la langue à la structuration de la pensée, en passant par l’expression écrite et orale et, désormais, le développement de l’esprit critique. Il ne faut pas oublier que nous portons le nom de Voltaire pour lequel : « Plus les hommes seront éclairés, plus ils seront libres ».

Or le développement de l’esprit critique, qui est au cœur de l’activité de Be my media, permet de lutter contre la désinformation. Lorsque nous avons rencontré ses fondateurs, nous avons découvert que nous étions très complémentaires, car leur projet d’entreprise comporte une dimension sociétale, comme le Projet Voltaire. C’est ainsi que nous avons décidé de poursuivre ensemble et nous accompagnons le développement de Be my media dans les établissements d’enseignement où le Projet Voltaire est très présent.

Comment conciliez-vous les exigences de rentabilité d’une entreprise privée commerciale avec cette mission sociétale ?

Nous avons créé une fondation, en 2019, financée via une partie fixe du chiffre d’affaires »

Nous avons créé une fondation, en 2019, financée via une partie fixe du chiffre d’affaires du groupe Voltaire. Ainsi, plus nous développons le groupe, plus nous pouvons déployer nos outils à destination de personnes qui ne peuvent pas les financer. Nous formons gratuitement, par exemple, des personnes placées sous main de justice. Nous proposons le Certificat Voltaire en braille pour les personnes touchées par une déficience visuelle, en assumant l’intégralité du surcoût grâce à la fondation. Pour les personnes qui, en raison d’un handicap, ont besoin d’une assistance pour passer le certificat, nous mettons une personne à disposition gratuitement. C’est d’ailleurs le volume croissant de ces actions d’intérêt général qui nous a conduits à la création de cette fondation. Nos salariés ont la possibilité de mener des actions dans ce cadre à raison d’une demi-journée de temps de travail par semaine.

Vos salariés sont-ils nombreux à se saisir de cette possibilité ?

J’aimerais qu’ils soient plus nombreux. Nous avons, en moyenne, une vingtaine de salariés qui consacrent une demi-journée par semaine à la fondation, mais ceux qui s’engagent le font massivement, avec plus de 3 000 heures de mécénat de compétences par an. 90 % de nos salariés participent à nos points d’information réguliers sur les activités de la fondation. Le sujet intéresse l’ensemble de l’entreprise.

Mélanie Viénot

Parcours

EdTech Lyon
Vice-présidente
Le Projet Voltaire (Woonoz)
Directrice générale
EdTech France
Co-présidente
Novascrib
Co-Founder
Woonoz
Directrice de la Fondation Voltaire & Responsable des partenariats stratégiques Projet Voltaire
Union nationale des Pimms
Responsable Projets stratégiques / Création et Direction de l’Institut de formation
Polycom
Consultante RH - Chasseuse de têtes

Établissement & diplôme

Sciences Po Paris (IEP Paris)
Stratégie de communication et système de marque à l’heure du digital
CNAM PARIS
Ingénierie des dispositions et formation
EMLyon Business School
Mastère Spécialisé Management des entreprises de services
Université Lumière - Lyon 2
Maîtrise sociologie et communication

Fiche n° 51492, créée le 02/05/2024 à 09:19 - MàJ le 02/05/2024 à 09:52

Le Projet Voltaire (Woonoz)

• Entreprise privée

• Mission : Acteur spécialisé dans l’édition de solutions de formation de remise à niveau en expression et en orthographe. Le Projet Voltaire repose sur le moteur d’Ancrage Mémoriel développé par Woonoz. Le Projet Voltaire délivre le Certificat Voltaire. 500 000 personnes ont été certifiées depuis son lancement en 2010. En 2023, le Projet Voltaire a acquis be my media outil de formation destiné à la lutte contre la désinformation.

Création : 2009

Effectifs : 164 collaborateurs

Chiffre d’affaires : 16M€ (2023)

• Le Projet Voltaire Revendique plus de 7 millions d’utilisateurs, 5 000 établissements d’enseignement et 2 200 entreprises partenaires.

• Présidente : Mélanie Viénot

• Contact presse : Léa Melia-Vallette

• Tél. : 07 69 00 17 84


Catégorie : Entreprises de Taille Intermédiaire


Adresse du siège

6 avenue Sidoine Apollinaire
69009 Lyon France


Fiche n° 5127, créée le 09/06/2017 à 12:03 - MàJ le 02/05/2024 à 09:57

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