L’alternance : accélérateur d’innovation et de qualité pédagogique (5e édition Atlas de l’Alternance)

News Tank RH - Paris - Actualité n°321520 - Publié le 11/04/2024 à 10:00
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Atlas de l’Alternance 2024 : 1878 CFA / OFA en 2023 (vs 1750 en 2021) dans le périmètre d’Atlas  - ©  News Tank RH

« L’apprentissage est d’abord un modèle pédagogique riche dans son essence, avec des qualités intrinsèques, mais encore faut-il les activer. Ce développement quantitatif de l’apprentissage doit être régulé d’un point de vue financier. Toutefois, cette régulation financière a aussi un impact sur la qualité de la formation. Avec la charte pour un accompagnement de qualité dans l’enseignement supérieur, l’idée est d’embarquer par capillarité les acteurs dans une logique d’amélioration continue, à l’heure où les établissements d’enseignement supérieur ont aussi d’autres référentiels », déclare Frédéric Sauvage, président de l’Anasup • Création : 2013• Association de 29 CFA qui a pour objet de constituer un réseau des CFA de l’enseignement supérieur. Près de 30 000 jeunes formés, en lien avec 17 000 entreprises partenaires… lors de la 5e édition de l’Atlas • Opco des services financiers et du conseil• 13 branches professionnelles :- Agents généraux d’assurance- Courtage d’assurances et de réassurances- Sociétés d’assurances- Sociétés d’assistance… de l’Alternance, à l’occasion d’une table ronde sur le thème : l’alternance : accélérateur d’innovation et de qualité pédagogique le 28/03/2024. 

Participaient également à cette table ronde :
- Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP) ;
- Laurent Champaney, président de la Conférence des grandes écoles • Statut : association loi 1901• Création : 1973• Missions : La CGE est une association de grandes écoles d’ingénieurs, de management et de haut enseignement multiple ou spécifique, toutes reconnues… , directeur général de l’Ensam ;
- Éric Depond, directeur général de l’ESBanque ;
- Tristan Gillouard, directeur de l’apprentissage de la CCI Paris-Île-de-France ;
- Franck Giuliani, président du réseau FCU ;
- Nicolas Rivier, directeur du développement d’Atlas ;
- Frédéric Sauvage, président de l’Anasup.


Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP)

Je commence mon propos par trois chiffres que vous connaissez par cœur et qui sont importants pour le ministère de l’Enseignement supérieur.

  • 100 % des alternants de l’Opco Atlas sont dans l’enseignement supérieur ;
  • Un alternant sur cinq est issu d’une branche d’Atlas ;
  • 20 % des alternants d’Atlas sont issus des QPV (quartiers prioritaires de la ville), contre 8 % au niveau national.

L’alternance est donc un dispositif important permettant de mieux s’insérer quantitativement, mais surtout presque qualitativement. L’alternance fait bouger les lignes en matière d’innovation pédagogique. C’est aussi une voie qui renforce la diversité sociale. La mixité sociale est un facteur d’ascenseur social, une troisième raison de continuer à encourager cette alternance.

Nous avons l’objectif d’atteindre un million d’alternants d’ici à 2027. C’est la raison pour laquelle le ministère de l’Enseignement supérieur, le ministère du Travail et France compétences • Établissement public administratif créé par la loi du 05/09/2018, placé sous la tutelle du ministre chargé de la formation professionnelle. Mise en route le 01/01/2019 • Gouvernance quadripartite… portent ensemble une charte qualité qui garantit que l’apprenti bénéficiera d’un accompagnement de qualité. Je remercie vraiment l’Opco Atlas d’être présent au moment du lancement de la charte et, maintenant, dans le comité de suivi.

Nicolas Rivier, directeur du développement d’Atlas

Près de 100 % des alternants dans le supérieur

  • Chez Atlas, près de 100 % de nos alternants sont dans le supérieur. Sur nos contrats de professionnalisation, nous sommes plutôt sur un développement des CQP et reconnaissances CCN. Aujourd’hui, on a un déplacement vers le contrat d’apprentissage de la plus grande partie des parcours, qui sont sur des reconnaissances RNCP. On a aussi un dynamisme, dans un certain nombre de branches, de reconnaissances permettant de cerner des besoins ou des publics un peu plus spécifiques.

  • Concernant la répartition des alternants par niveau de certification visé en 2023, les niveaux bac+ 5 et plus représentent 49 % des contrats. On a une relative stabilité au niveau des Bac+2, qui représentent 16 % des contrats, et des Bac+3, à hauteur de 31 %.

  • Quant aux domaines de formation et certifications associées, le secteur de l’informatique représente 19 % des contrats en alternance. Au sein de ce secteur, le titre de concepteur-développeur d’applications est prédominant, suivi du master en informatique et du BTS SIO (services informatiques aux organisations). Le deuxième secteur de formation concerne le commerce et la vente, qui représentent 16 % des contrats en alternance. Le titre de négociateur technico-commercial y est prédominant, suivi du BTS négociation et digitalisation de la relation client et du diplôme de l’École de management de Normandie. Le dernier secteur est celui des finances, banques et assurances, représentant 15 % des contrats en alternance.

  • On constate également une évolution du nombre de CFA / OFA dans le périmètre d’Atlas, passé de 1 750 en 2021 à 1 878 en 2023. Le top 20 des CFA représente 26 % des contrats.

Un soutien financier d’Atlas aux CFA via un appel à projets annuel

L’Opco Atlas propose un appel à projets annuel depuis 2020. Atlas a à cœur que son appel à projets devienne une tradition pour soutenir cette trajectoire d’innovation pour les métiers concernés. Mais aussi pour répondre aux besoins des alternants du 21ᵉ siècle qui ont des attentes et des contextes de formation et de travail différents.

Sur les quatre dernières années, nous avons régularisé un fonctionnement d’appui à l’investissement via cet appel à projets annuel, qui nous a déjà permis de soutenir 160 projets pour plus de 110 CFA différents. C’est un investissement fort, qui représente aujourd’hui 27 millions d’euros d’appui et qui permet de contribuer, à notre échelle, à l’évolution des pratiques et au soutien de parcours un petit peu augmentés.

Nous distinguons trois catégories de projets :

  • ceux qui touchent aux équipements et au matériel permettant des approches pédagogiques plus innovantes (simulateurs, labs, espaces pédagogiques), enrichies à travers la formation à distance et le travail coopératif ;
  • ceux portant sur l’évolution de l’offre de formation elle-même, avec la digitalisation et la mise en place de parcours répondant à la réalité rencontrée par les apprentis et aux besoins des entreprises ;
  • ceux qui s’attachent à travailler sur les parcours et une articulation fluide entre l’entreprise, l’alternant et le CFA.

Des cofinancements expérimentés avec les conseils régionaux 

Nous avons débuté, en 2023, une expérimentation de cofinancements avec certains conseils régionaux. Nous avons commencé par le Centre-Val de Loire et nous avons identifié des situations en Auvergne-Rhône-Alpes et à La Réunion. Pour 2024, avec la région Centre-Val de Loire, nous sommes déjà en discussion sur des ajustements afin de mettre en cohérence leur programmation à travers les demandes d’investissement qu’ils reçoivent et certains projets pour lesquels nous identifions une correspondance avec les besoins de nos entreprises et les orientations de nos branches.

Un taux de rupture brut à 16 % au bout de 18 mois en 2022

  • Le taux de rupture brut pour tous les contrats de l’année 2022 est de 16 % au bout de 18 mois, ce qui nous paraît important compte tenu du niveau sur lequel nous sommes attendus. En net, nous redescendons à 11 %, uniquement sur le périmètre d’Atlas.

  • Le taux de rupture à l’initiative de l’entreprise déclarée par les alternants est de 12 %, ce qui est extrêmement faible. Le taux de rupture d’un commun accord est de à 40 %.

  • Dans 30 % des cas, la raison invoquée est l’expérience dans l’entreprise. Elle s’est avérée négative selon 10 % des alternants ayant choisi d’interrompre leur contrat.

Franck Giuliani, président du réseau FCU

Une quarantaine d’universités ont internalisé l’apprentissage dans le déploiement de la loi de 2018, tout en maintenant le développement de partenariats forts avec les CFA hors les murs et les CFA d’entreprises. Le but de la charte d’un accompagnement de qualité dans l’enseignement supérieur est d’accompagner cette transformation nécessaire de nos modes pédagogiques, de notre rapport autour de ce triptyque entre l’apprenant, l’entreprise et le CFA. Nous voulons une insertion de qualité et pérenne.

Frédéric Sauvage, président de l'Anasup

L’apprentissage est d’abord un modèle pédagogique riche dans son essence, avec des qualités intrinsèques, mais encore faut-il les activer. Ce développement quantitatif de l’apprentissage doit être régulé d’un point de vue financier. Toutefois, cette régulation financière a aussi un impact sur la qualité de la formation. 

Avec cette charte pour un accompagnement de qualité dans l’enseignement supérieur, l’idée est d’embarquer par capillarité les acteurs dans une logique d’amélioration continue, à l’heure où les établissements d’enseignement supérieur ont aussi d’autres référentiels. Il faut donc appuyer la capacité d’accueil et accompagner les enseignants-chercheurs, les responsables de formation des équipes administratives dans les établissements par un langage commun. L’intérêt de cette charte est donc d’inclure les acteurs à partir d’une compréhension de ce qui fait la richesse de l’apprentissage et ce qu’il s’agit de mettre en œuvre.

Tristan Gillouard, directeur de l’apprentissage, CCI Paris-Île-de-France

Une lecture opérationnelle de la qualité à travers la charte

Il y a bel et bien une différenciation entre Qualiopi et la charte de qualité. Si on fait de la pédagogie en alternance comme on le fait dans le cadre du temps plein, c’est qu’on n’a, en réalité, rien compris. La pédagogie de l’alternance est passionnante et très exigeante. Elle repose sur deux facteurs essentiels : un facteur humain, parce que c’est la mise en cohérence de beaucoup d’acteurs autour de la réussite du jeune, de son parcours, et un facteur organisationnel, car cette pédagogie doit être précise et nécessite un travail important. 

La charte publiée par le ministère donne une lecture opérationnelle de la qualité. Elle précise les choses et permet aux CFA de s’engager sur des actions pédagogiques et sur l’accompagnement du jeune. Elle insiste sur un élément qui me semble très important : la pédagogie de l’alternance. Ce n’est pas la simple juxtaposition de périodes en entreprise et à l’école, c’est un continuum. Les enjeux de la pédagogie de l’alternance portent sur la création d’un lien entre les phases en entreprise et les phases à l’école. Cela repose sur des outils (livrets numériques) et sur une concertation entre le CFA et l’entreprise pour décider collectivement de la progression du jeune pendant sa formation et durant ses missions.

Eric Depond, directeur général de l’ESBanque

C’est une croyance forte pour un patron de CFA de considérer qu’il a un rôle sociétal envers les jeunes pour leur donner accès à l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes, pour des raisons diverses et variées, n’y ont pas forcément accès, parfois parce qu’ils habitent loin. L’ESBanque répond aux besoins de formation bancaire grâce à son réseau de 11 délégations et 18 campus en région, ainsi que 7 représentations outre-mer. Des cours sont ainsi proposés dans plus de 60 villes. Sur les 4 500 jeunes que nous formons tous les ans à la banque, entre 25 % et 30 % sont ciblés sur des Bac+3. 

En parallèle, nous avons développé l’intelligence artificielle via un agent conversationnel, ES BOT, disponible 24h/24 et 7j/7. C’est le « Jiminy Cricket de l’alternance », une assistance supplémentaire qui complète l’accompagnement déjà disponible.

Laurent Champaney, président de la Conférence des grandes écoles, directeur général de l’Ensam

La Conférence des grandes écoles compte 250 grandes écoles publiques ou d’intérêt général. 200 d’entre elles font de l’apprentissage, ce qui représente 60 000 apprentis au total. Ce chiffre a doublé en six ans. 

Nous considérons que le financement de l’apprentissage est un financement public qui doit en particulier aller vers ceux qui portent haut la mission de l’alternance. Nous avons certes progressé, et nous pouvons encore aller plus loin, surtout sur les niveaux Bac+3 bachelors.

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Atlas de l’Alternance 2024 : 1878 CFA / OFA en 2023 (vs 1750 en 2021) dans le périmètre d’Atlas  - ©  News Tank RH