« Avec l’IA la capacité d’analyse et de pensée critique devient cruciale » (Pascale Fotius, Oasys)
« Les IA
Intelligence artificielle
génératives transforment le monde du travail à une vitesse fulgurante. L’impact le plus direct que nous observons est la réaffectation des tâches. En prenant en charge les activités répétitives et chronophages, l’IA permet de se concentrer sur des tâches complexes et stratégiques », déclare Pascale Fotius
Directrice de Projet People & Change chez Oasys Mobilisation @ Oasys Consultants
, directrice de projet people & change chez Oasys Mobilisation (Oasys & Cie
• Groupe de conseil spécialisé dans l’accompagnement social des transformations. • Création : 2006• Missions :- Oneida Associés : conseil en stratégie sociale, solutions de reprise d’activités…
), à News Tank, le 29/03/2024.
« Les acteurs de la fonction RH doivent identifier les compétences futures nécessaires pour accompagner les salariés dans cette transition, assurant ainsi que chacun peut trouver sa place dans un environnement de travail transformé par l’IA. La capacité à interagir efficacement avec l’IA, à comprendre et analyser des données et à exercer une pensée critique devient cruciale. »
« Il y a là une opportunité gigantesque pour aller vers une fonction RH stratégique qui se positionne en transformatrice du travail et des organisations. Une démarche proche d’un observatoire expérimental interne pourrait être une piste intéressante avec un temps de réflexion en amont, un temps d’outillage, un temps de lancement puis un temps d’analyse avant de partager. »
Pour Pascale Fotius, « l’enjeu essentiel est aujourd’hui d’accompagner la transformation profonde des métiers pour comprendre les coopérations demain entre les êtres humains dans l’entreprise ; entre l’humain et la machine et entre les machines elles-mêmes. »
Au-delà de l’approche technique, « il s’agit de réinterroger le sens du travail, dans un sens quasi philosophique. »
« IA & RH » est le thème de travail de l’un des quatre Labs RH du Think Tank Labs Factory mis en place par Oasys Mobilisation.
Pascale Fotius répond aux questions de News Tank
Quelle est la situation aujourd’hui dans les entreprises sur l’IA Intelligence artificielle ?
une période intense d’acculturation et de foisonnement sur l’IA »Nous vivons actuellement une période intense d’acculturation et de foisonnement sur l’IA dans de nombreux domaines et pas seulement pour les directions des ressources humaines. C’est une étape nécessaire pour aborder une transformation tellement rapide et globale, car elle touche tous les métiers. Dans le même temps les inquiétudes se développent sur les risques de disparitions d’emploi et sur la nécessité de mettre en œuvre des plans de reconversion pour s’adapter à ces transformations rapides nées de l’IA vécues comme un véritable tsunami. Je constate également un fort pilotage du sujet par les directions informatiques, c’est-à-dire une approche essentiellement basée sur l’outil que constitue l’IA.
Cette approche technique de l’IA vous semble-t-elle adaptée ?
Elle n’est pas suffisante, il est nécessaire de travailler également sur les interactions entre l’humain et l’IA afin d’identifier les valeurs ajoutées de l’humain. Il s’agit de réinterroger le sens du travail, dans un sens quasi philosophique. Attention à ne pas sombrer dans le catastrophisme en se concentrant exclusivement sur les restructurations. L’enjeu essentiel est aujourd’hui d’accompagner la transformation profonde des métiers pour comprendre les coopérations demain :
- Coopérations entre les êtres humains dans l’entreprise
- Coopérations entre l’humain et la machine
- Coopérations entre les machines (IA) elles-mêmes.
Quelle sera la valeur ajoutée de l’humain demain selon vous ?
Les IA génératives transforment le monde du travail à une vitesse fulgurante »Les IA générative Generative AI en anglais : branche de l’IA qui vise à créer des modèles capables de générer du contenu original (texte, image, vidéo, musique…). s transforment le monde du travail à une vitesse fulgurante. L’impact le plus direct que nous observons est la réaffectation des tâches. En prenant en charge les activités répétitives et chronophages, l’IA permet de se concentrer sur des tâches complexes et stratégiques. Cette transition vers des rôles plus enrichissants nécessite une préparation et une adaptation. Les acteurs de la fonction RH doivent identifier les compétences futures nécessaires pour accompagner les salariés dans cette transition, assurant ainsi que chacun peut trouver sa place dans un environnement de travail transformé par l’IA. La capacité à interagir efficacement avec l’IA, à comprendre et analyser des données et à exercer une pensée critique devient cruciale.
Mais les entreprises ont déjà abordé d’autres transformations massives, la transformation digitale notamment…
Cette mutation est inédite et les approches classiques type GEPP ou les leviers habituels de la conduite du changement ne sont pas utilisables. L’arrivée de l’IA générative est une déferlante qui nécessite un renouvellement profond des méthodes.
Quel doit être le rôle de la direction des ressources humaines dans cette transformation ?
Il y a là une opportunité gigantesque pour aller vers une fonction RH stratégique qui se positionne en transformatrice du travail et des organisations, à l’appui de multiples chantiers :
- Anticiper l’obsolescence des compétences qui s’accélère
- Acculturer l’ensemble des acteurs aux changements technologiques
- Accompagner les transformations profondes des métiers : Quels usages de l’IA ? Comment les salariés s’approprient les outils ? Comment embarquer les salariés dans la transformation de leur métier ? Quels nouveaux scénarii de fonctionnalité élaborer avec les systèmes d’IA ?
- Dialoguer avec l’ensemble des parties prenantes des évolutions du travail et leur impact sur l’emploi, le développement des compétences, la santé, l’engagement…
Les directions des ressources humaines doivent être au rendez-vous de cette transformation du travail et piloter cette transformation, or c’est loin d’être une généralité dans toutes les entreprises. Il pourra s’agir de prioriser certains métiers, de remonter et partager les expériences pour finalement embarquer les salariés. Il faut instiller une culture de l’expérimentation sur l’appropriation de l’IA. Une démarche proche d’un observatoire expérimental interne pourrait être une piste intéressante avec un temps de réflexion en amont, un temps d’outillage, un temps de lancement puis un temps d’analyse avant de partager. Il est également possible de décider de ne pas utiliser l’IA sur telle ou telle activité. Nous sommes aujourd’hui collectivement dans une quête de la valeur ajoutée issue de l’IA.
Quelle est votre stratégie chez Oasys, dans un métier de conseil et donc de prestation intellectuelle, vis-à-vis de l’IA ?
Nous vivons notre phase de foisonnement et de tests avec l’expérimentation de plusieurs outils d’IA générative au sein des équipes. Le comité de direction a impulsé une démarche, à l’appui d’ambassadeurs dans chaque entité. Ces ambassadeurs capitalisent, apportent leur expertise et partagent de l’information en interne. Nous communiquons également en interne sur les derniers travaux de recherches et innovations technologiques. L’appropriation de l’IA et le travail sur la valeur ajoutée de l’humain sont un enjeu de survie pour nos métiers de la prestation intellectuelle, mais c’est également une source d’accélération de notre développement pour produire plus vite, des études à forte valeur ajoutée, avec des coûts de production réduits. La montée en puissance de l’IA dans nos métiers pose également d’autres questions comme le mode de facturation : la facturation traditionnelle est effectuée sous la forme de jours/hommes. Comment facturer le recours à ces outils ?
Comment éviter le risque de destructions massives d’emploi liées à l’IA générative ?
Un risque de fracture avec la situation des personnes qui ne seront pas en mesure de franchir cette montée en gamme »Le risque existe en particulier pour les métiers les moins qualifiés qui disparaîtront et il pose la question de la reconversion des personnes concernées. Cette reconversion devra passer par une professionnalisation robuste permettant de développer leur capacité d’analyse et leur pensée critique. Et nous avons là un risque de fracture avec la situation des personnes qui ne seront pas en mesure de franchir cette montée en gamme.
La question est adressée également au système éducatif qui doit à la fois intégrer les potentialités de l’IA et former des jeunes qui seront à l’aise dans ce nouvel environnement, préparés à appréhender la complexité du monde, à transposer des compétences d’un métier à un autre, d’un secteur à un autre, à faire des liens entre les écosystèmes…
Le métier d’enseignant n’échappe pas à l’ensemble des points développés plus haut et au projet de transformation auquel il est confronté. Pour entrer dans les usages et en tirer pleinement bénéfice, il faut savoir orienter et guider l’IA. La boussole des enseignants, c’est la robustesse du modèle pédagogique. L’IA est un super co-pilote qui permet de gagner du temps, de personnaliser les apprentissages, de stimuler l’engagement des élèves. L’enjeu, c’est d’apprendre à cocréer avec l’IA, savoir la questionner, aller toujours plus loin dans l’interaction. Ceci ne sera permis que si l’enseignant maîtrise au fond parfaitement la sphère de l’apprentissage, les processus pédagogiques, ce qui les rend efficaces ou pas, ce qui va être utile et pertinent pour l’élève. Là, le cheminement avec l’IA fonctionnera.
Pascale Fotius
Directrice de Projet People & Change chez Oasys Mobilisation @ Oasys Consultants
Parcours
Directrice de Projet People & Change chez Oasys Mobilisation
Directrice de projet RH et Management
Intervenante dans le Master Executive RH
Directrice Adjointe des Ressources Humaines
Manager de l’Offre RH
Établissement & diplôme
Thèse de doctorat, Psychologie cognitive
Fiche n° 26374, créée le 11/10/2017 à 19:16 - MàJ le 25/06/2024 à 18:27
Oasys & Cie
• Groupe de conseil spécialisé dans l’accompagnement social des transformations.
• Création : 2006
• Missions :
- Oneida Associés : conseil en stratégie sociale, solutions de reprise d’activités, réindustrialisation de sites
- Oasys Mobilité : accompagnement social des mobilités et des redéploiements
- Le 30FAB : revitalisation de territoires
- PYKSIS : communication de crise, relations presse, affaires publiques
- Oasys Mobilisation : dynamisation d’équipes et développement du management
- IAPR : prévention et accompagnement des risques psychosociaux
- Oasys Dirigeants : accompagnement des dirigeants dans leurs évolutions de carrière
- Oasys Carrière : outplacement et gestion des talents
- IFOD : école de coaching et des métiers de l’accompagnement
- Alerys : acteur du conseil en ressources humaines, de l’accompagnement et du développement humain
• Effectif : 650 salariés en 2024
• Chiffre d’affaires : 89 M€ (2023)
• Président : Éric Beaudouin
• Contact
Catégorie : Etudes / Conseils
Entité(s) affiliée(s) :
Le30Fab
Adresse du siège
7, rue d’Astorg75008 Paris France
Fiche n° 11745, créée le 24/02/2021 à 05:10 - MàJ le 06/11/2024 à 18:57