Marché du travail : tensions en hausse dans l’informatique et les télécoms (Dares)
• Les tensions sur le marché du travail demeurent particulièrement fortes dans l’industrie, le bâtiment, l’informatique et les télécommunications, ainsi que dans le secteur hospitalier en 2022. Au total, 8 métiers sur 10 sont en tension forte à très forte en 2022. L’intensité d’embauches et le manque de main-d’œuvre disponible contribuent nettement à cette hausse.
• Les tensions augmentent fortement dans les métiers exercés au sein des secteurs encore très affectés par les contraintes sanitaires en 2021 : c’est notamment le cas des métiers de l’hôtellerie et de la restauration (serveurs, employés et maîtrise de l’hôtellerie ou apprentis de cuisine par exemple) mais également des agents de sécurité, des caissiers ou de certains métiers des transports (conducteurs sur rail ou employés des transports et du tourisme).
• Les tensions y retrouvent, voire y dépassent, leur niveau précédant la crise sanitaire. Elles s’accroissent également dans certains métiers du soin : aides-soignants, infirmiers ou sages-femmes. À l’inverse, à rebours de la hausse généralisée, les tensions sont en baisse pour les cadres de la banque et des assurances.
Tels sont les principaux enseignements de l’étude sur les tensions sur le marché du travail en 2022 publiée par la Dares le 18/12/2023.
8 métiers sur 10 (représentant 87 % de l’emploi) sont en tension forte ou très forte en 2022
- Dans ce contexte de reprise, les tensions sur le marché du travail atteignent, en 2022, leur plus haut niveau depuis 2011 : 8 métiers sur 10 (représentant 87 % de l’emploi) sont en tension forte ou très forte, contre 7 sur 10 en 2021.
- Les tensions sont principalement liées à l’intensité des embauches et au manque de main-d’œuvre disponible, qui progressent nettement en un an.
- Dans un contexte de baisse du chômage, l’inadéquation géographique (écart de répartition territoriale des offres et demandes d’emploi) s’accroît également.
- À l’inverse, la non-durabilité de l’emploi, autre facteur de tension, n’augmente pas.
- Les tensions sont principalement liées à l’intensité des embauches et au manque de main-d’œuvre disponible, qui progressent nettement en un an.
- Entre 2021 et 2022, les tensions augmentent nettement dans l’ensemble des grands domaines professionnels.
- Dans l’industrie en particulier, les tensions déjà très fortes s’intensifient de nouveau pour les techniciens de la mécanique, les ouvriers non qualifiés et techniciens de l’électricité-électronique, les ingénieurs et cadres de l’industrie, les régleurs et de nombreux métiers d’ouvriers non qualifiés.
- Dans le bâtiment, les tensions progressent encore, notamment pour les ingénieurs du bâtiment et des travaux publics, chefs de chantier et conducteurs de travaux (cadres).
- Elles augmentent aussi dans les métiers du tertiaire et dans ceux de l’agriculture.
Des tensions en hausse dans le tertiaire, sauf notamment pour les cadres de la banque-assurance
- La hausse des tensions se poursuit dans le tertiaire, notamment pour les infirmiers et sages-femmes, les responsables logistiques (non cadres), les techniciens et cadres des services administratifs, comptables et financiers.
- Cette hausse touche également des métiers moins qualifiés : agents de sécurité et de surveillance, employés de l’hôtellerie-restauration (dont notamment les apprentis de cuisine), caissiers et employés de libre-service, assistants maternels, ouvriers non qualifiés de l’emballage, manutentionnaires, etc.
- Dans l’hôtellerie-restauration ou le commerce, l’activité et les embauches sont portées en 2022 par la levée complète des restrictions sanitaires intervenue au second semestre 2021. Dans les transports, la hausse des tensions est plus marquée pour les contrôleurs des transports et les conducteurs sur rails et d’engins de traction, qui étaient des métiers non tendus les années précédentes.
- Après avoir fortement augmenté en 2021, les tensions reculent pour les cadres de la banque et des assurances en 2022, et, dans une moindre mesure, dans l’informatique et télécommunications, notamment chez les ingénieurs, tout en restant très élevées.
Des tensions de natures différentes selon les métiers
- Les tensions concernent une grande majorité des métiers mais sont de natures très différentes. Dans l’informatique et les télécommunications, la forte intensité d’embauches se combine à un lien formation-emploi important.
- Il en résulte un manque de main-d’œuvre disponible malgré des conditions d’emploi plus favorables que la moyenne des métiers.
- Inversement, pour les serveurs de cafés et restaurants, l’exigence d’une formation spécifique est moindre et davantage de demandeurs d’emploi sont disponibles. Toutefois, les conditions de travail et la non-durabilité de l’emploi y sont moins favorables. Pour les métiers d’aides à domicile et d’aides ménagères, les fortes tensions sont liées à des conditions de travail contraignantes et à un manque de main-d’œuvre disponible.
Les métiers les plus tendus : ceux d’ouvriers qualifiés et de techniciens du BTP et de l’industrie
- Le top 30 des métiers les plus en tension change peu en 2022 par rapport à 2021. Seuls trois métiers font leur entrée : les ingénieurs des méthodes de production, du contrôle qualité, ainsi que les agents de maîtrise et assimilés en fabrication de matériel électrique, électronique, font partie des métiers dont les tensions augmentent le plus entre 2021 et 2022; les ouvriers qualifiés du travail du bois et de l’ameublement, pour lesquels les tensions se sont aussi intensifiées.
- À l’inverse, trois métiers quittent le top 30 : les ingénieurs et cadres des télécommunications, dont les tensions baissent sur un an, ainsi que les mécaniciens et électroniciens de véhicules et les plombiers, chauffagistes, dont les tensions n’augmentent que légèrement. Les tensions de recrutement de ces trois métiers restent toutefois très élevées en 2022.
- 27 métiers du top 30 font partie du BTP et de l’industrie. Ce sont essentiellement des métiers d’ouvriers qualifiés ou de techniciens. Les autres métiers concernent les informaticiens, les techniciens des services comptables et financiers, ainsi que les infirmiers.
- Parmi les 30 métiers les plus en tension en 2022, la quasi-totalité fait face à un vivier réduit (fort, voire très fort manque de main-d’œuvre disponible) et les deux tiers recrutent intensément (forte ou très forte intensité d’embauches). 25 métiers du top 30 requièrent des formations spécifiques (fort et très fort lien formation-emploi).
- Dans quelques cas comme celui des menuisiers et des ouvriers de l’agencement et de l’isolation, l’inadéquation est plutôt qualitative : le métier est en tension malgré un vivier suffisant de main-d’œuvre disponible. Les tensions peuvent provenir d’un déficit de formation, par exemple pour des tâches spécifiques comme l’isolation thermique par l’extérieur, actuellement très demandées, ou de conditions de travail contraignantes qui freinent les candidats.
- Plus de la moitié des métiers du top 30 offrent des meilleures conditions d’emploi que la moyenne. Inversement, pour un tiers d’entre eux, tels que les chaudronniers, tôliers, traceurs, serruriers, métalliers, forgerons, les conditions de travail sont contraignantes, expliquant en partie les tensions de recrutement.
- Pour 18 métiers du top 30, la répartition géographique de l’offre diffère de celle de la demande de travail (très forte ou forte inadéquation géographique).
- Parmi les 30 métiers employant le plus de salariés, la quasi-totalité est fortement, voire très fortement, tendus : c’est le cas de professions du tertiaire comme celles d’infirmiers, d’aides-soignants, d’aides à domicile ou de conducteurs routiers.
- Plus de la moitié ne requiert pas de formation spécifique, avec un lien formation-emploi très faible. 12 d’entre eux présentent des conditions de travail contraignantes ou très contraignantes qui peuvent contribuer aux tensions.
- Les disparités géographiques de l’offre et de la demande varient parfois d’un territoire à l’autre. Ainsi, pour les agents d’entretien de locaux, métier dont la tension passe de modérée à forte en 2022, les difficultés de recrutement se concentrent sur la façade atlantique et le bassin méditerranéen, alors qu’elles sont plus modérées en Île-de-France.
Indicateurs, sources et niveau de granularité pour appréhender les tensions sur le marché du travai
• Les tensions sur le marché du travail sont mesurées ici à l’aide d’un indicateur synthétique prenant en compte trois dimensions : les difficultés de recrutement anticipées par les employeurs ; le nombre d’offres d’emploi rapportées au nombre de demandeurs d’emploi ; la facilité des demandeurs d’emploi à retrouver un emploi.
• Cet indicateur est accompagné par six indicateurs complémentaires éclairant les causes des tensions. Quand les différentes sources de données mobilisées le permettent, les indicateurs sont déclinés au niveau le plus fin de la nomenclature des métiers (FAP 225) et au niveau régional ou départemental. Pour plus de détails, se référer à la note méthodologique en ligne.