« Faire venir des compétences business ou industrielles au sein des startups » (P. Ribon, Bpifrance)
« Mercato » est un programme de transfert de compétences au service des startups deeptech, développant des technologies de pointe et de rupture, lancé par Bpifrance
• Banque publique d’investissement française• Création : 2012• Mission : financement et accompagnement des entreprises en crédit, en garantie, en aide à l’innovation et en fonds propres• Effectif …
et France Industrie
• Organisation professionnelle représentant l’industrie en France comptant parmi ses adhérents 32 fédérations sectorielles de l’Industrie et 51 présidents de grandes entreprises privées et publiques…
le 13/12/2023. Des salariés de grands groupes industriels se mettent aux services de jeunes pousses, le temps d’une mission. « Nous avions identifié le besoin de faire venir au sein des startups des compétences business ou industrielles venant d’entreprises confirmées sur leur marché pour les aider à grossir », indique Pascale Ribon
Directrice DeepTech @ Bpifrance
, directrice de DeepTech au sein de Bpifrance à News Tank, le 18/12/2023.
« Les startups deeptech sont souvent créées par des scientifiques qui ne connaissent pas les pratiques des grandes entreprises, ce qui réduit les possibilités de collaboration. C’est ainsi que nous sommes parvenus à l’ouverture du service Mercato. » Ce dispositif permet le placement ponctuel de professionnels reconnus sur des thématiques comme la conception de lignes de production, l’expertise réglementaire pour pénétrer un marché, le financement ou la commercialisation.
Ces missions peuvent durer quelques jours, quelques mois, jusqu’à deux ans. Parfois, le salarié mis à disposition est recruté par la start-up, « dans une stratégie de rapprochement du grand groupe avec les startups de son écosystème de développement ».
Quatre placements de long terme au sein de startups ont déjà été réalisés par Safran
• Équipementier dans les domaines de l’aéronautique, de l’espace, de la défense et de la sécurité• Création : 2005 (fusion de Snecma et Sagem)• Mission : contribuer à une aviation plus sure et plus…
, Schneider Electric
• Groupe industriel• Création : 1836• Mission : concevoir et commercialiser des solutions de transformation digitale pour la gestion énergétique et l’automatisation• Effectif : 137 000…
et Thales
• Statut : SA• Création : 1893• Mission : fabrication et commercialisation d’équipements et de systèmes électroniques destinés aux secteurs de l’aérospatial, du transport (activité en cession), de…
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Pascale Ribon répond aux questions de News Tank.
Quelle est la genèse du programme Mercato ?
Cela fait presque trois ans que nous travaillons sur ce programme que nous avons ouvert sur la plateforme lesdeeptech.fr . Nous avions identifié le besoin de faire venir au sein des startups des compétences business ou industrielles venant d’entreprises confirmées sur leur marché pour les aider à grossir. C’est ainsi que nous avons commencé à travailler avec France Industrie sur ce sujet, réfléchi à ce qui pouvait intéresser à la fois les startups et les grands groupes.
Nous avons mené cette réflexion en étroite collaboration avec la Direction générale des entreprises du ministère de l’Économie qui est très intéressée sur le fait de renforcer les liens entre les grands groupes et les startups sur le sujet des technologies de rupture. En effet, les startups deeptech sont souvent créées par des scientifiques qui ne connaissent pas les pratiques des grandes entreprises, ce qui réduit les possibilités de collaboration. D’autre part, la taille restreinte de leurs équipes comme leur manque de ressources en industrialisation réduisent la capacité des startups à s’engager dans des partenariats. C’est ainsi que nous sommes parvenus à l’ouverture du service Mercato.
Le plan Deeptech (Bpifrance)
• Ce dispositif s’inscrit au cœur du Plan Deeptech déployé par Bpifrance qui vise la création annuelle de 500 startups deeptech et 50 sites industriels d’ici 2030.
• En 2022, 17 usines ont déjà été construites par des entreprises deeptech, marquant la première étape vers cet objectif alors que 44 % des 1 900 startups industrielles en France sont classifiées comme deeptech.
• À terme, l’ambition du service Mercato serait qu’au moins 50 % du flux de startups deeptech en pré-industrialisation puissent bénéficier du dispositif.
En quoi consiste le service Mercato ?
Il permet aux équipes fondatrices des startups deeptech, très largement scientifiques, de bénéficier de compétences complémentaires apportées notamment en industrialisation et business développement pour des durées allant de quelques jours à quelques mois et pour un maximum de deux ans. Le dispositif permet le placement ponctuel de professionnels reconnus sur une grande variété de thématiques : conception de lignes de production, expertise réglementaire pour pénétrer un marché, financement, commercialisation, ressources humaines, etc. Nous souhaitons que ces profils permettent de lancer un projet et d’enclencher la machine pour que les startups passent à l’étape suivante.
Le dispositif s’appuie sur la loi sur le prêt de main-d’œuvre qui permet aux collaborateurs de grands groupes (de plus de 5 000 collaborateurs) d’être mis à disposition pour une durée variant de une à deux semaines, jusqu’à six à 12 mois. À l’expiration du prêt, les salariés ont la garantie de retrouver leur poste d’origine, aux mêmes conditions qu’à leur départ. La startup et l’entreprise peuvent s’accorder sur un partage de la prise en charge du salaire qui ne peut pas être modifié.
Il est possible aussi que le salarié mis à disposition soit recruté par la startup à la fin de sa mission. Cela peut s’inscrire dans une stratégie de rapprochement du grand groupe avec les startups de son écosystème de développement.
Une convention tripartite
Le placement du salarié dans la startup nécessite la signature d’une convention tripartite entre le groupe employeur, son collaborateur qu’il met à disposition et la startup qui l’accueille pour effectuer sa mission. Le groupe doit informer son CSE de la mise en œuvre de ce dispositif.
Qu’est-ce qui distingue ce dispositif du mécénat de compétences ?
C’est la possibilité pour le grand groupe et la startup de négocier le partage du salaire du collaborateur mis à disposition. On observe parfois des partages à 50/50 entre les deux. Cette répartition est avantageuse pour la startup qui accueille ainsi un « gros salaire » qu’elle n’aurait pas les moyens de recruter.
Combien d’entreprises et quels types d’entreprises participent à ce dispositif ?
Cinq groupes « actifs » ont entamé une démarche active de transfert de compétences, notamment Safran, Thalès et Schneider Electric, sur une dizaine impliqués dans le dispositif. Quatre placements de long terme ont déjà été réalisés, trois sont en cours et un a déjà rejoint une start-up. Les quatre placements réalisés sont les suivants :
- Safran : un ingénieur de production mis à disposition de Turbotech qui souhaitait un appui en ingénierie de production. La durée de la mission est d’un an. Le salarié reprendra son poste à la fin du placement.
- Schneider Electric : un CRO (Chief revenue office) & Partnership director est en cours de mission pour une année au sein de DiamFab, une start-up issue des recherches du CNRS qui recherchait un appui business. Le groupe a également placé un responsable industrialisation chez Caeli qui souhaitait un appui industrialisation. La mission de ce salarié, d’une durée de deux ans, s’est achevée par son recrutement par la start-up.
- Thales : le groupe a mis a disposition un de ses salariés qui accompagne le président de Flying Wales (ballons dirigeables destinés aux transports de charges lourdes) qui recherchait un appui pour développer des partenariats et des actions de lobbying. Cette mission de six mois est en cours de réalisation.
Une quinzaine de startups se sont impliquées dans le dispositif et ont ouvert une vingtaine de missions.
Comment fonctionne la plate-forme d’intermédiation ?
Les startups peuvent déposer des propositions de missions sur la page « Mercato » de la plateforme lesdeeptech.fr qui sont visibles par les salariés des grands groupes. Ceux-ci peuvent ensuite se rapprocher de leur RH - nous parions sur le désir des individus -, pour exprimer leur souhait de participer à tel projet. Ensuite, il faut convaincre l’entreprise de détacher tel ou tel salarié, de le remplacer en interne, de partager le salaire avec la start-up, etc. Il faut que cette mise à disposition soit compatible avec sa stratégie RH et son organisation. Notre enjeu est de travailler avec les RH des grandes entreprises pour développer le flux.
Pascale Ribon
Directrice DeepTech @ Bpifrance
Parcours
Directrice DeepTech
Déléguée générale
Vice-présidente, en charge des relations avec l’enseignement supérieur
Directrice
Sous-directrice au sein du secrétariat général du ministère
Directrice départementale de l’équipement d’Eure et Loire
Établissement & diplôme
Diplômée
Diplôme d’ingénieur
Diplômée
Fiche n° 50525, créée le 16/12/2023 à 15:40 - MàJ le 17/12/2023 à 16:34