Alternance : ''Savoir accompagner les jeunes sur la maîtrise des codes" (Yves Hinnekint, Walt)
« La qualité ne se cache pas que dans la pédagogie. Elle est aussi beaucoup dans l’accompagnement. Nous avons des jeunes, que nous sommes allés sourcer et qui sont éloignés de l’emploi, qu’il faut savoir accompagner sur la maîtrise des codes. Nous commençons à avoir des questions d’assistantes sociales ou de psychologues dans les CFA sur des jeunes qui sont en grande difficulté familiale ou personnelle. Des jeunes qui sont en rupture, quand ils ne sont pas mis à la porte de chez eux. Ils peuvent avoir des problèmes de santé, de nutrition, de logement et de comportement. Tout cela entre dans la démarche qualité. Les mesures que l’on prend et prendra permettront d’agir sur le taux de rupture », déclare Yves Hinnekint
Membre du CA @ Les Acteurs de la Compétence (ex Fédération de la Formation Professionnelle) • Président @ Talis Business Group • Président @ Walt association (communauté de CFA et d’acteurs de…
, président de Walt, lors d’une matinée organisée par l’Observatoire de l’alternance, intitulée « Assurer le futur de l’alternance : quels modes de financement ? Quels critères de qualité ? », le 09/11/2023. Elle s’est tenue à Paris, au siège des Compagnons du Devoir et du Tour de France.
« Les effets démographiques font aussi qu’un certain nombre de CFA vont chercher des jeunes parfois de plus en plus éloignés, mais cela a des coûts de sourcing, d’accompagnement et de mise à niveau. Ce sont des pédagogies différentes. Il me semble que la réforme a contribué à pouvoir le faire, mais il faut aller encore plus loin, et cela reste un axe fort. Allons sur une vision dynamique et beaucoup plus globale de la qualité », dit Alain Druelles
Associé fondateur @ Cabinet Quintet
, associé fondateur du cabinet Quintet Conseil et ancien conseiller ministériel en charge de la formation et de l’apprentissage en 2018.
« Un différentiel de rémunération de 20 % entre les deux contrats » (Alain Druelles, Quintet)
« La réforme a amené une clarification des deux contrats : le contrat de professionnalisation sur le qualifiant et l’apprentissage sur le certifiant. Si nous rentrons dans la technique, ce qui reste l’une des difficultés majeures, c’est l’élément de la rémunération. Le différentiel de rémunération entre les deux contrats est de l’ordre de 20 %. Dire qu’il faudrait une formule unique ne fait pas tout. Il faut aussi dire comment cela fonctionne et trouver des arbitrages.
Tirer vers le bas ne convient pas en général. Amener tout le monde vers le haut, c’est prendre le risque d’avoir un surcoût potentiel pour les entreprises sur l’apprentissage. C’est techniquement difficile. »
« Les deux raisons qui font que le sujet concernant la fusion des deux contrats n’est plus d’actualité, c’est qu’ils ont chacun trouvé leur place et se chevauchent moins. »
« Une baisse de la demande des entreprises dans certains secteurs d’activités »
« En 2022, nous commençons à voir un fléchissement de la hausse essentiellement faute de jeunes. En 2023, ce que nous commençons à voir, c’est qu’il y a toujours ce problème récurrent, mais nous observons aussi une baisse de la demande des entreprises dans certains secteurs d’activité, en raison des phénomènes d’inflation et de crise économique. Nous voyons que, dans des secteurs comme le commerce ou la distribution, des choses sont en train de baisser ou de stagner. La baisse fait que nous voyons le fléchissement. Attendons maintenant les chiffres de septembre 2023. Nous pouvons penser qu’il ne s’agira pas d’une croissance à deux chiffres. Je pense que si l’augmentation est de 5 %, ce sera très bien. Nous ne pouvons pas exclure que nous soyons sur un palier.
Ce qu’il ne faudrait pas, c’est qu’à ces deux phénomènes, s’ajoute une baisse de l’offre d’apprentissage. Nous commençons à entendre, notamment dans certains cas où les niveaux de prise en charge seraient considérés comme trop faibles, amenant à des questions de rentabilité, de modèle économique de CFA ou de certaines formations, l’idée qu’ils pourraient ne pas y arriver ou seraient obligés de mettre un restant à charge. Ce n’est pas possible, car dans certains secteurs d’activité, ce restant à charge ne sera pas accepté notamment dans des secteurs très marqués par une forte densité des besoins. Ce sujet est aussi devant nous. Il faut faire attention au cumul des facteurs. »
« Savoir quel type de public est touché »
« Nous voyons qu’il y a encore un débat sur ce qu’est l’apprentissage et à quoi il sert. Est-ce principalement une voie d’insertion, avec l’idée que c’est encore un peu la chose que l’on doit faire quand on ne peut plus faire autre chose, ou est-ce que nous considérons que c’est une voie d’éducation à part entière ? Auquel cas le ROI et ce que nous allons aller chercher ne sont pas exactement la même chose. Le taux d’insertion n’est par exemple pas le seul juge de paix. Il faut aussi voir quel type de public nous touchons. Prenons les rapports du Céreq. Ils portent sur des cohortes antérieures à la réforme de 2018, et appellent des précautions dans la façon dont nous utilisons les chiffres. Si je prends une publication d’octobre 2023, sur les trajectoires professionnelles et d’insertion, il est indiqué que l’alternance gomme les effets de l’origine sociale voire les atténue ou les annihile. En termes de politiques publiques, ce n’est pas inintéressant.
Il faut aussi que dans le travail d’analyse, nous posions une stratégie nationale. Il faut, ou la réaffirmer ou à la repréciser à l’aune de ce que nous venons de vivre, quatre ans de fort développement. J’ai rarement entendu dire qu’il ne fallait pas essayer d’avoir un système plus efficient. Il faut cependant donner du sens à cette économie. La comptabilité analytique n’est pas une stratégie. C’est un élément d’appréciation. Il faut se redonner une perspective. Cela veut dire aussi que dans les éléments de débats, il faut aller chercher tous les éléments d’appréciations. Nous avons un sujet de trajectoire financière, c’est évident. »
« La qualité ne se limite pas aux taux de rupture »
« La qualité ne se limite pas aux taux de rupture, même si c’est un élément important. Objectivons les choses, car il me semble qu’il y a des trous dans la raquette. J’ai lu, il y a un an et demi, un taux de 28 %, mais je ne sais pas d’où il vient. Je n’ai jamais trouvé de statistiques publiques là-dessus. Les seuls chiffres officiels que je connais date de 2016. Allons objectiver cet élément-là et regardons les biens les taux de ruptures. Il faut bien comprendre ce qu’il se passe en période d’essai, en cours de formation ou après. Proposons le sujet sur des cohortes plus récentes.
Concernant l’investissement, le rapport Igas/IGF est à ma connaissance celui qui donne le plus d’éléments récents sur l’investissement, mais il me semble qu’il manque encore des choses, notamment dans la dynamique. Je trouve qu’il y a des flous sur le Jaune budgétaire. Tout ce qui arrive de différents programmes représente des sommes assez considérables, qui sont injectées partiellement sur la formation au sens large, quelques fois sur l’apprentissage. Tout cela ne me semble qu’imparfaitement pris en compte. Nous n’avons pas de complétude de l’information. »
Alain Druelles, associé fondateur, cabinet Quintet.
« Les 100 000 prochains contrats seront peut-être les plus difficiles à embarquer » (Yves Hinnekint, Walt)
« Le nombre de 950 000 contrats prend aussi en compte les contrats qui sont du déport de l’exercice précédent. Certains estiment l’augmentation à 0,1 % ou à 0,2 %. Je pense que nous avons déjà atteint le palier et sommes en haut de l’asymptote, pour ne pas dire en léger fléchissement. Le contexte ambiant de l’apprentissage fait que nous sommes plutôt sur le haut de la courbe. Si nous voulons atteindre l’objectif du million, les 100 000 prochains contrats seront peut-être les plus difficiles à embarquer au titre de l’alternance de manière générale et de l’apprentissage.
Les 100 000 ou 200 000 jeunes que nous souhaitons atteindre sont plutôt éloignés de l’emploi - parmi les NEETS, ils résident dans les QPV et sont plutôt dans les lycées professionnels. C’est davantage là que nous avons de l’énergie à aller chercher. Il n’y a pas une, mais plusieurs solutions dans les parcours des jeunes. Il y a beaucoup de choses à rattraper et à récupérer pour dépasser les 950 000 contrats d’apprentissage et de professionnalisation. »
« Des questions d’économies au sein des CFA »
« Nous sommes des entreprises, que nous soyons des CFA publics ou privés. Il y a des décisions qui commencent à se prendre. J’entends des petits bruits et des petites rumeurs, qui sont assez faibles pour l’instant, qui souhaitent revenir au contrat de professionnalisation parce que plus rémunérateur que le contrat d’apprentissage. Je n’aime pas cette chanson. »
« C’est vrai qu’aujourd’hui, ouvrir une cohorte expérimentale sur un petit territoire ou dans un métier en tension fait que nous commençons à calculer : on peut accepter d’ouvrir une expérimentation à huit ou 12, mais si le NPEC est vraiment faible, on peut ne pas aller au bout. Nous commençons à nous poser ce genre de questions d’entreprises et d’économie au sein des entreprises que sont les CFA. »
« Nous sommes sur une promesse républicaine qui va au-delà de l’acte pédagogique. Il reste le cœur de l’activité d’un CFA. L’accompagnement n’entre pas dans la comptabilité analytique que nous évoquions et dans l’appréciation technique. Nous sommes obligés de faire des investissements qui ne sont pas pris en compte. L’explosion de l’apprentissage amène des nouvelles questions. »
Yves Hinnekint, président, Walt.
L’Observatoire de l’Alternance est une structure portée par la Fondation The Adecco Group, le cabinet Quintet et le collectif Walt. Elle a pour mission d’étudier l’alternance dans son écosystème, d’objectiver et alimenter les débats ainsi que de porter l’égalité des chances et d’insertion. L’observatoire a produit, à date, trois études. Il propose également un table de bord de l’alternance, dont la dernière édition est parue en octobre 2022.L’Observatoire de l’Alternance
Yves Hinnekint
Membre du CA @ Les Acteurs de la Compétence (ex Fédération de la Formation Professionnelle)
Président @ Talis Business Group
Président @ Walt association (communauté de CFA et d’acteurs de l’alternance)
Parcours
Président
Président
Président
Directeur général
Directeur général
Directeur général
Directeur général
Directeur général
Chargé de mission auprès du directeur général
Directeur régional Martinique
Directeur régional
Expert en assurance vol et incendie
Conseiller financier auprès du chef du MCAC
Directeur administratif et financier
Établissement & diplôme
Diplôme Audit finances
Fiche n° 25189, créée le 30/08/2017 à 18:04 - MàJ le 20/12/2024 à 09:38
Alain Druelles
Associé fondateur @ Cabinet Quintet
Parcours
Associé fondateur
Conseiller d’Élisabeth Borne à la formation professionnelle et à l’apprentissage
Conseiller de Muriel Pénicaud à la formation professionnelle et à l’apprentissage
En charge de l’interface avec le cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, pour assurer le lancement et la mise en œuvre de la réforme de la formation
Directeur Éducation Formation
Directeur adjoint à la direction Éducation Formation
Chef du service formation continue
Coordinateur régional pour la Formation professionnelle
Fiche n° 24387, créée le 21/07/2017 à 11:37 - MàJ le 10/02/2021 à 18:37