Formation : « De la VR dans un module de formation pour apprendre à pitcher » (Orange Innovation)
« Nous avons introduit la réalité virtuelle dans un module de formation intitulé “Apprendre à pitcher son projet avec le storytelling” . L’idée était, sur la prise de parole en public, d’améliorer la qualité de l’apprentissage pour les apprenants, grâce au digital. Nous avons commencé à réfléchir à l’intégration de la VR en 2016, mais la technologie était encore balbutiante à l’époque. La première expérience avec des casques VR a eu lieu en septembre 2019. Nous avons organisé plusieurs sessions juste avant la Covid 19 et cela fonctionnait bien, puis la pandémie a amené un ralentissement », déclare Edouard Fourrier, directeur de programme de formation d’Orange Innovation, dans le cadre de la première “rencontre de l’innovation” , organisée par Centre Inffo
• Association loi 1901• Création : 1976• Missions : - Contribuer au développement de la formation sur l’ensemble du territoire national,- Accompagner la dématérialisation du secteur de la…
, à Paris le 03/10/2023, dont News Tank est partenaire.
« Nous avons relancé le projet et envoyé des casques VR aux participants et nous avons invité la sociologue Anca Boboc
Researcher in sociology @ Orange
pour réaliser une étude dont nous avons eu les résultats en 2021. Puis une version 2 de la capsule a été développée pour intégrer les points d’amélioration remontés par l’étude. Actuellement, d’autres sont en cours de développement. Tout un écosystème se monte. »
« Un chantier d’étude sur la place du numérique dans la formation professionnelle » (A. Boboc)
- « Face à la digitalisation de la formation et du monde du travail notre collaboration a commencé il y a environ 10 ans. Nous avons monté un chantier d’étude sur la place du numérique dans la formation professionnelle afin de nous intéresser aux effets du numérique sur les apprentissages avec différents dispositifs techniques. Nous nous sommes intéressés aux environnements capacitant, à la construction sociale des savoirs et à l’accompagnement des apprenants ainsi que des formateurs.
Nous avons été frappés par les discours très forts sur l’apport de la VR, la réduction des durées de formation et des budgets de formation.
- La capsule étudiée vise à se former à la communication non-verbale, il y a un apport de connaissance. L’apprenant s’entraîne dans une salle virtuelle avec des acteurs qui ont diverses réactions pendant qu’il déroule son discours. Nous avons suivi plusieurs promotions d’apprenants, réalisé des entretiens qualitatifs et fait des observations. »
« Des apprenants conquis par l’immersion, mais une lassitude face aux interactions »
- « Nous avons observé, dans un premier temps, que les apprenants sont conquis par l’immersion de la VR. Ils s’immergent dans un environnement virtuel et ils ont l’impression de se retrouver face à de vrais acteurs. Le fait de se retrouver face à eux, de se présenter et de parler devant ce public suscite des émotions et un certain stress. Avec une formatrice, ils apprennent à construire leur discours à partir du storytelling.
- Qu’apporte l’immersion ?
Il y a un effet sur la concentration, les apprenants se coupent de l’environnement réel et se concentrent sur ce qu’ils sont en train de faire. À domicile, ils se considéraient dans un endroit sécurisé. Lorsqu’il faut faire la même chose au bureau, avec des collègues qui passent autour et qui peuvent entendre et comprendre, c’est moins évident.
- Qu’apporte l’immersion ?
- En termes d’interaction, les usagers se sont tout de même rendu compte, au bout d’un moment, que les personnes dans la salle avaient les mêmes réactions quoi qu’ils fassent et quoi qu’ils disent. Les utilisateurs finissent par se lasser et demandent d’autres scénarios que ceux proposés dans la capsule : un amphithéâtre devant lequel ils peuvent parler ou un exercice de pitch de deux minutes devant un manager dans l’ascenseur.
- La plateforme enregistre beaucoup de données dans lesquelles la formatrice doit piocher des éléments intéressants à aborder pendant les classes virtuelles puis à débriefer.
- La disponibilité des contenus et leur personnalisation étaient un autre point. La capsule ne proposait qu’un format de fichier prédéfini. Tant qu’ils faisaient des présentations courtes, ils pouvaient le faire sans supports visuels. Cela fonctionne pour s’entraîner, mais l’ennui apparaît lorsque l’on s’éloigne des besoins métiers. L’autre amélioration a donc été de les aider à mettre leurs propres présentations dans la capsule, afin de pouvoir dérouler un discours sur le temps long.
- La formatrice a besoin d’un accompagnement auxiliaire pour prendre en main la VR. Même si la population concernée est technophile, tous n’avaient pas utilisé de casques et les problèmes de navigation peuvent être nombreux. C’est pourquoi, au début, pendant le confinement, il y avait toujours quelqu’un à disposition pour aider à la prise en main des casques et de la navigation. »
« La dimension sociale de l’apprentissage est essentielle »
« La dimension sociale de l’apprentissage est essentielle. Nous nous sommes donc aussi intéressées à la personnalisation du dispositif et à l’environnement de formation. Ce n’est pas parce que nous savons faire que nous sommes en mesure de faire. Le passage de l’un à l’autre comprend différents facteurs qui sont individuels, politiques ou organisationnels.
- Au niveau individuel, nous avons observé que le fait d’avoir déjà utilisé des outils numériques comptait dans l’apprentissage. Il y a des questions physiologiques, avec le mal des environnements virtuels (nausée).
- Concernant les spécialités du métier par rapport à celles de la capsule, nous nous sommes appuyés sur d’autres résultats de notre chantier d’étude. Nous savons que le numérique peut induire des inégalités sociales. Nous n’avons pas tous les mêmes contraintes au travail et n’arrivons pas à la même autonomie. Les contraintes opérationnelles fortes peuvent empêcher le déroulement de ces formations interstitielles qui se glissent dans le temps de travail.
- Il y a également des facteurs organisationnels. Les échanges en classe virtuelle et en binôme supposent la construction de parcours de pédagogie et de formation, pour lesquels la formatrice a eu beaucoup de liberté.
- Il y a le budget d’achat des casques au départ et le processus. Cela inclut la formation de la formatrice. Nous avons interviewé des formateurs qui nous ont dit avoir peur d’être remplacés par la VR. Ils rencontraient également des difficultés plus organisationnelles. Ils s’appuyaient sur des prestataires. Des cahiers des charges étaient déjà fixés et n’indiquaient pas la possibilité de modifier le dispositif en fonction des besoins de la formation ou du métier.
- La concurrence entre organisations est un autre frein organisationnel. Ils ne vont pas forcément partager un code de casque ou la capsule.
- La disponibilité des casques et des contenus, l’organisation du processus d’aide à la prise en main de tous ces facteurs et la formation de la formatrice vont jouer dans sa capacité à créer une formation avec de la VR et, pour les apprenants, à se former avec la VR. »
Anca Boboc, sociologue du travail et des organisations, chercheuse dans le département des sciences sociales, Orange Innovation.
« Il ne faut pas que les difficultés techniques empêchent l’apprentissage » (É. Fourrier)
« Il y a une phase d’accompagnement et de prise en main de l’outil. Il ne faut pas que les difficultés rencontrées empêchent l’apprentissage.
Le but n’est pas de former les gens à la réalité virtuelle, mais de les aider à être à l’aise quand ils font un pitch en présentiel devant un public inconnu.
Les utilisateurs s’enregistrent en train de pitcher leur projet face à un public virtuel grâce au casque, qui permet l’enregistrement. Celui-ci est ensuite déposé sur une plateforme que la formatrice peut analyser à froid. Lors d’une visioconférence, tout est débriefé avec le collectif. »
Édouard Fourrier, directeur de programme de formation, Orange Innovation.
Anca Boboc
Researcher in sociology @ Orange
Parcours
Researcher in sociology
Établissement & diplôme
PhD
Fiche n° 50072, créée le 05/10/2023 à 10:44 - MàJ le 05/10/2023 à 10:47
Édouard Fourrier
Program manager in skills development @ Orange
Parcours
Program manager in skills development
Marketing consultant
Telecom engineer
Établissement & diplôme
Formation continue, design
Learning systems design, capacities enabling environements design
Engineer, télecommunications
Math’sup, Math’spé
Fiche n° 50073, créée le 05/10/2023 à 10:49 - MàJ le 05/10/2023 à 10:57
Centre Inffo
• Association loi 1901
• Création : 1976
• Missions :
- Contribuer au développement de la formation sur l’ensemble du territoire national,
- Accompagner la dématérialisation du secteur de la formation,
- Participer à l’information et au soutien des personnes bénéficiaires finales de la formation et du développement des compétences,
- Renforcer la professionnalisation et l’information des acteurs des ressources humaines, de l’orientation et la formation.
• Président : Louis-Charles Viossat
• Directrice générale : Pascale Romenteau
• Contact : Françoise Gérard, directrice générale adjointe
• Tél. : 01 55 93 91 68 / 01 55 93 91 91
Catégorie : Entreprises de Taille Intermédiaire
Adresse du siège
4 avenue du Stade de France93218 La plaine saint denis Cedex France
Fiche n° 7520, créée le 23/08/2018 à 03:40 - MàJ le 30/12/2024 à 08:21