Alternance : satisfaction en hausse mais taux de rupture à surveiller (Observatoire de l’alternance)
• 87 % des alternants sont satisfaits voire très satisfaits de leur alternance (+5 points par rapport à 2021). De leur côté, les employeurs sont 88 % à se dire satisfaits de leur recours à l’alternance.
• Satisfaits ou non, 63 % des alternants trouvent « intense » le rythme de leur formation et 62 % ont du mal à concilier leurs tâches en entreprise et leur cursus scolaire ou universitaire. Mais 89 % estiment que leur cursus est « professionnalisant ».
• Même si elles sont plus sensibles qu’en 2021 aux aides de l’État (+9 points), les entreprises ont recours à l’alternance principalement pour répondre aux tensions du marché du travail. Celles qui affirment avoir recours aux alternants pour renforcer leurs effectifs passent de 43 à 49 %.
• 20 % des alternants déclarent avoir rompu leur contrat en cours (24 % pour les contrats d’apprentissage, 11 % pour les contrats de professionnalisation).
• D’une année sur l’autre, trouver les bons candidats pour un contrat en alternance reste la première difficulté des entreprises (pour 43 %). Cela provient notamment de procédures de recrutement « encore inadaptées » (recrutement avec CV).
• Comme en 2021, les alternants sont « une écrasante majorité à estimer qu’ils n’ont bénéficié d’aucun parcours spécifique (94 %) » dans l’entreprise d’accueil.
Tels sont quelques-uns des principaux résultats de la 2e édition du baromètre de l’Observatoire de l’alternance, fondé par l’association Walt
• Association (« We Are Alternants ») fondée par 6 grands réseaux représentant 30 % de l’alternance en France. Leur souhait : changer la perception de l’alternance• Création …
, le cabinet de conseil Quintet et la Fondation The Adecco Group, rendue publique le 14/02/2023.
Objectifs de l’Observatoire de l’alternance
• Suivre les tendances dans la durée en les mettant en perspective avec les données publiques.
• Distinguer les facteurs conjoncturels et structurels.
• Inscrire l’alternance au cœur des enjeux d’emploi et d’éducation.
• Dégager des pistes de réflexion afin de mieux comprendre les mécanismes de l’alternance et maximiser son impact, et de contribuer au développement qualitatif de l’alternance en France.
L’alternance, un dispositif plébiscité par les jeunes et par les entreprises
Du côté des alternants, le plébiscite est porté par l’enthousiasme des Bac+5 qui jugent, comme en 2021, le dispositif positif à 93 % et par le regain d’intérêt des CAP (passés de 72 à 88 %).
Pour 84 % des jeunes, la période d’alternance a pleinement répondu à leurs attentes (89 % pour les Bac+5). La qualité de la formation et la découverte du monde du travail comptent parmi les principales explications de cette réussite selon eux.
« Ce taux de satisfaction s’exprime dans un contexte de hausse du nombre d’entrées en apprentissage et, dans une moindre mesure, du nombre d’entrées en contrats de professionnalisation », indique Alain Druelles
Associé fondateur @ Cabinet Quintet
(Quintet).
« En tendance, puisque nous attendons la publication des chiffres officiels d’ici une dizaine de jours, on devrait être autour de :
- 830 000 nouvelles entrées en apprentissage, c’est-à-dire une progression de 13 à 15 % environ (tendance stable depuis sept ans) ;
- 120 000 contrats de professionnalisation (stabilisation). »
« Ces chiffres auraient pu être bien supérieurs si les difficultés de sourcing n’avaient pas été aussi importantes. Il y a plus d’offres que de jeunes. Ce qui se traduit par une augmentation des coûts de sourcing et une augmentation des coûts liés à l’accompagnement des jeunes ce qui est une bonne nouvelle. Les CFA participent au “recrutement” des jeunes, notamment ceux les plus éloignés de l’emploi. »
Un cursus vu comme professionnalisant
« 89 % des alternants estiment que leur cursus est professionnalisant, ce qui est bien l’objectif d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation », indique Yves Hinnekint Membre du CA @ Les Acteurs de la Compétence (ex Fédération de la Formation Professionnelle) • Président @ Talis Business Group • Président @ Walt association (communauté de CFA et d’acteurs de… , président de l’association Walt.
« Il y a trois ou quatre ans, il fallait encore valoriser l’alternance et en particulier l’apprentissage. Aujourd’hui, on constate que quelque chose a changé dans la perception qu’ont les jeunes de celle voie de formation. C’est devenu un moyen d’accéder à l’emploi, de surcroît dans un marché en tension. »
« La mission du contrat d’apprentissage est de mettre le pied à l’étrier d’un jeune dans l’emploi durable. »
Un dispositif choisi par les jeunes
L’alternance, et en particulier l’apprentissage, n’apparaît plus comme un choix par défaut. C’est désormais une orientation choisie. « Mais il y a un sujet autour du rythme de l’alternance qui conduit à s’interroger sur la qualité de l’alternance », selon Alain Druelles. En effet, 63 % des alternants estiment « le rythme intense ». « Jusqu’où y a-t-il une véritable pédagogie de l’alternance visée dans les CFA et les écoles ? »
« Tous les jeunes ne sont pas faits pour l’alternance. Ceux qui s’engagent dans cette voie savent qu’il y a un surcroît de travail. Il y a un double rythme entreprise/école qui est loin d’être simple. Le profil psychologique du jeune qui aborde ses études par l’alternance est différent de celui qui suit un cursus en formation initiale, ce qui n’empêche pas certains jeunes de se dire qu’à un moment dans leur cursus, ils prendront la voie de l’alternance », déclare Yves Hinnekint.
Des taux de rupture qui augmentent mécaniquement avec l’essor de l’alternance
- 20 % des alternants déclarent avoir rompu leur contrat en cours d’alternance :
- 24 % pour les contrats d’apprentissage,
- 11 % pour les contrats de professionnalisation.
- Parmi les causes avancées, deux chiffres sont à retenir :
- 54 % des entreprises pointent des sujets de comportement et de savoir-être,
- 28 % des alternants déclarent avoir été mal intégrés.
- Trois données issues de l’enquête permettent d’expliquer ce phénomène :
- 76 % des entreprises recrutent uniquement sur CV,
- 94 % des alternants disent n’avoir bénéficié d’aucun parcours d’intégration,
- Absence de tuteur pour plus d’un alternant sur 5 (malgré l’obligation légale).
Propositions de l’observatoire de l’alternance pour enrayer ces ruptures
- Mettre à jour plus régulièrement les études publiques sur le sujet des ruptures en cours de contrat en alternance.
- Sur le modèle du défenseur des droits, nommer un médiateur de l’alternance au niveau national.
- Son rôle : incarner la vigilance des pouvoirs publics sur la qualité des formations en alternance. Il pourrait être saisi en cas de litige. Il aurait toute latitude pour explorer les causes des ruptures et émettre des propositions.
- Inviter le ministère de l’Éducation nationale à communiquer sur les résultats du CAP, BEP et bac professionnel afin de valoriser la qualité des filières professionnelles, à l’instar des résultats annuels du bac général.
- Repenser les pratiques de recrutement pour aller vers des recrutements sans CV.
- Par exemple, réaliser des mises en situation, comme c’est déjà le cas dans certains secteurs et certaines entreprises ou encore organiser des entretiens qui soient davantage tournés vers les soft skills des candidats.
- Rendre obligatoire pour les CFA l’organisation de réunions d’information avec les tuteurs et maîtres d’apprentissage animées par les responsables relations écoles/entreprises en début de contrat des alternants.
- Inclure ces réunions dans les critères qualité de Qualiopi.
- Systématiser la formation des tuteurs et des maîtres d’apprentissage pour leur permettre de mieux comprendre et appréhender les situations qui pourraient mener aux ruptures.
Méthode
À la demande de la Fondation The Adecco Group, du cabinet Quintet conseil et de l’association Walt, l’Institut BVA a réalisé une enquête miroir du 17/11 au 01/12/2022 portant sur :
• 598 professionnels décisionnaires ou co-décisionnaires des sujets liés au recrutement,
• 523 alternants ou ex-alternants français en apprentissage ou contrat de professionnalisation.
Du côté des entreprises, la représentativité a été assurée par la méthode des quotas sur les variables suivantes : taille d’entreprise, secteur d’activité, et région.
Du côté des alternants, elle a été assurée selon le même procédé sur les variables suivantes : niveau d’étude, taille d’entreprise, secteur d’activité de l’entreprise d’alternance, type de contrat d’alternance.
Cette enquête est complétée par le tableau de bord de l’alternance en France, publié chaque semestre par l’Observatoire de l’alternance, qui est une compilation inédite des différentes données françaises pour inscrire l’alternance dans son écosystème de l’éducation et de l’emploi.
Walt
• Association (« We Are Alternants ») fondée par 6 grands réseaux représentant 30 % de l’alternance en France. Leur souhait : changer la perception de l’alternance
• Création : novembre 2018
• Missions :
- Animation du site ressource Walt.community, qui met à disposition des jeunes et de leur famille toutes les informations pour réussir leur alternance (page carrière et école, promotion d’offres (emploi, formation), CVthèque, infos (orientation, conseils logement, budget…), et jusqu’à 30 000 offres d’emploi en période haute et plus de 22 000 formations en alternance référencées).
- Animation de l’Observatoire de l’Alternance avec la Fondation The Adecco Group et le cabinet Quintet
- Production du Guide du Routard de l’Alternant
- Offre d’accompagnement aux CFA sur le mentorat, la lutte contre l’illettrisme dans les DROM, l’intégration des jeunes en situation de handicap, etc.
• Effectif : 8 personnes
• Adhérents : 1 200 CFA, 153 réseaux ; 1 500 entreprises engagés auprès de Walt ; + de 90 000 jeunes au sein de la communauté Walt
• Président : Yves Hinnekint, président de Talis Education Group
• Déléguée générale : Agnès Domenech
• Contact : Aude Léger
• Tél. : 06 69 12 95 25
Catégorie : Associations / Fondations
Adresse du siège
58, rue Notre-Dame-de-Lorette75009 Paris France
Fiche n° 9927, créée le 03/06/2020 à 11:22 - MàJ le 29/07/2024 à 18:57
Quintet Conseil
• Cabinet de conseil en stratégie sociale, formation et raison d’être
• Création : octobre 2020 (par Antoine Foucher, Pauline Calmès, Damien Delevallée, Alain Druelles et Bertrand Lamberti, cinq anciens membres du cabinet de l’ex-ministre du Travail, Muriel Pénicaud).
• Missions : Accompagner les entreprises dans leur démarche de conjuguaison de business et de bien commun sur cinq champs :
- La stratégie sociale
- La raison d’être
- Les compétences
- Les relocalisations
- La stratégie de communication
• Président : Antoine Foucher
• Contact : François Coën
• Tél. : 06 77 82 56 94
Catégorie : Etudes / Conseils
Adresse du siège
66 rue Saint-Dominique75007 Paris France
Fiche n° 10548, créée le 06/10/2020 à 01:14 - MàJ le 17/09/2024 à 17:53