Métavers : le vrai sujet, c’est le changement pour les professeurs et formateurs (N. Dupain, FIL)
Le consortium porté par I2L (Immersive Learning Lab) composé d’Alstom - Nantes Université - Ensam Nancy Metz - Cesi Île-de-France Centre Val de Loire - Université UniLaSalle et Région académique du Grand Est, a été en septembre 2022 lauréat DEFFINUM (Dispositifs France Formation Innovante NUMérique) avec 4,5 M€ pour « développer Nexus, le premier métavers
univers numérique multidimensionnel dans lequel les utilisateurs agissent en incarnant des avatars.
dédié Éducation Formation en open source », annonce Nicolas Dupain
Fondateur et président @ i2l - Immersive Learning Lab (i2l) • Fondateur et président @ France Immersive Learning
, président de FIL (France Immersive Learning) et de sa filiale à 100 %, I2L (Immersive Learning Lab), à News Tank, le 12/10/2022.
Par ailleurs, « nous nous apprêtons à proposer aux acteurs de la formation tout au long de la vie de participer à la création d’un observatoire dynamique des usages permettant d’objectiver les intuitions et situations, les effets positifs et les limites ».
« Le vrai sujet des technologies immersives, c’est la gestion du changement pour les enseignants, les formateurs et les concepteurs pédagogiques. Ces technologies bouleversent leur métier bien davantage qu’Internet et les outils numériques actuels. Comment procéder pour qu’ils acceptent de fournir le travail supplémentaire, l’énergie intellectuelle et émotionnelle, l’engagement nécessaire pour s’approprier ces nouvelles technologies et les utiliser en séquence pédagogique ? » interroge Nicolas Dupain.
Futur des ENT, des universités virtuelles et corporate, des Moocs et du e-learning, modalités de la création de valeur et d’une nouvelle expérience utilisateurs dans la « révolution anthropologique, celle de l’immersion à la première personne dans un web spatialisé », structuration de la filière et stratégie de la France… tels sont les sujets abordés par Nicolas Dupain.
Nicolas Dupain, président de FIL (France Immersive Learning) et de I2L (Immersive Learning Lab) répond aux questions de News Tank.
Quel est l’objectif de France Immersive Learning (FIL) ?
Avec cette association, nous souhaitons contribuer à l’émergence, l’animation, le développement et la reconnaissance d’une filière d’excellence française, en mesure de créer de la valeur et des emplois dans nos territoires.
nouveau grand pas de la digitalisation de nos sociétés »Nos convictions : les technologies immersives aussi dans leur version multi-utilisateur à distance qu’on appelle désormais le métavers, sont le nouveau grand pas de la digitalisation de nos sociétés, et le vecteur d’un formidable renouveau du plaisir d’apprendre et de transmettre.
Nous construisons la communauté des « faiseurs », en rassemblant ceux qui ont des besoins (toutes les organisations engagées dans la formation tout au long de la vie), ceux qui ont des solutions (les startups) et les financeurs-prescripteurs (acteurs publics et collectivités territoriales, branches et fédérations professionnelles, Opco).
À l’heure de la grande agitation planétaire autour du concept du métavers, FIL se veut être le tiers de confiance pour que les organisations trouvent le chemin d’une vraie création de valeur et d’une nouvelle expérience utilisateurs dans ce que nous pensons être une révolution anthropologique, celle de l’immersion à la première personne dans un web spatialisé.
Comment s’articule I2L par rapport à FIL ?
Pour être pleinement du côté des faiseurs, FIL s’est doté d’une filiale à 100 %, donc d’intérêt collectif, l’I2L (Immersive Learning Lab).
Incarnation de l’association, showroom permanent de l’état de l’art du domaine (Paris 13e), i2L est aussi une société de conseil qui intervient en AMO (assistance à maîtrise d’ouvrage), le « chaînon manquant » entre pédagogues et développeurs informatiques, garantissant ainsi la qualité des contenus et leur efficacité pédagogique.
I2L est aussi un organisme de formation (labellisé Qualiopi) pour transmettre les nouvelles pratiques et postures pédagogiques nécessaires aux professionnels lorsqu’ils sont quand ils sont en situation avec les élèves ou les apprenants.
France Immersive Learning
France Immersive Learning a été fondée le 03/12/2018 par Nicolas Dupain, président, grâce à six organisations précurseurs (Cnam, Upec, Orange, Natixis, Carif-Oref IDF, et Agefiph). Les 150 membres actuels, organismes de formation, directions RH de grands comptes ou universités d’entreprises, branches, fédérations et associations professionnelles « affirment ainsi leur volonté de leadership et d’innovation dans la transformation des méthodes et outils de développement des compétences de leurs collaborateurs, personnels pédagogiques, publics, clients et domaines d’influence. »
L’association est guidée par 19 administrateurs répartis dans 7 collèges : fondateurs, TPE-PME, grandes entreprises, OF & recherche (les organismes de formation indépendants), grand OF & recherche (les universités, écoles de commerce et management), Associations et conseils, Institutionnels & partenaires sociaux économiques.
Il y a aussi une dimension politique dans le projet de l’association…
Nous voulons en effet aussi contribuer à ce que la France se saisisse pleinement de la fenêtre d’opportunité historique de ces nouveaux univers actuellement en construction partout dans le monde. Que la France développe les instruments de sa souveraineté numérique, et soit ainsi un acteur qui compte, en accord avec nos valeurs républicaines.
Vous évoquez un manque de clarté sur le métavers, c’est-à-dire ?
Le 28/10/2021 Facebook est devenu Meta. La société de Mark Zuckerberg est à la fois un producteur de casques, d’environnements et d’expériences de VR (Virtual Reality). Meta ne parle donc que d’immersion en réalité virtuelle.
le concept de métavers mélange des situations d’usages très différentes et crée de l’appréhension »Le Web 3, les NFT Non Fungible Token, jeton non fongible. Il s’agit d’un certificat numérique d’authenticité unique et non interchangeable lié à un actif numérique. et la blockchain ont été associés à mon sens abusivement au concept de métavers, de même que de célèbres jeux en ligne de type MMO-RPG, et de plusieurs plateformes, souvent à vocation spéculative, qui relèvent de technologies anciennes de type Second Life.
Cette déviance est regrettable, car elle apporte beaucoup de confusion et masque la réalité de leurs apports en termes d’expériences utilisateurs, de valeur effective pour les organisations et leurs écosystèmes.
Leur réticence à communiquer sur le nombre réel d’utilisateurs réguliers devrait interpeller.
Enfin, le concept de métavers mélange allègrement des situations d’usages très différentes et crée ainsi de l’appréhension.
Que des majors souhaitent créer des univers virtuels persistants à des fins de réseau social, ou des startups créer des univers virtuels organisant une rareté (spéculation) immobilière antinomique avec les univers virtuels, c’est une chose.
Ce qui nous intéresse, c’est plutôt le futur des ENT, des universités virtuelles et corporate, des Moocs et du e-learning.
Notre sujet c’est le V-Learning et les EVT (Environnement virtuels de travail), c’est l’immersive Learning.
Qu’est-ce que la « patte d’oie stratégique » ?
C’est une autre version de « Qui peut le plus peut le moins ».
Les plateformes conçues et pensées pour être exécutées sur un PC, ne deviendront jamais immersives, sauf à engager un re-développement très important.
Si cela était possible, tous les éditeurs de jeux AAA auraient déjà porté leurs licences en VR.
Une expérience pensée pour des utilisateurs assis derrière un écran/clavier/souris ou un pad n’a que très peu de rapport avec une expérience debout, mobile dans l’espace physique et virtuel, vous offrant des mains pour interagir avec les objets virtuels (saisir, utiliser, jeter), tant du point de vue des infrastructures serveurs que des interfaces utilisateurs (UI-UX).
En revanche, des plateformes réellement immersives, c’est-à-dire pensées pour être d’abord expérimentées en réalité virtuelle, offrent toutes des applications PC/tablette/smartphone (que nous appelons flat) ; c’est moins bien, mais cela fonctionne.
C’est le « qui peut le plus peut le moins, pas l’inverse ».
Dernière chose importante : les usages et les contenus développés sur ces plateformes PC ne seront pas transférables en univers immersifs. J’insiste sur la notion d’usage, car le vrai sujet est la transformation des pratiques et des postures des médiateurs. Tant que vous restez assis derrière votre écran, à la 3e personne donc, vous ne vous familiarisez pas avec le point de vue et l’action à la première personne, vous ne développez pas cette indispensable agilité nécessaire au V-Learning, l’enseignement en réalité virtuelle collective.
Ces plateformes « flat » sont donc au mieux un instrument de transition et d’attente, au pire une impasse consommatrice de ressources et de velléité d’innovation. Le coût de la déception des communautés éducatives me semble à terme bien supérieur à l’achat de quelques casques de réalité virtuelle pour commencer.
En quoi le moment est-il important, selon vous, pour les acteurs de la formation ?
gestion du changement pour les enseignants, formateurs et concepteurs pédagogiques. »C’est un moment stratégique pour les acteurs de la formation : du fait de l’impulsion donnée par la crise Covid, la zoom fatigue, le buzz métavers, et les nombreux appels à projets publics, beaucoup se lancent, mais avec une approche très technologique et insuffisamment informée sur la réalité des usages, des enjeux pédagogiques.
Or, le vrai sujet des technologies immersives, c’est la gestion du changement pour les enseignants, les formateurs et les concepteurs pédagogiques.
Ces technologies bouleversent leur métier bien davantage qu’Internet et les outils numériques actuels.
Comment procéder pour qu’ils acceptent de fournir le travail supplémentaire, l’énergie intellectuelle et émotionnelle, l’engagement nécessaire pour s’approprier ces nouvelles technologies et les utiliser en séquence pédagogique ?
Un apprentissage des nouveaux savoir-faire et savoir-être induits par l’usage de la vidéo 360 (plutôt assis, spectateur) ou la réalité mixte et virtuelle (principalement debout, acteur) est nécessaire ; elles demandent des habilités spécifiques et une agilité garante de la confiance à pouvoir « faire avec ».
Par ailleurs, chacune de ces technologies répond à des besoins différents, leurs modalités de conception/mise en œuvre/déploiement sont particulières.
Elles peuvent utilisées en présentiel, ou à distance, ce que tout le monde appelle désormais le métavers.
Il faut maitriser ces nouvelles technologies, anticiper les soucis et prévoir des solutions de remplacement, accueillir, surveiller et accompagner les personnes qui n’ont pas l’habitude, garantir leur sécurité physique et sanitaire, exploiter à bon escient des immersions dans des cursus existants.
Le moment est important pour les acteurs de la formation, car ils doivent accepter de ne pas savoir et d’avoir besoin d’apprendre. Et sauf à vouloir réinventer la poudre chacun de son coté, il faut participer d’une communauté de mutualisation de pratiques, car le chemin n’est pas balisé. C’est la raison d’être de France Immersive Learning, créer, animer et représenter la communauté des faiseurs.
Le plaidoyer de France Immersive Learning
• « Offrez-vous un casque de VR et utilisez-le pour votre plaisir. Développez l’agilité nécessaire pour ensuite en faire un outil professionnel. Par quoi commencer : https://franceimmersivelearning.fr/immersivelearninglab/recommandations-demande/
• Commencez maintenant, commencez petit, mais impactant, restez agile, acceptez d’avoir besoin d’être conseillé et d’apprendre
• Acculturez un groupe pilote volontaire, définissez une stratégie progressive de développement des usages basée sur projets pilotes à forts impacts et réplicables, visant au final l’objectif d’une offre de formation/services en V-learning (le métavers)
• Formez et accompagnez dans la durée vos enseignants/formateurs/médiateurs pour passer de la promesse technologique à la réalité des usages en toute sécurité, avec leur adhésion si possible enthousiaste
• Pensez une stratégie de déploiement afin d’être en mesure d’intégrer ces nouveaux outils et périphériques à vos infrastructures informatiques et systèmes d’information, garantir la sécurité des données et des échanges, gérer les mises à jour et le maintien en fonctionnement, déployer sur plusieurs sites en France et parfois à l’étranger….
Tout le monde le sait et le voit, les majors anglo-saxons et asiatiques investissent dans cette révolution des sommes considérables, parfois vertigineuses.
Tout le monde le sait, le code est la loi (Code is law), le marché le driver (Business first).
La France est un marché stratégique pour tous ces acteurs, pas le premier, mais très significatif.
En juillet 2017, Simon Richir, professeur émérite aux Arts et Métiers & Laval Virtual Université, m’écrivait » Il faut nous organiser pour résister à ce prochain Tsunami !«
C’est ce que nous avons fait dès 2018 avec les 6 premiers fondateurs de l’association (CNAM, UPEC, Orange, Natixis, Agefiph et Défi Métiers).
Pour relever ces défis et faire de la France, au sein de la Francophonie et de l’Europe, une nation créatrice de valeur et d’emploi dans ce qui va être d’ici à la fin de la décennie un véhicule majeur de nos activités digitales, nous avons créé le premier pôle de compétences dédié aux usages des technologies immersives en Éducation/formation, industrie, santé et culture : l’Association France Immersive Learning et son Lab (i2L).
Nous portons une vision ambitieuse, formulons des propositions concrètes, appliquons une démarche pragmatique.
Nous luttons chaque jour pour que la France se saisisse de l’opportunité historique de développer collectivement les instruments de notre souveraineté dans les univers virtuels.
Notre réseau de soutiens s’agrandit chaque jour, car nous parlons vrai et pensons intérêt collectif.
Aujourd’hui, nous sommes 150, soyons demain des milliers.
Coordonnons et mutualisons nos efforts au profit de chacun, faisons que la France, ses valeurs et ses talents, soient demain un repère et un exemple dans le Métavers, rejoignez-nous ! »
Pour vous, les technologies immersives ne sont pas des outils numériques…
une révolution anthropologique »L’immersion à la première personne, le sentiment de présence, les interactions riches, l’effet Proteus lié aux avatars, véhiculent une révolution anthropologique.
Considérons que depuis des millénaires, nous transmettons nos connaissances et expériences du monde réel par nature tri-dimensionnels, ainsi que nos univers intérieurs par nature multidimensionnels, par des moyens unidimensionnels, des supports plats et donc linéaires. Des peintures rupestres à l’ordinateur en passant par le papyrus et l’imprimerie.
Avec les technologies immersives, nous revenons à une tridimensionnalité naturelle, véhicule d’engagement et d’émotions. Lorsque vous mettez un casque de réalité virtuelle, vous êtes debout, agissant dans un monde, vous y êtes présent tout en disposant de pouvoirs magiques pour faire des choses avec les gens et cet univers. Il devient possible de se téléporter dans des réalités inaccessibles, d’incarner et de rendre tangible potentiellement tous les concepts, visions, imaginaires. Jamais la créativité n’a disposé d’autant de liberté, les pédagogues non plus.
Sans parler de l’ubiquité constitutives de l’immersion, vecteur d’un impact significatif en termes de réduction de notre empreinte carbone.
Pour quelle efficacité pédagogique ?
meilleure concentration, meilleur engagement dans la formation et meilleure mémorisation »Plusieurs études faites par les anglo-saxons, en avance sur nous, sur des échantillons limités, montrent que la réalité virtuelle permet une meilleure concentration, un meilleur engagement dans la formation et une meilleure mémorisation des connaissances.
Maintenant, il faudrait passer à des études sur des grands nombres d’apprenants et de formateurs, et en France.
L’impulsion considérable donnée par les pouvoirs publics via les nombreux appels à projets finalisés ou en cours (DemoEs, DEFFINUM, CMA, Territoires Numériques Éducatif, Innovation dans la Forme Scolaire) vont nous donner cette matière.
Nous nous apprêtons donc à proposer aux acteurs de la formation tout au long de la vie de participer à la création d’un observatoire dynamique des usages permettant d’objectiver les intuitions et situations, les effets positifs et les limites.
Par ailleurs, le consortium porté par I2L (Immersive Learning Lab) composé d’Alstom - Nantes Université - ENSAM Nancy Metz - CESI Île-de-France Centre Val de Loire - Université UniLaSalle et Région académique du Grand Est, a été en septembre 2022 lauréat DEFFINUM (Dispositifs France Formation Innovante NUMérique) avec 4,5 M€ pour développer Nexus, le premier métavers dédié Éducation Formation en open source.
Nous allons, de plus, collectivement développer, valider et documenter l’efficacité pédagogique de nos actions.
DEFFINUM
DEFFINUM s’inscrit dans le cadre du Plan de transformation et de digitalisation de la formation, doté de 300 M€, piloté par le Haut-Commissariat aux Compétences et intégré à France Relance pour faire de la France « un leader mondial en matière d’innovation pédagogique ». Pour cela, l’objectif est de franchir « un cap dans la transformation de la pédagogie et des parcours de formation en basculant vers un modèle plus hybride, associant les modalités pédagogiques et les lieux de formation les plus adaptées aux besoins des apprenants (en présentiel ou à distance, en centre de formation ou au sein d’un tiers-lieux, …) ; mais aussi de « soutenir la capacité d’innovation d’une filière française d’excellence des acteurs de la formation ».
L’appel à projets DEFFINUM constitue le 1e levier d’actions dans le cadre de ce Plan de transformation.
Doté de 100 M€, DEFFINUM permet de soutenir des projets innovants de digitalisation et d’hybridation de la formation émanant d’acteurs de terrain, à l’échelle de filières économique ou de réseaux d’organismes de formation.
• Projets d’envergure nationale ou interrégionale ;
• Projets qui portent un engagement de mutualisation des productions, supports et outils ainsi créés et déployés, au sein du réseau concerné, voire, s’ils le souhaitent, au-delà ;
• Projets qui portent une forte dynamique d’innovation pédagogique en formation professionnelle et en apprentissage, intégrant notamment les apports des technologies numériques et immersives, des sciences cognitives et de la formation en situation de travail.
(Source : ministère du Travail)
Nicolas Dupain
Fondateur et président @ i2l - Immersive Learning Lab (i2l)
Parcours
Fondateur et président
Fondateur et président
Responsable de projets stratégiques
Directeur du développement
Consultant
Chargé de mission ENT
Chargé de déploiement des réseaux pédagogiques
Établissement & diplôme
M2 Expertise de l’action publique territoriale
BTS Force de vente
Fiche n° 47530, créée le 13/10/2022 à 19:15 - MàJ le 13/10/2022 à 19:23