Mobilité des apprentis : « Il y a un véritable alignement des planètes » pour avancer (Jean Arthuis)
« La conjonction de la célébration du 35e anniversaire d’Erasmus+ et les conférences ministérielles des 19 et 20/01/2022 par les ministres de l’éducation nationale, du travail et de l’Esri, confirment la volonté de promouvoir la mobilité des jeunes et l’internationalisation des parcours de formation, et spécifiquement de la formation professionnelle », déclare Jean Arthuis
Président @ Euro App Mobility
, président d’Euro App Mobility, association qui a pour mission de développer la mobilité européenne des apprentis, à News Tank le 23/02/2022.
Il se félicite ainsi que « dans sa déclaration, Élisabeth Borne
Présidente des forums et du conseil stratégique @ Sistemic • Députée de la 6ᵉ circonscription du Calvados @ Assemblée nationale
, ministre du travail, a notamment salué l’avènement d’un espace européen de l’apprentissage. »
Alors que la France a pris la présidence du Conseil de l’Union européenne, l’ancien président de la commission des finances et du budget du Parlement européen souligne que 2022 « sera une année chargée mais prometteuse ; il y a un véritable alignement des planètes ! Nous devons être pragmatiques et il faut que les pouvoirs publics conservent l’impulsion nécessaire pour contourner les freins institutionnels ».
Dans le plan d’action d’Euro AppMobility pour 2022, « il y a la consolidation de tout ce que nous avons accompli. C’est-à-dire l’information et l’accompagnement des CFA, et notamment la formation des référents mobilités que nous pilotons. Ces référents sont les garants de cette internationalisation des parcours et cette fonction est incontournable, mais cela suppose une disponibilité à temps plein ».
Pour financer ces postes, Jean Arthuis annonce que l’association répondra à l’appel lancé par le SGPI
Secrétariat général pour l’investissement
dans le cadre du plan France 2030, intitulé “compétences et métiers d’avenir”, « dont le cahier des charges prévoit un volet lié à la mobilité des apprenants ».
Jean Arthuis répond à News Tank
Vous êtes un fervent défenseur de la mobilité européenne des apprentis. Pourquoi est-ce un sujet important ?
Je crois profondément au modèle de l’apprentissage et je crois aussi en l’Europe et aux bienfaits du dispositif Erasmus. Force est de constater cependant que cela reste réservé aux étudiants. Quelques apprentis partent en mobilité bien sûr, mais sur de courtes périodes uniquement.
De quelle manière vous êtes-vous engagé en ce sens ?
En 2014, je suis devenu eurodéputé et j’ai pris la présidence de la commission des budgets du Parlement européen. J’ai alors eu l’idée de proposer un projet pilote qui a fait l’objet d’un vote dans le cadre du budget de l’Union européenne de 2016.
Ce projet pilote “long term mobility for apprentices” visait à permettre aux CFA d’expérimenter les mobilités longues et d’identifier les freins et les obstacles au départ. Ceux-ci sont de plusieurs ordres :
- juridiques : l’Union européenne rassemble 27 juridictions différentes en matière de droit du travail
- financiers : il faut trouver un moyen d’assurer une couverture sociale et une autonomie financière pendant la durée du séjour ;
- académiques : comment faire reconnaître les compétences acquises durant la mobilité européenne ?
- linguistiques : cela suppose que des cours de langues soient davantage intégrés dans les cursus, et notamment en anglais ;
- psychologiques : pour les jeunes il n’est pas toujours simple de partir. Cela peut être effrayant de sortir de sa zone de confort. Les parents également ont parfois quelques craintes à laisser partir leurs enfants.
Ayant pris congé du Parlement européen en 2019, j’ai eu l’idée de créer Euro App Mobility pour poursuivre ce travail et œuvrer pour la levée de ces différents freins. Euro App Mobility est une association sans but lucratif fondée en juin 2020 avec trois ambitions : accompagner, promouvoir et faire bouger les lignes pour permettre aux filières de l’apprentissage de s’ouvrir sur le plan international.
Par ailleurs, nous sommes également présents à Bruxelles avec Euro App Mobility EU pour nous ancrer dans cette dimension européenne. L’association ne doit pas être franco-française. Cette antenne européenne est dirigée par Martine Reicherts, ancienne directrice de la DG éducation-culture de la Commission européenne.
Depuis janvier 2022, la France a pris la présidence du Conseil de l’Union européenne. Les premières actions et déclarations sont-elles encourageantes selon vous ?
La conjonction de la célébration du 35e anniversaire d’Erasmus+, et des conférences ministérielles organisées les 19 et 20/01 par les ministres de l’éducation nationale, du travail et de l’Esri confirment la volonté de promouvoir la mobilité des jeunes et l’internationalisation des parcours de formation, et spécifiquement de la formation professionnelle. Dans sa déclaration, Élisabeth Borne a notamment salué l’avènement d’un espace européen de l’apprentissage.
J’ajoute que les propos du commissaire responsable de l’emploi et des droits sociaux, Nicolas Schmit
Commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux @ Parlement européen • Membre du Parlement européen @ Parlement européen
, et ceux de la commissaire à l’innovation à la recherche, la culture, l’éducation et la jeunesse Mariya Gabriel, affichent la même détermination.
2022 sera donc une année chargée mais prometteuse ; il y a un véritable alignement des planètes ! Nous devons être pragmatiques et il faut que les pouvoirs publics conservent l’impulsion nécessaire pour contourner les freins institutionnels.
Que porte Euro App Mobility dans ce cadre ?
Ce que nous avons exprimé c’est la nécessité de promouvoir la mobilité et que les pouvoirs publics s’engagent à effacer les freins et les obstacles identifiés. Mais nous sommes convaincus que cela doit aussi venir du terrain : lorsqu’il y a des volontaires déterminés sur des objectifs incontestables dans leur intégrité et leur contribution à l’intérêt public, peu de freins résistent à cet élan ! Dans cette optique, notre feuille de route s’appuie sur le manifeste adopté lors des État généraux.
La communauté éducative doit faire de l’internationalisation et de la mobilité longue une priorité »Les mobilités doivent être intégrées aux parcours et pour y parvenir, il faut que la communauté éducative fasse de l’internationalisation et de la mobilité longue une priorité.
De l’autre côté, il faut convaincre les employeurs des apprentis que s’il est intéressant d’encourager cette mobilité, il est aussi nécessaire d’accueillir des apprentis d’autres pays en leur absence. Dans le cadre du projet pilote mené entre 2016 et 2019, nous avions identifié des refus de venir en France lorsque les candidats avaient constaté qu’il n’y avait pas de cours en anglais. Il faut y remédier et faire en sorte que toute la communauté soit en phase avec l’objectif poursuivi.
Quel est donc le plan d’actions d’Euro App Mobility pour 2022 ?
Dans le plan d’action d’Euro App Mobility, il y a la consolidation de tout ce que nous avons accompli. C’est-à-dire l’information et l’accompagnement des CFA, et notamment la formation des référents mobilités que nous pilotons.
La fonction de référent mobilité est incontournable »Ces référents sont les garants de cette internationalisation des parcours et cette fonction est incontournable, mais cela suppose une disponibilité à temps plein. La loi “Avenir pro” avait prévu leur nomination, mais force est de constater que tous ceux nommés n’ont ni le temps ni les moyens suffisants. Mais comment les financer ? Car les Opco prennent en compte seulement le nombre de jeunes en mobilité ; cela signifie donc que les CFA ne reçoivent pas de ressources lorsque cette mobilité est encore en construction.
Un fonds d’amorçage est donc nécessaire pour permettre la mise en place de ces postes de référents et nous espérons l’avoir trouvé avec le SGPI Secrétariat général pour l’investissement . Ce dernier lance en effet dans le cadre du plan France 2030, des appels à manifestation d’intérêts. Nous allons répondre à l’appel « compétences et métiers d’avenir », dont le cahier des charges prévoit un volet lié à la mobilité des apprenants. Ce financement permettrait de couvrir 70 % de l’investissement nécessaire pendant quatre ans.
Un certain nombre de régions ont indiqué être prêtes à abonder le plan de financement »Nous avons par ailleurs saisi l’association Régions de France qui nous apporte son soutien. Un certain nombre de régions ont indiqué être prêtes à abonder le plan de financement. Elles disposent de moyens propres mais aussi de fonds issus de la politique de cohésion (fonds social européen).
Pour la réponse à cet appel, nous avons identifié quatre actions :
- la création de ces postes de référents mobilité ;
- le développement d’applications digitales pour permettre aux jeunes d’améliorer leurs compétences linguistiques ou encore de maintenir un lien avec leur CFA d’origine ;
- l’introduction de langues étrangères dans les parcours ;
- la reconnaissance systématique des acquis de la mobilité : s’il devait y avoir un doute, il est à craindre que les jeunes ne s’engagent pas dans des logiques de mobilité.
Outre ce travail autour du poste de référent mobilité, quels sont les autres projets de votre association ?
Nous avons effectivement d’autres actions pour l’année à venir, et notamment :
- L’activation de notre entité bruxelloise pour entretenir des relations avec le Parlement européen. Un certain nombre de députés ont constitué un groupe d’études, en lien avec la Commission, notamment autour du chantier d’un statut unifié d’apprenti.
- Le lancement de la plateforme mise en relation des acteurs européens de la formation, pour que les organismes, les entreprises et les jeunes européens puissent se rencontrer virtuellement en vue de bâtir un projet de mobilité. L’idée n’est pas que cela soit un moteur de recherche mais que ce soit un algorithme qui permette de rapprocher les profils. Pour cela, nous demanderons aux participants de détailler le plus possible leurs informations, comme une carte d’identité professionnelle.
Jean Arthuis
Président @ Euro App Mobility
Parcours
Président
Député (ADLE)
Président de la commission des budgets
Président
Sénateur de Mayenne
Conseiller général
Président de la commission des finances
Maire
Ministre de l’Économie et des finances
Secrétaire d’État chargé de la Consommation et de la concurrence
Secrétaire d’État du ministre des Affaires sociales et de l’emploi (Philippe Séguin)
Fiche n° 24567, créée le 31/07/2017 à 10:58 - MàJ le 02/12/2021 à 11:46