57 % des entreprises recourent à l’alternance pour un motif financier (Observatoire de l’Alternance)
• 89 % des entreprises qui recrutent des alternants (apprentis et jeunes en contrats de professionnalisation) sont motivées par des besoins en compétences et/ou par leur politique RH à destination des jeunes, et 57 % par un motif financier : maîtrise des coûts salariaux ou obtention d’aides.
• Près de 6 entreprises sur 10 ont recours à l’alternance depuis au moins 5 ans ; deux sur 10 les ont rejointes en 2020 ou 2021 dans le contexte de crise sanitaire.
• Les entreprises sont désormais aussi nombreuses à recourir à l’alternance sur les premiers niveaux de qualification que sur les métiers plus qualifiés.
• Pour plus de deux tiers des alternants, l’alternance n’est pas un « passage obligé » pour obtenir un diplôme mais un choix délibéré.
• 61 % des alternants sont motivés par la confrontation à l’entreprise/au monde du travail, plus encore chez les bac+5 ou plus ; 59 % d’entre eux ont une motivation financière, avec un enjeu de financement de la formation très marqué chez les bac+5 ou plus ; 55 % sont motivés par le levier d’insertion professionnelle.
Tels sont quelques-uns des principaux résultats de la première publication (enquête BVA auprès de 600 entreprises et 500 alternants) de l’Observatoire de l’alternance, fondé par l’association Walt, le cabinet de conseil Quintet et la Fondation The Adecco Group, créé le 18/02/2022.
Étaient présents à la présentation de cette première édition de l’Observatoire de l’alternance ses trois membres fondateurs :
- Cécile Mathivet
Directrice du Lab’Ho et du pôle Études @ Fondation du Groupe Adecco France
pour la Fondation The Adecco Group, - Alain Druelles
Associé fondateur @ Cabinet Quintet
pour le cabinet de conseil Quintet, - Olivier Gauvin
Directeur adjoint Éducation Formation @ Medef
pour l’association Walt.
Objectifs de l’Observatoire de l’alternance
• Dresser un état des lieux de l’alternance à la suite de la réforme de la formation professionnelle de 2018.
• Suivre les tendances dans la durée en les mettant en perspective avec les données publiques.
• Distinguer les facteurs conjoncturels et structurels.
• Inscrire l’alternance au cœur des enjeux d’emploi et d’éducation.
• Dégager des pistes de réflexion afin de mieux comprendre les mécanismes de l’alternance et maximiser son impact.
« S’inscrire dans un temps long et renouveler tous les ans l’Observatoire de l’alternance »
« On observe depuis 2018, une explosion de l’alternance, notamment de l’apprentissage. Nous avons voulu nous associer au travail d’observation de ce phénomène. En créant l’Observatoire de l’alternance avec la Fondation The Adecco Group et le cabinet de conseil Quintet, l’idée est de s’inscrire dans un temps long et de le renouveler tous les ans pour dresser un état des lieux de l’alternance, de suivre ses tendances et de les rapprocher à d’autres données publiques », déclare Olivier Gauvin, délégué général de l’association Walt.
« Pour nous, l’alternance s’inscrit dans le triptyque “éducation, emploi, insertion” . L’objectif est de l’étudier à l’aune de ce triptyque, en distinguant les éléments conjoncturels et structurels qui peuvent expliquer l’essor de l’apprentissage. Nous souhaitons dégager des pistes de réflexion pour aller plus loin. Pour cette première édition de l’observatoire, nous avons souhaité interroger à la fois les DRH et les alternants au travers d’une enquête miroir menée par l’Institut BVA. »
Une grande satisfaction des entreprises
Avec un taux de 91 % de DRH qui se déclarent « assez » voire « très » satisfaits de leur recours à l’alternance, cette modalité semble répondre aux attentes des entreprises. Y compris dans des secteurs qui peuvent éprouver des difficultés à recruter de cette manière, tels que le commerce où la satisfaction est de 99 %. Un cinquième des entreprises recommandent l’alternance à leurs pairs.
« Celles qui n’en sont pas satisfaites ont en général eu une expérience malheureuse avec des alternants (c’est la raison majeure). Elles relèvent aussi l’aspect chronophage de l’alternance lié à la gestion du contrat et au temps consacré à l’accueil et à l’accompagnement des alternants », déclare Alain Druelles du cabinet de conseil Quintet. Parmi les difficultés mentionnées par les entreprises, « 58 % déclarent avoir éprouvé des difficultés pour trouver un ou des candidats (sourcing) ».
Deux éléments de motivation pour les entreprises
- 89 % des entreprises qui recrutent des alternants (apprentis et jeunes en contrats de professionnalisation) sont motivées par des besoins en compétences et/ou par leur politique RH à destination des jeunes,
- 57 % par un motif financier : maîtrise des coûts salariaux ou obtention d’aides.
- 35 % veulent bénéficier d’aides, qu’il s’agisse des aides exceptionnelles de l’État dans le cadre du plan de relance à la suite de la crise sanitaire ou d’autres aides (Pôle emploi, Agefiph…).
Recours à l’alternance aussi bien sur des 1ers niveaux de qualification que sur des métiers plus qualifiés
« Ce qui nous a paru intéressant, c’est de remettre les données en perspective sur des temps plus longs pour comprendre ce qu’il se passe : il y a des phénomènes structurels mais aussi conjoncturels, et certains de ces phénomènes conjoncturels viennent renforcer des phénomènes structurels », indique Alain Druelles. « Ce que l’on observe depuis quelques années c’est la remontée des premiers niveaux de qualification (CAP, bac pro) dans l’apprentissage. La hausse a commencé à être sensible à partir de 2017 et selon la Dares, nous avons une progression :
- de 6 % entre 2017 et 2019
- puis de 13 % entre 2019 et 2020
- et de 21 % entre 2020 et 2021. »
« On peut penser que cette progression des premiers niveaux de qualification dans l’alternance va se poursuivre pour deux raisons :
- Nous retrouvons une forte proportion de ces premiers niveaux de qualification dans les métiers en tension (agents d’entretien des locaux, employés polyvalents de restaurations…) ;
- Certains métiers sont, depuis peu, accessibles par la voie de l’apprentissage et l’on peut penser que, dans les prochaines années, l’apprentissage se développera pour ces métiers, où il y a des potentiels de recrutements extrêmement importants :
- en particulier dans les secteurs sanitaire et social (aide soignant),
- et dans les secteurs du grand âge et de la dépendance . »
« Du côté de l’enseignement supérieur, les progressions sont très significatives (+92 000 par rapport à 2010). Elles ont commencé avant la réforme et se sont poursuivies depuis. À cet égard, 2020 et 2021 ont été deux années importantes », ajoute Alain Druelles. Selon la Dares, les apprentis du supérieur comptent pour 83 % des apprentis en 2021 (contre 34 % en 2017).
« Néanmoins, quand on rapporte le nombre d’apprentis au nombre d’étudiants sur cette période, les pourcentages de progression sont moins spectaculaires. Potentiellement, le vivier est extrêmement important. »
L’alternance se révèle un vrai choix pour une majorité de jeunes
« Ce qui est intéressant dans l’enquête BVA, c’est que pour deux tiers des jeunes interrogés, l’alternance est un vrai choix », indique Alain Druelles.
- 43 % des alternants voient dans l’apprentissage ou le contrat de professionnalisation l’occasion d’acquérir une première expérience professionnelle (c’est l’explication qui remporte le plus de suffrages chez eux) ;
- 42 % répondent que c’est aussi un moyen de percevoir un revenu tout en poursuivant ses études.
- 59 % des jeunes interrogés disent clairement que c’est cet aspect de l’alternance qui les a conduits a faire le choix de cette modalité de formation.
- 58 % des jeunes de la génération 2013 passés par l’alternance ont signé un CDI en guise de premier emploi contre à peine 30 % des jeunes dans leur ensemble. L’aspect professionnalisant de l’alternance est aussi une source de motivation pour ceux qui s’engagent dans cette voie. Parmi les jeunes interrogés par BVA, 62 % ont trouvé un emploi en lien avec leur formation dans l’année.
- 71 % estiment que leur parcours a favorisé leur candidature auprès des recruteurs.
Des difficultés rencontrées par les jeunes et les entreprises
Près de 9 entreprises sur 10 reconnaissant avoir éprouvé des difficultés à un moment ou un autre du processus de l’alternance (86 %) :
- Difficulté à trouver les bons candidats (45 %)
- Lourdeurs administratives (29 %)
Près de 8 jeunes sur 10 estiment avoir connu des difficultés (77 %) :
- Difficulté à trouver une entreprise d’accueil (40 %)
- Complexité des démarches administratives (19 %)
- Éloignement entre le lieu de formation et l’entreprise (18 %)
Face à ces constats, Cécile Mathivet, directrice du Lab’Ho et du pôle Études de la Fondation Adecco France Group avance deux éléments d’analyse : « D’une part, la moitié des alternants effectuent leur cursus en alternance au sein de très petites entreprises qui n’ont pas les mêmes capacités de recrutement que les grands groupes. D’autre part, les recrutements sont difficiles pour l’alternance mais ils le sont partout ailleurs sur le marché du travail. »
« La solution serait d’instaurer un véritable parcours d’intégration. Six entreprises sur 10 affirment avoir mis en place un dispositif particulier pour les jeunes, mais si on creuse cette question, elles ne sont que 7 % à le qualifier de “parcours d’intégration” . Du côté des jeunes, 95 % d’entre eux affirment ne pas avoir bénéficié d’un parcours d’intégration. C’est dommageable pour eux car ce sont des jeunes souvent très encadrés au sein de leur CFA qui n’ont pas forcément les codes de l’entreprise vu leur âge, et ils peuvent avoir le sentiment d’être abandonnés. »
En ce qui concerne l’encadrement, « 27 % des jeunes ont déclaré ne pas avoir eu de tuteur lors de leur période en entreprise alors que 40 % des entreprises affirment avoir formé leurs tuteurs. Cela peut être difficile de trouver en interne un tuteur, mais nous pensons que les entreprises ont intérêt à formaliser un vrai parcours d’intégration des jeunes et de professionnaliser les tuteurs », ajoute Cécile Mathivet.
« Le rôle de cet observatoire est de soulever des questions et d’apporter des pistes de solutions. Par exemple, que vont devenir les aides exceptionnelles de l’État intervenues durant la crise sanitaire ? (s’il fallait les réduire, nous pensons que c’est vers les plus bas niveaux de qualification qu’il faudrait les orienter). Quels doivent être les ajustements du cadre réglementaire de l’alternance ? (la fusion des deux contrats ?). Quelles évolutions adopter en termes d’orientation ?
D’autre part, nous allons aller plus loin que des enquêtes chiffrées et produire des études sur des thèmes que nous définirons ensemble de façon à compléter les données chiffrées par une approche qualitative. »
Quintet Conseil
• Cabinet de conseil en stratégie sociale, formation et raison d’être
• Création : octobre 2020 (par Antoine Foucher, Pauline Calmès, Damien Delevallée, Alain Druelles et Bertrand Lamberti, cinq anciens membres du cabinet de l’ex-ministre du Travail, Muriel Pénicaud).
• Missions : Accompagner les entreprises dans leur démarche de conjuguaison de business et de bien commun sur cinq champs :
- La stratégie sociale
- La raison d’être
- Les compétences
- Les relocalisations
- La stratégie de communication
• Président : Antoine Foucher
• Contact : François Coën
• Tél. : 06 77 82 56 94
Catégorie : Etudes / Conseils
Adresse du siège
66 rue Saint-Dominique75007 Paris France
Fiche n° 10548, créée le 06/10/2020 à 01:14 - MàJ le 17/09/2024 à 17:53
Walt
• Association (« We Are Alternants ») fondée par 6 grands réseaux représentant 30 % de l’alternance en France. Leur souhait : changer la perception de l’alternance
• Création : novembre 2018
• Missions :
- Animation du site ressource Walt.community, qui met à disposition des jeunes et de leur famille toutes les informations pour réussir leur alternance (page carrière et école, promotion d’offres (emploi, formation), CVthèque, infos (orientation, conseils logement, budget…), et jusqu’à 30 000 offres d’emploi en période haute et plus de 22 000 formations en alternance référencées).
- Animation de l’Observatoire de l’Alternance avec la Fondation The Adecco Group et le cabinet Quintet
- Production du Guide du Routard de l’Alternant
- Offre d’accompagnement aux CFA sur le mentorat, la lutte contre l’illettrisme dans les DROM, l’intégration des jeunes en situation de handicap, etc.
• Effectif : 8 personnes
• Adhérents : 1 200 CFA, 153 réseaux ; 1 500 entreprises engagés auprès de Walt ; + de 90 000 jeunes au sein de la communauté Walt
• Président : Yves Hinnekint, président de Talis Education Group
• Déléguée générale : Agnès Domenech
• Contact : Aude Léger
• Tél. : 06 69 12 95 25
Catégorie : Associations / Fondations
Adresse du siège
58, rue Notre-Dame-de-Lorette75009 Paris France
Fiche n° 9927, créée le 03/06/2020 à 11:22 - MàJ le 29/07/2024 à 18:57