Apprentissage : report des nouveaux NPEC à 01/2023, les conditions sont réunies (J-P Willems)

News Tank RH - Paris - Analyse n°244879 - Publié le 10/03/2022 à 18:59
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Sous des dehors purement techniques, les textes peuvent être porteurs de messages plus larges.

Tel est le cas du décret adopté le 04/03/2022 qui précise les modalités de fixation des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage. Il rend possible, et même probable, le report au mois de janvier 2023 de l’entrée en vigueur des nouveaux NPEC qui seront établis au mois de juillet 2022, selon la procédure lancée en début d’année par France compétences • Établissement public administratif créé par la loi du 05/09/2018, placé sous la tutelle du ministre chargé de la formation professionnelle. Mise en route le 01/01/2019 • Gouvernance quadripartite… .

Une analyse de Jean-Pierre Willems Chargé d’enseignement politiques droit et pratiques de formation - master DRH @ Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne • Consultant @ Willems Consultant
pour News Tank.


Pourquoi les CFA demandent-ils un report de l’échéance du mois de juillet 2022 ? 

France compétences a lancé, en début d’année, le processus de révision des niveaux de prise en charge (NPEC) des contrats d’apprentissage, avec un calendrier se terminant en juillet 2022. Même s’il est possible de conclure des contrats d’apprentissage toute l’année, la majorité des cursus de formation demeurent calés sur l’année scolaire ou universitaire, soit par l’effet des examens positionnés en juin par les certificateurs, et notamment l’Éducation nationale, soit pour prendre en compte les échéances d’orientation professionnelle des jeunes et les sorties massives de fin juin permettant de s’engager dans un nouveau cursus à compter de septembre.

Avec un démarrage des cursus de formation en septembre ou octobre, une évolution des NPEC décidée au mois de juillet aurait pour effet d’imposer aux CFA de prendre des décisions d’ouverture, ou de fermeture, de cursus sans connaître le prix de ces cursus et donc sans pouvoir déterminer leur budget prévisionnel.

Dans un contexte où en moyenne les NPEC devraient être révisés à la baisse, on comprend la difficulté pratique, et économique, que pose une décision tardive. On comprend également que dans ce contexte de baisse annoncée, les opérateurs soient peu pressés d’appliquer les nouveaux NPEC.

Pourquoi le décret du 04/03/2022 rend techniquement plus facile un report de l’échéance ?

Situation avant le décret du 04/03/2022

Avant le décret du 04/03/2022  Publié le 07/03/2022 à 11:25
PDF - 141,98 Ko
, l’adoption des NPEC et leur entrée en vigueur étaient concomitante. D’où la publication régulière par France compétences de référentiels reprenant l’ensemble des valeurs de référence des NPEC (9 versions entre septembre 2019 et janvier 2022).

Situation depuis le décret du 04/03/2022

Avec le décret du 04/03/2022, c’est dorénavant un arrêté qui déterminera la liste des NPEC. Signe des temps de régulation financière pour un dispositif qui n’est pas doté d’un budget prédéterminé, cet arrêté sera signé par le Ministre du Travail et celui de l’économie, Bercy se trouvant ainsi en position de cautionner en amont ce qu’il faudra budgétairement assumer en aval.

Mais surtout, le décret prévoit que l’arrêté fixera la date d’entrée en vigueur des nouveaux NPEC, ce qui revient à décorréler l’adoption de l’arrêté et la date d’entrée en vigueur des nouveaux NPEC mais également à harmoniser les dates de modification des NPEC quelles que soient les dates de décision des CPNEFP.

Techniquement, tout est donc en place pour que le processus lancé par France compétences soit finalisé comme prévu en juillet 2022, avec un arrêté à suivre pour officialiser les nouveaux NPEC et la possibilité technique de reporter au 01/01/2023 l’entrée en vigueur de ces NPEC.

D’après nos informations, le report serait politiquement acté d’où la parution du décret. Cet arbitrage permettrait à la fois de sécuriser la rentrée de 2022 et de laisser le temps aux CFA de prendre en compte les évolutions des NPEC. Et si l’on veut trouver un revers à la médaille on peut avancer que l’octroi d’un délai d’adaptation permet  également de mettre en œuvre une véritable régulation des NPEC.

Jean-Pierre Willems

Parcours

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Chargé d’enseignement politiques droit et pratiques de formation - master DRH
Willems Consultant
Consultant
IGS Toulouse
Responsable du master RH
Centre de recherche et d’information sur le droit de la formation (UT1)
Partenaire

Établissement & diplôme

Université Toulouse 1 Capitole
DESS Gestion du personnel - Droit (Michel Despax)

Fiche n° 24709, créée le 10/08/2017 à 15:40 - MàJ le 04/12/2024 à 07:40

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