Grand Est : « Nous fixons des objectifs avec l’État sur la carte des formations » (Valérie Debord, VP)
« Nous partagions déjà [avec l’État] la compétence de la carte des formations initiales. La différence avec cette convention est que nous nous fixons des objectifs », déclare Valérie Debord, vice-présidente emploi, formation, orientation et apprentissage de la Région Grand Est, à News Tank le 19/12/2023.
Elle s’exprime concernant la convention régionale sur l’évolution de la carte des formations entre les services de l’État et la Région Grand Est, signée le 20/11/2023. Il s’agit de la première convention de ce type, qui s’inscrit dans la réforme de la formation professionnelle.
« Nous avons souhaité que cette convention soit pluriannuelle, car la région est compétente sur l’investissement dans les plateaux techniques, mais ce sont souvent des investissements conséquents que nous devons pouvoir envisager dans un cadre de programme pluriannuel d’investissement », indique Valérie Debord.
Le 18/12/2023, la Région a présenté ses propositions d’évolution de la carte des formations pour la rentrée 2024. Au total, 25 ouvertures de formations, 17 fermetures, six transformations en apprentissage et huit transformations en formation initiale scolaire sont prévues par la région pour la rentrée 2024.
Valérie Debord précise qu’« au mois de février 2024, nous rencontrerons l’ensemble des branches professionnelles afin de travailler sur les besoins territoriaux. La nouvelle carte sera adoptée au mois de mars 2024 ».
Les enjeux de formation de la Région Grand Est
Établie en lien avec la Région académique Grand Est, cette nouvelle carte des formations a pour objectifs de « renforcer l’attractivité des formations, lutter contre le décrochage scolaire et faire du lycée professionnel un choix d’avenir ».
Elle doit ainsi « tendre vers un taux de poursuite d’étude ou d’insertion de 100 % en réinterrogeant systématiquement les formations non insérantes d’ici à 2026. Le taux de transformation des places en voie professionnelle visé pour la rentrée 2024 est de 6 % ».
Selon Valérie Debord, vice-présidente emploi, formation, orientation et apprentissage de la Région Grand Est, les priorités en matière de formation sont « les secteurs de la transition, notamment énergétique.
- Nous sommes l’une des régions qui a le plus de salariés dans le secteur automobile, 120 000 personnes. Donc le passage du moteur thermique au moteur électrique est un enjeu majeur.
- En plus, de la transition énergétique classique, nous avons des enjeux spécifiques par rapport au nucléaire. Nous sommes une très grosse région nucléaire et nous allons former énormément de gens dans les dix ans qui viennent sur le nucléaire. »
Elle évoque également les secteurs du sanitaire et du médico-social, avec un besoin annuel de « 9 000 personnes sur les métiers d’aide-soignant, infirmier, et aide à domicile »
Par ailleurs, « nous avons une problématique spécifique qui est celle du transfrontalier, puisque nous sommes une région à quatre frontières », indique la vice-présidente.
Travail territorial avec tous les acteurs
Afin de construire l’évolution de la carte des formations, notamment dans le cadre de la convention régionale, Valérie Debord indique qu’un « travail territorial, c’est-à-dire par bassin de vie, en lien avec l’État, les branches professionnelles et l’éducation nationale, est effectué sur les secteurs en tension et les besoins des différentes entreprises ».
Il s’agit, indique la région, « d’établir un plan pluriannuel de transformation de la carte des formations pour les rentrées 2025, 2026 et 2027 ».
CMQ : « Il faut évidemment s’appuyer sur ces campus »
Interrogée sur le rôle que peuvent avoir les neuf CMQ (Campus des métiers et qualifications) que compte la Région Grand Est dans l’évolution de la carte des formations, Valérie Debord affirme qu’il « faut évidemment s’appuyer sur ces campus qui sont extrêmement importants pour nous et qui sont pour un certain nombre d’entre eux des campus d’excellence notamment sur le secteur de l’énergie et des énergies renouvelables ».
« Les plateaux techniques que nous investissons sur ces campus doivent aussi irriguer l’ensemble du bassin de vie. Quand on construit un campus des métiers et des qualifications, cela se fait toujours en lien avec l’université et l’Éducation nationale. Tout est coordonné et cohérent. »
Carte des formations 2024 : des formations à fermer, mais aussi à transformer ou colorer
Concernant les évolutions de la carte des formations, Valérie Debord indique qu’« il y a différents cas de figure avec des formations :
- qu’il faut fermer car les jeunes qui en sont issus ne trouvent pas d’emploi ;
- qu’il faut transformer, parce que l’emploi en question sera davantage un emploi via l’alternance. C’est le cas pour un certain nombre de métiers, et cela correspond bien à la philosophie que nous avons et à la volonté du gouvernement de renforcer le bac professionnel ;
- qu’il faut colorer. Par exemple, pour beaucoup de métiers industriels, si nous voulons que les jeunes aillent vers la filière nucléaire, ils ont besoin d’une coloration nucléaire dans leur formation. »
« De façon plus globale se pose la question de l’élévation du niveau des étudiants avec un passage vers des brevets, des bac professionnels. C’est aussi une façon de transformer la carte », ajoute la vice-présidente de la Région.