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« Cette crise a permis de mesurer le bien-fondé d’une certaine pédagogie » (Thierry Laval, SMA)

News Tank RH - Paris - Entretien n°187850 - Publié le 10/07/2020 à 18:20
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Le général Thierry Laval -

« Cette crise de la Covid-19 a permis de mesurer le bien-fondé d’une certaine pédagogie comme celle liée à la prévention, celle centrée sur le collectif et sur l’enseignement à distance.  Nous la mettions déjà en œuvre avant et elle est devenue évidente, même si certains de l’extérieur pouvaient la juger superflue et un peu coûteuse. Grâce à ces dispositifs lors de la crise, nous avons fait preuve d’une très forte résilience », déclare le Général Thierry Laval Commandant du SMA @ Ministère des Armées
, commandant du Service militaire adapté (SMA) dans un entretien à News Tank, le 10/07/2020.

« Quarante de mes jeunes seront mis à l’honneur par la République à l’occasion des cérémonies militaires du 14/07/2020 à Paris. C’est un bel hommage que la République rendra à ces jeunes des Outre-mer en les mettant en valeur car ils se sont engagés simultanément sur les sept territoires que nous couvrons ».

« Nous avons deux missions au sein du SMA :
- l’insertion des jeunes
- l’assistance aux populations dans le cadre d’une crise comme une catastrophe naturelle ou une épidémie, comme celle que nous avons vécue.
Lors du confinement, nous avons basculé sur notre deuxième mission. »

« La particularité avec la Covid par rapport aux autres crises, comme un cyclone, une épidémie de dengue, c’est que tous nos 7 régiments d’outre-mer et notre centre de formation de Périgueux, ont été concernés de manière simultanée. Nous avons anticipé en formant pendant plus de 48 heures nos jeunes volontaires et leurs cadres. »

« Une partie des jeunes volontaires stagiaires restés chez eux et disposant d’une connexion internet a pu continuer la formation à distance comme l’apprentissage de la langue française, les mathématiques mais aussi la préparation des permis de conduire. Et pour nos filières numériques, nous avons poursuivi de manière intégrale nos formations comme celle de développeur web. »

« Fin mai 2020, nous avons repris nos missions d’insertion. Cette dualité a démontré la pertinence de ce dispositif militaire complètement atypique et mis à disposition de la politique des Outre-mer. »

« Les trois mois de parenthèse, en matière de recrutement, font que nous allons avoir un léger décalage. Mais comme nous allons prolonger les contrats des jeunes volontaires qui étaient confinés pour les emmener au terme de leur formation, nous allons limiter l’encoche de cette épidémie sur la qualité et la motivation de chacun. »


Le Général Thierry Laval, commandant du Service militaire adapté (SMA), répond à News Tank

Comment vous êtes-vous organisés pendant le confinement au Service militaire adapté (SMA) ?

Nous avons deux missions au sein du SMA :

  • L’insertion des jeunes ;
  • L’assistance aux populations dans le cadre d’une crise comme une catastrophe naturelle ou une épidémie, comme celle que nous avons vécue.

Lors du confinement, nous avons basculé sur notre deuxième mission. Mais la particularité avec la Covid par rapport aux autres crises, comme un cyclone, une épidémie de dengue, c’est que tous nos 7 régiments d’outre-mer et notre centre de formation de Périgueux, ont été concernés de manière simultanée. Nous avons anticipé en formant pendant plus de 48 heures nos jeunes volontaires et leurs cadres. Et dès que nous avons pris la décision de basculer nos missions le 19/03/2020, nos plus jeunes volontaires, sont rentrés à leur domicile et l’autre moitié des jeunes et leurs cadres sont intervenus sur réquisition des préfets au profit des territoires et des populations.

Au service des territoires toute la durée du confinement »

La mission d’assistance aux populations du SMA dans le cadre d’une crise comme une catastrophe naturelle ou une épidémie, comme celle de la Covid - © J.ROCH_RSMA-Ga
Les cadres et volontaires techniciens, soit 2.000 hommes, ont été mis instantanément au service des territoires toute la durée du confinement dans des missions de logistique comme de l’appui au transport, au stockage, la distribution d'équipements de protection (masques, gants, gel) et d’aide alimentaire en liaison avec la Croix Rouge. Nous avons aussi accompagné la montée en puissance des capacités d’accueil des hôpitaux (à La Réunion, Mayotte et en Martinique) et d’hébergement où nous avons accueilli à Mayotte pendant deux mois consécutifs deux vagues de Français qui revenaient des Comores et de Madagascar. Nous avons aussi été engagés en parallèle de la Covid sur les inondations dans l’Ouest de la Guyane. Et en Polynésie, nous avons renforcé le centre téléphonique d’information. Aujourd’hui, un régiment est encore complètement engagé au profit des populations, c’est celui de la Guyane, puisque la crise s'étend dans ce territoire. 

Que s’est-il passé pour les jeunes volontaires stagiaires qui sont rentrés chez eux ?

Une partie de ces jeunes qui disposaient d’une connexion internet a pu continuer la formation à distance comme l’apprentissage de la langue française, les mathématiques mais aussi la préparation des permis de conduire. Et pour nos filières numériques, nous avons poursuivi de manière intégrale nos formations comme celle de développeur web.

Depuis leur domicile, nos jeunes volontaires ont pu être des éléments de communication sur les gestes barrières, les bonnes pratiques, etc. Ils nous ont servis parfois de relais dans les tribus, villages, jusqu’au fond des vallées parfois très reculées et bien éloignées des centres.

L’une des priorités du Gouvernement post-crise est l’emploi des jeunes. Êtes-vous inquiet pour l’outre-mer où le chômage est élevé ?

Nous allons prolonger les contrats des jeunes volontaires qui étaient confinés »

Nous nous concentrons sur le fait que des jeunes sortent qualifiés et motivés. Le pire serait que le SMA connaisse une classe blanche mais nous n’en sommes pas là. Les trois mois de parenthèse en matière de recrutement font que nous allons avoir un léger décalage. Mais comme nous allons prolonger les contrats des jeunes volontaires qui étaient confinés pour les emmener au terme de leur formation, nous allons limiter l’encoche de cette épidémie sur la qualité et la motivation de chacun.

Les volontaires stagiaires passent le permis VL pendant leur formation au détachement de Cayenne du RSMA G à la 2ème CFP - ©  Gilles GESQUIERE/SIRPA Terre

Les campagnes de recrutement ont repris. Allez-vous augmenter le volume des recrutements ?

En effet, les campagnes de recrutement ont repris sauf en Guyane, car la situation ne le permet pas encore. Les volumes de recrutement sont retournés à leur niveau de planification avant la crise et le plafond est constitué par le nombre de lits dont nous disposons instantanément dans chacun de nos régiments. Nous fonctionnons en internat et les capacités d’infrastructures limitent ma capacité d’accueil et donc le nombre de jeunes qui pourraient nous rejoindre.

Nous nous sommes aussi organisés pour respecter les consignes sanitaires et éviter de constituer un foyer de contamination et de propagation. Les mesures de distanciation physique nous ont contraints à adapter nos chambrées, plateaux techniques, le passage au restaurant administratif du régiment. Tous nos actes de la vie quotidienne ont été réétudiés et nous avons mis en place des mesures et des équipements pour que les régiments puissent à nouveau fonctionner à charge maximale. L’objectif est bien de renforcer la qualité du parcours que chacun de nos 6000 jeunes vivra chez nous pendant plusieurs mois.

Cette crise sanitaire a-t-elle été source d’enseignements pour le SMA ?

L’intérêt de cette crise a permis de mesurer le bien-fondé d’une certaine pédagogie comme celle liée à la prévention, celle centrée sur le collectif et sur l’enseignement à distance.  Nous la mettions déjà en œuvre avant et elle est devenue évidente, même si certains de l’extérieur pouvaient la juger superflue et un peu coûteuse. Grâce à ces dispositifs lors de la crise, nous avons fait preuve d’une très forte résilience.

Où en êtes-vous de vos objectifs 2020 ? Sont-ils maintenus avec la crise sanitaire ?

Ouverture d’une compagnie supplémentaire à Bourail en Nouvelle-Calédonie »

La crise de la Covid ne nous a pas du tout contraints. Non seulement nos objectifs sont maintenus mais certains d’entre eux ont été réalisés comme l’ouverture d’une compagnie supplémentaire à Bourail en Nouvelle-Calédonie. Elle aura lieu à la fin du mois de juillet 2020 dans une démarche de partenariat avec le gouvernement calédonien. Sur l’accompagnement médico psycho-social des volontaires du SMA, en 2019, nous avons recruté nos trois premiers psychologues. Et nous venons d’en recruter quatre autres. À la mi-août 2020, chaque régiment aura en son sein son propre psychologue clinicien. 

Est-ce votre expérience militaire qui explique l’anticipation dans la gestion de cette crise ?

En effet, le militaire a vocation à s’engager dans des situations chaotiques face à un ennemi qui ne dit jamais ce qu’il a l’intention de faire et qui cherche à nous surprendre en permanence. En tant que soldat, dès les premiers indices nous nous sommes organisés, nous avons fait des propositions aux différentes autorités, qui nous ont suivies. Et les jeunes du SMA ont localement basculé sous le contrôle opérationnel de chaque commandement militaire de zone afin d'être le plus efficace possible. Fin mai 2020, nous avons repris nos missions d’insertion. Cette dualité a démontré la pertinence de ce dispositif militaire complètement atypique et mis à disposition de la politique des Outre-mer.

L’Irak est le dernier pays à s’intéresser au concept du SMA »

Je note que ce modèle inspire d’autres dispositifs, que ce soit en métropole avec les Epide Etablissement public d’insertion de la défense ou le Service militaire volontaire, mais aussi à l’étranger. À titre d’exemple, l’Irak est le dernier pays à s’intéresser au concept du SMA. Madagascar, Djibouti et d’autres pays d’Afrique Centrale s’en sont inspirés précédemment, sans le dupliquer mais en l’adaptant.

Êtes-vous inquiet de la situation à Mayotte ou Guyane ?

Je ne suis ni serein ou inquiet, mais vigilant. Nous abordons cette crise avec nos moyens et en gardant la tête froide. Il n’y a pas lieu de céder à la panique.

Cette crise sanitaire a-t-elle permis de renforcer l’engagement de vos jeunes qui ont été aussi en première ligne lors de l'épidémie ?

RSMA de la Guadeloupe - ©  OasisPhoto.fr - Thomas RetzAgence conseil en communication : Agence CitronMer - www.CitronMer.comPour : le RSMA (Régimen
Il suffit de voir les commentaires sur leur page Facebook respective pour s’en convaincre. Le SMA est le régiment des territoires ultramarins. Les jeunes connaissaient parfaitement les lieux et les populations auprès desquelles ils sont intervenus et même la langue. C’est un atout considérable.

Notre jeunesse quand on s’en occupe avec cœur, bienveillance, exigence et respect, grandit et se réalise avec autant de brio que les générations plus anciennes.

Quarante de mes jeunes seront mis à l’honneur par la République à l’occasion des cérémonies militaires du 14/07 à Paris.

C’est un bel hommage que la République rendra à ces jeunes des Outre-mer en les mettant en valeur car ils se sont engagés simultanément sur les sept territoires.

 

Thierry Laval


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Parcours

Ministère des Armées
Commandant du SMA

Établissement & diplôme

ESM Saint-Cyr (École spéciale militaire de Saint-Cyr)
Promotion Tom Morel

Fiche n° 38467, créée le 07/02/2020 à 15:19 - MàJ le 10/07/2020 à 08:45