Demandez votre abonnement gratuit d'un mois !

« Notre accord d’intéressement est basé sur les résultats sportifs »(Frédérique Alverola, DRH de l’OM)

News Tank RH - Paris - Interview n°125263 - Publié le 23/07/2018 à 16:47
- +
©  D.R.
Frédérique Alverola - ©  D.R.

« L’objet social de notre entreprise est de jouer des matchs et de les gagner. Il faut pouvoir embarquer tous les collaborateurs dans ce projet », déclare Frédérique Alverola Directrice des Ressources Humaines @ Olympique de Marseille (OM)
, DRH de l’Olympique de Marseille, le 23/07/2018.

« Depuis 2012, un accord d’intéressement est basé sur les résultats sportifs du club : classement et trophées. Il s’agit de montrer aux collaborateurs que nous participons à la réussite du club et de faire en sorte que le groupe sportif n’ait qu’à penser à jouer des matchs et à les gagner. Cet accord d’intéressement permet de fédérer et d’impliquer davantage les collaborateurs. C’est un vrai plus. »

« Nous sommes sur le point de récupérer l’exploitation exclusive du stade Vélodrome. L’enjeu est de garder une cohésion interne tout en répartissant les collaborateurs sur plusieurs sites alors que certains habitent loin de leur lieu de travail. »

« Depuis septembre 2017, nous recrutons des profils ayant une sensibilité au monde du digital, quel que soit le poste. Notre objectif est de travailler de manière plus fluide, plus agile et transverse et de mieux travailler les uns avec les autres en développant plus d’innovation et de créativité comme sur la manière de collecter les données sur les jeunes du centre de formation et les joueurs. »


Frédérique Alverola, DRH de l’Olympique de Marseille répond à News Tank

Vous avez intégré l’OM en 1998 lors de la Coupe du monde de football et 20 ans plus tard, alors que la France remporte sa 2e étoile, vous êtes toujours DRH du club. Comment l’expliquez-vous ?

L’OM est une entreprise atypique. Si vous suivez notre parcours et notre histoire, vous verrez que nous avons changé de président et de top management tous les 3 à 5 ans. Les objectifs, la stratégie, le management évoluent souvent. Nous nous ennuyons pas du tout au sein de l’OM. La routine n’existe pas.

l’objet social de notre entreprise est de jouer des matchs et de les gagner. »

J’ai le sentiment d’avoir vécu plein de vies et exercé des métiers différents dans la même entreprise. Si je suis restée à ce poste de DRH depuis 1998, c’est que je suis aussi attachée au club et je me suis toujours adaptée aux directions différentes. Depuis le rachat de l’OM par Frank McCourt en 2016, le président Jacques-Henri Eyraud considère les RH comme un des piliers de la stratégie de l’entreprise. Pour lui, les talents sont l’un des moteurs de réussite de son projet. C’est un changement assez important dans la manière de travailler, de nous comporter et dans les conditions de travail.

Il ne faut pas oublier que l’objet social de notre entreprise est de jouer des matchs et de les gagner. Il faut pouvoir embarquer tous les collaborateurs dans ce projet.

À votre arrivée à l’OM, vous avez construit la fonction RH de A à Z. Quels sont vos chantiers en cours ?

Nous sommes sur le point de récupérer l’exploitation exclusive du stade Vélodrome. Nous allons pouvoir développer des synergies tout en faisant en sorte que cette intégration s’effectue dans la douceur. Jusqu'à présent, nous n’avions pas les clefs du stade Vélodrome et nous y accédions uniquement pour les jours de matchs. L’enceinte va devenir un membre à temps plein de la communauté OM et nous souhaitons mettre en place une organisation spatiale moderne. Certaines équipes pourraient être au stade ou sur notre site en fonction des projets sur lesquels ils travaillent.

L’enjeu est de garder une cohésion interne tout en répartissant les collaborateurs sur plusieurs sites alors que certains habitent loin de leur lieu de travail.

N’avez-pas mis en place le télétravail pour éviter ces contraintes d'éloignement ?

Notre activité est à H24 et week-end compris pour suivre les équipes pro et féminines, ainsi que le centre de formation. »

Le télétravail n’est pas à l’ordre du jour car l’OM est une entreprise qui va plus vite que les autres structures. L’enjeu est de rester groupés sur les multi-sites car notre activité est à H24 et week-end compris pour suivre les équipes pro et féminines, ainsi que le centre de formation. Le temps de travail est assez important car nous avons parfois des matchs tous les trois jours. Et ensuite, il faut se mobiliser pour les suivants. Toutes les semaines et surtout chaque année, une nouvelle histoire s'écrit avec le club. 

Comment avez-vous été amenée à transformer le club sur le plan digital ?

• J’ai déjà une appétence pour le sujet. Avec les services IT et digital, ainsi que les équipes RH constituées de trois personnes et d’un stagiaire, nous avons déployé de la modernité dans la manière de travailler.
• Depuis septembre 2017, nous recrutons des profils ayant une sensibilité au monde du digital, quel que soit le poste. Notre objectif est de travailler de manière plus fluide, plus agile et transverse et de mieux travailler les uns avec les autres en développant plus d’innovation et de créativité comme sur la manière de collecter les données sur les jeunes du centre de formation et les joueurs.
• Nous ne voulions pas que le digital se résume à l’envoi/réception de mails : un mode de fonctionnement  qui n’est pas ludique, convivial et parfois mal interprété. L’Olympique de Marseille est donc devenu le premier club sportif français à utiliser Workplace by Facebook. La FFF nous a ensuite suivi. Cela a été un gros bouleversement des habitudes des collaborateurs car nous sommes une PME. Certains salariés n’utilisent pas les réseaux sociaux, pour d’autres, l’ordinateur n’est pas un outil de travail.

Comment s’est effectuée cette conduite au changement ?

Pour inciter les salariés à adopter Workplace, nous avons déployé des actions de communication et organisé des ateliers de formation menés par nos équipes RH et du digital. Cette démarche de conduite du changement a duré cinq mois et il a fallu lutter contre les résistances. 

Un quart des mails reçus ne sont pas importants et nous pouvons les déporter sur cette plateforme, plus conviviale, afin de diminuer la pression sur la lecture des mails. Chez nous, 80 % de nos collaborateurs travaillent le week-end et ont des sollicitations en continu. Avec ce réseau social, ils peuvent aller chercher les informations quand ils en éprouvent le besoin. Notre mode de communication interne est devenu plus fluide et simple d’accès. Désormais, nous travaillons même par tchat. Notre volonté est que la messagerie électronique soit réservée aux informations ou échanges importants. Dans notre accord droit à la déconnexion, nous avons décidé de ne pas couper l’envoi/ réception des mails à certains moments de la journée mais de mettre en place des actions de pédagogie sous forme d’ateliers à la rentrée 2018.

Les partenaires sociaux sont-ils associés à vos actions ?

Le climat social est bon et nous avons, avec nos partenaires sociaux, un vrai dialogue. Nous avons un accord en discussion sur la santé et le sport au travail. Et à la rentrée 2018, nous aborderons la mise en place du CSE. Nous les avons aussi associés à la mise en place de Workplace, dont l’utilisation fait partie de l’accord droit à la déconnexion signé en février 2018, après un an de négociation.

Assiste-t-on à la création d’une nouvelle culture d’entreprise à l’OM ?

Parallèlement à la mise en place de Workplace, nous avons diffusé un certain nombre de valeurs et d’actions en interne. En mai 2018, lors de notre séminaire d'équipe, nous avons rappelé l’importance de ces valeurs et nous allons les intégrer dans nos évaluations afin de vérifier leur compréhension et éventuellement nous améliorer en rectifiant le tir. Pour la diffusion de cette culture d’entreprise vers l’extérieur, nous utilisons beaucoup LinkedIn sur lequel nous partageons des vidéos et des photos de nos collaborateurs et de notre ambiance de travail, ainsi que nos valeurs.

L’OM a une belle image de marque. L’attraction des talents est-elle aisée ?

Le nom du club nous aide bien évidemment à attirer les talents car les candidats sont intrigués par l’image du club. Ils se demandent aussi comment se sont passées ces 5 dernières années, chaotiques vues de l’extérieur. Nous avons une politique d’attraction des talents car depuis 18 mois et d’ici 2019, nous allons encore recruter. Cela implique d’être créatifs pour attirer les candidats, puis les garder, tout en ayant un budget de PME. Nous sommes sur un enjeu de QVT qualité de vie au travail au sens large du terme. Les jeunes recrues ont des attentes : il faut aller vite, être transparents et honnêtes.

Avez-vous un exemple d’action de marque employeur ?

Nous avons, depuis 2012, un accord d’intéressement basé sur les résultats sportifs du club : classement et trophées. Il s’agit de montrer aux collaborateurs que nous participons à la réussite du club et de faire en sorte que le groupe sportif n’ait qu’à penser à jouer des matchs et à les gagner. Cet accord d’intéressement permet de fédérer et d’impliquer davantage les collaborateurs. C’est un vrai plus.

La mise en place du prélèvement à la source est-il un enjeu social pour le Club ?

Le prélèvement à la source est surtout un enjeu de pédagogie et de communication. En janvier 2018, nous avions expliqué les changements sur la baisse des cotisations salariales et la hausse de la CSG à nos collaborateurs. Nous ferons de même pour le prélèvement à la source afin que tous nos salariés comprennent les enjeux. Mais ce sont surtout les joueurs professionnels qui seront les plus impactés. Une communication ciblée sera également prévue pour eux. Cette question est avant tout un enjeu technique qu’il faut anticiper et gérer et non pas un enjeu social. Je me rendrai toujours disponible pour les collaborateurs afin d’en discuter avec eux.

Dans les médias, Didier Deschamps est considéré comme le meilleur DRH de France. Trouvez-vous des parallèles entre vos deux métiers ?

« Méfie-toi, si tu travailles mal, je vais te remplacer ! » Elie Baup, entraîneur de l’Olympique de Marseille, successeur de Didier Deschamps, en 2012. »

Je vais vous raconter une anecdote. J’avais beaucoup de contacts avec Elie Baup, l’entraîneur de l’Olympique de Marseille, qui avait succédé à Didier Deschamps, en 2012. Un jour lors d’une table-ronde avec des collaborateurs, nous avions comparé nos métiers. Et il est vrai qu’hormis la dimension de la paye, nous nous sommes rendu compte que nous faisions le même travail. Il m’avait dit « méfie-toi, si tu travailles mal, je vais te remplacer ! ». Nous avions la même manière de fonctionner dans plusieurs domaines :

• La formation ;

• La progression des équipes ;

• L’organisation du travail;

• La communication ;

• Les marques de félicitations ou les réprimandes.

Comment avez-vous fonctionné avec les autres entraîneurs du club ?

Nous restons chacun dans notre métier, en ayant des relations de collègues de travail, sans échange de compétences particulier. J’ai un rôle de support et de conseil sur leurs équipes mais sans envisager de synergies.

Lorsque vous avez débuté, l’OM vous a envoyée en stage au PSG car le club parisien disposait d’un service RH plus étoffé. Échangez-vous sur vos pratiques RH avec les autres DRH de clubs de football français ? 

Plusieurs fois dans l’année, La Ligue de Football et le syndicat des clubs de football organisent des commissions où nous sommes appelés à échanger entre DRH de clubs ainsi qu’entre équipes marketing, juridique, etc. Nous partageons lors de ces occasions des bonnes pratiques, voire nous les harmonisons, comme par exemple sur la question du contrôle Urssaf. De même, nous échangeons entre pairs de Paris, Lyon et d’autres villes lorsque nous sommes confrontés à des problématiques RH au sein de nos clubs respectifs.

Frédérique Alverola


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Parcours

Olympique de Marseille (OM)
Directrice des Ressources Humaines

Établissement & diplôme


Fiche n° 31981, créée le 17/07/2018 à 16:45 - MàJ le 23/07/2018 à 12:29

Olympique de Marseille (OM)

• Activité : club de football professionnel français
Création : 1899
• Président : Pablo Longoria
• DRH : Cécilia Barontini
• Effectif  : 250 collaborateurs
• Contact : Michaël Ignatevossian, service de presse


Catégorie : Entreprises de Taille Intermédiaire


Adresse du siège

La Commanderie, 33, traverse de la Martine
13425
13012 Marseille France


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Fiche n° 7439, créée le 23/07/2018 à 12:14 - MàJ le 09/03/2021 à 15:42

©  D.R.
Frédérique Alverola - ©  D.R.